Les
Chroniques
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9ème
Saison
Chroniques 09.56
à
60
Page 141
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2004 -
2005
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Bref...
etc...Thea
"F.
FORESTI / Quand
vient la
nuit / E"
La
17ème
Lettre
d'
EN
COULISSE
Janv. 05
THEA
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THEA
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AMITIES SINCERES
de
François Prévôt-Leygonie & Stéphan
Archinard
mise en scène
Bernard Murat
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****
Théâtre Edourad VII
Tel: 01 47 42 59 92
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Photo libre de droits - Moteur! ©
Pascalito
Dans un magnifique décor (Nicolas Sire) de vieille librairie cossue
à Saint- Germain des Prés évoquant à bien des
égards une autre fameuse "boutique au coin de la rue", va se jouer
en lutte intestine au rythme des allées et venues ponctuées
par la clochette de la porte d'entrée, la dissection in vivo d'une
amitié longue de quarante ans!...
Se réunissant tous les premiers mercredis de chaque mois pour un
déjeuner à la bonne franquette, Paul, Walter et Jacques profitent
de leurs retrouvailles périodiques pour refaire le monde en s'opposant
à qui mieux mieux selon l'antagonisme de leurs caractères!...
Ainsi Jacques l'intellectuel professionnel affectionne de brocarder le
commercial autodidacte Walter; la présence de son frère Gabriel
(François Feroleto) jeune-loup velléitaire des mondanités
littéraires échauffe encore davantage leurs esprits en attisant
les partis-pris!... en cet apéritif prolongé, tous devisent
donc dans l'effervescence rituelle, dans l'attente de Paul le cavaleur qui
en retard comme à l'accoutumé... cette fois-ci ne les rejoindra
jamais!...
C'est Clémence (Sophie Mayer) la fille de Walter qui,
bouleversée, viendra leur annoncer la nouvelle du décès
brutal de Paul, révélant simultanément à son
père qu'elle en était la maîtresse!...
Seul avec Béatrice (Elisa Servier) l'épouse de l'ami
désormais disparu à ignorer cette liaison, Walter va prendre
conscience que ses proches craignaient jusqu'à cet instant fatal ses
réactions à l'emporte-pièce et son attitude moraliste.
C'est ainsi que, peu à peu dans des reproches réciproques
et des griefs portés aux uns par les autres, la belle affection risque
de se dissoudre en un vaste déballage de torts, de lacunes, de
défauts que nul ne sait véritablement assumer pour son propre
compte!...
Le talent des deux jeunes auteurs (François Prévôt-Leygonie
& Stéphan Archinard) est de constituer un psychodrame en une peinture
portraitiste où la satire se pratique dans l'art de se mettre en
boîte mutuellement!...
Cette joyeuse jonglerie des sentiments intenses et contradictoires vient
conforter une mise en scène recherchant délibérément
la grâce cinéphilique de l'association Dabadie/Sautet.
Comme dans une reviviscence sensitive, Bernard Murat et Michel Leeb
entraînent leurs partenaires en un jeu où la vie s'improvise
au fil des répliques!...
L'émotion se mélange d'autant mieux au rire que les joutes
cordiales et autres chamailleries servies sur canapés de citations
latines corroborent un immense besoin instinctif de fraternité
partagée!... Comme dans une grande politesse du coeur!...
Theothea 03/02/05
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GRAIN DE SABLE
de Isabelle
Janier
Tournée 2006 -
2007
mise en scène
Gérald Chatelain
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****
Théâtre
Atalante
Tel: 01 46 06 11
90
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Photos libres de droits © Pierre
Grosbois
Dans les jeux de son enfance, elle avait voulu avec obstination obtenir
le rôle de la vierge Marie qui risquait de lui échapper in extremis
au profit d'une de ses camarades!... Qu'importe, à ses yeux point
de place au doute, elle fut Marie!...
A quelques temps de là, la petite Isabelle avec une patience infinie,
entreprenait de peindre en des nuances très légères
de jaune, d'ocre et de brun autant de grains de sable qu'il lui serait
nécessaire pour constituer sur la page blanche de l'artiste sa plage
paradisiaque!...
Serait-ce l'un de ceux-ci qui plus tard allait gripper, à lui seul,
les rouages d'une carrière convoitée de comédienne
formée au conservatoire d'Art dramatique sous la maîtrise de
Claude Regy succédant aux années Vitez... avant son entrée
comme pensionnaire à la Comédie-Française de 86 à
88?
A vrai dire, la question ne se pose pas!...
Isabelle Janier a su en effet prendre le parti d'adapter les aléas
de la vie dans la sublimation de l'adversité devenue en quelque sorte
son matériau fondamental de travail!...
Mais pour parvenir à la création de "Grain de sable" au
théâtre de l'Atalante, encore lui fallait-il dérouler
le long chemin de croix et identifier avec distanciation les paliers de descente
aux enfers!...
Au demeurant, tel un Philippe Caubère qui se loverait au public
dans l'intimité du féminin, l'actrice affronte tour à
tour crânement mais sans cesse dans la séduction, ces stades
successifs où la maladie perverse gagne du terrain sans jamais la
circonscrire!...
C'est donc dans les failles toujours libres que la comédienne construit
son texte, le malaxe, le condense, l'explose au point de devenir, dans la
lumière qui inonde son visage, cette balise de détresse
émettant des signaux tellement captivants que nul regard ne peut s'en
détacher!...
Aucune gêne à apprécier la chorégraphie que
son partenaire Philippe Krahjac invente avec elle, pour la soulever, la faire
danser et la propulser tel un patineur émérite vers d'autres
planètes sublimées par la petite scène prodigue!...
Tout d'abord sise à l'arrière d'un léger voile
zébrant et estompant les souvenirs liés au temps du bonheur
originel, c'est ensuite en clair, dans le déchirement du rideau
théâtral, que l'hyper présence d'Isabelle Janier jusque
dans le moindre imperceptible sourire va livrer la bataille du spectacle
vivant!...
Theothea le 04/02/05
Reprise 2006 au
Théâtre du Petit Hébertot
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LA LOCANDIERA
de Carlo
Goldoni
mise en scène
Alain sachs
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Théâtre Antoine
Tel: 01 42 08 77 71
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Visuel dossier de presse
En passant cinq ans plus tard de "La chatte sur un toit brûlant"
(théâtre de la Renaissance) à "La locandiera"
(théâtre Antoine), Cristiana Reali a eu l'opportunité
de se jeter d'abord, toutes griffes dehors, sur son partenaire de l'époque
Samuel Labarthe et maintenant, charmante et perfide, sur Pierre Cassignard!...
Il faut dire que dans l'intervalle pour "Reste avec moi ce soir" à
la Gaîté-Montparnasse, celle-ci avait fantasmé une
remontée du temps en compagnie de Boris Terral pour tenter de retrouver
les plaisirs violents qu'elle partageait avec son compagnon, du vivant de
celui-ci!...
Déjà en 1999, Cristiana était nominée en tant
que meilleure comédienne dans "Duo pour un violon seul" dont elle
partageait alors l'affiche avec son époux Francis Huster au
théâtre des Variétés.
L'intensité de tous ces rôles démontre s'il était
nécessaire que l'actrice affectionne sur les planches la composition
de personnages féminins entiers faisant preuve d'une farouche
détermination!...
Ce qui évolue présentement avec Carlo Goldoni, sous la
perspicacité farceuse d'Alain Sachs, c'est l'esprit de comédie
en l'occurrence pour Mirandolina celui de rouerie dans la séduction
effrénée où son interprétation se doit d'être
enjouée, effrontée et pleine de malice subversive!...
Cependant au final, un glissement vers les convenances contraint la belle
à rejoindre son rang social pour une union conjugale avec Fabrizio
le fidèle serviteur, la frustrant de fait d'une victoire par K.O.
du sexe faible sur les hommes!...
Passant subtilement et imperceptiblement d'un registre à l'autre,
Mirandolina tient durant toute la représentation, la dragée
haute au marquis Forlipopo (José Paul) infatué, envieux quoique
ruiné, au comte d'Albafiorita (Alexandre Brasseur) libertin fortuné
mais sans charisme ainsi qu'au chevalier de Ripafratta (Pierre Cassignard)
misogyne convaincu se révélant un velléitaire éperdu,
afin de mieux faire tomber les masques y compris le sien propre et assumer
ainsi intègre, sa responsabilité d'aubergiste léguée
par son père sous la protection de Fabrizio (Pierre-Olivier
Mornas)!...
S'il devait en définitive subsister de part et d'autre des regrets
d'aventures amoureuses inhibées, ceux-ci resteront latents comme ces
utopies inaccessibles avec lesquelles chacun aime flirter dans l'amusement
mais que la petite voix intérieure conseille fortement d'éviter
de concrétiser!...
Theothea le 10/02/05
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CAMILLE C.
de Jonathan
Kerr
mise en scène
Jean-Luc Moreau
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Théâtre de l'Oeuvre
Tel: 01 44 53 88 88
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Photo libre de droits © Eric
Dupont
Inspiré de Kurt Weil, de la chanson réaliste, du tango,
du jazz et même de Debussy, ce drame composé livret et musique
par le comédien Jonathan Kerr et accompagné au piano par Patrice
Peyriéras donne l'opportunité à quatre voix solistes
et à une danseuse de sublimer dans le geste artistique polymorphe,
cette fameuse histoire d'amour de Camille et Rodin sombrant dans l'échec
patent, alors qu'elle est au plus proche du modèle absolu!...
L'auteur qui interpréte lui-même le maître sculpteur
au théâtre de l'Oeuvre, voulant croire à la Rédemption
des fautes accumulées par l'amour fou crée ex nihilo pour la
circonstance, un personnage de médiateur, de passeur entre fiction
et vécu qui servira à la fois de lien entre narration et onirisme.
Cet Hermès (Vincent Heden) aura donc l'insigne honneur de fantasmer
au final sur une perspective heureuse de la passion en comblant les failles
caractérielles tout en oubliant les rivalités amoureuses et
professionnelles!...
Ainsi en vingt chansons et quatre-vingt dix minutes de spectacle a capella,
cet opéra intime renouvelle le genre du théâtre musical
en prenant à contre-pied tous les artifices des grandes productions
actuelles!...
Le choix scénique de Jean-Luc Moreau d'avoir confié à
une danseuse Cecilia Bengolea, à la fois le rôle du modèle
prenant les poses sur une stèle rotative ainsi que de manière
concomitante celui d'incarner la sculpture en train d'être
façonnée par les mains de l'artiste, imprègne sur cette
création originale, une émouvante mélodie
chorégraphique qui devrait faire référence au domaine
du mime!...
Un décor ceinturant l'atelier symbolique de lamelles verticales
souples et luminescentes permet aux protagonistes de les franchir en fondus
enchaînés et de transgresser dans l'intuition l'au-delà
du miroir qui les sépare mutuellement de la contingence!...
Un couple de Camille se partage selon l'âge de la sculptrice deux
comédiennes magnifiques (Annick Cisaruk & Sophie Tellier) dont
les voix se répondent en harmonie comme dans un dialogue psalmodié
hors du temps!...
Comédie musicale à part entière, ce spectacle ne
saurait quitter l'émotion étrange qu'il suscite et c'est
paradoxalement sans refrain lancinant que son influx gestuel s'immisce en
la mémoire comme une petite musique langoureuse!...
Theothea le 11/02/05
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L'ÎLE DES ESCLAVES
de Marivaux
mise en scène
Irina Brook
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Théâtre de l'Atelier
Tel: 01 46 06 49 24
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Visuel dossier de presse
Personnages issus de la commedia dell'arte, Cléanthis (Lubna Azabal),
Trivelin (Alex Descas), Euphrosine (Stéphanie Lagarde), Arlequin (Sidney
Wernicke), Iphicrate (Fabio Zenoni) nous embarquent une heure trente durant
sur une plage perdue au fin fond d'un îlot improbable, pour fonder
en toute équité, une éthique de la relation
humaine!...
Escaladant et dévalant de manière récurrente un monticule
de sable à leur portée, là où d'autres Sisyphe
s'évertueraient à grimper en vain des sommets inaccessibles,
ceux-ci préfigurent avant Hegel la dialectique du maître et
de l'esclave, faisant passer ici chez Marivaux l'oppression de tradition
à celle de vengeance pour faire triompher au final l'égalité
des âmes!...
C'est donc au théâtre de l'Atelier en adoptant le style de
la pantomime qu'Irina Brook agrémente ces deux premières
étapes de la conscience passant ainsi de l'asservissement à
la domination sans y trouver le contentement, qu'en synthèse s'impose
la nécessite du pardon réciproque au profit d'une joyeuse
concorde!...
Sans aucune complexité psychologique, cette comédie en un
acte permet à la manière d'un film muet ou d'un mime d'exprimer
dans une langue candide et légère, les spécificité
du ressentiment, de la satire, de la bouffonnerie, du tragique, de
l'attendrissement... pour un divertissement permettant à tous d'en
apprécier les émois!...
Theothea le 08/02/05
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