Les
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9ème
Saison
Chroniques 09.71
à
76
Page 144
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LES NONNES
de Eduardo
Manet
mise en scène
Stéphane Bierry
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****
Théâtre de Poche Montparnasse
Tel: 01 45 48 92 97
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Photo libre de droits - presse Poche
Montparnasse
Si la perspective iconoclaste des "Nonnes" d'Eduardo Manet lors de sa
création mondiale au théâtre de Poche en 1969 reste
aisément compréhensible, il n'est pas évident que, plus
de trente années plus tard, sa recréation de père en
fils dans le même lieu ait un impact pragmatique sur le
spectateur!...
D'une part son anticléricalisme burlesque apparaît davantage
désuet qu'irrespectueux, par ailleurs cette parabole pessimiste concernant
les mécanismes collatéraux d'exploitation de l'homme par l'homme
en situation révolutionnaire s'apparente dans cette mise en scène
actualisée de Stéphane Bierry, à une caricature
surréaliste au détriment d'un point de vue
métaphorique!...
Certes les trois "Pieds nickelés" (Antoine Basler, Pierre Forest
& Stéphane Bierry) pourraient aujourd'hui être les mercenaires
d'une arnaque humanitaire, encore faudrait-il que leur ingénuité
fébrile soit au service d'une intention malfaisante et non d'une simple
agitation inconséquente!...
En effet, là où il fallait discerner auparavant une
allégorie codée, il n'est plus possible de se contenter d'une
farce où la cornette servirait de paravent à un massacre sans
en comprendre les véritables tenants et aboutissants!...
Les trois comédiens excellent à singer l'humour sardonique
face à la crédulité d'une aristocrate (Céline
Clément), mais cette situation pourrait fort bien laisser pantois
les partisans du rapport de forces éclairé!...
Theothea le 01/03/05
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LE VEILLEUR DE NUIT
de Sacha
Guitry
mise en scène
Jean-Laurent Cochet
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****
Théâtre des Bouffes Parisiens
Tel: 01 42 96 92 40
|
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Photo libre de droits © Sserge
Kadoche
Avec cette oeuvre de jeunesse créée en 1911, Sacha Guitry
réinvente de manière pragmatique et pertinente le trio traditionnel
en neutralisant les pulsions destructrices qui dresse inéluctablement
autour d'une jeune femme rayonnante, l'époux suspicieux contre l'amant
pétulant!...
En inversant colère et jalousie au profit d'une
sérénité vigilante, le compagnon âgé va
réussir ici le tour de force d'abord de déstabiliser son
récent rival pour ensuite le transformer en complice d'une protection
rapprochée de la dame qui n'en comprendra mais!...
Au bord de l'éclatement, le nouveau couple amoureux ne perdurera
que sous la confession intime du vieil homme sommé d'expliquer les
motivations affectives de son attitude à contre-courant: "Je suis
content, je me comprends..."
Dans sa mise en scène respirant la bonne humeur et l'esprit
acéré, Jean-Laurent Cochet évolue en maître des
lieux avec une malice feutrée qui dope ses deux partenaires au point
d'en faire ses doubles pour une joyeuse trinité sous le regard noir
d'une domestique récalcitrante (Elisabeth Capdeville)!...
Pierre Delavène, déjà fort remarqué dans
"Chat en poche" et
"Doit-on le dire", convole
très classe en tant que peintre paysagiste dans les appartements
particuliers du riche protecteur avec l'intention d'emporter l'inclinaison
de la belle Carole Blanic, tout disposée au compromis pourvu qu'il
soit fougueux!...
Qui de l'Amour ou du rapport de forces gagnera la bataille des sentiments
? Ne serait-il pas plus judicieux de les faire coopérer pour le meilleur
plutôt que de les opposer pour le pire?
Voilà bien une réjouissante philosophie de jeunesse à
laquelle Sacha Guitry laissera néanmoins par la suite se substituer
davantage de circonspection, semblerait-il!...
Theothea le 02/03/05
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LE PIANISTE
de Wladyslaw
Spzilman
collaboration artistique
Cécile Guillemot
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****
Pépinière Opéra
Tel: 01 42 61 44
16
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Photo libre de droits © Philippe
Delacroix
A l'instar du "Pianiste" de Polanski ayant obtenu la palme d'or à
Cannes en 2003, le maître mot du spectacle intimiste associant Robin
Renucci et Mikhaïl Rudy (en alternance avec Nicolas Stavy) pourrait
bien être celui de "dignité"!...
Ainsi les deux partenaires se relaient en des sessions partagées
entre piano et récit pour évoquer l'incroyable destin de l'auteur
Wladyslaw Szpilman, pianiste polonais émérite et l'un des seuls
survivants juifs du ghetto de Varsovie.
Sauvé in extremis de la déportation par un policier qui
le fit sortir subrepticement des rangs de la mort, ainsi que plus tard
grâce à un officier allemand qui le protégera de la famine
et du froid, "le pianiste" va devenir l'emblème d'une résistance
ultime aux forces de destruction, en perspective d'une résurgence
ultérieure autant humaine qu'artistique!...
Sur la scène de la Pépinière-Opéra, les Nocturnes
de Frédéric Chopin se mêlant à la composition
musicale de Szpilman investissent le champ de l'imaginaire suscité
par la prestation des deux interprètes!...
Au service d'une mémoire commune, la sobriété
réaliste d'une voix délibérément blanche et
dénuée de toute modulation semble répondre aux harmonies
de flammes contenues dans l'espoir d'une liberté difficile alors à
anticiper!...
Cette dialectique du verbe et de la mélodie se complète
par plages poignantes, tel un poème d'une centaine de minutes dont
les mots s'adosseraient aux notes pour mieux engendrer la puissance de l'esprit
face à l'obscurantisme!...
Ce soir-là, à l'instar sans nul doute des autres
représentations, Robin Renucci, lunettes sur le nez, était
à l'unisson d'une profonde écoute intérieure pendant
que Nicolas Stavy se révélait ivre d'une fougue intégralement
maîtrisée!...
Theothea le 08/03/05
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CHARLOTTE CORDAY
de & mise en scène
Daniel Colas
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****
Théâtre Petit Hébertot
Tel: 01 43 87 23 23
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Photo libre de droits -
presse BCD
Entourée de partenaires (Jean-Paul Zennacker, Yvan Varco, Georges
Bécot, Julien Haettich, Xavier Lafitte) théâtralisant
au plus juste sa destinée inéluctable, Coralie Audret compose
une prestation poignante, en faisant de Charlotte Corday une véritable
passionaria de la cause républicaine!…
Ne s'octroyant pas le droit à l'erreur fût-elle de jeunesse,
celle-ci va assassiner Jean-Paul Marat, emblème à ses yeux
du cercle infernal de "La Terreur" ne faisant pourtant alors que de
débuter!…
A la fois prémédité, mais accompli en définitive
sur une impulsion de révolte instantanée lorsque ce meneur
du parti de la Montagne lui confirme sans scrupule qu'il fera guillotiner
tous les députés félons de Normandie dont Charlotte
vient à son corps défendant de décliner les noms, son
geste ne pourra selon elle relever d'aucunes circonstances atténuantes
parce que nécessairement fallacieuses!…
Cependant à 25 ans, elle a soif de vivre et c'est
précisément son idéalisme qui l'a poussée à
ne pas accepter le cortège d'injustices criantes que véhiculait
sans vergogne la tragédie révolutionnaire.
Aussi, ne voulant pour sauver sa propre tête, ni plaider la folie,
ni désigner quelques complices qui auraient pu opportunément
armer son bras, elle va assumer jusqu'à la lie et sans jamais
défaillir, son acte éminemment politique que d'aucuns cependant
lui conseillaient de renier ouvertement!…
Telle une Jeanne d'Arc des "droits de l'homme", Daniel Colas dessine son
héroïne avec la détermination qu'on ne peut prêter
qu'aux riches en vertu et c'est donc en martyr de la contre-révolution
que Charlotte Corday va laisser emporter la cohérence du geste meurtrier
avec sa signification éthique!…
Surplombant le point de vue vertigineux du Petit Hébertot, le
chœur des spectateurs est littéralement aspiré par la fougue
et la passion émergeant de la scène jusqu'à fascination
pour être conquis par un commando de comédiens gagnés
à l'influx d'un enjeu dialectique, forcément vital!…
Theothea le 09/03/05
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HAMLET VERSION ATHEE
d'après
William Shakespeare
mise en scène
Armel Roussel
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Théâtre de Gennevilliers
Tel: 01 41 32 26 26
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Photo libre de droits © Daniele
Pierre
Que ce soit pour observer depuis l'époque contemporaine
privilégiant le retour du tout religieux, un Hamlet distancié
de sa foi version Armel Roussel en tête de la compagnie Utopia II,
ou que ce soit pour apprécier des acteurs hors normes dans une perception
hystérique du jeu dramatique, c'est en tout cas une immense satisfaction
de se laisser subjuguer par un acteur de trente-deux ans émoulu en
96 de l'INSAS de Bruxelles, disponible à une inventivité
surréaliste et cependant empli d'une sensibilité, à
peine subliminale!...
Il se nomme Vincent Minne et mérite d'emblée sa
notoriété à venir!...
Sur le plateau de la salle Philippe Clévenot du Théâtre
de Gennevilliers, gravitent autour de cette révélation, une
profusion de talents managés par l'esprit maison d'Utopia II (Baptiste
Sornin, Eric Castex, Erwald Chikovsky, Stéphanie Delcart, Bernard
Graczyk, Damien Leguedois, Nicolas Luçon, Sophie Sénécaut,
Martine Wijckaert), s'inspirant d'une lignée virtuelle avec la luxuriance
soixante-huitarde gagnée aux contraintes modernes du pragmatisme!...
Une coupe d'appartements cloisonnés sur trois étages relient
en toile de fond les liens de ce fameux drame existentiel pour mieux en faire
imploser le mal être généralisé, tout en affichant
sa problématique sur le ton de l'outrecuidance et d'une communication
autistique débridée!...
Quelques dérives et autres dérapages référentiels
frappés au coin d'une complaisance avec un pseudo-jeunisme frayant
avec les idéologies à la mode, pourraient entacher quelque
peu la volonté hypercréatrice motivant cet iconoclaste
désamiantage de l'oeuvre shakespearienne!...
Mais in fine, il faut convenir qu'après plus de deux cents minutes
fantasques de charivari psycho-métaphysique, les spectateurs
s'étonnent à juste titre que ce cauchemar ludique, apprivoisé
dans le burlesque, ose les abandonner lâchement à la prosaïque
réalité!...
Theothea le 11/03/05
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