Les
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9ème
Saison
Chroniques 09.81
à
85
Page 146
MOLIERES
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2005
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AMADEUS
de Peter
Shaffer
mise en scène
Stéphane Hillel
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****
Théâtre de Paris
Tel: 01 48 74 25 37
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Visuel dossier de
presse
Depuis qu'il a quitté la Comédie Française en 1973,
Jean Piat est devenu de fait à lui seul une Institution nationale!...Par
ailleurs à sa manière, Wolfgang Amadeus Mozart en est une à
l'échelle mondiale!...
Aussi, quand l'une a rendez-vous avec l'autre au Théâtre
de Paris, il est indéniable que cette rencontre est à même
de susciter l'événement!...
Notamment quand la figure du compositeur mythique s'apprête à
prendre les traits d'un tout jeune homme à la fois frêle et
vif, qui va créer la surprise en sachant gommer cet aspect "tout fou"
pour concentrer son énergie à revendre en la mettant au service
d'une attention à l'égard de tous ses partenaires!...
Certes en installant Lorant Deutsch face à un monstre sacré,
d'aucuns a priori auraient pu pronostiquer un massacre médiatique,
dont l'enjeu aurait été la vampirisation d'une
génération de comédien sur l'autre, mais force est de
constater qu'il n'en est rien et qu'en outre le diapason des deux artistes
en présence pourrait fort bien s'apparenter à une
filiation!...
En effet, là où Salieri, le compositeur officiel de la cour
de Vienne sous François-Joseph II, va se livrer à un sabotage
en règle à l'égard de la carrière musicale du
jeune prodige parce que précisément il en percevait parfaitement
le talent qu'il ne possèdait pas lui-même, Jean Piat aura le
tact de faire place nette à son jeune émule qui en retour manifeste
un respect d'évidence en compagnie d'une notoriété de
si grande expérience!...
Ainsi comme s'ils apprenaient l'un de l'autre ce qu'ils ne peuvent être
respectivement au regard du public, c'est sans fausse humilité ni
forfanterie que les deux acteurs peuvent s'affronter sur scène
jusqu'à livrer dans la jubilation, l'empoisonnement d'Amadeus et la
mauvaise conscience de Salieri!...
Etoffée d'une dizaine de rôles annexes renforçant
la stratégie des deux camps sous la férule de l'Empereur
(Gérard Caillaud), la mise en scène de Stéphane Hillel
demeure académique sans chercher à rivaliser avec le film
oscarisé de Milos Forman, de telle sorte que les contradictions du
remords lié au complot vont démontrer à elles seules
le génie du virtuose, sans avoir nul besoin de recourir à
l'esbroufe du personnage!...
Theothea le 05/04/05
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MAMBO MISTICO
de & mise en scène
Alfredo Arias
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****
Théâtre de Chaillot
Tel: 01 53 65 30
00
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Photo libre de droits - © Catherine
Cabrol
"Mambo Mistico", avec un titre pareil, il pouvait être a priori
pertinent de se figurer Alfredo Arias grimpant le long du rideau de scène
de Chaillot afin d'atteindre l'exaltation divine!...
Cependant en place d'une exhibition délirante et extravertie, c'est
à une perversion toute cérébrale que le fantasque
créateur convie son public, en tentant de l'initier à la
mémoire d'une époque argentine où la confusion entre
le religieux et l'art dramatique était envisageable par le regard
de l'enfant de cinq ans qu'il était alors à Buenos Aires!...
Le metteur en scène contraint ainsi le spectateur à abandonner
tout rationalisme idéologique pour mettre à profit les forces
contradictoires de l'esprit éveillé par des sens en émoi
à l'instar d'un rêve cauchemardesque où les associations
sacrificielles sont par nature impossibles à justifier!...
Aussi qu'importe le dédale du mélodrame onirique où
les images de harcèlement, chantage, supplice, torture, crucifixion
etc.... viennent se cristalliser en autant de stations d'un chemin de croix
transcendantal que le jeune Alfredo se complaisait alors à imaginer
de manière récurrente dans l'épouvante extatique de
la sorcière (Marilu Marini) puisqu'il s'agissait pour l'affabulation
enfantine de tenter à faire coïncider le sacré avec
l'obscène, le rituel avec le vice!
Aussi déniant l'interprétation blasphématoire de
ceux qui chercheraient à se masquer en vain l'intrication complexe
du mysticisme et de la sexualité, l'imaginaire iconoclaste du dramaturge
se satisfait à feindre d'ignorer les tabous pour se laisser submerger
avec délice dans le trouble des pulsions libidinales
contradictoires!...
Arpentant la scène en récitant d'une autobiographie
fantasmée à l'instar d'un Amarcord de Fellini faisant la part
belle aux métaphores luxurieuses, c'est néanmoins en perspective
d'une rédemption de la jouissance malsaine que le créateur
de TSE appelle à la rescousse l'immense richesse du music-hall
brésilien en donnant soin au groupe Aço de Açucar sous
l'inspiration d'Aldo Brizzi d'envoûter l'assistance!
Défi plus ou moins gagné d'une comédie musicale
latino-américaine torride et insolente, selon que le point de vue
de l'observateur contemporain accepte ou non de conceptualiser religion et
théâtre en une même festivité
carnavalesque!
Theothea 07/04/05
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ANIMAL
de Roland
Fichet
mise en scène
Frédéric
Fisbach
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****
Théâtre de
la Colline
Tel: 01 44 62 52 52
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© Jean-Paul Lozouet -
Photos de Spectacles
Animal, on est mal!...
Du fin fond de la brousse africaine au terminal de l'aéroport de
Roissy, c'est tout un monde qui va s'écrouler pour n'avoir pas pu
se recomposer un destin!...
Ainsi Roland Fichet encouragé et orchestré par
Frédéric Fisbach met en musique une longue descente aux enfers
qui aura pour point d'orgue une improbable cabine téléphonique
sortie du no man's land où toute la fascination de l'idéologie
occidentale va se trouver littéralement aspirée sous vide dans
un langage hermétique à tous les espérantos!...
Sept personnages métissés au plus profond d'une famille
composite (Narrateur, Narratrice, Iche, Nil, Fricaine, Kalonec, Chienne)
selon des critères de contemporanéité contradictoire
vont mettre à mal l'enthousiasme d'un futur civilisé à
concevoir, en faisant table rase des valeurs culturelles ancestrales!...
La réincarnation de l'un d'entre eux en chien emblématique
d'une impossibilité à conjuguer le présent, va les embarquer
dans la jungle hostile à bord d'un pick up tournant fou comme le disque
rayé de tous les empêcheurs à la ronde!...
Agissant telle une force centrifuge avide de se délester du moindre
poids encombrant, l'attirance des sorties de secours peuvent alors encourager
l'irritation de nombreux spectateurs en déficit d'empathie pour ne
laisser sur place que le solide bataillon de ceux qui, d'abord tentés
par l'esprit de lévitation, vont découvrir par la suite
l'accomplissement d'une épopée déconcertante mais pleine
de dérision!...
Ironique jusque dans les lumières où se pourfend la
pusillanimité de papillons fantoches, l'aventure dramatique aura de
sourdes répercussions sur tous les exils à broyer du noir!...
C'est dans l'extinction de toutes les illusions qu'une langue universelle
devrait avoir raison de cet étouffement généralisé,
fût-ce par la conviction du cri "animal"!...
Theothea le 04/04/05
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CELEBRATION
de Harold
Pinter
mise en scène
Roger Planchon
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****
Théâtre du Rond-Point
Tel: 01 44 95 98 21
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Photo libre de droits - ©
Philippe Delacroix
En intriquant trois pièces de Harold Pinter relativement courtes,
Roger Planchon invite à une vision synoptique à l'égard
du concept de filiation en perte de repères significatifs!
Père,
mère, frères, surs et époux se trouvent ainsi
projetés en familiales générations sur le devant d'une
scène impitoyable où l'argent et le cynisme politique s'affrontent
sous le regard obséquieux d'hôtes serviles, séduits par
la parade!
Quoi de mieux que le cadre prestigieux d'un grand restaurant pour rendre
compte d'une déliquescence omniprésente où le langage
autistique deviendrait le commun dénominateur de vulgarité
en divagations à la page?
Qu'un serveur mythomane puisse encore le temps d'une intervention
décalée capter l'attention mondaine revenue de toutes les
lâchetés, voilà bien la surprise d'une soirée
festive sans que néanmoins cette incongruité puisse modifier
quoi que ce soit aux orbites délirantes de la vacuité!
Rien à sauver en effet d'un monde s'accrochant
désespérément aux bouées de l'égocentrisme
mâtiné d'une vocation humanitaire de salon!
Aveugles à
leurs propres déviances monomaniaques, ces hommes et femmes au pouvoir
si peu tangible peuvent effectivement célébrer l'anniversaire
d'une union fût-elle maritale; c'est bel et bien dans l'obscurantisme
idéologique qu'ils s'enfoncent en compagnie de tous ceux dont
l'indifférence tacite permet de faire régner l'ordre du compromis
clinquant!
"Précisément" cette "Célébration" de "Voix
de famille" offre sur un plateau, celui du Rond-Point de Jean-Michel Ribes,
la pertinence d'une trilogie pour un rire jaune que certains chroniqueurs
dramatiques attribuent à un soudain déficit en savoir-faire
de l'auteur et du metteur en scène, à la suite de leurs longues
carrières en pleine renommée !
Inscrivons en faux cette perspective d'égarement artistique en
apportant au crédit de Hélène Babu, Sophie Barjac, Carlo
Brandt, Eva Darlan, Jean-Pol Dubois, Jacques Frantz, Sabine Haudepin, Micha
Lescot, Thibault de Montalembert,Valérie Stroh et bien sûr de
Roger Planchon, une interprétation à haute valeur ajoutée
pour une perception visionnaire du désarroi relationnel!
Theothea le 14/04/05
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BIENVENUE AU PARADIS
de Les Epis
noirs
mise en scène
Pierre Lericq
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Théâtre de Ménilmontant
Tel: 01 43 15 61 38
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Photo libre de droits - ©
Francis Vernhet
"Flon Flon" étant l'image de marque qui leur avait octroyé
une réputation de compagnie tonique et déjantée, il
n'était pas aisé de prendre un nouveau départ après
le remaniement d'une troupe (Eléna Papulino, Julia Faure, Lionel Sautet,
Fabien Magni) laissant néanmoins en présence ses deux piliers
fondateurs, Pierre Lericq et Manon Andersen!
Défi encore plus délicat que celui désormais de faire
recours à des musiques préenregistrées, non pas tellement
en raison d'un dogme préférentiel dédié aux
formations d'orchestre scénique mais parce qu'il est indéniable
que cette configuration corsète davantage toute spontanéité
de jeu et implique des différentiels quelque peu perceptibles entre
l'énergie chantée et sa complémentarité
dialoguée!
Cet handicap étant relativement maîtrisé, il fallait
que l'inspiration du créateur soit suffisamment renouvelée
pour que Le Paradis ne soit pas un simple copier-coller du Dieu démoniaque
de Flon-Flon, c'est pourquoi
en se référant aux valeurs sûres du théâtre
antique, quitte à les faire malmener par un Créon démiurge,
bienvenue fut insufflée à une Antigone en pleine famille
recomposée, voire décomposée à souhait!
Restait à reprendre les postures d'un cynisme terrorisant toutes
ses victimes consentantes pour que l'ironie et le sarcasme retrouvent leurs
marques au sein d'un délire jubilatoire cadencé par une Manon
toujours prête à l'implosion forcenée!
Disponibilité certes aux extravagances, mais attention ici le texte
prime sur toutes tentations des chemins de traverse non répertoriés;
aussi l'inceste, le viol, le meurtre, l'infanticide
ont leurs propres codes
auxquels il est quasiment impossible de déroger sous peine de perte
de crédibilité!
Alors dire que cette fois-ci la balance penche peut-être un peu
trop du côté de la prosodie au détriment du rythme
intrinsèque, cela ne pourra pas porter atteinte à l'aura d'une
compagnie tant prisée!...
D'ailleurs, le spectacle commence très fort en prenant les spectateurs
à témoin de leur mort programmée pour se terminer dans
une image d'Epinal fort apaisante!
Aussi comme entre-temps çà
déménage plutôt bien, il devrait suffir d'ajuster les
boulons de la fluidité!
Theothea le 15/04/05
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