Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

13ème  Saison     Chroniques   13.36   à   13.40    Page  213

 

   

DIANE DUFRESNE AUX BOUFFES DU NORD     

     

61ème Festival de Cannes

Palme d'or, juste " Entre les murs " de mai 08

            

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PLUS SI AFFINITES

de Pascal Légitimus & Mathilda May

mise en scène  Gil Galliot

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Théâtre du Splendid

Tel: 01 42 08 21 93

 

        Photo affiche DR. 

   

Très show, le couple dont Mathilda May & Pascal Légitimus ne cessent de jouer et de rejouer la scène de la rencontre pour le plus grand plaisir du public face à l'immédiate connivence du duo !

Au Théâtre du Splendid, la poursuite de leur spectacle en deuxième saison est une question d'affinités électives posée d'entrée de jeu et pour laquelle la réponse serait, de toutes évidences, " toujours plus ".

D'un puzzle de sketchs où l'appétit sexuel sert de fil rouge à ces délicieux instants où le vertige s'empare de deux êtres mis subitement en présence l'un de l'autre, les deux comédiens composent un ballet amoureux qu'ils déclinent comme aux premiers flirts d'adolescents en découverte de leur libido.

Confrontée aux aléas de la modernité, la palette des comportements initiés par la diversité sociale, leur donnent rendez-vous, en boîte de nuit, au restaurant, en avion, dans la rue, bref dans tous ces lieux anonymes du melting-pot où le hasard ferait si bien les choses.

En macho vulnérable et en super woman esseulée, les deux protagonistes n'hésitent pas à surjouer leurs fantasmes, voire à les exprimer à haute voix, mais c'est sans cesse dans le décalage palpable entre le désir et le sentiment, entre le sexuel et l'affectif, entre le paraître et l'être que se jauge la partition des regards qui se croisent en s'embrassant avant même que de s'embraser.

Cependant, davantage qu'à l'incarnation des personnages chorégraphiés dans la célérité par Gil Galliot, c'est grâce à la présence, la souplesse, la sensualité des deux acteurs que répondent en phase, la sensibilité, la reconnaissance et l'empathie des spectateurs attirés par le bouche à oreille très flatteur à leur égard.

Mathilda May est totalement impressionnante de feeling, de séduction malicieuse, de vivacité athlétique; de son côté, Pascal Légitimus apparaît comme un partenaire en voltige, à l'écoute du moindre détail permettant à chaque scène de toucher au plus juste.

En prenant ainsi un malin plaisir à défier en permanence le coup de foudre, ces deux-là se confirment comédiens jusqu'au bout des ongles.

Theothea le 21/11/08

LA CAGNOTTE

de Eugène Labiche

mise en scène  Adel Hakim

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Théâtre des Quartiers d'Ivry

Tel: 01 43 90 11 11

 

        Photo ©  Bellamy 

   

En passant d'un monde en gris et blanc à celui de la couleur, l'escouade de La Ferté-sous-Jouarre en partance pour Paris est inconsciente des tribulations qui vont émailler leur escapade de provinciaux.

Eugène Labiche les attend aux portes de la capitale, comme le chroniqueur observe la bêtise s'épanouir dans la manière d'être et d'agir de petits-bourgeois contemporains, sans envergure mais fort cocasse.

Si la cagnotte amassée au fil des parties de cartes va constituer le sésame d'une escapade touristique votée à la majorité démocratique, cette aubaine initiale va surtout s'ériger en dette contractée à l'égard de débiteurs sur le ton du malentendu et du rapport de forces défavorable.

En effet, ne possédant pas les codes d'une société parisienne peu encline à accepter des créances douteuses, la niaiserie ne saurait faire office de passeport à la bonne foi mise en péril par des aléas fort peu opportuns.

Adel Hakim va les attendre à son tour aux portes de la banlieue, en l'occurrence le théâtre d'Ivry, pour dépeindre cette troupe de Pieds Nickelés à la manière d'un cinéma muet où les protagonistes montés sur ressorts rebondiraient d'attrape-nigauds en traquenards, telles des marionnettes souriant à la diablerie nichée en elles-mêmes.

Cependant, proche d'une caricature sans cynisme, le bizutage ne leur servira aucunement de " Leçon de vie "; ils s'en retourneront à La Ferté-sous-Jouarre aussi peu aguerris par les déboires que confortés dans leurs présomption et fatuité originelles.

Un décor ingénieux s'ouvrant comme un livre d'images en reliefs et chausse-trappes dessine un cadre modulable à souhait où la citrouille pourrait devenir calèche autant que prison alors que les comédiens pourraient jouer à cache-cache avec l'enfance des pulsions.

En soliste inspirée, Prunella Rivière mène la direction d'acteurs, chorégraphiée dans l'allégro presto par Véronique Ros de la Grange, telle une Blanche-neige qui, sans malignité, aurait pactisé avec les stigmates de la fée Carabosse.

Chantée, dansée, mimée, jouée à qui mieux-mieux, cette " Cagnotte " ne vaut surtout pas d'en faire l'économie.

Theothea le 19/11/08

APRES LA REPETITION

de Ingmar Bergman

mise en scène  Laurent Laffargue

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Théâtre de l'Athénée

Tel: 01 53 05 19 19

 

        Photo ©  Eric Charbeau   

   

De Bergman à Laffargue, voici le tour d'une vie en quatre-vingt dix minutes avec des aiguilles qui, pivotant en sens inverse l'une de l'autre, aspireraient la mise en scène accélérée du destin où de la mère à la fille, l'homme s'offrirait à la dénégation réitérée:

D'abord de lui-même, Vogler, dans son angoisse à renouveler du pareil au même, ces situations théâtrales où le vécu s'invite sur le plateau jusqu'au point d'inverser le cours de la vraie vie.

Mais tout autant, de ces deux femmes, Rakel & Anna, qui, dans la moindre de leurs ressemblances à deux décennies d'intervalle, lui suggérerait qu'il est victime de ses velléités à vouloir les aimer.

Didier Bezace face à Fany Cottençon, c'est l'homme qui s'interroge sur les raisons de la réapparition en force de l'ex-compagne cherchant désespérément à capter l'enivrement du retour de flamme.

Didier Bezace face à Céline Salette, c'est l'homme qui doute sur les ressources de sa séduction à l'épreuve d'un inceste hautement probable mais jamais confirmé.

Toutefois Didier Bezace face à Ingmar Bergman, c'est le metteur en scène cherchant la faille qui permettrait d'intégrer le génie du maître suédois afin de mieux en cerner la profonde détresse solitaire.

Alors que Didier Bezace face à Laurent Laffargue, c'est l'acteur confronté au manège de son Pygmalion lui renvoyant dans un tournoiement infini de cour à jardin, le désir cinétique que celui-ci serait en charge de transcender sur les planches.

Aussi, à l'appel d'une gigantesque armoire aux portes grandes ouvertes où seraient enfouis tous les rêves perdus, l'homme, le metteur en scène et l'acteur se réfugie pour se recroqueviller, de peur de perdre définitivement l'estime de soi-même.

Theothea le 18/11/08

MESURE POUR MESURE

de William Shakespeare

mise en scène  Jean-Yves Ruf

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Théâtre MC93 Bobigny

Tel:  01 41 60 72 72 

 

        Photo ©  Mario Del Curto   

   

La Comédie Française est de passage à Bobigny avec l'un de ses plus brillants sociétaires Eric Ruf que met en scène son frère Jean-Yves Ruf, directeur de La Manufacture à Lausanne, dans l'une des pièces les plus complexes et paradoxales de William Shakespeare, sous une nouvelle traduction d'André Markowicz.

A la mesure de ce challenge fraternel va se confronter violemment un enjeu éthique de soeur à frère que le dramaturge anglais a composé au prorata de l'honneur d'Isabelle la novice (Laetitia Dosch) face à la tête menacée de Claudio (Igor Mendjisky).

En parallèle, se joue entre le Régent Angelo (Eric Ruf) et le duc Vicentio (Jérôme Derre), une partie de poker menteur par frères abbés interposés où les gages de justice et de pureté s'imbriqueront dans des rapports de pouvoir et d'intégrisme que la politique fera valser entre idéologie et religion au diapason des composantes sociales.

La scène de la MJC93 se livre dans toute sa largeur aux promesses de bains de sang expiatoires que les thermes se préparent à recueillir sous l'exécution du bourreau et de ses acolytes.

Une sorte de coucou transformé en aigle dominateur ponctuera, du fond de scène, les points marqués de part et d'autre d'un ring si peu imaginaire que les protagonistes sembleront y escalader les versants de droiture, de justice, de probité et d'intégrité à coups de poing assénés toujours plus forts au pécheur potentiel ou avéré.

Ainsi, la vertu devrait faire loi mais sera sans cesse prise en défaut de faiblesse morale prise au piège d'une ambition hors d'atteinte pour elle-même et si peu ressemblante aux aptitudes de ses partenaires.

Devant ce constat d'échec, Shakespeare introduit la comédie et la farce comme autant de soupapes destinées à établir des ponts entre désir, réalisme et idéalisme en remettant, si possible, les preuves d'amour au coeur d'un humanisme mis en péril.

Aussi, fort opportunément, l'ouverture au talent individuel ou collectif, que la Comédie Française engendre au sein de la salle Richelieu, est à apprécier à la mesure de l'hospitalité que la Maison de la culture de Bobigny suscite elle-même, par son propre rayonnement prestigieux, à l'aune de l'ensemble du spectacle vivant francilien.

Theothea le 25/11/08

MEURTRE PAR OMISSION

de Jean-Pierre Klein

mise en scène  Philippe Adrien

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Théâtre de L'Atalante

Tel:  01 46 06 11 90 

 

        Photo ©  Antonia Bozzi   

   

Autour d'un lit médicalisé, une euthanasie pourrait aisément en cacher une autre et même elles pourraient fort bien se cacher l'une et l'autre, derrière le thème de l'inceste paternel implicite.

Dans un jeu de rôles psychanalytique, trois soeurs se partagent la reconstitution symbolique du meurtre du père.

L'une est censée être tombée dans un coma profond sans que la cause de son absence à la réalité puisse être établie.

Les deux autres vont se relayer autour de la gisante dans une valse hésitation où la frustration du non-dit tergiverse entre colère, jalousie et culpabilité.

Car c'est, de toutes évidences, l'amour qui est le véritable enjeu de ce combat à mots feutrés ou chuchotés avec la survie en questionnement.

Quelle était donc celle que le père aurait aimé le plus ?

Celle qui l'a objectivement aidé à passer de l'autre côté de la pulsion vitale après que celui-ci lui en eut confié le soin ? Celle qui, a posteriori, aurait été dépositaire de cet arrangement avant que sa soeur entre elle-même en léthargie ? Ou la troisième qui aurait été tenue à l'écart  de toute douleur pour non assistance, à personne chère, en danger de mort ?

Dans un transfert où les identités seraient interchangeables mais où chacune aurait la possibilité de réagir, selon son tempérament, face à la décision du père de quitter définitivement ses trois filles avec leur accord tacite, Jean-Pierre Klein esquisse dans l'imaginaire psychique, un simulacre médical et législatif du pêché mortel par action et(ou) par omission.

Ainsi, c'est dans le triangle de la sororité que va s'opérer la reconstitution scénique du choix ou du non choix transcendantal qu'en définitive seul l'amour, sans exclusive, serait à même de résoudre.

De cet entre-deux où chaque pensée salvatrice peut se retourner en son opposée jusqu'à cet entre-trois où Christine (Agathe Alexis), Clémence (Anne de Broca) et Claire (Nicole Estrabeau) se mesurent aux subtiles mobiles du parricide, c'est Philippe Adrien qui mène l'Atalante au plus profond des doutes du Surmoi.

Theothea le 28/11/08

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