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13ème
Saison
Chroniques 13.36
à
13.40 Page
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DIANE DUFRESNE AUX BOUFFES DU
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PLUS SI AFFINITES
de Pascal
Légitimus & Mathilda May
mise en scène
Gil Galliot
|
****
Théâtre du Splendid
Tel:
01 42 08 21 93
|
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Photo affiche
DR.
|
Très show, le couple dont Mathilda May & Pascal Légitimus
ne cessent de jouer et de rejouer la scène de la rencontre pour le
plus grand plaisir du public face à l'immédiate connivence
du duo !
Au Théâtre du Splendid, la poursuite de leur spectacle en
deuxième saison est une question d'affinités électives
posée d'entrée de jeu et pour laquelle la réponse serait,
de toutes évidences, " toujours plus ".
D'un puzzle de sketchs où l'appétit sexuel sert de fil rouge
à ces délicieux instants où le vertige s'empare de deux
êtres mis subitement en présence l'un de l'autre, les deux
comédiens composent un ballet amoureux qu'ils déclinent comme
aux premiers flirts d'adolescents en découverte de leur libido.
Confrontée aux aléas de la modernité, la palette
des comportements initiés par la diversité sociale, leur donnent
rendez-vous, en boîte de nuit, au restaurant, en avion, dans la rue,
bref dans tous ces lieux anonymes du melting-pot où le hasard ferait
si bien les choses.
En macho vulnérable et en super woman esseulée, les deux
protagonistes n'hésitent pas à surjouer leurs fantasmes, voire
à les exprimer à haute voix, mais c'est sans cesse dans le
décalage palpable entre le désir et le sentiment, entre le
sexuel et l'affectif, entre le paraître et l'être que se jauge
la partition des regards qui se croisent en s'embrassant avant même
que de s'embraser.
Cependant, davantage qu'à l'incarnation des personnages
chorégraphiés dans la célérité par Gil
Galliot, c'est grâce à la présence, la souplesse, la
sensualité des deux acteurs que répondent en phase, la
sensibilité, la reconnaissance et l'empathie des spectateurs attirés
par le bouche à oreille très flatteur à leur
égard.
Mathilda May est totalement impressionnante de feeling, de séduction
malicieuse, de vivacité athlétique; de son côté,
Pascal Légitimus apparaît comme un partenaire en voltige, à
l'écoute du moindre détail permettant à chaque scène
de toucher au plus juste.
En prenant ainsi un malin plaisir à défier en permanence
le coup de foudre, ces deux-là se confirment comédiens jusqu'au
bout des ongles.
Theothea le 21/11/08
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LA CAGNOTTE
de Eugène
Labiche
mise en scène
Adel Hakim
|
****
Théâtre des Quartiers
d'Ivry
Tel:
01 43 90 11
11
|
 |
Photo ©
Bellamy
|
En passant d'un monde en gris et blanc à celui de la couleur,
l'escouade de La Ferté-sous-Jouarre en partance pour Paris est
inconsciente des tribulations qui vont émailler leur escapade de
provinciaux.
Eugène Labiche les attend aux portes de la capitale, comme le
chroniqueur observe la bêtise s'épanouir dans la manière
d'être et d'agir de petits-bourgeois contemporains, sans envergure
mais fort cocasse.
Si la cagnotte amassée au fil des parties de cartes va constituer
le sésame d'une escapade touristique votée à la
majorité démocratique, cette aubaine initiale va surtout
s'ériger en dette contractée à l'égard de
débiteurs sur le ton du malentendu et du rapport de forces
défavorable.
En effet, ne possédant pas les codes d'une société
parisienne peu encline à accepter des créances douteuses, la
niaiserie ne saurait faire office de passeport à la bonne foi mise
en péril par des aléas fort peu opportuns.
Adel Hakim va les attendre à son tour aux portes de la banlieue,
en l'occurrence le théâtre d'Ivry, pour dépeindre cette
troupe de Pieds Nickelés à la manière d'un cinéma
muet où les protagonistes montés sur ressorts rebondiraient
d'attrape-nigauds en traquenards, telles des marionnettes souriant à
la diablerie nichée en elles-mêmes.
Cependant, proche d'une caricature sans cynisme, le bizutage ne leur servira
aucunement de " Leçon de vie "; ils s'en retourneront à La
Ferté-sous-Jouarre aussi peu aguerris par les déboires que
confortés dans leurs présomption et fatuité
originelles.
Un décor ingénieux s'ouvrant comme un livre d'images en
reliefs et chausse-trappes dessine un cadre modulable à souhait où
la citrouille pourrait devenir calèche autant que prison alors que
les comédiens pourraient jouer à cache-cache avec l'enfance
des pulsions.
En soliste inspirée, Prunella Rivière mène la direction
d'acteurs, chorégraphiée dans l'allégro presto par
Véronique Ros de la Grange, telle une Blanche-neige qui, sans
malignité, aurait pactisé avec les stigmates de la fée
Carabosse.
Chantée, dansée, mimée, jouée à qui
mieux-mieux, cette " Cagnotte " ne vaut surtout pas d'en faire
l'économie.
Theothea le 19/11/08
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APRES LA
REPETITION
de Ingmar Bergman
mise en scène
Laurent Laffargue
|
****
Théâtre de
l'Athénée
Tel:
01
53 05 19 19
|
 |
Photo © Eric
Charbeau
|
De Bergman à Laffargue, voici le tour d'une vie en quatre-vingt
dix minutes avec des aiguilles qui, pivotant en sens inverse l'une de l'autre,
aspireraient la mise en scène accélérée du destin
où de la mère à la fille, l'homme s'offrirait à
la dénégation réitérée:
D'abord de lui-même, Vogler, dans son angoisse à renouveler
du pareil au même, ces situations théâtrales où
le vécu s'invite sur le plateau jusqu'au point d'inverser le cours
de la vraie vie.
Mais tout autant, de ces deux femmes, Rakel & Anna, qui, dans la moindre
de leurs ressemblances à deux décennies d'intervalle, lui
suggérerait qu'il est victime de ses velléités à
vouloir les aimer.
Didier Bezace face à Fany Cottençon, c'est l'homme qui
s'interroge sur les raisons de la réapparition en force de l'ex-compagne
cherchant désespérément à capter l'enivrement
du retour de flamme.
Didier Bezace face à Céline Salette, c'est l'homme qui doute
sur les ressources de sa séduction à l'épreuve d'un
inceste hautement probable mais jamais confirmé.
Toutefois Didier Bezace face à Ingmar Bergman, c'est le metteur
en scène cherchant la faille qui permettrait d'intégrer le
génie du maître suédois afin de mieux en cerner la profonde
détresse solitaire.
Alors que Didier Bezace face à Laurent Laffargue, c'est l'acteur
confronté au manège de son Pygmalion lui renvoyant dans un
tournoiement infini de cour à jardin, le désir cinétique
que celui-ci serait en charge de transcender sur les planches.
Aussi, à l'appel d'une gigantesque armoire aux portes grandes ouvertes
où seraient enfouis tous les rêves perdus, l'homme, le metteur
en scène et l'acteur se réfugie pour se recroqueviller, de
peur de perdre définitivement l'estime de soi-même.
Theothea le 18/11/08
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MESURE POUR MESURE
de William Shakespeare
mise en scène
Jean-Yves Ruf
|
****
Théâtre MC93 Bobigny
Tel:
01 41 60 72 72
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Photo © Mario
Del Curto
|
La Comédie Française est de passage à Bobigny avec
l'un de ses plus brillants sociétaires Eric Ruf que met en scène
son frère Jean-Yves Ruf, directeur de La Manufacture à Lausanne,
dans l'une des pièces les plus complexes et paradoxales de William
Shakespeare, sous une nouvelle traduction d'André Markowicz.
A la mesure de ce challenge fraternel va se confronter violemment un enjeu
éthique de soeur à frère que le dramaturge anglais a
composé au prorata de l'honneur d'Isabelle la novice (Laetitia Dosch)
face à la tête menacée de Claudio (Igor Mendjisky).
En parallèle, se joue entre le Régent Angelo (Eric Ruf)
et le duc Vicentio (Jérôme Derre), une partie de poker menteur
par frères abbés interposés où les gages de justice
et de pureté s'imbriqueront dans des rapports de pouvoir et
d'intégrisme que la politique fera valser entre idéologie et
religion au diapason des composantes sociales.
La scène de la MJC93 se livre dans toute sa largeur aux promesses
de bains de sang expiatoires que les thermes se préparent à
recueillir sous l'exécution du bourreau et de ses acolytes.
Une sorte de coucou transformé en aigle dominateur ponctuera, du
fond de scène, les points marqués de part et d'autre d'un ring
si peu imaginaire que les protagonistes sembleront y escalader les versants
de droiture, de justice, de probité et d'intégrité à
coups de poing assénés toujours plus forts au pécheur
potentiel ou avéré.
Ainsi, la vertu devrait faire loi mais sera sans cesse prise en défaut
de faiblesse morale prise au piège d'une ambition hors d'atteinte
pour elle-même et si peu ressemblante aux aptitudes de ses
partenaires.
Devant ce constat d'échec, Shakespeare introduit la comédie
et la farce comme autant de soupapes destinées à établir
des ponts entre désir, réalisme et idéalisme en remettant,
si possible, les preuves d'amour au coeur d'un humanisme mis en
péril.
Aussi, fort opportunément, l'ouverture au talent individuel ou
collectif, que la Comédie Française engendre au sein de la
salle Richelieu, est à apprécier à la mesure de
l'hospitalité que la Maison de la culture de Bobigny suscite
elle-même, par son propre rayonnement prestigieux, à l'aune
de l'ensemble du spectacle vivant francilien.
Theothea le 25/11/08
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MEURTRE PAR OMISSION
de Jean-Pierre
Klein
mise en scène
Philippe Adrien
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****
Théâtre de L'Atalante
Tel:
01 46 06 11 90
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 |
Photo © Antonia
Bozzi
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Autour d'un lit médicalisé, une euthanasie pourrait
aisément en cacher une autre et même elles pourraient fort bien
se cacher l'une et l'autre, derrière le thème de l'inceste
paternel implicite.
Dans un jeu de rôles psychanalytique, trois soeurs se partagent
la reconstitution symbolique du meurtre du père.
L'une est censée être tombée dans un coma profond
sans que la cause de son absence à la réalité puisse
être établie.
Les deux autres vont se relayer autour de la gisante dans une valse
hésitation où la frustration du non-dit tergiverse entre
colère, jalousie et culpabilité.
Car c'est, de toutes évidences, l'amour qui est le véritable
enjeu de ce combat à mots feutrés ou chuchotés avec
la survie en questionnement.
Quelle était donc celle que le père aurait aimé le
plus ?
Celle qui l'a objectivement aidé à passer de l'autre
côté de la pulsion vitale après que celui-ci lui en eut
confié le soin ? Celle qui, a posteriori, aurait été
dépositaire de cet arrangement avant que sa soeur entre elle-même
en léthargie ? Ou la troisième qui aurait été
tenue à l'écart de toute douleur pour non assistance,
à personne chère, en danger de mort ?
Dans un transfert où les identités seraient interchangeables
mais où chacune aurait la possibilité de réagir, selon
son tempérament, face à la décision du père de
quitter définitivement ses trois filles avec leur accord tacite,
Jean-Pierre Klein esquisse dans l'imaginaire psychique, un simulacre
médical et législatif du pêché mortel par action
et(ou) par omission.
Ainsi, c'est dans le triangle de la sororité que va s'opérer
la reconstitution scénique du choix ou du non choix transcendantal
qu'en définitive seul l'amour, sans exclusive, serait à même
de résoudre.
De cet entre-deux où chaque pensée salvatrice peut se retourner
en son opposée jusqu'à cet entre-trois où Christine
(Agathe Alexis), Clémence (Anne de Broca) et Claire (Nicole Estrabeau)
se mesurent aux subtiles mobiles du parricide, c'est Philippe Adrien qui
mène l'Atalante au plus profond des doutes du Surmoi.
Theothea le 28/11/08
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