Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

13ème  Saison     Chroniques   13.51   à   13.55    Page  216

 

 

BONNE ANNEE 2009

     

SAMEDI DE FETE EN 2008

SAPHO AU CAFE DE LA DANSE

DICK RIVERS  A  L'ALHAMBRA

     

61ème Festival de Cannes

Palme d'or, juste " Entre les murs " de mai 08

            

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LA JAVA DES MEMOIRES

   

de & mise en scène  Roger Louret

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Théâtre Silvia Monfort

Tel:  01 56 08 33 88 

 

     Photo ©   Philippe Guérillot     

   

Encore plus inspiré aujourd'hui au Théâtre Silvia Monfort que quinze ans auparavant aux Folies Bergère, Roger Louret est devenu...

- ce magicien qui a constitué une nouvelle équipe de cinq jeunes comédiens autour de Catherine Delourtet, l'un des talents de la troupe originelle qui comportait notamment Philippe Candelon, Caroline Devisme, Lucy Harisson & Pierre Cassignard...

- ce magicien qui demande à ses acteurs du renouvellement, Nicolas Rougraff, Tiffanie Jamesse, Jean-Paul Delvor, Grégory Ben, Ludivine Junqua de chanter désormais sans micro et sans sonorisation amplificatrice, seulement accompagnés de Josias Villechange à l'accordéon...

- ce magicien qui, effectivement, réussit, deux heures durant, à faire revivre le film des années trente-cinquante à travers l'ensemble des rengaines de l'époque et tous ces airs qui, trottant sur les lèvres, donnaient chaud au coeur.

Il suffit du coup de baguette de ce chef d'orchestre invisible sur scène pour que, magiques, ressuscitent aux oreilles émerveillées, ces refrains lancinants qui ont escorté ces années troubles depuis les années folles jusqu'à celles tout aussi dingues, dites yé-yé.

Enchâssées comme des poupées russes, ces amorces de chansons prêtes à surgir de la mémoire collective, à la moindre évocation de leurs titres, de leurs leitmotivs, de leurs mélodies, s'emboîtent tel un scénario improbable d'une histoire de la France qui se raconterait en son miroir, si belle aux souvenirs!...

Cette anamnèse musicale qui agirait, telle une cure de jouvence bénéfique à tous ceux qui s'y abandonnent, se présente comme une suite chorégraphique utilisant le théâtre et le mime en appui à un impressionnisme émotionnel des multiples anecdotes contextuelles.

Ainsi, sur et à l'entour d'une passerelle de style "Hôtel du Nord", les amours se font et se défont au gré des humeurs capricieuses des jeunes gens toujours en proie aux tourments de leurs sentiments exacerbés.

C'est tendre, drôle, malicieux, espiègle et surtout plein de fantaisie.

En huit tableaux thématiques regroupant une cinquantaine de chansons, Montmartre, l'Espagne, le Front populaire, la guerre, les Zazous, la résistance / la libération, l'après-guerre avec, en rappel, l'annonce des années yé-yé, voilà une fresque picturale où "Sous les ponts de Paris", "Le plus beau tango du monde", "La java bleue", "A Paris dans chaque faubourg", "J'ai deux amours", "Mon amant de Saint Jean", "Lily Marlène", "le chant des partisans", "La romance de Paris", "Pigalle", "Douce France", "la mer", "Que reste-t-il de nos amours", "Y'a d'la joie", "Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux"... conserveront la suprématie de l'enchantement absolu, dans la galaxie des engouements sans concurrence.

Merci à Roger Louret d'en vouloir être ce merveilleux passeur contemporain.

Theothea le 27/12/08

24 HEURES DE LA VIE D'UNE FEMME

de Stefan Zweig

mise en scène  Marion Bierry

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Petit Théâtre Montparnasse

Tel: 01 43 22 83 04

 

   Photo ©  Lot   

   

Dans une pension de La Riviera, un scandale éclate au sujet d'une femme mariée qui part brusquement pour suivre un français plein de charme, sans le connaître, en abandonnant ses enfants.

Cette femme est condamnée par l'ensemble des convives de l'hôtel sauf un qui lui apporte un soutien approbateur. Ce dernier agirait-il, simplement par provocation des bonnes moeurs? Une vieille anglaise Mrs C., intriguée par cette troublante compréhension, va peu à peu s'apprivoiser cet homme et lui révéler, au fur et à mesure de son attention bienveillante, une histoire fort similaire.

En devenant le confesseur d'une âme féminine en proie à un sentimentalisme exacerbé, celui-ci sera, en tant que narrateur du récit, le récipiendaire d'une confidence douloureuse.

Tel un psychanalyste, son écoute va permettre l'accouchement d'un passion camouflée, enfouie comme un secret inavouable.

Telle une toile qu'un fin pinceau créerait devant nous, cette révélation se fera par touches délicates et avec une précision minutieuse pour découvrir l'intensité de l'aveu où apparaîtra l'élan de son coeur pour un jeune homme de vingt-quatre ans alors qu'elle en avait quarante à l'époque.

Ce sont des mains de joueur, aperçues au casino, excitantes et sensuelles, décrites avec d'infinis détails qui ont contribué au coup de foudre entraînant la jeune femme hors des codes de son milieu.

Elle croira au partage de réels sentiments d'affection, en voulant protéger cet être vulnérable des affres de la détresse qu'engendre la perte au jeu d'argent.

Cependant, après avoir succombè à la séduction, elle sera déçue par le comportement brutal de cet homme qui retournera à son addiction.

En cachant désormais ce souvenir lancinant à l'égard d'une passion inassouvie, elle se sentira à la fois coupable d'une fusion avec l'absolu et victime d'un destin contrarié.

La narration était une nécessité affective pour libérer l'héroïne du poids des conventions.

Par le jeu en miroir du double récit, celui récent de la fuite de Mme Henriette permet un retour dans le temps pour Mrs C. en lui offrant de transformer l'opportunité d'une anamnèse en désir de résilience.

Habillée d'une élégante robe écrue et moulante dessinée par Pascale Bordet et dans une mise en scène très sobre de Marion Bierry, Catherine Rich, subtile, fine et parfois malicieuse est cette femme silencieuse et repliée qui, mise en confiance, dévoile ces 24 heures ayant bouleversé ses sentiments et son regard sur l'Amour.

Une libération par la parole supervisée par son partenaire Robert Bouvier avec une délicatesse raffinée comme une confidence sacrée, à la manière d'une correspondance épistolaire qui pourrait rappeler une autre courte nouvelle de S. Zweig "lettre à un inconnu"

Cat.S / Theothea, le 15/12/08 

LE COMIQUE

de  Pierre Palmade

mise en scène  Alex Lutz

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Théâtre Fontaine

Tel: 01 48 74 74 40

 

        Visuel affiche  DR.   

   

Entrant en quarantaine, Pierre Palmade a décidé de changer de registre en intégrant sa démarche artistique au sein d'un véritable travail d'équipe.

Revenu de l'égocentrisme comme matière obsessionnelle à une écriture s'offrant en miroir à un vécu en représentation théâtrale permanente, "Le comique" s'offre le luxe suprême de tourner en dérision la première phase de sa carrière, en fustigeant l'impasse programmée en perspective.

Telle une caricature de lui-même s'immolant sur l'autel de la fuite en avant, de l'alcoolisme et des fêtes nocturnes à outrance, le comédien revient sous le pseudo de "Pierre Mazar", en brandissant le cache sexe de l'homosexualité à la manière d'un talisman refuge à ses tentations hétéro.

C'est donc avec distance critique que l'auteur construit une valse à deux temps qui en cacherait mille, tout en jouant les faire-valoir de ses sept partenaires, Delphine Baril, Anne-Élisabeth Blateau, Noémie de Lattre, Bilco, Sébastien Castro, Jean Leduc et Arnaud Tsamère qu'il s'est choisi à dessein en souhaitant que "les crocs de leur ego soient limés".

Ainsi en patron assumé d'une bande reconstituant l'entourage de la star qu'il fut à ses propres yeux, il rassemble les pièces du puzzle dont la clef de voûte inéluctable aurait été sa propre déchéance avec en perte ultime, l'inspiration créatrice.

Après l'entracte, il ne restera plus qu'à mettre tout ce joyeux monde en villégiature provençale pour que le naturel revienne au galop et que chacun trouve sa juste place dans un processus où les talents se complètent et les erreurs de casting s'éliminent d'elles-mêmes.

Au final, le nouveau spectacle de Pierre Palmade sera fin prêt à passer la rampe, mais entre-temps une franche rigolade digne d'une colonie de vacances en régression adolescente aura saisi l'assistance encline à s'ébaudir des bons mots pourvu que l'ivresse de la thérapie ait rattrapé définitivement les motivations d'un geste artistique ainsi mis à nu.

Theothea le 08/01/09

GERTRUDE

de Howard Barker

mise en scène  Giorgio Barberio Corsetti

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Théâtre de L'Odéon

Tel:  01 44 85 40 40 

 

        Photo ©  Alain Fonteray 

   

A l’origine, le syndrome d’un Hamlet désemparé par la supputation du crime familial trouvait son écho Sheakspearien en un pathétique « être ou ne pas être ».

C’est le cri tellurique de la Gertrude de Barker qui va faire imploser le doute métaphysique, en affirmant la genèse du fratricide en pleine jubilation orgasmique.

Ainsi posée l’équation exemplaire du « Théâtre de la catastrophe » revendiqué par Barker, précisons qu’à la clef de cette transgression du tabou, aucun jugement moral ne saurait régenter ce jeu de miroir, fût-il déformant.

Que Claudius (Luc-Antoine Diquéro), l’amant, soit le bras armé de Gertrude, enivrée de jouissance sexuelle au sein du pouvoir de donner vie et mort au souverain de son choix, peut aisément laisser Hamlet (Christophe Maltot) au rang de dommage collatéral et élever la Reine à celui du principe absolu de l’extase.

C’est en effet le cri animal initial de Gertrude (la mythique Anne Alvaro) aux confins de tous les paroxysmes que Claudius voudrait réentendre et revivre sans cesse en tentant de réunir les voluptés nécessaires à son accomplissement.

Ainsi l’escalade progressive dans le dérèglement des sens exacerbés obligera peu à peu les protagonistes aux contorsions les plus extrêmes de l’émotion jusqu’à dénier tout principe de réalité.

C’est pourquoi, prenant Howard Barker au mot, la mise en scène de Girgio Barberio Corsetti organise en premier lieu un ballet obsessionnel, à travers un circuit en forme de huit, dont elle met sur rails des wagons de garde-robes et d’armoires à linge qui vont cloisonner l’espace en le modulant dans une réitération sans fin.

Viendra ensuite le temps des acrobates et des funambules qui, jetant un défi aux lois gravitationnelles de l’équilibre, provoquent l’amalgame des références verticales et horizontales sous un effet de réflexion totalement renversant.

Du jamais vu sur les planches au jamais conçu dans la langue se tient donc ce no man’s land secret où Howard Barker et Giorgio Barberio Corsetti, réunis pour le meilleur et pour le pire, nous proposent de rejoindre les vertiges du désir en assumant son effroi.

Theothea le 13/01/09

LA PUCE A L'OREILLE

de   Feydeau

mise en scène  Paul Golub

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Théâtre de L'Athénée

Tel:  01 50 05 19 19 

 

        Photo ©  Christophe Raynaud de Lage 

   

Sous l’influence croisée et revendiquée des Marx Brothers et de Jacques Lacan, Paul Golub s’empare de l’oeuvre de Feydeau pour dépeindre une société moderne hystérisée dont les pulsions psychiques s’entrechoqueraient avec les handicaps physiologiques au sein de quiproquos mettant en doute la bonne santé mentale de chacun des protagonistes.

Le rôle dédoublé par David Ayala pour cause de ressemblance physique confondante entre Victor-Emmanuel, le mari de Raymonde Chandebise (Emeline Bayart) et Poche, le valet du « Minet Galant », va servir de trame à un chassé-croisé de 15 personnages entre l’appartement bourgeois des Chandebise et l’hôtel de charme des Ferraillon.

Si Camille (Sébastien Bravard) souffre d’un défaut d’élocution l’empêchant de prononcer les consonnes, Victor-Emmanuel confie, lui, à son ami Romain Tournel (Brontis Jodorowsky) qu’il est actuellement victime d’une impuissance à honorer son épouse; si Baptistin (Stanislas de la Tousche) a des rhumatismes chroniques, Carlos Homenidès de Histangua (Philippe Bérodot) est, lui, sous l’emprise d’une jalousie meurtrière; bref, tous vont manifester des failles du corps ou de l’esprit qui se constitueront en autant d’obstacles égarant le diagnostic du Docteur Finache (Rainer Sievert), et en malentendus semant allègrement la confusion des identités.

Freudien avant la découverte de l’inconscient, c’est le langage comme vecteur d’incommunication entre les êtres humains qui sert, ici, de ressort à toutes les susceptibilités ou autres vulnérabilités.

Décodant les signes abscons de l’incompréhension, Lucienne Homenidès de Histangua (Stéphanie Pasquet) tentera, grâce à un Esperanto de la langue espagnole, de donner le coup de grâce à l’interprétation fallacieuse des « bonnes intentions ».

Ainsi, de dérapages contrôlés par Feydeau en postures caricaturales téléguidées par Golub, le monde devient, sous nos yeux, une véritable métaphore du « Village people » atteignant son paroxysme durant les changements de décors à vue.

Chaque rôle est porteur en soi d’une panoplie burlesque que le genre humain se complaît à mettre en scène, pourvu qu’il sache participer à l’embrouillamini général permettant paradoxalement à chacun de sauver la face.

C’est du délire à outrance !... C’est une réussite totalement déjantée de la Compagnie « Le Théâtre du Volcan Bleu ».

Theothea le 16/01/09

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