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13ème
Saison
Chroniques 13.66
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13.70 Page
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L'ORDINAIRE
de Michel
Vinaver
mise en scène
Michel Vinaver & Gilone Brun
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****
Comédie
Française
Tel: 08 10 25 16 80
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Dessin
© Cat.S
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Telle une aile davion qui se serait enfichée, depuis
larrière-scène, jusquau-dessus des premiers rangs
des fauteuils dorchestre, à quelques instants du crash qui va
laisser huit survivants, livrés à eux-mêmes, en pleine
Cordillère des Andes, la scénographie de Michel Vinaver &
Gilone Brun accueille onze passagers dun jet privé face à
la destinée.
Affrétée par une multinationale en pleine conquête
de marché commercial en Amérique du Sud, la prochaine étape
du vol devait amener ce staff de managers, en escale au Chili.
Mais, les voici désormais au sommet glacial des neiges
éternelles, ceux-ci que le sort a décidé de laisser
isolés du monde, pour linstant encore vivants, en confrontation
simultanée avec la perte de tous leurs repères habituels.
Inspirée du fait divers survenu en 1972 aux 45 membres dune
équipe sportive dont seize dentre eux ne durent leur survie,
après 72 jours isolés du monde, quà une anthropophagie
délibérément assumée, la pièce de Michel
Vinaver, créée en 1983, reprend le fil de ce récit
surréaliste pour en dépeindre la renaissance dune
démocratie en temps réel.
Au jeu des chaises musicales où les lois de la résistance
aux violences de la Nature vont se révéler proportionnelles
à ladaptabilité des sujets, dans leur capacité
à remettre, ou non, en question les règles éthiques
jusque-là admises, cest la dénégation qui va
simposer, prioritairement, en tant quennemie
rédhibitoire.
En effet, faire comme si la vie quotidienne de lentreprise,
cest-à-dire la vie normative, pouvait se perpétuer à
une altitude hostile, le temps du sauvetage forcément programmé
par les assurances tous risques, naurait que des vertus passagères
sur léquilibre psychique soumis en pratique à
lépreuve dun réel indifférencié inscrit
désormais dans une durée illimitée.
Cest donc, dans la détermination à affronter la muraille
insurmontable de la montagne plutôt que de saccrocher aux ombres
fantoches dun management devenu inutile et inefficace, que la sortie
du labyrinthe deviendrait envisageable, à condition dassumer
quil faille se sustenter pour survivre.
Sil ne devait en rester que deux, le corps expéditionnaire
constitué par Sue (Léonie Simaga) & Ed (Gilles David) pourrait
devenir emblématique de cette volonté à surmonter
limpensable.
La création de « LOrdinaire » à la Salle
Richelieu permet à la direction de Muriel Mayette dhonorer Michel
Vinaver, en faisant entrer lauteur, de son vivant, à
lâge de quatre-vingt trois ans, au répertoire de La
Comédie Française.
Theothea le 10/02/09
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LE CAS BLANCHE-NEIGE
de Howard
Barker
mise en scène
Frédéric Maragnani
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****
Odéon
Berthier
Tel: 01 44 85 40 40
|
 |
Photo
© Frédéric
Démesure
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Paradoxalement, Howard Barker ne fait pas si grand cas de Blanche-Neige;
cest la Reine qui lintéresse, cette marâtre du conte
des frères Grimm qui, en séduisant tout être qui la
rencontre, va fasciner le Roi au point de lui faire ressentir une jalousie
insupportable.
Blanche-Neige (Céline Milliat-Baumgartner) tentera bien dimiter
sa belle-mère en multipliant les conquêtes amoureuses
jusquà être demandée, elle-même, en mariage,
mais le charisme de la Reine fera la course en tête en imposant une
fantasmagorie sexuelle froide, implacable et magistrale.
Cette joute sensuelle pour une domination absolue ne serait pas sans rappeler
la relation initiatrice de Sacher-Masoch à légard de
Wanda son héroïne, la fameuse Venus à la fourrure.
Cependant, sur la scène de lOdéon-Berthier, la clé
du conte revisité par Barker va se focaliser sur une paire de chaussures
en fer, portées au feu jusquà blancheur incandescente,
que le Roi (Christophe Brault), dépité, destine à sa
Reine (Marie-Armelle Deguy) dune arrogance sans faille apparente.
Celle-ci, aussi fière que la chèvre de Monsieur Séguin,
va donc transgresser la douleur en dansant jusquà lextinction
du bal et les lueurs de laube.
La mise en scène de Frédéric Maragnani sinspire
dun dépouillement glacé où la lumière surexpose
lintuition de la jouissance fantasmée dans une chorégraphie
de marionnettiste, à la fois lascive et brutale.
La gestuelle et la démarche de la reine obéissent à
un flux mécanique et répétitif suggérant par
contraste, lérotisme torride contenu à lextrême
jusquaux confins de lindécence.
La Madone moulée dans sa dignité triomphante traversera
lépreuve du miroir cristallisant le masque imperturbable dans
le sang expiatoire, sous la vocation absolue de la maîtrise de soi.
Ainsi contée, la Blanche-Neige de Howard Barker serait-elle à
si bonne école pour apprendre « Comment le savoir vient aux jeunes
filles », si ce nest en se contemplant dans la pomme, belle à
croquer ?
Theothea le 12/02/09
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CESAR, FANNY, MARIUS
de Marcel
Pagnol
mise en scène
Francis Huster
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****
Théâtre
Antoine
Tel: 01 42 08 77 71
|
 |
Photos ©
Benoît Jeannot
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Retrouvailles danthologie au sommet de deux carrières
initiées ensemble dès le conservatoire à la fin des
années soixante: Voici donc que Francis Huster met en scène
Jacques Weber, tout en lui rendant la réplique dans des scènes
cultes de Marcel Pagnol dédiées, avec un même bonheur,
autant au 7ème Art quau spectacle vivant.
Le théâtre Antoine accueille donc ces deux monstres sacrés
avec la légitimité dune salle qui, sous légide
du couple Daniel Dares & Héléna Bossis, disparue peu
après ce choix de programmation inspiré par la passion,
possède la volonté dinscrire en lettres de feu, la
création théâtrale.
Entourés par une distribution demblée mémorable
où de jeunes révélations, Hafsia Herzi (Fanny), et Stanley
Weber (Marius), fils de Jacques, côtoient des valeurs sûres de
la comédie comme Charlotte Kay, Urbain Cancelier & Eric
Laugérias, le duo Weber-Huster, ayant donc fait table rase de
mésententes caduques, prend possession du fameux bar de la marine
durant trois heures pour une fabuleuse régalade
méditerranéenne.
Linterprétation de Jacques Weber pourrait aisément
reléguer au rang desquisse tous les « Césars »
qui ont précédé sa présente prise de rôle,
mais assurément, une telle compétition ne correspondrait pas
à lambition patrimoniale dune direction dacteurs
que Francis Huster a pris soin dadapter pour les planches avec un point
de vue dintense cinéphilie.
Cest ainsi quau sein dune alternative prolongée
entre champ et contrechamp, le merveilleux décor de Thierry Flamand
épouse successivement lintérieur du bistrot et par la
suite sa terrasse avec, dans ces deux phases fort colorées, le port
de Marseille en perspective... Atmosphère, atmosphère !...
Que ce soit donc, au cours de la célèbre partie de cartes,
ou durant le conciliabule nuptial lié à la « grossesse
» de Fanny, les voix et les accents portent haut le folklore social
de la nostalgie en remake de cette époque de bonhomie.
Si le ton bourru de Jacques se glisse à merveille dans sa charpente
corporelle, ajoutant aux inflexions du phrasé, celles de circonvolutions
gestuelles synchrones avec son humour latent, la composition de Panisse par
Francis pourrait manquer de quelque distanciation, en raison des contraintes
objectives du metteur en scène livrant lacteur à un jeu
trop proche du premier degré dans la colère récurrente.
A cette réserve près quil lui sera possible
deffacer en sabandonnant à ses nuances à fleur
de peau, Francis Huster signe une véritable soirée deuphorie
où chacun de ses partenaires prend un voluptueux plaisir à
se fondre dans la candeur du sentiment, suscitant dores et déjà
pour tous, un fabuleux souvenir de Théâtre.
Theothea le 11/02/09
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ROMANCERO GITANO
chorégraphie
Cristina Hoyos
mise en scène
José Carlos Plaza
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****
Folies
Bergère
Tel: 08 92 68 16 50
|
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Photo © Julio Vergne
|
Cristina Hoyos, la reine du Flamenco, celle qui illumina "Carmen" ou "Noces
de Sang" d'Antonio Gadès, filmés par Carlos Saura, tire sa
révérence avec un ballet, le "Romancero gitano" extrait de
l'uvre poétique de Federico Garcia Lorca sous un recueil écrit
en 1928, composé de 15 romances.
Cristina Hoyos en illustre 9 par autant de tableaux qui ont chacun leur
couleur, leur force, leur noirceur, ou leur douleur.
Tous nourris par les larmes et le sang des gitans andalous, qui vivent
en marge de la société et sont persécutés par
l'autorité, ici chorégraphiés sur le "Romance de la
Guardia civil".
Rencontre donc entre danse populaire et poésie: Une poésie
nocturne, lunaire où les éléments de la nature sont
souvent personnifiés, une poésie connue pour sa sensualité
et l'usage de la métaphore, pleine de symboles.
Ainsi ces poèmes idolâtrent
- la lune qui, telle une séductrice aux attributs féminins,
hypnotise l'enfant gitan et l'entraîne dans la mort, en le tenant par
la main pour le "Romance de la luna, luna"
- le vent aux attributs masculins qui flirte avec les jupes, enivre la
jeune fille et la fait succomber au plaisir des hommes pour le "Romance de
Preciosa y el aire"
- la nuit avec son pouvoir maléfique et envoûtant où
les désirs inavoués et secrets s'entrouvent alors que le corps
cloîtré exulte sous l'habit de nonne, c'est le "Romance de la
monja gitana", où la passion se déchaîne pour la femme
infidèle, c'est le "Romance de la casada infiel" et entraîne
une violence exacerbée jusqu'à la mort dans des luttes fratricides,
c'est la "Muerte de Antonito el Camborio".
Incantation lancinante et poignante d'un peuple, la musicalité
de F. Garcia Lorca va être déclinée en un ballet
chorégraphié par Cristina Hoyos, elle aussi andalouse, et mis
en scène par José Carlos Plaza, avec 22 danseurs, musiciens
et chanteurs.
La scène est séparée en deux:
Côté cour, autour d'un feu, dans des couleurs sombres, la
Hoyos, toute de noir vêtue, les chanteurs, les deux guitaristes et
un joueur de tambourin, frappent des mains;
côté jardin, sur fond de camp gitan sur une aire d'autoroutes,
éclatent les danses rythmées par les jeux de pied du Taconeo
et du Zapateo;
les danses expriment chacune selon son "Romance", l'insouciance, l'affliction,
la douleur, le cri de révolte, ou la mise à sac par la garde
civile, masse effarante au pas cadencé, d'une synchronisation parfaite.
Tous ces mouvements étourdissants vont mener à l'apothéose
de la dame en noir, de 63 ans, cambrée dans sa dignité qui,
avec ses castagnettes, et ses battements de pieds, va entreprendre en solo
une danse magnétique, tel un serpent ondulant, de la "Pena negra",
inconsolable et solitaire.
Charismatique, Cristina Hoyos nous envoûte en ayant choisi, pour
ses adieux à la scène parisienne, d'apparaître aux "Folies
Bergère" en tête de sa troupe au style épuré,
le "Flamenco de Andalucia".
Cat.S & Theothea le 22/02/09
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COCHONS D'INDE
de
Sébastien Thiéry
mise en scène
Anne Bourgeois
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****
Théâtre
Hébertot
Tel: 01 43 87 23 23
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Visuel
affiche
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Mais que diable Patrick Chesnais allait-il faire dans lagence bancaire
de son quartier, si ce nest pour y retirer, sous le nom dAlain
Kraft, 500 euros de son compte courant ?
Compte et sas de sécurité bloqués, voici donc ce
gestionnaire immobilier pris au piège de la réussite sociale
vis-à-vis de laquelle, le récent rachat de sa banque
française par la Bank of India imposerait désormais une
éthique, dorigine locale, très stricte.
En effet, le changement de caste y est proscrit, notamment en cas
daugmentation des revenus grâce à lascenseur
social.
Inscrit dans une perspective surréaliste de mondialisation, cette
pièce du jeune auteur Sébastien Thiéry pourrait avoir
des vertus visionnaires sous une apparence vaudevillesque.
Mais le ton persifleur et un tantinet discriminatoire empêche rapidement
dadhérer en confiance à cette hallucination
rocambolesque.
En outre, Anne Bourgeois, metteuse en scène à deux reprises
dAlain Delon au théâtre, sans doute plus convaincue ici
de la métaphore que de la pertinence du texte, nhésite
pas à demander aux acteurs de surjouer les situations cocasses en
risquant en permanence le pléonasme formel.
Cest donc dans le sens du poil, que Patrick Chesnais par ailleurs
excellent dans linsolite, labsurde et la posture nonchalante
est contraint de densifier sa caricature pour tenter damener ses valeureux
partenaires (Josiane Stoléru, Anna Gaylor, Sébastien Thiéry)
à un nirvana kafkaïen improbable.
Au demeurant lhistoire part définitivement en vrille, en
faisant surgir Dieu (Parha Pratim Majumder) de manière inopinée,
incarné pour la circonstance, en directeur général de
la Bank of India nayant dautre compromis goguenard à proposer
au client occidental, pour le dédouanement de sa délinquance
présumée, quune taxe à hauteur du ratio de sa
réussite financière.
Au demeurant, cette leçon de morale en trompe-loeil provoque
davantage une impression loufoque desquive plutôt que de
solidarité universelle prônée et sermonnée, sous
le style de la gaudriole, tout au long de « Cochons dInde
».
Theothea le 09/02/09
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