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Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.01   à   14.05    Page  228

 

 

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ELLES

de  Jean-Jacques Vanier

mise en scène  François Rollin

****

La Pépinière Théâtre

Tel: 01 42 61 44 16

 

           

       

« Elles » pourraient, fort bien, s ’appeler « Lui » si François Rollin n’avait pas prêter main forte à l’écriture et à la mise en scène du « pingouin » pathétique qui continuerait de vouloir s’envoler dans la légèreté de l’existence.

Mais voilà, le destin de Jean-Jacques Vanier n’est pas un chemin fleuri car face à la femme, à toutes les femmes y compris la sienne, celui-ci éprouve un sentiment d’étrangeté redoutable dont il s’inquiète de percer le mystère insupportable à ses yeux, plus longtemps.

En effet, durant une centaine de minutes, le comédien invite son public à une véritable prise de tête psycho-philosophique où non content de ne pas être attractif à la gent féminine, il décide de tenter une suite d’expériences significatives où des situations types lui permettraient de vivre dans l’intimité ce que ressentent les femmes dans la vie de tous les jours.

Ce voyage initiatique fantasmé au centre d’un décor rouge théâtre où rideaux, dorures et lumières se complètent pour parfaire la perspective des illusions, va emmener son cobaye patenté, depuis le décolleté, à géométrie variable, d’une vendeuse de chaussures jusqu’à l’interrogation métaphysique concernant la faculté de son bouton d’être sagement fermé ou volontiers ouvert.

Ce ne sont pas tant les détours amoureux de la carte du Tendre qui mobiliseront l’esprit du conquérant mais bel et bien, sa volonté farouche d’exister dans le regard de l’autre.

Vaste entreprise de la réalisation de soi que la pudeur des coauteurs ne cherchera pas à mener à terme.

C’est, cependant, sur un ton habilement pataud que vont tenter de se résoudre les équations de l’incompréhension atavique des deux sexes pour convenir dans le consensus que le désir ne peut naître et subsister que dans la culture de la différence.

Theothea le 03/09/09

QU'EST-IL ARRIVE A BETTE DAVIS ET JOAN CRAWFORD ?

de  Jean Marboeuf

mise en scène  Didier Long

****

Vingtième Théâtre

Tel:  01 43 66 01 13

 

     photo ©  Cat.S / Theothea.com 

   

En s’immisçant de plain-pied dans le chant du cygne des deux Stars d’Hollywood réunies une toute dernière fois en 1961 pour le tournage de « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? », Jean Marbeuf restitue l’antagonisme de deux personnalités autant charismatiques que formatées par les Studios Warner et MGM.

En inventant une correspondance épistolaire à trois partenaires où Robert Aldrich, leur metteur en scène est instrumentalisé par chacune des deux rivales, à la fois comme confident et témoin à charge respectif, Jean Marbeuf orchestre à vue l’arbitrage d’une joute haineuse dont seule la disparition d’une des deux actrices mythiques pourrait mettre un terme.

En définitive, c’est celle de Marylin Monroe, le 5 août 62, qui va ébranler cette légende des « Monstres Sacrés » et ainsi initier le déclin d’une Industrie du spectacle exclusivement vouée au Star System.

Sur le plateau du Vingtième Théâtre, à la suite d’une première création aux Bouffes Parisiens, la réalisation de Didier long implique désormais, en cheville ouvrière des Grands Studios, l’intervention scénographique d’un régisseur rompant, à tort ou à raison, le tête-à-tête de Bette Davis et Joan Crawford.

Face à ce rôle, quelque peu fantomatique, du tiers interprété par David Macquart, le brillantissime duo - Séverine Vincent & Julie Marbeuf - s'offre avec délectation aux démons du cinéma s’emparant de la machine à rêves pour en extirper tout le suc d'une confrontation exacerbée au sommet de la Célébrité.

Theothea le 03/09/09

LE CRI DE LA FOURRURE

de  Alex Pandev

mise en scène  Agathe Bergman

****

Comédie de Paris

Tel: 01 42 81 00 11

 

     photo ©  Guillame Citroen 

   

De « Happy Hanouka » au « Cri de la fourrure », signe un même auteur qui, pour cause de jubilation chronique, s’investit, de surcroît, en actrice déjantée et snobinarde, tel le clone d’Alex Pandev qui constituerait l’autodérision en arme absolue de son autonomie professionnelle.

Sur la scène de la Comédie de Paris, depuis les débuts de l’été jusqu’aux prémices de l’automne, cette comédienne inclassable, façon « one woman Courrèges », proclame le choc et le chic de la « provoc » en laissant transparaître, toutes voiles de pudeur rentrées, l’exacerbation d’un ego surdimensionné à la hauteur d’une belle âme, sans cesse insatisfaite.

Madame Bovary, c’est elle... à ceci près que la distanciation de son texte et de l'interprétation implique l’artiste au self-control perfectioniste qu’aucune concession scénographique ne saurait contredire.

Sexy en garce jusqu’au bout de la pensée associative poursuivie aux confins du tragique, la belle fait la bête pour mieux épouser le miroir sans scrupule de son époque.

Cependant, revenue de tout et de tous, elle serait prête à suivre son soupirant, Mouloud, au royaume des utopies pourvu que celui-ci fût sensible au cri sauvage d'une Vénus sans fourrure qui n’en attendrait pas moins de son élu sur le tard:

En effet, serait-il, lui enfin, l’homme qui ne se lasserait jamais du toujours « trop » ?

En attendant, puisqu’Alex Pandev se mérite, la comédienne sort le grand jeu de la séduction et d’ailleurs, pour être sincère, personne n’y résisterait, pas même vous, assurèment !...

Theothea le 05/09/09

LA NUIT DES ROIS

de  William Shakespeare

mise en scène  Nicolas Briançon

****

Théâtre Comédia

Tel: 01 42 38 22 22

 

     photo DR.

   

Afin de célébrer dans l’allégresse le soixantenaire du Festival d’Anjou, son directeur artistique Nicolas Briançon avait, alors, réuni sur scène, treize comédiens pour une fête magistrale dont les Rois, de toutes évidences, n’étaient pas leurs cousins.

Aussi, pour la rentrée 09-10, Maurice Molina, le directeur du théâtre Comédia a misé sur les réjouissances d’une telle festivité Shakespearienne, en conviant cette prodigieuse réalisation de Nicolas Briançon à combler, à son tour, le public parisien.

En feuilletant le programme des agapes, une distribution percutante se révèle au travers des personnages de composition truculente dont les costumes se sont mis au diapason d’époque et de lieu, délibérément décalés.

Désormais en Ecosse du Sud (parce qu’il y fait plus chaud qu’en Italie du Nord) et au XXème siècle (postVictorien mais preWoodstock), l’adaptation de Jean-Michel Déprats met le cap sur l’essentiel:

« La nuit des Rois » de William Shakespeare est une pièce bouffonne, décapante et luxuriante qui confronte les affres du désir et de la passion amoureuse au défi paradoxal des identités tourmentées.

Aussi, en avant-garde de choc, telle une bande de pieds nickelés « vintage », Henri Courseaux (Malvolio), Yves Pignot (Sir Toby Belch) et Jean-Paul Bordes (Sir Andrew Aguecheek) offrent-ils une tribune de folie « revival » à Arié Elmaleh (Feste) qui, en retour, au-delà du miroir des convenances, confirme que Chloé Lambert (La comtesse Olivia) règne sur un empire où l’Amour est en proie aux confusions les plus contradictoires.

Alors, vont se prendre aux pièges des effusions travesties, Sara Giraudeau (Viola / Césario) et son jumeau Thibaud Lacour (Sébastien), manipulés par les égarements, plus ou moins consentis, de Yannis Baraban (Le Duc D’Orsino), François Siener (Antonio) et Emilie Cazenave (Maria).

Et, ainsi de suite, voguera la galère des quiproquos qui feront gravir les susceptibilités du quant à soi sur les échelons d’une loufoquerie maîtrisée selon les règles du second degré assumé jusqu’aux extrêmes les plus cocasses.

En parfaite symbiose avec les dimensions du plateau, la mise en scène de Nicolas Briançon semble prendre, au Théâtre Comédia, un tel envol imaginaire que, même, le temps de l’entracte n’ose toucher terre.

Theothea le 09/09/09

LE NEVEU DE RAMEAU

de  Diderot

mise en scène  Jean-Pierre Rumeau

****

Théâtre du Ranelagh

Tel: 01 42 88 64 44

 

    photo DR.

   

« Rira bien qui rira le dernier, Monsieur le Philosophe !...»;

c’est par ces mots d’adieu au café de la Régence que, sur le point de se rendre à l’Opéra, le neveu de Rameau prend congé de Diderot à la suite d’une conversation à refaire le monde entre Raison et Cynisme.

« Mes pensées, ce sont mes catins », c’est ainsi que Diderot a pu caresser ce dialogue improbable, lors de promenades de fin de journée non loin du Palais-Royal, entre « lui » et « moi » où le moraliste va mettre à l’épreuve du doute, les valeurs universelles de la morale confrontées au pragmatisme des intérêts particuliers.

Face au philosophe va se dresser le phénomène de l’anarchiste prêt à faire feu de tout bois pour assouvir l’objectif d’une liberté inconditionnelle destinée à assouvir tous les besoins et plaisirs terrestres.

Foin des contraintes socioculturelles, le séduisant rebelle va s’opposer dans des monologues brillants, mais le plus souvent spécieux, à toutes ambitions citoyennes et à toutes pédagogies progressistes visant à élever le destin de l’humanité.

La fascination de Diderot à l’égard de son interlocuteur virtuel n’aura d’égale que sa conviction relative concernant l’incarnation du génie humain lié au cortège des privilèges auxquels celui-ci ose prétendre.

Grâce à une maïeutique jonglant habilement avec les forces du bien et du mal, ce débat contradictoire, initié au XVIIIème siècle, pourrait avoir l’immense mérite de ne pas prendre les vessies de l’Esprit pour des lanternes de la Civilisation.

En ce 09/09/09, la première de la reprise du spectacle, créé en 2001 dans ce même Théâtre du Ranelagh, célébrait en générale de presse, le quatuor ayant déjà réuni initialement Nicolas Vaude, Nicolas Marié, Olivier Baumont en compagnie de leur metteur en scène Jean-Pierre Rumeau.

Rénovée avec des fauteuils confortables, la salle offre, plus que jamais, la magie de ses lambris au bénéfice d’une acoustique plus feutrée. Néanmoins sa profondeur reste un paramètre avec lequel les comédiens doivent s’accorder.

Ainsi, l’interprétation trublionesque de Nicolas Vaude, en phase avec les digressions étourdissantes d’une gamberge lutine, imprime un rythme étourdissant à sa composition du « neveu » dont parfois, les inflexions du spectre vocal aboutissent assourdies, aux derniers rangs d’orchestre.

En charge de témoignages musicaux fort bienvenus, Olivier Baumont consacre sa maîtrise du clavecin, à calmer le jeu ébouriffant de cet esprit follet auquel l’autre Nicolas semblerait davantage assister ensorcelé que dans l’audace de la répartie.

D’ailleurs à la décharge du rôle, Diderot ne s’offre même pas le prestige de la dernière réplique, puisque sans piper mot:

« Rira bien qui rira le dernier, Monsieur le Philosophe !...».

Theothea le 10/09/09

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