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SIMPLEMENT
COMPLIQUE
de Thomas
Bernhard / Hommage à l' Âge
mise en scène
Georges Wilson
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****
Théâtre des Bouffes
du Nord
Tel: 01 46 07 34 50
|
C’est très simple de pouvoir admirer un grand acteur tout
en rendant hommage à l’âge et à l’expérience
théâtrale, il suffit de se rendre au Théâtre des
Bouffes du Nord où cinq semaines durant, Georges Wilson se mesure
à Minetti, célèbre acteur allemand du XXème
siècle qui, ayant consacré toute sa vie au spectacle vivant,
a inspiré le « Simplement compliqué » de
Thomas Bernhard.
C’est donc l’heureuse opportunité pour Georges Wilson
de s’interroger sur le sens d’une existence dédiée
au métier de comédien, en recherchant dans sa propre mise en
scène du personnage, désormais relié au monde par des
rumeurs dérisoires, ces accointances que lui et son double nourriraient
de concert, avec une indéniable tentation à l’égard
de la misanthropie et du nihilisme.
Ainsi, il ne lui sera pas nécessaire de se cacher sous la couronne
de Richard III, dont l’autre prend un malin plaisir à
s’auréoler une fois par semaine, en souvenir du grand rôle
de sa vie, pour apprécier, à sa juste valeur, la vanité
des vanités, celle de n’avoir définitivement besoin de
personne.
Et pourtant, le rendez-vous hebdomadaire avec Catherine, cet enfant de
neuf ans, qui vient lui livrer son pichet de lait, est attendu avec le fol
espoir d’un bain de jouvence, à jamais rédempteur.
En attendant, d’un fauteuil décati à l’autre usé
jusqu’à la corde, le vieil homme livre un valeureux combat avec
un ennemi à sa force et à portée de mains, les fameuses
souris qui semblent avoir envahi son univers au point de lui tenir une compagnie,
affectivement paradoxale.
Ainsi, sur une parallèle à mi-distance de Bernhard et de
Minetti, Georges Wilson, de sa voix distincte et bien placée, trace
un chemin « irréductible » avec l’aspiration
partagée pour trouver en soi, la force de combattre et de terrasser
toute inclination au renoncement, à l’aune d’une humanité
et d’une plénitude, à fleur de peau.
Theothea le 12/10/09
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LES GRANDES
FORÊTS
Hommage à l'Âge
de & mise en scène
Geneviève Page
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****
Théâtre des Bouffes
du Nord
Tel: 01 46 07 34 50
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C’est dans le cadre d’un « Hommage à
l’âge » créé par Micheline Rozan, codirectrice
du Théâtre des Bouffes du Nord avec Peter Brook, que des artistes
comme Georges Wilson, Geneviève Page, Pierre Henry, Jean-Claude
Carrière et d’autres... tous, plus ou moins octogénaires,
ont pu, durant un mois et demi, témoigner, avec panache, que la valeur
sait, aisément, s’affranchir du nombre des années.
Si donc, la pièce « Simplement compliqué »
de Thomas Bernhard, mise en scène et interprétée par
Georges Wilson, tenait le haut de l’affiche, en étant
représentée sur l’ensemble de la période, c’est
par exemple sous forme de récital d’Hélène Martin,
de concert « Satie » de Madeleine Malraux,
de rétrospective secrète par Pierre Henry, de spectacle musical
iranien par Jean-Claude Carrière, qu’en représentation
unique ou déclinée jusqu’à six reprises, les murs
des Bouffes du Nord pouvaient résonner de ces multiples talents
actualisés dans la mémoire collective d’un XXIème
siècle, juste débutant.
Avec ses « Grandes Forêts », Geneviève
Page nous faisait pénétrer dans son domaine poétique,
à la fois familier et protecteur où, telle une amoureuse des
grandes tirades élégiaques, René Char, Charles Péguy,
Henri Michaux, Jacques Prévert, Jean Tardieu côtoyaient
allègrement les grands classiques Victor Hugo, Racine, Alfred de Musset,
Marivaux, Ronsard, Jean de la Fontaine, Molière, Appolinaire....
C’est ainsi que la fameuse partenaire de Gérard Philippe,
notamment dans « Fanfan la tulipe » (1952) par Christian
Jacque ou dans « Lorenzaccio » au Festival d’Avignon
1958, renouait avec son point d’orgue, voir « son
tube » selon son petit-fils, autrement dit et donc superbement
déclamé, la fameuse « Prière à la vierge
de Prouhèze » dans « Le soulier de
Satin ».
Comme si le texte de Paul Claudel apparaissait en apothéose d’une
comédienne de vingt-ans, vibrant du plaisir sublime de s’abandonner,
corps et âme, à la puissance du verbe, Geneviève Page
s’avançait dans le halo de lumière, en implorant, à
nouveau, les forces de l’invisible.
Un grand moment de spectacle vivant rendant, d’emblée,
indispensable le renouvellement annuel de cette initiative judicieuse et
admirable qu’a constitué ce premier « Hommage à
l’âge » !...
Theothea le 13/10/09
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LA PARANOÏA
de Rafael
Spregelburd
mise en scène
Marcial Di Fonzo Bo
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****
Théâtre de
Chaillot
Tel: 01 53 65 30 00
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photo ©
Christian Berthelot
|
Si la définition clinique de la paranoïa était
d’être poursuivie par la fiction au point d’en masquer le
réel, cette perspective pathologique en valant bien une autre, Rafael
Spregelburd aurait visé, juste dans la cible, pour illustrer sa vision
du « deuxième pêché capital » mis
en scène par Marcial di Fonzo Bo au Théâtre de
Chaillot.
En effet, à l’aune de l’ « Heptalogie de Hieronymus
Bosch » et donc après « La Estupidez »,
la saison dernière, voici à nouveau le Théâtre
des Lucioles venant alimenter la machine à fantasmes, en se
télétransportant aux environs de 5000 et 20000 ans, après
Jésus Christ.
A cette époque, ceux qui restent des humains, ont été
pris en otage par des « intelligences » venues d’un
autre univers; désormais, celles-ci prennent un malin plaisir à
perpétuer l’espèce devenue rare en la contraignant à
inventer toujours plus de nouvelles histoires car les entités
extra-terrestres sont tellement friandes d’oeuvres fictionnelles
qu’elles les ont déjà toutes consommées sous tous
les formats, du livre au téléphone portable, en passant par
le film, sans être, toutefois, en mesure d’en créer par
elles-mêmes.
Aussi, quelques cobayes ataviques convoqués dans un hôtel
de nulle part, vont découvrir la teneur de leur mission, en gage de
survie, et sous cette exigence, devoir phosphorer, à la vitesse de
la lumière, pour échapper à l’extinction de
l’espèce terrestre.
Entre les maîtres de l’espace et les esclaves de la pesanteur
s’engage une course poursuite contre la montre, à la manière
d’une enquête policière, dont raffolent les séries
b et les sitcom à la sauce « gore ».
C’est, ainsi, qu’entre vidéo et théâtre,
les sept acteurs vont se démultiplier à l’infini dans
un tambour scénographique à remonter la chronique du temps
cinématographique.
De codes en idiomes, de traductions en interprétations, ceux-ci
vont réinventer une histoire à dormir debout qui pourrait fort
bien assoupir les ardeurs délirantes des geôliers, les tenant,
à distance, sous leur coupe.
Si la maîtrise d’une technologie, intégrant le geste
de l’acteur à des projections délirantes, est remarquable
dans sa réalisation en temps réel, si le jeu des comédiens
se fraye une voie séduisante entre l’énième degré
de l’entendement et l’énergie vitale du sauve-qui-peut,
si la mise en scène occupe l’espace de la salle Gémier
au point d’en ressentir les effets pervers de la paranoïa, le
parti-pris de l’urgence perpétuelle finit, néanmoins,
par avoir raison de l’implication du spectateur, prenant, alors, ses
distances dans une bulle protectrice.
Mais patiente, il reste encore cinq pêchés capitaux à
expier, grandeur techno-humanoïde.
Theothea le 14/10/09
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MINETTI
de Thomas
Bernhard
mise en scène
Gerold Schumann
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****
Théâtre de l'
Athénée
Tel:
01
53 05 19 19
|
|
photo ©
DR-TDV-S.Ferreira
|
Si Bernhard Minetti se félicite du masque que James Ensor lui aurait
confectionné à l’occasion de son interprétation
du Roi Lear, Serge Merlin, lui, se façonne, grandeur nature, un
faciès d’Antonin Artaud qui, en cette nuit de réveillon,
va transcender, à merveille, les cohortes du bal masqué sillonnant
le hall du vieil hôtel d’Ostende, désuet à
souhait.
A cet instant de la nuit du 31 décembre, Minetti, Bernhard et Merlin
ne font plus qu’un personnage en proie au soliloque pathétique
sur les planches du Théâtre de l’Athénée.
Comme Godot, ils attendent la venue d’un messie, en l’occurrence
celle d’un directeur de théâtre qui devrait signer le contrat
d’une reprise du Roi Lear, après une mise à
l’écart du célèbre comédien, durant la trentaine
d’années d’exil forcé.
En effet, abhorrant le cadre confortable du théâtre classique,
Minetti, devenu lui-même directeur d’un théâtre
provincial, avait empêché la programmation du répertoire
traditionnel; ce qui lui occasionna une flopée de procès
qu’il perdit systématiquement et le mirent au ban de la
société.
Aussi, dans cet hôtel flamand, à l’instar d’un
musée Grevin imaginaire, des interlocuteurs quasi pétrifiés,
vont se succéder à l’écoute des griefs et autres
ratiocinations du vieil artiste qui, paradoxalement, feront surgir de cette
aversion des classiques, un culte exclusif à l’égard de
Shakespeare convergeant vers l’apothéose du Roi Lear.
Sublime rabâchage du monologue qui, une heure et demie durant, contraint
son interprète au dépassement de soi, c’est-à-dire,
tout simplement, à l’excellence.
Après Michel Bouquet et, très récemment, Michel Piccoli,
c’est donc au tour d’une pointure, très entraînée
au verbe Berhardien, de composer avec ces flux récurrents pour en
distiller la force tellurique, emportant, à son passage, toutes les
réserves du ressentiment.
Tel un Rodrigue dont le temps n’aurait pas réussi à
calmer la détermination et la fougue, c’est en Don Quichotte,
livrant son ultime combat, que Serge Merlin squatte le palace décati
pour en faire un tour d’honneur de prestige, en éloge absolu
à Thomas Bernhard.
Theothea le 15/10/09
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LA NUIT DE L'AUDIENCE
de
Jean-Claude Idée & Frédérique
Tirmont
mise en scène
Patrice Kerbrat
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****
Petit
Théâtre Montparnasse
Tel: 01 43 22 77 74
|
Viva Agnès de Salm-Salm !...
De Bardot à Fossey, de Maria à Agnès, c’est
ainsi, en aventurière épique et haute en couleur, que se fantasment
les coulisses de l’Histoire opposant l’ancien au nouveau monde.
Dans l’intimité d’une entrevue fictive en 1900,
l’Impératrice déchue, Charlotte de Hasbourg, tenue recluse
depuis trente ans par son frère le Roi des Belges, Léopold
II, la considérant comme folle depuis la mort de son époux,
l’Empereur Maximilien exécuté au Mexique, va donc donner
audience à une aristocrate anglaise fantasque, veuve d’un prince
et épouse de diplomate, en mission de rédemption universelle.
Cette rencontre d’Agnès avec Charlotte est donc le fruit
d’une cogitation scénographique entre l’historien, Jean
des Cars et l’auteur, Jean-Claude Idée.
Ce face à face des deux femmes, ne se connaissant pas et que tout
sépare alors qu’elles vont se deviner plutôt que de se
comprendre, va inciter Patrice Kerbrat à diriger les deux
comédiennes vers une montée en puissance progressive que de
multiples fusées d’artifice jalonnent afin de ne jamais perdre
de vue, le ton de la comédie déjantée.
En découle, un double numéro d’actrices,
s’appréciant comme un régal, face à
l’éventail d’une féminité en pleine
séduction de ses contraires respectifs.
Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont rivalisent
d’ingéniosité, de candeur, de toupet et, en un mot, de
joie de vivre, à tel point que la jeunesse des émois balait,
au passage, toutes les vraisemblances de la petite histoire, au nom d’une
impertinence roborative.
Aussi qu’Eugénie (Christine Guerdon) et Napoléon III
(Jean-Yves Chilot) soient, à cause d’elles, contraints de
s’enfuir par le balcon en se jetant dans l’eau glacée, fait
partie des raccourcis de la Grande Histoire qui se déguste dans un
éclat de rire cathartique.
Qu’importe la paranoïa du huis clos impérial pourvu
qu’on ait l’ivresse du jeu en costumes !...
Theothea le 16/10/09
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