Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.31   à   14.35    Page  234

 

   

SYLVIE   VARTAN

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HIVER

de  Jon Fosse

mise en scène  Jérémie Lippmann

****

Théâtre de l'Atelier

Tel: 01 46 06 49 24

 

   photo affiche ©  Basile Dell   

Nathalie Baye  en passion d' « Hiver »

   

Voici Nathalie Baye qui entre sur scène en titubant.

Accrochée à son banc public, la voilà, maintenant, qui interpelle Pascal Bongard tentant discrètement de s’esquiver:

« Hé toi »... « Oui toi »... « Toi Toi Toi Toi » !... 

Parce que c’est elle, parce que c’est lui; se connaissent-ils depuis toujours, eux qui paraissent se reconnaître sur un signe évanescent ?

Elle perd facilement l’équilibre; désemparé, il voit son destin se scinder à vue.

Tout pourrait les séparer, l’épouse, les enfants, le job du cadre en activité face à cette inconnue qui proclame être « sa nana ».

La plus belle, oui, il n’en a jamais connu d’aussi jolie; c’est ce qu’elle lui dit; c’est ce qu’il sait mais tait résolument.

De l’extérieur à l’intérieur des sentiments, le voyage s’inverse du jardin public à la chambre d’hôtel... à deux reprises.

Il file vers un rendez-vous manqué; elle s’absente sans raison; toujours ils se reviennent... tels ces aimants bipolaires.

Elle sait qu’il sait; elle le lui dit... elle le met en garde, mais ils n’ont plus le choix.

D’ailleurs, rien ne semble les arrêter, lui et elle en cavale vers un ailleurs à déchiffrer.

Un ange passe, celui que convoite Jon Fosse, et tombe la neige sur les planches de l’Atelier...

Ce presque rien d’un amour en fuite est au diapason d’interjections en suspension et de locutions sous sidération que l’auteur norvégien distille à qui mieux mieux d'un langage élémentaire.

Jérémie Lippmann livre Nathalie Baye et Pascal Bongard dans l’abîme des affects qu’ils se doivent d’habiter sans espoir de retour au temps de saison d’avant leur rencontre.

Superbes dans la distanciation du harcèlement mental face au désarroi psychologique, lui et elle s’offrent en acteurs expiatoires de la passion.

Theothea le 02/11/09

LE VOYAGE DE VICTOR

de  Nicolas Bedos

mise en scène  Nicolas Bedos

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Théâtre de La Madeleine

Tel: 01 42 65 07 09

 

   photo ©  Dunnara Meas   

Guy Bedos au bout du Voyage de Victor

     

Sous l’aiguillon de Macha Méril, Bedos « fils » joue de pair avec la mémoire de Guy qui aimerait avoir le droit à l’erreur, sinon à l’oubli.

Si le portrait, en question autobiographique, se targuait, de surcroît, d’être universel, c’est le registre masculin face au féminin pluriel que Nicolas Bedos emmène en voyage, une heure durant, autour de l’amnésie feinte ou accidentelle, selon une géométrie variable attribuée aux motivations de Marion ou de Victor.

Lorsque Guy Bedos entre en scène, le décor du théâtre de La Madeleine s’est abstrait de tout réalisme pour ne laisser place, sur un fond bleu nuit, qu’à des repères fonctionnels qu’un petit Poucet bien intentionné aurait disposé à dessein.

A charge de Macha Méril d’en disposer pour faire surgir peu à peu, d’une confusion entretenue fort opportunément, une vérité lourde à porter, aussi facile à dénier que de foncer dans le mur, au volant d’une voiture.

Antoine, le fils disparu est au coeur du gouffre affectif que la mémoire en déroute, dans un élan parallèle, tente à la fois de retenir en vie que de saborder.

C’est donc le secret de Marion et de Victor que de choisir d’assumer ou de taire la reconnaissance de faits avérés ou fictifs.

Le duo Bedos-Méril sonne juste ce qu’il faut des contradictions dont l’homme et la femme sont porteurs, à leurs dépens, lorsqu’il ne s’agit pas de jouer aux comédiens aguerris mais aux êtres humains en proie aux tourments les plus fondateurs.

Tenace jusqu’à la perversité de l’inconscient, la mise en scène de l’auteur s’accompagne d’une subtile petite musique qui, en contresignant les méandres de la dénégation, pulse ses affects dans une valse à mille temps à en faire imploser toutes les résistances.

Theothea le 29/10/09

MARCEL PROUST  A la recherche du temps perdu

   

lectures de  Marcel Proust

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Théâtre La Bruyère

Tel: 01 48 74 76 99

 

     photos ©  Laurence Chéné & Chantal Depagne

   

Le succès de ces instants choisis dans "La recherche du temps perdu" les amène, en reprise, au Théâtre La Bruyère, accompagnés de trois nouveaux comédiens rejoignant ceux de la création à La Comédie des Champs-Elysées, lors de la saison précédente.

C’est ainsi que le trio Romane Bohringer, Michaël Lonsdale & Nicolas Vaude succède en alternance à celui de Bernadette Lafont, Robin Renucci & Xavier Gallais pour une immersion en neuf plongées textuelles.

A chacun son style de lecture, à chacun son Marcel Proust.

Ce soir-là, alors que Michaël Lonsdale, débutait avec « Longtemps, je me suis couché de bonne heure... », son micro-cravate se mit, immédiatement, à crachoter par vagues lorsqu’il se penchait vers ses feuillets.

Intermède et initiative de neutraliser la sono emportèrent la décision, à la grande satisfaction des spectateurs qui allaient pouvoir goûter à la reconnaissance du timbre naturel.

Cette intimité retrouvée pourrait faire partie de la mise en scène à chaque représentation, tant elle garantit une écoute attentive et recueillie, interrompue néanmoins à chaque passage de relais par une salve d’applaudissements.

A son tour, Romane Bohringer convainc l’assistance avec son aisance d’élocution, sa palette d’expressivité et son empathie avec le récit qu’elle fait sien.

Nicolas Vaude intègre la phase lunaire des tourments de Marcel au point de se recroqueviller sur sa table et soudain, se relevant en extension, de jeter des regards perdus vers l’indicible.

Michaël Lonsdale, lui, susurre sa madeleine comme un bonbon au miel qui n’en finirait pas de se requinquer au suc du murmure désinvolte.

A trois, ils viennent saluer, à l’instar du trio originel, ce public très friand de lectures incarnées par des comédiens dans la force de l'art oral, apprécié en temps réel.

Theothea le 28/10/09

SEXTETT

de  Rémi De Vos

mise en scène  Eric Vigner

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Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21

 

    © Stéphane Trapier   

     

Si l’interprétation de Simon a la vertu d’attirer la gent féminine au point de rendre leurs libidos, hystériques, son propre deuil maternel ne fera que catalyser la fascination irrépressible d’un quintette du beau sexe, à faire tomber Micha Lescot à la renverse.

Au Rond-Point, toutes vont vouloir s’arracher ce flamboyant objet du désir qu’une course folle de cour à jardin, va dans les grandes largeurs de la scène Renault-Barrault, transcender en opéra pour un maestro sur ressorts, bondissant d’égéries en Walkyrie.

En effet, la direction d’Eric Vigner donne l’opportunité à son acteur fétiche de rendre élastique à souhait, la rencontre fortuite d’Eros et Thanatos qui, au contact des planches, pourrait imploser en partouze chorale à damner la génitrice de Simon.

Cette logorrhée, signée Rémi de Vos, ne craint pas de rendre obsessionnel l’appétit des cinq harcelleuses jusqu’à rendre plausible l’aversion, pour ne pas dire l’inversion sexuelle, de leur conquête aux abois... à proprement dit comme au figuré, puisque le masque d’une chienne s’est, désormais, substitué au romantisme de La Walkyrie, meneuse de la meute.

Aussi, de ces cantatrices en effusion à ces castratrices en puissance, ce ne sont pas les Lieder de Schubert qui pourraient en adoucir les fantasmes débridés, mais bel et bien une happy end refermant le rideau rouge sur le baiser qui tue toute autre exclusive.

Ainsi, se dresse le point final d’un sextuor aphrodisiaque pour cinq instrumentistes ayant du chien et de la voix à revendre face à la glisse surnaturelle d’un contorsionniste en apesanteur.

Theothea le 04/11/09

IL EST PASSE PAR ICI

de  Marc Fayet

mise en scène  José Paul

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Petit Théâtre de Paris

Tel:  01 42 80 01 81 

 

   photo ©  Bruno Perroud   

        

Après deux mois d’exploitation au Petit Théâtre de Paris, le furet de Marc Fayet se porte au mieux de ses cinq compagnons de scène de famille d’où émerge un revenant qui, à leur grande surprise, passait par là...

En effet depuis début septembre, la production « J’habite au 21 » a mis sur des rails dûment calibrés, sa neuvième création après les fameux, « Un petit jeu sans conséquence » 5 Molières 2003, « L’Amour est enfant de Salaud » Molière du spectacle privé 2004, « Jacques a dit » 4 nominations 2005, « La Sainte Catherine » Molière de l’auteur 2006, « L’un dans l’autre », « Chocolat Piment » 4 nominations 2007 & « Sans mentir ».

Aussi, c’est avec grand plaisir que nous retrouvons la bande de Caroline Maillard, Lysiane Meis, Marie Piton, Marc Fayet, Stéphane Hillel, Gérard Loussine dans des rôles, tellement taillés sur mesure que chaque aficionado peut jouer à anticiper leurs réactions respectives.

En outre, puisque c’est, de nouveau, José Paul qui est aux baguettes de l’orchestration de ce beautiful people, ce n’est pas un nain de jardin qui pourrait faire un bras d’honneur à la cantonade.

Non effectivement, puisque c’est Stéphane Hillel, le maître des lieux (Théâtre de Paris), qui, précisément, va s’en charger.

Appelez-le, en l’occurrence, Jean-Pierre et vous verrez accourir ce cousin des familles qui, par le plus grand des hasard, vient de retrouver la trace de ses parents éloignés ou plus exactement de ses potes éberlués.

Accompagné par Cécile, très jolie auto-stoppeuse de rencontre fortuite, le voilà qui replace, allègrement, leurs souvenirs communs, en perspective... d’un coup de théâtre.

Dans la « classieuse » lignée des Gentlemen Cambrioleur, le voilà qui farfouille, avec tact et empathie, dans l’inconscient collectif d’une jeunesse retrouvée où se seraient égarées les zones d’ombre d’une mémoire opportuniste.

En guise de reconnaissance malaisée, l’intrus aura toujours la ressource de disparaître à jamais, d’un si beau temps de villégiature familiale, loin de toute prise de tête anachronique.

Voilà bien une drôle de comédie, au moins aussi maligne qu'un furet des bois jolis.

Theothea le 03/11/09

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