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LA NEBULEUSE VIE DE JOSE
MIRANDA
de Oscar
Castro
mise en scène
Adel Hakim
|
****
Théâtre Aleph
(Yvry)
Tel:
01 46 70 56 85
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Lorsque deux directeurs de théâtre se réunissent,
en voisins, afin quun mois durant, lun en tant quauteur,
lautre en tant que metteur en scène, puissent se livrer, corps
et âme, à la dialectique des planches, il faut que cette rencontre
au sommet soit à la hauteur de lenjeu existentiel du spectacle
vivant.
Avec « La nébuleuse vie de José Miranda »,
la coproduction du théâtre des quartiers dIvry et du
Théâtre dAleph donnent à Oscar Castro et Adel Hakim
loccasion de se mesurer une seconde fois avec les cercles vertueux
de lutopie, après quils eurent, en 2003, déjà
monté ensemble « Le 11 septembre de Salvador
Allende ».
De lHistoire à la fiction, du coup détat Chilien
au surréalisme Kafkaïen, il ny a quun pas de
côté, celui dune perspective artistique faisant inventaire
des intentions louables de la bonne conscience que lhéritage
de 1968 traîne dans ses bagages, en anniversaires récurrents.
En passant du procès de la Junte à celui de la Religion
pour aboutir à celui de lArt engagé, la désillusion
générale pourrait bien être au rendez-vous du premier
métro, dans le petit matin froid et glacial.
En effet, enfermés, la veille au soir, dans la station
« Assemblée Nationale » à lheure
passée du dernier métro, le diable et son comparse, le dramaturge,
se frottent les yeux devant une réalité qui résiste
à lentendement.
Voilà que celui-ci est confronté directement à
limaginaire de sa création, revenant en boomerang des personnages
dun théâtre révolutionnaire pris au piège
de la vanité.
Ce double jeu de miroir où il nest plus possible de savoir
qui tient les rênes de la manipulation trouvera son procès exutoire
absolu, en la personne de Mère Térésa, convaincue
davoir trompé son monde, en vantant les mérites de la
vie éternelle.
Dailleurs, voilà que triomphe désormais la divine
Angela Belleza (Sylvie Miqueu), cette allégorie de la vérité
qui ensorcelle de ses appâts, ce quil peut rester des convictions
humaines, afin de mieux faire tanguer la voie du Salut.
De ce capharnaüm baroque et fellinien où lunivers du
fantasme a pris le pouvoir sur toute autre considération
métaphysique, seul le saut dans le vide, à lapproche
du grondement métallique de la première rame du
métropolitain, pourrait assurer un réveil salvateur.
Oui, le théâtre dAleph demeure, à jamais, cet
ancrage métaphorique de tous les possibles.
Theothea le 23/11/09
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LES AFFAIRES SONT LES
AFFAIRES
de Octave
Mirbeau
mise en scène
Marc Paquien
|
****
Théâtre du Vieux
Colombier
Tel:
01
44 39 87 00
|
Entre faune volatile et flore carnivore, Isidore Lechat entend régenter
son monde dune main de maître, soucieux dune maisonnée,
à limage de sa propre réussite.
Fort de ces rapaces et dune plante tentaculaire surgissant des
entrailles du sol, Marc Paquiem imprègne sa scénographie
dune symbolisation inquiétante où, tels les oiseaux
dHitchkock, les prédateurs seraient sur le point de dévorer
leurs proies.
Ce parti pris tend à faire passer la pièce dOctave
Mirbeau dun fac-similé de vaudeville, en première partie,
au diapason dun clone de tragédie après lentracte
pour sesquiver, en phase terminale, dans le cynisme le plus absolu.
Cette mise en perspective, au sein dune imagerie
sétalonnant du glacial au torride, contraint les acteurs à
rester constamment sur la défensive, face à un démiurge
prêt à leur faire subir la loi du plus fort.
Gérard Giroudon est, bel et bien, lhomme de la situation
qui, avec laisance de celui à qui la vie ne refuse rien, surfe
sur sa destinée, comme un funambule en plein orgasme.
Alors, son épouse (Claude Mathieu), son fils (Clément
Hervieu-Léger), sa fille (Françoise Gillard), son futur gendre
(Adrien Gamba-Gontard), son voisin aristocrate désargenté (Michel
Favory) ainsi que ses partenaires financiers (Nicolas Lormeau & Gilles
David) vont tous, lun après lautre, devoir se retirer
dun jeu trop dangereux pour leur propre survie.
Créées au début du XXème siècle à
La Comédie Française, entraînant la suspension de son
comité de lecture durant dix ans en raison des polémiques
suscitées, « Les affaires sont les affaires »
furent, notamment, repris en 1995 au Théâtre du Palais Royal,
avec Pierre Meyrand composant un mémorable Isidore Lechat,
tempétueux et furibond.
En contraste, Gérard Giroudon évolue dans lénergie
de la maîtrise de soi ainsi que dans la classe machiavélique
du tyran affabulateur, sachant déjouer tous les obstacles posés,
sans envergure maligne, par autrui.
Cet échec et mat monstrueux, dépeint à un siècle
dintervalle, peut, sans vergogne, faire les beaux jours de la
contemporanéité puisque, plus que jamais, les affaires sont
les affaires, nest-il pas vrai ?
Theothea le 24/11/09
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UNE MAISON DE POUPEE &
ROSMERSHOLM
de Henrik
Ibsen
mise en scène
Stéphane Braunschweig
|
****
Théâtre de La
Colline
Tel:
01 44 62 52 52
|
|
photos
© Elizabeth Carecchio
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Telles des poupées russes, les décors des deux pièces
dIbsen sencastrent dune représentation à
lautre, de façon à ce que ce diptyque puisse faire effet
de miroir à la thématique initiale « Radicalité
et Héroïsme » choisie par Stéphane Braunschweig
pour inaugurer sa direction du Théâtre de La Colline.
Seulement effectif à partir de janvier 2010, le passage de relais
directorial se poursuit en harmonieux « fondu
enchaîné » entre "La Cerisaie" dAlain Françon
au printemps 2009 et donc « Rosmersholm » &
« Maison de poupée » à lautomne.
Cette dialectique à distance entre les deux metteurs en scène
possède tellement de vertus que Stéphane Braunschweig a voulu
en prolonger le mérite, pour son propre compte, mettant ainsi en
parallèle Rebekka (Maud Le Grevellec) et Nora (Chloé Réjon),
face respectivement à Rosmer (Claude Duparfait) et Helmer (Eric Caruso),
ayant, toutefois ensemble, pour fond commun, une semblable gouvernante et
néanmoins confidente, interprétée par Annie Mercier.
Bien entendu, tout oppose les deux jeunes femmes; autant lune
sest forgé un objectif de conquête affective en utilisant
la méthode du cheval de Troie, autant lautre nage dans la
félicité conjugale, sans sapercevoir dune sombre
menace quelle édifie, à son insu, rongeant peu à
peu lidée quelle se fait du bonheur.
En vis-à-vis, leurs partenaires masculins affectionnent la
dénégation, lun par une « politique de
lautruche » niant a posteriori lévidence
mortifère du trio amoureux impossible à assumer, lautre
par machisme béat refusant de considérer les signes avant-coureurs
de la parité.
Et ainsi de suite, contexte et personnages dIbsen pourraient se
répondre, à lenvie, dans une présentation originale
de lIdéal conceptuel en tant que problématique à
résoudre au contact de la réalité.
Cependant de cet entrechoquement, Stéphane Braunschweig va tirer
parti, de manière fort inégale, dun côté
par une édulcoration tangible de la tension dramatique exigeant
lémancipation de la « Poupée » mais,
a contrario, en rendant exemplaire la profondeur du champ introspectif que
sa réalisation d« Rosmersholm » saura mettre
en perspective.
Au demeurant, insignifiance et volontarisme pourraient fort bien coexister
ensemble dans lintimité de ces héroïnes, pourvu
quil y ait prise de conscience des tenants et aboutissants de la
subjectivité face à léventuelle
radicalité.
En conséquence de cet augure, la Colline sous Stéphane
Braunschweig, çà commencerait plutôt bien.
Theothea le 27/11/09
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TROP STYLE
de Dany Boon
mise en scène
Yaël Boon
|
****
L'Olympia
Tel:
08 92 68 33 68
|
Dany Boon « Trop
stylé » en show
« lapin »
Au lendemain de la générale de Dany Boon à
lOlympia, venu y passer les fêtes de fin dannée,
et alors que le parterre du show-bizz lui a fait ovation à hauteur
dune notoriété désormais mondiale, la presse unanime
a encensé lhumoriste devenu récemment chevalier de la
légion dhonneur après avoir accueilli, à ce jour,
plus de 27 millions de spectateurs internationaux pour « Bienvenue
chez les Chtis ».
Sur la scène du célèbre Music-Hall parisien,
lentrée de lartiste est précédée
dune projection sur grand écran translucide où, à
partir dune chorégraphie démantibulée, le ton
est donné à la raillerie du personnage élastique, telle
sa véritable marque de fabrique depuis le cultissime sketch du
"Kway".
Aussi, dès son apparition en chair et néanmoins en os, la
présence du showman installe, grâce à sa
malléabilité permanente, une telle attraction quaucun
aléa ne pourrait la distraire.
En effet, jamais Dany Boon ne nous est apparu aussi à laise
dans sa maîtrise talentueuse à capter le public pour lemmener
dans son délire à penser tout haut, une certaine absurdité
de la condition humaine.
Oui, mais voilà, si lextraversion de lacteur ne peut
être prise en défaut, est-ce acquis que linspiration de
lauteur soit nécessairement au rendez-vous du réalisateur
qui vient demporter un jackpot francophone inégalé ?
Est-ce quen ayant touché, presque par inadvertance, le plus
grand nombre des spectateurs en salle obscure, la motivation à renouveler
la martingale nemporterait pas, désormais, le désir de
plaire à tout prix ?
En outre, au vu dune préoccupation récurrente à
ponctuer, de multiples connotations scatologiques, le fil conducteur dun
spectacle paradoxalement intitulé « Trop
stylé », la notion de bon ou de mauvais goût voire
de vulgarité ne mériterait-elle pas dêtre posée
dans sa pertinence ?
A la question « Avez-vous pris la grosse tête ? »,
Dany répond malicieusement, « Non, car je lavais
déjà avant le succès ». Mais que
répondrait-il à cette autre formulation
« Lartiste ne serait-il pas en danger de perdre son âme
? »
Autrement dit, les composantes du rire de la salle auraient-elles toujours
cette même qualité poétique quauparavant ?
Si par exemple, les sketchs dactualité concernant les
malfaçons du mur de Berlin ainsi que le psychodrame de la grippe
apparaissent dans une veine analytique franchement drôle; si les
conséquences de la renommée filmique des "Chtis" peuvent
causer des ravages hystériques judicieusement répertoriés;
si linadaptation de lobjet à son usage demeure un filon
comique toujours porteur, il semblerait, néanmoins, quun sentiment
de fuite en avant vers le marketing outrancier imprègne lesprit
du show, flirtant même à quelques reprises, avec un certain
malaise.
Bizarrement à force de fustiger et de clamer les travers des
Institutions face à lindividu isolé, cest dans
le non-dit, voire un imperceptible faux-fuyant de linterprète
que le spectateur pourrait, présentement, sinterroger, à
tort ou à raison.
Ceci dit, une ribambelle de lapins blancs vient égayer
limaginaire du bon gars de chNord et rappeler, si besoin est,
que lapanage des grandes oreilles décollées doit être
partagé dans la bonne humeur et le bon esprit. Dont acte en
plébiscite de l'autodérision.
Theothea le 26/11/09
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QU'EST-CE QU'ON ATTEND
?
de &
mise en scène
Salomé Lelouch
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****
Ciné 13
Théâtre
Tel:
01 42 54 15 12
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Dans la famille recomposée du spectacle, demandez la fille,
Salomé, directrice artistique du Ciné 13 Théâtre
appartenant à Claude Lelouch; cherchez ensuite le beau-père,
Pierre Arditi pour en solliciter sa demi-soeur, Rachel; ajoutez, maintenant,
aux deux filles réunies, Sarah, celle dont la mère, Rommy
Schneider, a fait rêver tout le cinéma français; enfin
voici le garçon de la situation, Benjamin Bellecour, jeune comédien
associé à la co-direction de ce charmant petit théâtre
de la butte Montmartre.
Rassemblez-les, donc, pour cause dinventaire et imaginez-leur un
père, peintre à la mémoire désormais confuse,
face à une ou plusieurs mères, disparues en conjectures.
Dans ce jeu de rôles fort complexe, lune dentre eux
sera leur Pygmalion, à la fois auteur et metteur-en-scène en
quête dune généalogie en trompe-loeil avec
laquelle, pour le pire ou le meilleur, tous vont devoir jouer à
cache-cache.
En effet, quest-ce quils pourraient attendre de ce week-end
passé en villégiature dune genèse dont les tenants
et aboutissants leur échappent des mains dès quils croient
pouvoir sen emparer ?
« Être heureux » quoiquil advienne de
la découverte ou non de la vérité, voilà bien
lesquisse du programme à leur souhaiter.
Ainsi déchaînés du poids originel, Sarah Biasini,
Rachel Arditi et Benjamin Bellecour vont se livrer à un véritable
numéro de music-hall alors quau jeu des chaises musicales, chacun
va prendre son tour du talent commun à tous.
En maître de cérémonie, Salomé Lelouch pourra
les diriger sur les flots de la tourmente analytique, quelque part entre
mères et père, tentant de les éloigner loin des tentations
magnétiques du passéisme fallacieux.
Theothea le 20/11/09
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