Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.41   à   14.45    Page  236

 

   

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LA NEBULEUSE VIE DE JOSE MIRANDA

de  Oscar Castro

mise en scène  Adel Hakim

****

Théâtre  Aleph  (Yvry)

Tel: 01 46 70 56 85

 

   photo ©  Theothea.com   

   

Lorsque deux directeurs de théâtre se réunissent, en voisins, afin qu’un mois durant, l’un en tant qu’auteur, l’autre en tant que metteur en scène, puissent se livrer, corps et âme, à la dialectique des planches, il faut que cette rencontre au sommet soit à la hauteur de l’enjeu existentiel du spectacle vivant.

Avec « La nébuleuse vie de José Miranda », la coproduction du théâtre des quartiers d’Ivry et du Théâtre d’Aleph donnent à Oscar Castro et Adel Hakim l’occasion de se mesurer une seconde fois avec les cercles vertueux de l’utopie, après qu’ils eurent, en 2003, déjà monté ensemble « Le 11 septembre de Salvador Allende ».

De l’Histoire à la fiction, du coup d’état Chilien au surréalisme Kafkaïen, il n’y a qu’un pas de côté, celui d’une perspective artistique faisant inventaire des intentions louables de la bonne conscience que l’héritage de 1968 traîne dans ses bagages, en anniversaires récurrents.

En passant du procès de la Junte à celui de la Religion pour aboutir à celui de l’Art engagé, la désillusion générale pourrait bien être au rendez-vous du premier métro, dans le petit matin froid et glacial.

En effet, enfermés, la veille au soir, dans la station « Assemblée Nationale » à l’heure passée du dernier métro, le diable et son comparse, le dramaturge, se frottent les yeux devant une réalité qui résiste à l’entendement.

Voilà que celui-ci est confronté directement à l’imaginaire de sa création, revenant en boomerang des personnages d’un théâtre révolutionnaire pris au piège de la vanité.

Ce double jeu de miroir où il n’est plus possible de savoir qui tient les rênes de la manipulation trouvera son procès exutoire absolu, en la personne de Mère Térésa, convaincue d’avoir trompé son monde, en vantant les mérites de la vie éternelle.

D’ailleurs, voilà que triomphe désormais la divine Angela Belleza (Sylvie Miqueu), cette allégorie de la vérité qui ensorcelle de ses appâts, ce qu’il peut rester des convictions humaines, afin de mieux faire tanguer la voie du Salut.

De ce capharnaüm baroque et fellinien où l’univers du fantasme a pris le pouvoir sur toute autre considération métaphysique, seul le saut dans le vide, à l’approche du grondement métallique de la première rame du métropolitain, pourrait assurer un réveil salvateur.

Oui, le théâtre d’Aleph demeure, à jamais, cet ancrage métaphorique de tous les possibles.

Theothea le 23/11/09

LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES

de  Octave Mirbeau

mise en scène  Marc Paquien

****

Théâtre du Vieux Colombier

Tel: 01 44 39 87 00

 

   © Cat.S - Theothea.com

   

Entre faune volatile et flore carnivore, Isidore Lechat entend régenter son monde d’une main de maître, soucieux d’une maisonnée, à l’image de sa propre réussite.

Fort de ces rapaces et d’une plante tentaculaire surgissant des entrailles du sol, Marc Paquiem imprègne sa scénographie d’une symbolisation inquiétante où, tels les oiseaux d’Hitchkock, les prédateurs seraient sur le point de dévorer leurs proies.

Ce parti pris tend à faire passer la pièce d’Octave Mirbeau d’un fac-similé de vaudeville, en première partie, au diapason d’un clone de tragédie après l’entracte pour s’esquiver, en phase terminale, dans le cynisme le plus absolu.

Cette mise en perspective, au sein d’une imagerie s’étalonnant du glacial au torride, contraint les acteurs à rester constamment sur la défensive, face à un démiurge prêt à leur faire subir la loi du plus fort.

Gérard Giroudon est, bel et bien, l’homme de la situation qui, avec l’aisance de celui à qui la vie ne refuse rien, surfe sur sa destinée, comme un funambule en plein orgasme.

Alors, son épouse (Claude Mathieu), son fils (Clément Hervieu-Léger), sa fille (Françoise Gillard), son futur gendre (Adrien Gamba-Gontard), son voisin aristocrate désargenté (Michel Favory) ainsi que ses partenaires financiers (Nicolas Lormeau & Gilles David) vont tous, l’un après l’autre, devoir se retirer d’un jeu trop dangereux pour leur propre survie.

Créées au début du XXème siècle à La Comédie Française, entraînant la suspension de son comité de lecture durant dix ans en raison des polémiques suscitées, « Les affaires sont les affaires » furent, notamment, repris en 1995 au Théâtre du Palais Royal, avec Pierre Meyrand composant un mémorable Isidore Lechat, tempétueux et furibond.

En contraste, Gérard Giroudon évolue dans l’énergie de la maîtrise de soi ainsi que dans la classe machiavélique du tyran affabulateur, sachant déjouer tous les obstacles posés, sans envergure maligne, par autrui.

Cet échec et mat monstrueux, dépeint à un siècle d’intervalle, peut, sans vergogne, faire les beaux jours de la contemporanéité puisque, plus que jamais, les affaires sont les affaires, n’est-il pas vrai ?

Theothea le 24/11/09

UNE MAISON DE POUPEE & ROSMERSHOLM

de  Henrik Ibsen

mise en scène  Stéphane Braunschweig

****

Théâtre de La Colline

Tel: 01 44 62 52 52

 

   photos ©  Elizabeth Carecchio

   

Telles des poupées russes, les décors des deux pièces d’Ibsen s’encastrent d’une représentation à l’autre, de façon à ce que ce diptyque puisse faire effet de miroir à la thématique initiale « Radicalité et Héroïsme » choisie par Stéphane Braunschweig pour inaugurer sa direction du Théâtre de La Colline.

Seulement effectif à partir de janvier 2010, le passage de relais directorial se poursuit en harmonieux « fondu enchaîné » entre "La Cerisaie" d’Alain Françon au printemps 2009 et donc « Rosmersholm » & « Maison de poupée » à l’automne.

Cette dialectique à distance entre les deux metteurs en scène possède tellement de vertus que Stéphane Braunschweig a voulu en prolonger le mérite, pour son propre compte, mettant ainsi en parallèle Rebekka (Maud Le Grevellec) et Nora (Chloé Réjon), face respectivement à Rosmer (Claude Duparfait) et Helmer (Eric Caruso), ayant, toutefois ensemble, pour fond commun, une semblable gouvernante et néanmoins confidente, interprétée par Annie Mercier.

Bien entendu, tout oppose les deux jeunes femmes; autant l’une s’est forgé un objectif de conquête affective en utilisant la méthode du cheval de Troie, autant l’autre nage dans la félicité conjugale, sans s’apercevoir d’une sombre menace qu’elle édifie, à son insu, rongeant peu à peu l’idée qu’elle se fait du bonheur.

En vis-à-vis, leurs partenaires masculins affectionnent la dénégation, l’un par une « politique de l’autruche » niant a posteriori l’évidence mortifère du trio amoureux impossible à assumer, l’autre par machisme béat refusant de considérer les signes avant-coureurs de la parité.

Et ainsi de suite, contexte et personnages d’Ibsen pourraient se répondre, à l’envie, dans une présentation originale de l’Idéal conceptuel en tant que problématique à résoudre au contact de la réalité.

Cependant de cet entrechoquement, Stéphane Braunschweig va tirer parti, de manière fort inégale, d’un côté par une édulcoration tangible de la tension dramatique exigeant l’émancipation de la « Poupée » mais, a contrario, en rendant exemplaire la profondeur du champ introspectif que sa réalisation d’« Rosmersholm » saura mettre en perspective.

Au demeurant, insignifiance et volontarisme pourraient fort bien coexister ensemble dans l’intimité de ces héroïnes, pourvu qu’il y ait prise de conscience des tenants et aboutissants de la subjectivité face à l’éventuelle radicalité.

En conséquence de cet augure, la Colline sous Stéphane Braunschweig, çà commencerait plutôt bien.

Theothea le 27/11/09

TROP STYLE

de  Dany Boon

mise en scène  Yaël Boon

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L'Olympia

Tel: 08 92 68 33 68

 

   photo ©  Theothea.com   

Dany Boon « Trop stylé » en show « lapin »

   

Au lendemain de la générale de Dany Boon à l’Olympia, venu y passer les fêtes de fin d’année, et alors que le parterre du show-bizz lui a fait ovation à hauteur d’une notoriété désormais mondiale, la presse unanime a encensé l’humoriste devenu récemment chevalier de la légion d’honneur après avoir accueilli, à ce jour, plus de 27 millions de spectateurs internationaux pour « Bienvenue chez les Cht’is ».

Sur la scène du célèbre Music-Hall parisien, l’entrée de l’artiste est précédée d’une projection sur grand écran translucide où, à partir d’une chorégraphie démantibulée, le ton est donné à la raillerie du personnage élastique, telle sa véritable marque de fabrique depuis le cultissime sketch du "Kway".

Aussi, dès son apparition en chair et néanmoins en os, la présence du showman installe, grâce à sa malléabilité permanente, une telle attraction qu’aucun aléa ne pourrait la distraire.

En effet, jamais Dany Boon ne nous est apparu aussi à l’aise dans sa maîtrise talentueuse à capter le public pour l’emmener dans son délire à penser tout haut, une certaine absurdité de la condition humaine.

Oui, mais voilà, si l’extraversion de l’acteur ne peut être prise en défaut, est-ce acquis que l’inspiration de l’auteur soit nécessairement au rendez-vous du réalisateur qui vient d’emporter un jackpot francophone inégalé ?

Est-ce qu’en ayant touché, presque par inadvertance, le plus grand nombre des spectateurs en salle obscure, la motivation à renouveler la martingale n’emporterait pas, désormais, le désir de plaire à tout prix ?

En outre, au vu d’une préoccupation récurrente à ponctuer, de multiples connotations scatologiques, le fil conducteur d’un spectacle paradoxalement intitulé « Trop stylé », la notion de bon ou de mauvais goût voire de vulgarité ne mériterait-elle pas d’être posée dans sa pertinence ?

A la question « Avez-vous pris la grosse tête ? », Dany répond malicieusement, « Non, car je l’avais déjà avant le succès ». Mais que répondrait-il à cette autre formulation « L’artiste ne serait-il pas en danger de perdre son âme ? »

Autrement dit, les composantes du rire de la salle auraient-elles toujours cette même qualité poétique qu’auparavant ?

Si par exemple, les sketchs d’actualité concernant les malfaçons du mur de Berlin ainsi que le psychodrame de la grippe apparaissent dans une veine analytique franchement drôle; si les conséquences de la renommée filmique des "Cht’is" peuvent causer des ravages hystériques judicieusement répertoriés; si l’inadaptation de l’objet à son usage demeure un filon comique toujours porteur, il semblerait, néanmoins, qu’un sentiment de fuite en avant vers le marketing outrancier imprègne l’esprit du show, flirtant même à quelques reprises, avec un certain malaise.

Bizarrement à force de fustiger et de clamer les travers des Institutions face à l’individu isolé, c’est dans le non-dit, voire un imperceptible faux-fuyant de l’interprète que le spectateur pourrait, présentement, s’interroger, à tort ou à raison.

Ceci dit, une ribambelle de lapins blancs vient égayer l’imaginaire du bon gars de ch’Nord et rappeler, si besoin est, que l’apanage des grandes oreilles décollées doit être partagé dans la bonne humeur et le bon esprit. Dont acte en plébiscite de l'autodérision.

Theothea le 26/11/09

QU'EST-CE QU'ON ATTEND ?

   

de & mise en scène   Salomé Lelouch

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Ciné 13 Théâtre 

Tel:  01 42 54 15 12 

 

   photo ©  Theothea.com   

Dans la famille recomposée du spectacle, demandez la fille, Salomé, directrice artistique du Ciné 13 Théâtre appartenant à Claude Lelouch; cherchez ensuite le beau-père, Pierre Arditi pour en solliciter sa demi-soeur, Rachel; ajoutez, maintenant, aux deux filles réunies, Sarah, celle dont la mère, Rommy Schneider, a fait rêver tout le cinéma français; enfin voici le garçon de la situation, Benjamin Bellecour, jeune comédien associé à la co-direction de ce charmant petit théâtre de la butte Montmartre.

Rassemblez-les, donc, pour cause d’inventaire et imaginez-leur un père, peintre à la mémoire désormais confuse, face à une ou plusieurs mères, disparues en conjectures.

Dans ce jeu de rôles fort complexe, l’une d’entre eux sera leur Pygmalion, à la fois auteur et metteur-en-scène en quête d’une généalogie en trompe-l’oeil avec laquelle, pour le pire ou le meilleur, tous vont devoir jouer à cache-cache.

En effet, qu’est-ce qu’ils pourraient attendre de ce week-end passé en villégiature d’une genèse dont les tenants et aboutissants leur échappent des mains dès qu’ils croient pouvoir s’en emparer ?

« Être heureux » quoiqu’il advienne de la découverte ou non de la vérité, voilà bien l’esquisse du programme à leur souhaiter.

Ainsi déchaînés du poids originel, Sarah Biasini, Rachel Arditi et Benjamin Bellecour vont se livrer à un véritable numéro de music-hall alors qu’au jeu des chaises musicales, chacun va prendre son tour du talent commun à tous.

En maître de cérémonie, Salomé Lelouch pourra les diriger sur les flots de la tourmente analytique, quelque part entre mères et père, tentant de les éloigner loin des tentations magnétiques du passéisme fallacieux.

Theothea le 20/11/09

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