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Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.56   à   14.60    Page  239

 

   

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LES JOYEUSES COMMERES DE WINDSOR

de  William Shakespeare

mise en scène  Andrés Lima

****

Comédie Française

Tel:  08 25 10 16 80 (0,15 e/m)

 

  photo ©  Cosimo Mirco Magliocca 

       

Lors de la générale, début décembre, des Joyeuses Commères, la mise en scène d’Andrés Lima a ravi les mirettes « bon public » de ceux qui apprécient les spectacles foisonnant de bons mots à multiple sens, d’ingéniosité facétieuse et surtout de folie orchestrée par la baguette magique d’un démiurge régnant sur une équipe de comédiens, tous plus doués les uns que les autres, à savoir ceux de la Comédie Française.

Aussi, qu’il est affligeant d’apprendre, a posteriori, que, concomitamment à cet esprit de fête, des coups fourrés se tramaient en coulisses de la vénérable Maison sans qu’il soit possible, même un mois plus tard, d’en connaître la véritable raison, autre que celle de l’adage: « Ôte-toi de là que je m’y mette ».

En effet, sous le couvert de la tradition institutionnelle, venait d’être prononcée la sentence d’exclusion de la troupe, concernant la doyenne récemment sexagénaire qui, entre autres, signait, au cours de cette saison 09-10, une création d’anthologie autour de « L’Avare ».

En outre, le soir même de ce verdict, Catherine Hiegel, puisqu’il s’agit d’elle, montait sur les planches pour assurer, coûte que coûte, son rôle de « commère » qu’elle sait rendre, pour la bonne cause, stupide à souhait.

Assurément, à Windsor ou ailleurs, la bêtise n’a pas de limites quand les intérêts particuliers obscurcissent l’entendement et ce serait, donc, lâcheté critique que de ne pas blâmer l’une en fustigeant les autres, lorsqu’il ne s’agirait plus de parodier et d’en rire avec Shakespeare ou Molière.

Convenons, qu’au profit de l’indépendance artistique, il soit pragmatique de faire perdurer un système gestionnaire reposant, exclusivement, sur les membres du comité représentatif de la troupe de la Comédie Française; cependant, il serait peut être aussi « convenable » de ne pas prendre le public des abonnés ou non, en otage de décisions, spontanément, incompréhensibles.

Ainsi, comment admirer la créativité de metteurs en scène, l’interprétation de comédiens, l’originalité d’auteurs, si le travail artistique de l’ensemble de ces professionnels peut être remis en cause, de manière aléatoire, par des censures implicites venant de leurs propres rangs ?

Certes, au couperet du contrat non renouvelé, existe une échappatoire sous le nom de « Sociétaire honoraire »; en l’occurrence, Catherine Hiegel a accepté ce nouveau statut, afin de terminer deux projets en cours mais, la comédienne ne s’y trompe pas:

En pratique, elle ne fait, désormais, plus partie intégrante de la de la Comédie Française, après quarante ans de services dévoués.

Alors, oui, les Commères sont très joyeuses à Windsor et le public s’avère friand de ces réalisations de qualité, qui, tel « L’Avare » font l’honneur et la réputation d’une troupe qui, ne l’oublions jamais, appartient à une identité française « bien comprise » par tous.

Theothea le 08/01/10

RAOUL

   

de & mise en scène  James Thierrée

****

Théâtre de la Ville

Tel: 01 42 74 22 77

 

photo ©  Richard Houghton 

   

La force de Raoul est de laisser la porte grande ouverte à la multiplicité des interprétations; sa faiblesse est de se présenter comme un spectacle égocentrique. L’étalage de savoir-faire mettant en exergue une souplesse physique frisant l’indécence, James Thiérrée se donne le beau rôle en énonçant que l’artiste est exclusivement absorbé par la forme et qu’ainsi, la contribution du spectateur est d’y mettre du fond... à chacun donc, le fond qu’il souhaite.

Impliqué dans ce jeu de dupes, l’inconscient fait irruption sur scène en dupliquant le héros d’un double inquisiteur, agressif et destructeur.

Alors, tel un Don Quichotte pris dans la tourmente de ses démons, Raoul va devoir se battre avec les forces noires qui cherchent à le terrasser devant son public.

Taureau et Torero ne forment qu’une entité qu’il va falloir dépouiller des faux-semblants qui égrènent le one-man-show, du plus simplet au plus complexe.

Protégée par un Surmoi des plus flatteurs, la carapace va s’effriter en temps réel en laissant s’abattre sur les planches du Théâtre de la Ville, à l’instar d’un gigantesque jeu de Mikado, le sweet-home du sauvage replié sur son confort de bonne fortune.

Dans un déluge mirobolant de poutrelles d’aciers, de tubes alambiqués, de voilures au grand large, de cordages élastiques jusqu’à la moelle des os, et confronté à un bestiaire mythologique, le délire de Raoul va se communiquer, en polyphonie, au grand public n’y voyant, en lieu et place, que de la magie, grandeur nature.

Cependant à force d’être ébaubi et à moins que de croire délibérément à ses rêves, force est de constater que le roi est nu, à l’instant même où il serait catapulté dans les cintres.

Certes, « Raoul » est une chanson de gestes audacieux défiant les lois de la gravité, au propre comme au figuré, mais il lui faut prendre garde au tourbillon de la simulation qui amènerait James à tourner en rond avec son image superposée, en toile de fond, à celle de la généalogie des Chaplin.

Theothea le 28/12/09

BOLLYWOOD SHOW

   

mise en scène  Mohan Delamourd

****

Théâtre Dejazet

Tel: 01 48 87 52 55

 

  photo ©   Cat.S - Theothea.com

     

Maya et Priya, les deux rivales et néanmoins amies se disputent l’amour de Rahul sous le regard tourneboulé d’un voyageur occidental, bardé d’a priori sur la culture orientale mais constatant en définitive, au bout de ces tribulations, la toute puissance de la philosophie indienne prônant la suprématie de la paix intérieure.

Dans un show où les chorégraphies, avec plus de 80 costumes bigarrés et chatoyants, dépeignent la trame de romances où le mariage constitue le leitmotiv récurrent aux mondes du rêve, la musique du cinéma indien pénètre les coeurs, telle une accoutumance s’insinuant dans le vibrato des corps en mouvements lancinants et sensuels.

D’un mois de janvier l’autre de 2009 à 2010, cette production française dirigée artistiquement par Mohan Delamourd, a été créée en salle Gaveau pour en suite, être reprise, par deux fois, au Théâtre Dejazet.

Assurant, ainsi, les soirées festives de fin d’année, sous les auspices de Jean Bouquin veillant, en permanence, à l’accueil convivial de son beau théâtre désuet, proche de la place de la République, cette troupe d’une trentaine d'artistes français d'origine indienne emmène le public parisien, loin du formatage d’un divertissement, vers ces rivages insoupçonnés de l’émotion où même une bande son en play-back ne peut trahir la profondeur et la vivacité des regards.

Raccompagnant les spectateurs jusqu’au seuil du boulevard du Temple, l’ensemble des comédiens-danseurs effectuent une haie d’honneur, dans le hall tout en longueur, au rythme d’instruments baroques emportant leurs admirateurs d’un soir, sur un joyeux et sympathique sourire d’au-revoir...

Theothea le 06/12/10

AU TEMPS DES CROISADES

de  Claude Terrasse

mise en scène  Philippe Nicolle

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Théâtre de l'Athénée

Tel:  01 53 05 19 19

 

  photo ©  Yves Petit 

   

Afin de célébrer joyeusement le changement d’année, le théâtre de l’Athénée a, de nouveau, proposé un programme de fête, durant une quinzaine, où l’Opéra Bouffe a transporté le public au temps des croisades dans l’anachronisme le plus burlesque.

C’est pourquoi, si la ceinture de chasteté de la souveraine attend impatiemment le retour de la clef que son Seigneur a emmené avec lui en Palestine, c’est sous le signe de l’oliphant, bouché ou mal embouché, que les deux servantes s’évertuent à convaincre leur maîtresse, la jeune châtelaine Bertrade, d’une urgente nécessité à s’emparer du droit de cuissage afin qu’elles-mêmes puissent convoler avec leurs promis...

Cependant l’oliphant restant coi, les fantasmes de ces dames vont prendre le relais pour des chasses médiévales que le rêve éveillé aura beau jeu de requalifier en fautes vénielles.

De farces en attrapes libertines, la rencontre opportune des compagnies « Les Brigands » et « Les 26000 couverts » réussit à doubler le temps initial d’une oeuvre musicale jugée licencieuse par la censure de la belle époque et, ainsi, interdite en 1901.

Cependant, « c’est un vrai régal que le régime féodal » fredonne la ritournelle qui, un siècle plus tard, s’empresse d’adorer les délices luxurieux du « heaume » de retour au « sweet home » et d’en sourire à gorge déployée.

Le livret de Franc-Nohain est interprété, sur scène, par une vingtaine d’artistes dirigés par Philippe Nicolle dont une moitié constituée de musiciens orchestrés par Christophe Grapperon, tous en tournée depuis Besançon jusqu’à Bourges en début mars 2010 via, donc, l’Athénée à Paris afin de faire sauter le bouchon festif... de l’oliphant.

Theothea le 07/01/09

LA BALLADE DE LA GEÔLE DE READING

de  Oscar Wilde

mise en scène  Céline Pouillon

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Maison de la Poésie

Tel:  01 44 54 53 00

 

  photo © Thierry Cohen pour la Compagnie Céline Pouillon

          

Stanislas Nordey et Julie Pouillon se placent, d’emblée, au coeur de la tourmente résultante des dispositions immondes de l’incarcération ainsi que de l’inhumanité de toute condamnation à mort d’autant plus si celles-ci relèvent d’une appréciation, éthiquement injuste, de l’homicide.

Dans un plaidoyer poétique, sublimant la prostration désemparée du criminel malgré lui, Oscar Wilde proclame haut et fort, les lacunes de la condition humaine amenant chacun, d’une façon ou d’une autre, à tuer ce qu’il aime.

Fort heureusement, le cauchemar de l’âme prisonnière, incite son détenteur à profiter de la moindre parcelle de ciel bleu en la dégustant jusqu’à la lie pendant que la morale des autres en ronge l’infime espoir de survie.

Aussi, puisque l’ivresse de l’amant en folie l’a poussé à ôter le souffle vital de son amoureuse, Stanislas et Julie composent la dialectique lancinante d’une ballade qui, en noir désir, pourrait être dédiée symboliquement à tous les pendus au cou de l’être aimé.

Theothea le 11/01/10       

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