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DAVID & EDWARD
de Lionel
Goldstein
mise en scène
Marcel Bluwal
|
****
Théâtre de l'
Oeuvre
Tel:
01
44 53 88 88
|
|
illustration
© Catherine
Bluwal
|
« Est-ce que le secret dune relation durable ne
réside pas en une pointe de torture ? ». Cest ainsi
que David, en ultime réplique à la pièce de Lionel
Goldstein, interroge Edward, devenu, un an après leur rencontre initiale
près dune tombe à Manhattan, ce compagnon indispensable
au souvenir partagé de leur bien aimée disparue.
En effet, lun était le mari de Florence, lautre
léternel amoureux de Flo, tous deux étaient sous
lemprise du charme de lépouse et de la muse respective.
Etait-ce la même femme? Etait-elle autre avec chacun des deux ?
Cest ce cheminement du coeur et de lentendement que les deux
septuagénaires vont parcourir de lenterrement au premier
anniversaire, du cimetière à leurs retrouvailles.
David et Edward pourraient être, en quelque sorte, les deux versants
de la mémoire qui tente de recomposer la contingence, nécessairement
multiple, de lêtre absent.
Lun ignorait tout de lexistence du second, lautre, a
contrario, souffrait de sêtre fait ravi celle qui aurait pu faire
son bonheur.
En phase ultime de sa vie, Flo émit le souhait de ne faire quune
avec Florence et par conséquent demandait, à brûle pourpoint,
à Edward de se faire connaître auprès de David.
Cruelle démarche tout autant que réconfortante pour les
deux hommes, tentés lun et lautre par toutes les facettes
du ressentiment exacerbé.
Au risque de se perdre dans la susceptibilité ou
lirritabilité du partenaire dévolu, lun et
lautre manipulés par les forces dune âme féminine
plus persuasive que jamais, voilà que, sur le retour dâge
avancé, les deux Michel, ex condisciples du Conservatoire et de La
Comédie Française sur la longue durée, pris, ainsi,
à leur propre jeu du rôle de composition, se trouvent projetés
en face à face, pour la première fois de leur carrière.
Ce défi méritait dêtre lancé, relevé
et emporté magistralement par David (Michel Aumont) et Edward (Michel
Duchaussoy), qui, demblée par intuition, surent que leurs
personnages ne pouvaient, en aucun cas, être interchangeables.
En outre, réunissant ces deux pointures françaises au
Théâtre de lOeuvre, Marcel Bluwal effectue un coup de
maître que la distanciation new-yorkaise, en toile de fond, rend
implicitement, de portée universelle.
Cette pointe de torture, que chacun des deux saura apprivoiser selon son
caractère va, effectivement, savérer le garant sinon
de lAmitié, tout au moins celui du souvenir vivace de lAmour
que leur joute oratoire infinie va, désormais, entretenir ad vitam
aeternam.
Theothea le 15/02/10
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MACBETH
de
William Shakespeare
mise en scène
Declan Donnellan
|
****
Théâtre Les
Gémeaux
Tel:
01 46 61 36 67
|
|
photo
© Cat.S /
Theothea.com
|
Assister à une représentation de Macbeth dans la langue
originelle de Shakespeare, voilà une perspective, en soi suffisante,
pour effectuer un déplacement à Sceaux.
En effet, après son Troïlus et Cressida (en 2008) et Cymbeline
(en 2007), le Théâtre de Gémeaux accueille Declan Donnellan
pour une version chorale, confortablement surtitrée.
Lambition de sa mise en scène est, notamment, de faire ressentir
lindicible angoisse envahissant le tyran sanguinaire, a posteriori
de lacte criminel compulsif.
Comme si, englué dans la sidération, le poids de la
culpabilité pouvait susciter la réitération dune
fascination pour le mal absolu et son cortège infini de malheurs.
Ainsi, dès lamorce de lengrenage, il apparaît
que le couple Macbeth ne pourra plus faire machine arrière dans sa
course folle vers le pouvoir, alors que chaque obstacle sera perçu
comme un projet à exécuter, permettant doublier, dans
linstant, latrocité précédente.
Servant de catalyseur à des circonstances opportunes, le crédit
porté, aveuglément, à une prophétie octroyant
la couronne à son époux, va inciter Lady Macbeth à
convaincre celui-ci de saisir sa chance meurtrière.
Cependant, passées les réjouissances de lassassinat
du souverain en place, le bel enthousiasme va commencer à se gripper
en étant confronté au mensonge, au déni, au cauchemar,
à linsomnie et peu à peu aux crises de délire
paranoïaque !
Désormais de séquence criminelle en épouvante, le
couple tangue deffroi vers la fuite en avant, sans jamais pouvoir dominer
la pulsion mortifère se retournant sur elle-même.
Sur la scène des Gémeaux, la vision fantomatique de
lhorreur et de langoisse se décline dans une abstraction
en noir et blanc, filtrée à cour et jardin selon des rayures
de lumière tamisée provenant de colonnes en planches de bois
ajourées par des « meurtrières ».
Telle une chorégraphie de folklore irlandais, la troupe du
« Cheek by Jowl » cadence le drame avec ses musiques
venues dailleurs, dans une énergie maîtrisée au
sein de la rigueur austère qui sied à une descente aux
enfers.
Limagination celte des spectres, fantômes et autres
sorcières se confond ici, dans la brume de lesprit, avec
lhallucination du doute métaphysique, doù la pulsion
de mort sortira victorieuse par KO.
Les failles de la prophétie auront eu raison du couple maudit,
tétanisé à vue par la forêt avançant sur
eux.
Theothea le 16/02/10
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VOUS AVEZ QUEL ÂGE
?
de
Françoise Dorin
mise en scène
Stéphane Hillel
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****
Comédie des Champs
Elysées
Tel:
01 53 23 99 19
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photo
© Cat.S /
Theothea.com
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Vous avez quel âge, Monsieur Jean Piat ?
A 85 ans, le temps nest rien dautre quune coquetterie
à laquelle tout le monde vous renvoie. A vrai, dire cest
çà ou mourir, alors jai décidé que
« Vieillir, cest épatant! ». Et je vous
conseille fortement den faire autant.
En réelle état dapesanteur et totalement revigoré
par cette méthode « Coué » bien adaptée
à la scène, lesprit des spectateurs, en accointance avec
celui du grand comédien, vient de vivre une cure de jouvence plus
efficace que nimporte quelle prescription médicale.
Dans un environnement cardinal où du rouge théâtre
au mauve tendance, la palette des perceptions sessaye à créer
un écrin pastel afin de susciter lempathie des convictions positives
davec les frustrations de lâge, Jean Piat évolue
comme un « poisson dans leau », tout en buvant
du petit lait, celui qui permettrait de conserver le secret des artères
en jubilation.
Un éternel sourire aux lèvres, limprobable
conférencier de la salle Gaveau dissertant sur « les
méfaits de lâge et du temps », au point
davoir été pressenti et même appelé à
la tête dun futur « Ministère de la Vieillesse et
de son Sort » a donc décidé, une fois pour toutes, de
se sentir léger et dappréhender lâge
séculaire, à la fois avec philosophie, pragmatisme et humour.
Et cest ainsi que la salle rit franchement, à lidée
de faire une farce à la destinée, quelque peu tentée
de ranger les générations avancées, hors des fascinations
de lère numérique, en les tenant éloignées
des registres de sa mémoire binaire.
Cependant, guidé par une bonne mesure en toutes choses, Jean Piat
prend le soin de tracer les limites de son territoire ainsi que le champ
dinvestigation qui lui restera favorable, quelles que soient les
aléas des fonctions physiques.
Dans cette perspective délibérément optimiste et
bardée dune bonne humeur contagieuse, la réponse à
« Vous avez quel âge ? » peut, dévidence,
se constituer en élixir de jeunesse, ô combien
« durable ».
Theothea le 17/02/10
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LE PAQUET
de &
mise en scène
Philippe Claudel
|
****
Petit Théâtre de
Paris
Tel:
01 42 80 01 81
|
Si le paquet de Gérard Jugnot semble lourd à porter, il
ne faudrait pas, pour autant, croire le comédien enchaîné
à un boulet existentiel car il lui suffirait, sans doute, oser
labandonner pour recouvrer la légèreté de
penser.
A vrai dire, son personnage anonyme, sapparente à un SDF
que la vie aurait abîmé en une suite de ruptures successives
dont la destinée a le secret.
Banal à souhait, ce type possède pourtant la curieuse
particularité daccumuler toutes les tares que la société
concocte allègrement dans les coulisses de la réussite
exacerbée.
Touche à tout de génie, la mythomanie ne lembarrasse
point, pourvu quelle lui serve de tremplin à une reconnaissance
sociale qui, de toute évidence, tarde à sexprimer.
Bref, daccidents en abandons, déchecs en fatalité,
tout sorganise autour de lui pour lexpulser du cercle des
réjouissances.
Tirant son « paquet » roulé dans un improbable
tapis, voilà, en cet instant, notre homme parvenu sur la scène
du Petit Théâtre de Paris où il paraît heureux
de pouvoir, enfin, sasseoir sur un banc public.
Désormais en confiance, il va pouvoir raconter ses malheurs et
confier ses tourments à ceux, qui, face à lui, lobservent
tel, lacteur jouant un rôle de composition.
Mais à ce jeu de miroirs placés en vis-à-vis, le
spectateur pourrait, soudain, se trouver projeter sur la scène imaginaire
de son propre exil.
Attention ! Danger et risque de se retrouver soi-même à devoir
tirer ledit paquet au sortir du théâtre !...
Tel serait pris qui croyait venir applaudir le clown et qui sen
repartirait avec le blues du looser.
Ce nest, certes pas, lobjectif recherché par
lauteur-metteur en scène Philippe Claudel, de vouloir
soulager son interprète d'un poids que, néanmoins, celui-ci
apprécierait partager avec un alter ego de fortune.
Où donc se termine la solidarité ? Où commence
lindifférence ? Voilà bien des questions sous-jacentes
à ce paquet de problèmes non résolus, au moment où
les protagonistes vont quitter, chacun de leur côté, le lieu
de la représentation.
Dans ce happening, Gérard Jugnot a, assurément, le beau
rôle et cest tant mieux !
.
Theothea le 18/02/10
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COLOMBE
de Jean
Anouilh
mise en scène
Michel Fagadau
|
****
Comédie des Champs
Elysées
Tel:
01 53 23 99 19
|
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photo
© Cat.S /
Theothea.com
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Annie Duperey & Sara Giraudeau fêtent lesprit de
« Colombe »
La mère et la fille, enfin réunies sur les planches, se
donnent à cur joie, en deux rôles cousus main par Michel
Fagadau, sous la fabuleuse touche « costumes » de Pascale
Bordet.
Aider à senvoler la Colombe de Jean Anouilh, cest
tout le mal que le « milieu frelaté » du
théâtre va initier, au grand dam dun jeune mari
inexpérimenté dans les choses de lamour, au rythme des
quiproquos entretenus par des prétendants plus ou moins bien
intentionnés.
Ce processus dautonomie, face à la timidité, à
la dépendance morale et à laveuglement sentimental de
la jeunesse, va résulter dun profitable concours de circonstances,
pourtant fort mal engagées initialement.
Julien (Gregori Baquet) est sur le point de partir au service militaire,
en refusant tous les passe-droits de réforme que pourraient lui octroyer
les relations, haut placées, de sa mère, comédienne
de grand renom, mais avec laquelle ce fils nest pas en grande
affection.
Et pourtant, tel la victime consentante se réfugiant dans la gueule
du loup, il voudrait confier à sa génitrice, la protection
de sa jeune épouse (Sara Giraudeau) et de leur nourrisson.
Madame Alexandra (Annie Duperey) règne en fascination, autant
dans sa loge quen coulisses et sur le plateau des répétitions,
où auteur (Jean-Paul Bordes), directeur (Etienne Draber), metteur
en scène, régisseur (Rufus) se plient, non sans rechigner,
à tous ses caprices contradictoires.
Armand (Benjamin Bellecour), son deuxième fils, de loin
préféré à laîné, joue
allègrement les entremetteurs entre sa mère adorée et
le reste du monde.
A lopportunité dune permission, le sergent Julien
va constater les dégâts que lémancipation de Colombe
a gagné, à la faveur dun rôle grandissant au sein
de la troupe théâtrale.
Drame de lamour qui file entre les doigts, en restant seul au monde
face à ladversité dont les autres vous imputent la
responsabilité.
Cocu avec la bénédiction maternelle, quel triste sort va,
ainsi, sabattre sur celui dont personne, même le public, naura
envie de prendre la défense !
Cependant « une de perdue, une de retrouvée »,
tel pourrait saugurer, à lissue de la tragi-comédie,
le combat fratricide de la jalousie avec le sentiment amoureux.
Linterprétation chorale emmène, joyeusement, la
pièce dans tous les recoins du Vaudeville, tout en défendant,
bec et ongles, la ligne directrice de laffranchissement des contraintes
destinées à rendre servile, tout un chacun.
Ce travail de dentelles qui sied fort bien à la subtilité
de Sara Giraudeau, est pareillement assuré dans une jubilation monstrueuse
et fort gratifiante par Annie Duperey.
A la Comédie des Champs-Elysées, lombre protectrice
de Bernard Giraudeau pourrait planer entre mère et fille, au point
que le plaisir suprême serait de les voir, par la suite, au-delà
du succès annoncé de « Colombe », réunis
tous les trois sur les planches pour un emblématique jeu de rôles,
en famille de chur.
Theothea le 19/02/10
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