Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.96   à   14.100    Page  247

 

   

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CYMBELINE

de  Wiliiam Shakespeare 

mise en scène  Bernard Sobel

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Théâtre MC93  Bobigny 

Tel:  01 41 60 72 72

 

photo ©  David Anémian  

   

Accueillis par un tapis d’apparat incarnat posé sur toute la longueur de la salle Oleg Efremov, sur lequel les spectateurs sont, paradoxalement, conviés de ne pas marcher, c’est sur des gradins disposés de part et d’autre que ceux-ci vont assister, durant plus de trois heures, au défilé d’acteurs le parcourant à grandes enjambées d’une extrémité à l’autre, avec force éclats de voix.

Cependant, se repliant en coulisses, dès les premiers instants du spectacle, sous la marche pressante des protagonistes foulant l’absence de décor, la protection « rouge théâtre », à même le sol, va, d’emblée, s’effacer .

Bernard Sobel a, délibérément, opté pour une mise en perspective tennistique où le regard du public va être constamment sollicité, de droite à gauche, à la poursuite d’un réel insaisissable, au-delà de toutes les manipulations que l’homme pourrait lui faire subir.

A la clef, l’amour et la mort sont l’enjeu de trahisons successives imaginées par l’auteur, tel un jeu de piste se heurtant au labyrinthe de tous les ressentiments humains.

En effet, Cymbeline est une des dernières pièces écrites par Shakespeare qui, de manière implicite, l’échafaude comme un aboutissement revisitant la palette des modalités intrinsèques à son œuvre : Hallucination, folie, pouvoir, violence, désir, passion, travestissement...

A mi-chemin de la tragédie et de la comédie, ce poème mystérieux semble parcourir une simili forêt de Brocéliande entre Bretagne sauvage et Rome imaginaire.

La direction d’acteurs exploite, avec un engouement explosif, les ressources de jeunes comédiens, à peine sortis de l’ENSATT, qui vont faire preuve de détermination, d’énergie et d’articulation polyvalente.

Ainsi, le dernier quart d’heure sera celui de tous les feux d’artifice où la diction va s’emballer à la vitesse du son pour laisser transparaître au-delà de la signification du langage, celle de la recomposition de la vie, au moment où l’ensemble des préjugés, sectarismes et autres partis pris vont s’effacer au profit d’une synergie positive permettant à la bonne volonté d’être le garant d’une happy end, inattendue.

Theothea le 10/03/10

EXTINCTION

de  Thomas Bernhard  

mise en scène  Alain Françon & Blandine Masson

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Théâtre  de La Madeleine

Tel:  01 42 65 07 09

 

visuel affiche

       

De « Minetti » à « Auslöschung », il n’ y a qu’un pas, celui de l’extinction d’une généalogie abhorrée que l’auteur franchit en dernière instance de sa propre vie et que l’interprète reprend à son compte, c’est-à-dire à l’insu de l’acteur proclamé le plus grand de sa génération car c’est « tant pis pour lui ».

Sur les planches du Théâtre de La Madeleine, imprégné de pénombre prémonitoire, trois projecteurs sur pied cernent une table de travail à laquelle, dans quelques instants, Serge Merlin viendra s’asseoir en feignant d’ignorer la présence du public.

Et pourtant, c’est, feuillets entre les mains, qu’il commence à psalmodier son anti-requiem, au micro d’une perche tendue depuis l’obscurité avoisinante:

« Parents et Johannes morts dans un accident. »

Ainsi, en prélude à une ultime profession de foi, reniant, tout d’un bloc, famille, cerisaie et autres legs proustien, voilà le comédien emporté dans l’élan de l’aigreur absolue, ne se surprenant point à décliner le fardeau Bernhardien:

« Je suis en train de décomposer et de désagréger Wolfsegg et les miens, de les anéantir, de les éteindre, et en même temps je me décompose moi-même, je me désagrège, je m’anéantis, je m’éteins. En réalité, je ne fais rien d’autre que me désagréger et m’éteindre, lorsque je me réveille le matin, ma première pensée est de faire cela, de travailler résolument à ma désintégration et à mon extinction. »

Et pourtant, comme si un ersatz de conscience venait faire écran, la voix gutturale peut se reprendre dramatique quoique presque goguenarde:

«  Mais je ne puis tout de même pas supprimer les miens parce que çà me chante »

Cependant, l’impasse métaphysique étant désormais franchie avec l’accident fort opportun, voilà que résonne l’instant de s’affranchir, avec pertes et fracas, des souvenirs rédhibitoires de complaisance familiale avec le national socialisme.

Ceux-ci, ayant définitivement gangrené le superbe lieu de villégiature que l’enfance avait eu tout le loisir de magnifier, la tentation d’une survie à l’horreur doit se résoudre définitivement dans l’extinction radicale.

Se jouant d’un spectre sonore étendu jusqu’aux limites du spectacle vivant, la puissance vocale de Serge Merlin fait trembler l’acoustique interne, non sans évoquer une potentielle issue de secours, induite par Thomas Bernhard lui-même:

« J’ai poussé mon art de l’exagération jusqu’à d’incroyables sommets… L’art d’exagérer est à mon sens l’art de surmonter l’existence… Seule l’exagération rend les choses vivantes, même le risque d’être déclaré fou ne nous gêne plus quand on a pris de l’âge… ».

Dont acte !… à la hauteur de l’enjeu théâtral.

Theothea le 11/03/10

MAISON DE POUPEE

de  Henrik Ibsen  

mise en scène  Jean-Louis Martinelli

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Théâtre des Amandiers

Tel:  01 46 14 70 00

 

photo ©  Cat.S / Theothea.com 

       

D’Audrey Tautou à Marina Foïs, Nora se balance actuellement d’une mise en scène concomitante à l’autre, de Michel Fau à Jean-Louis Martinelli, du Théâtre de La Madeleine à celui des Amandiers et c’est donc, dans cette perspective, que du privé au public, « Maison de poupée » va se retrouver programmée, au minimum, à cinq reprises, au cours de la saison théâtrale parisienne, en cours.

Qui oserait se plaindre d’une multiplicité de points de vue sur la pièce emblématique d’Henrik Ibsen, d’autant plus que chaque interprétation de Nora, loin de se substituer à la précédente, semble apporter un nouvel élément au puzzle que constitue ce personnage féminin, particulièrement insaisissable, en son entité ?

Si Audrey Tautou le compose délibérément dans la candeur fantasmagorique de l’enfance, Marina Foïs fait, d’emblée, appel à l’intelligence manipulatrice qui escompterait, d’origine, le contrôle, a minima, du statut féminin.

En l’occurrence, tout l’art de la direction d’acteurs présuppose d’avoir l’intuition d’une véritable cohérence face à l’évolution de ce rôle subtil, depuis son entrée en scène jusqu’à sa sortie volontariste.

Jean-Louis Martinelli dirige, ainsi, dès l’apparition de Nora, le processus d’une prise conscience, par étapes implicites, qui culminera dans la découverte objective d’une faille rédhibitoire dans l’image idéelle du mari.

Ce déclic va fonctionner à la manière d’une révélation psychanalytique que la cure théâtrale aura précédé jusqu’à ce point de rupture positive.

Même l’époux désavoué et soudain rendu à sa solitude sera incité, par les forces de l’inconscient, à admettre que le départ de Nora pourrait être perçu comme un signe de vie à saisir.

Marina Foïs s’emploie à faire progresser, de manière crédible et par conséquent réaliste, la lente montée de Nora vers la lumière, à l’instar de l’émancipation que chaque être humain est en droit de pouvoir revendiquer.

Autour d’elle, l’amie (Camille Japy), le docteur (Grégoire Oestermann) et le maître-chanteur (Laurent Grevill) s’unissent objectivement avec le mari (Alain Fromager) pour l’encourager, par défaut, à oser la démarche consistant à rompre avec son entourage afin de mieux se retrouver soi-même.

Pour cela, il lui faudra transgresser le lien maternel la reliant à ses enfants et s’éloigner, dans la nuit, hors du foyer familial, vers une nouvelle page blanche de sa destinée…

Qu’Ibsen soit un précurseur de la société post moderne, nul ne pourrait en douter à l’issue de la création de Jean-Louis Martinelli osant mesurer, non sans humour, sa propre réussite, à l’aune d’un surcroît de divorces, que celui-ci envisagerait volontiers pour les couples bancals assistant à son happening.

Theothea le 15/03/10

L'ARAIGNEE DE L'ETERNEL

d'après  Claude Nougaro

mise en scène  Christophe Rauck

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Théâtre Gérard Philipe

Tel:  01 48 13 70 00

 

photo DR. 

   

Nominé aux Molières 2009, en catégorie « Théâtre Musical », ce spectacle, dédié au chanteur et compositeur Claude Nougaro, revient, en tournée 2010, avec son duo originel, Cécile Garcia Fogel & Philippe Bérodot, accompagné à la guitare par Anthony Winzenrieth, selon une mise en scène de Christophe Rauck, devenu entre temps directeur du Théâtre Gérard Philipe.

Dans un corps à corps avec la caméra vidéo, le spectacle vivant se mesure à la mémoire des mots, au phrasé articulé et au rythme syncopé de l’artiste se projetant grandeur nature sur l’écran cinématographique.

De Claude à Cécile, de Claude à Philippe, ce sont leurs voix qui se mêlent au choc des consonances, des allitérations, des onomatopées en une chorégraphie gestuelle colorée par des arrêts sur image métaphorique.

Evoquant Barbara, le timbre audacieux de Cécile s’élance chaud et secrètement voilée, enveloppant l’espace, d’un charisme au geste concis.

Philippe Bérodot, lui, développe une gestuelle ample et généreusement arrondie pour circonscrire le volume sonore qu’il restitue, authentique et sans fard.

A eux deux en frac, ils se fondent, pieds nus, dans la profondeur de la cage de scène dont ils font ressurgir, avec la violence du poing serré, l’âme du poète, si peu disparu en 2004:

« Le cinéma », « Île de Ré », « Petit taureau » , « Plume d'ange » , « La pluie fait des claquettes » , « Je suis sous » , « Une petite fille en pleurs » , « Bidonville » , « Nougayork » , « Toulouse » , « Il y avait une ville  …   et, y a plus rien !...»  mais assurément, il reste l’empreinte chaloupée du chanteur:

   

« J’appartiens aux inguérissables

Aux affamés d’un abreuvoir

Où parmi les dunes de sable

On boit l’étoile jusqu’à plus soif

Le noir ça va bien aux étoiles

Les araignées de l’Eternel

Y en a qui voient la vie en rose

Moi c’est en noir, au septième ciel »

   

Theothea le 19/03/10

AU BONHEUR DES TUBES

   

de & mise en scène  Roger Louret

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Le Grand Rex

Tel:  01 53 02 02 90

 

photo ©   Actions Loisirs

   

Après « La java des mémoires », « Les années Twist », « Les Z’années Zazous » et « La fièvre des années 80 », créées et ovationnées durant la dernière décade du XXème siècle aux Folies Bergère, voici en come back à Paris, la troupe de Roger Louret, millésimée 2010, qui débarque au Grand Rex, façon bonheur plaqué tubes.

Plus de 250 titres qui s’enchaînent dans la mémoire collective que cinq garçons et sept filles portent en chœur, dans la légèreté d’intros qui s’identifient, dès la première note, ravivant, à l’instant même, les souvenirs collatéraux de trois décennies.

Un bonheur à portée d’impressionnisme et de tableaux figuratifs qui laissent à l’imaginaire des spectateurs le soin de compléter la palette contextuelle selon leur souvenance personnelle.

Seuls, les costumes, kitsch à souhait, constituent les touches suggestives, destinées à faire revivre la couleur de chaque époque.

Un véritable maelström de fusées éclairantes bouscule les réminiscences, sans jamais leur laisser le temps de s’appesantir sur la nostalgie… à tort ou à raison.

En effet, si la sensibilité socioculturelle de chacun est sollicitée dans un « pot-pourri » depuis « panorama 70 » jusqu’ « au temps du disco », « via Tien an Men » tout en passant « d’Allemagne » à « Je vais à Rio » comme autant de passerelles qui reliraient « Les îles » en une union hétéroclite pour constituer des « Vacances j’oublie tout », le parti pris « fourre tout » de cette première partie va, avantageusement, laisser place à un medley thématique très « feeling », au-delà de l’entracte:

Ainsi, se référant « Aux années rétro », plein cap sur « Les années 90-2000 » en s’offrant au passage « Les Divas du Dancing » et autres « Musicals », « World Afrique » & « Aérobic » jusqu’à célébrer « Titanic ».

De fait, Lucy Harisson & Philippe Candelon sont en charge de notoriété établie vis-à-vis du public afin de faire la place belle à leurs dix camarades, tous réunis en une troupe unique et hors pair, celle, bien entendu, du grand « Rex » en personne: Roger Louret.

En outre, le metteur en scène prépare pour la saison prochaine, un hommage aux années « Palace », entièrement dédié à la salle parisienne devenue culte, dans les années 80.

Ainsi, de pages locales en pages nationales, l’heureux directeur du théâtre de Poche à Monclar (Lot-et-Garonne) inventorie l’ensemble du patrimoine de la variété musicale afin de le faire tourbillonner sur les planches du music-hall, en lettres de feu toutes théâtrales.

Theothea le 12/03/10

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