Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.101   à   14.105    Page  248

 

   

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STARS DE L'HISTOIRE DEPUIS LA PREHISTOIRE

de  Les Demi-Frères

mise en scène  Gil Galliot

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La nouvelle Eve

Tel:  01 75 43 48 86

 

    visuel affiche  

       

Tels des Blues brothers qui auraient muté au contact de la Grande Histoire, celle des rois et reines affichant leur consanguinité avec les stars d’un music hall planétaire apporté sur un plateau de cabaret, Laurent Conoir et Mehdi Bourayou, demi-frères par décomposition savante et recomposition loufoque proclament depuis 15 ans que leur duo a « Du Vian dans mon crâne ».

Fort de cette profession de foi en leur patrimoine génétique, voilà que pour trois mois, la paire de quasi frangins a débarqué, comme un seul homme, à la Nouvelle Eve.

Au programme de leur nouvelle revue, un best off des meilleurs moments de l’humanité depuis la Préhistoire jusqu’à nos jours, grâce à ses têtes d’affiche qui ne se sont pas privé, au fil du temps, de défrayer la chronique du « quand dira-t-on ? » et du « m’as-tu vu ? » réunis, en l’occurrence, pour le meilleur de sketchs clonés à la Comédie musicale.

C’est ainsi que, toutes époques confondues, d’ « AV-JC » jusqu’à « ACDC », rien ne pourrait arrêter l’imaginaire parodique du comédien-chanteur (Laurent) associé à sa moitié fraternelle, musicien et compositeur (Mehdi), d’autant plus si Gil Galliot, le metteur en scène récemment de « Plus si affinités » (Pascal Légitimus & Mathilda May) s’entiche de leur co-écriture avec Renaud Maurin pour la faire déjanter, en mille contorsions et facéties, sous les spot-lights.

Pour être à la hauteur du Star system érigé en panégyrique de quatre-vingt dix minutes, l’esprit de synthèse impertinente doit s’allier aux impasses de l’Histoire que le hit-parade saura sublimer en frise chronologique à gogo.

En bonus, l’improvisation des artistes s’effectuera à vue, selon une carte du jour interactive, inspirée directement par les spectateurs. Au menu, ce soir-là et donc, en exclusivité à la Nouvelle Eve : Elvis Presley, Talleyrand, Ben-Hur et Vercingétorix.

Que vivent donc, tous les demi-frères que l’Histoire a dans le dos !…

Theothea le 17/03/10

LES NOUVELLES BREVES DE COMPTOIR

de  Jean-Marie Gourio

mise en scène  Jean-Michel Ribes

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Théâtre du Rond-Point

Tel: 01 44 95 98 21 

 

     photo ©  Cat.S / Theothea.com 

   

Du Théâtre Tristan Bernard en 1994 jusqu’au Théâtre du Rond-Point en 2010, en passant par le Théâtre Fontaine en 2000, Jean-Michel Ribes a toujours organisé les « brèves » récoltées par Jean-Marie Gourio de manière structurée, d’abord en différentes étapes d’une même journée, puis autour des quatre saisons et aujourd’hui, en fonction des sept jours de la semaine.

Ainsi, peuvent se rencontrer la multiplicité des personnages d’un bistrot imaginaire, dont plus que jamais le zinc est la vedette.

Celui-ci, tel un manège enchanté ou non, se déplace sur les planches selon les modalités de la scénographie conçue de façon à créer des tableaux thématiques où se regroupent des moments de vie universelle.

Si l’alcool imprègne la logorrhée collective, c’est pour mieux en décortiquer l’actualité vue à travers le filtre du bon sens populaire.

Si l’ivresse fait tituber certains habitués, c’est pour qu’au jeu de rôles correspondent les clichés de fulgurance créatrice de bons mots à la hauteur des mauvais maux servis par l’existence.

Jean-Michel Ribes fait s’enchaîner les répliques, à la queue leu leu, alors que rien ne semble les distinguer les unes des autres si ce n’est l’observation associative du spectateur qui, ainsi, peut y faire son marché, au gré de son propre jeu de l’esprit.

Très souvent alignés sur un même plan cinématographique, les protagonistes renvoient à la salle une image participative dont personne n’aurait la clef mais sur laquelle tous peuvent y reconnaître une projection identitaire plus ou moins familière.

Agissant tel un patrimoine national dont Jean-Marie Gourio serait l’archéologue consciencieux et Jean-Michel Ribes, le spéléologue méthodique, ces nouvelles brèves se constituent en théâtre d’ombres où, à l’instar de la caverne platonicienne, la réalité du monde parvient codée à ceux qui souhaiteraient la déchiffrer.

Pour les autres, le très beau décor de Jean-Marc Stehlé pourrait se savourer comme une madeleine dégustée en empathie harmonique avec les interrogations dialectiques d’Amélie Poulain.

Toutefois, l’accumulation des brèves durant cent minutes et leur récurrence jusqu’à plus soif pourraient menacer la vigilance critique mais l’attention latente doit agir comme celle du psychanalyste qui sait saisir, au bon moment, l’élément déterminant du discours de l’analysé dans ce qu’il a de signifiant, concernant ici, en l’occurrence, la société.

Bravo, donc, aux huit comédiens qui sont, en quelque sorte, les porte-parole de nos contemporains, scannés à leur insu.

Theothea le 24/03/10

RER

de  Jean-Marie Besset

mise en scène  Gilbert Désveaux

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Théâtre de La Tempête

Tel:  01 43 28 36 36   

 

photo ©  Marc Ginot  

        

Ce « RER » opère comme une réconciliation virtuelle de Jean-Marie Besset avec lui-même, s’offrant en synthèse d’une ouverture sur le monde, à partir d’une subjectivité urbaine élitaire.

L’auteur aboutit, ainsi, à un point de vue global, où les disparités de classe se rejoignent en un même élan de solitude, au carrefour souterrain du grand réseau de non-communication moderne.

Cultures juive et homosexuelle vont, notamment, pouvoir exprimer leurs réquisitoires emblématiques, en toile de fond d’un fait divers brassant les ressentiments universels d’une population, en mal être, depuis le haut jusqu’au bas de l’échelle sociale.

Le défenseur de ces causes disparates, bien que similaires, aura beau jeu de plaider, de manière éminemment théâtrale, l’exemplarité du simulacre masquant la non-reconnaissance de soi, en passe de se généraliser.

Dans une dialectique où deux camps composites vont s’affronter pour mieux se dissoudre, au final, dans l’anonymat le plus complet, après avoir fait la une des journaux, Jean-Marie Besset tire les marrons du pseudo « RER », en focalisant sur l’underground d’une société rampante.

Un casting haut de gamme tient les rênes de six personnages bien campés que Gilbert Désveaux a en charge de télescoper, avec fracas mais, si possible, sans perte.

Mathilde Bisson, véritable révélation à peine sortie du Conservatoire national, vibre d’une effervescence toute créatrice pour incarner « Jeanne », l’héroïne d’une agression qui n’eut jamais lieu, même dans la fiction, le 9 juillet 2004, entre Louvres et Sarcelles, sur le RER D.

Chloé Olivères, issue pareillement du Conservatoire de Paris, compose sous « Onyx » et avec brio, le stéréotype féminin d’un volontarisme socioculturel, tendance arrogante voire ségrégative.

Marc Arnaud, dit ici « Jo » et Laurent Razzougui, dit « A.J. », se doivent, en des postures de chevalier servant fort différenciées, d’accompagner, au moins mal, les deux jeunes femmes, tout en sachant que leurs rôles est la cible du même collimateur homosexuel.

Ce dernier, brillant avocat, du style bourgeois-bohème tel que l’affectionne ostensiblement Besset, se pose en pierre angulaire d’une dramaturgie qui, à la croisée de tous ces cheminements, aurait l’ambition d’en tirer la substantifique moelle ou, tout au moins, d’en fédérer les composantes, en ôtant tous les masques.

C’est Didier Sandre qui interprète, dans la subtilité d’une palette, ô combien expérimentée, du sentiment humain, ce personnage de « Herman » avenant et libéral, à la limite du cynisme, bon chic, bon genre.

Face à cette autorité institutionnelle, s’élève la figure tutélaire de la mère, prête à tous les sacrifices, pour défendre sa progéniture mais, également, pour remettre tout le monde au pas du bon sens.

C’est Andréa Ferréol, qui affiche, avec son aura naturel, le phare de cette vérité populaire que « Madame Argence », cultive en étendard.

A la fin des fins, Jean-Marie Besset laisse repartir tout son monde, en une infinité de chemins, qui, sans aucun doute, pourraient tous mener à Rome…

Theothea le 26/03/10

LA CONFUSION DES SENTIMENTS

de  Stefan Zweig

mise en scène  Michel  Kacenelenbogen

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Théâtre  Mouffetard 

Tel:  01 43 31 11 99   

 

   photo ©  Cat.S / Theothea.com 

       

« La vie dont le prince est un étudiant », tel pourrait être, pastichant à l’avance le titre de la pièce de Henry de Montherlant, celui précurseur de Stephan Zweig félicité par Sigmund Freud, en raison de sa clairvoyance à l’égard de l’ambiguïté affective.

En organisant un jeu relationnel à trois personnages, arbitré par le charisme poétique de William Shakespeare, l’auteur mettait en présence deux émois mâles sous le regard protecteur d’une épouse, tentant de parer au débordement des pulsions autodestructrices.

Assistant à la fascination élective d’un professeur émérite envers son disciple, celle-là s’évertue de maintenir la qualité universitaire de leur rapport tout en préservant l’intégrité de sa propre relation conjugale ainsi qu’en frayant son propre élan amoureux à l’égard du jeune homme.

Cet essai de composer avec les forces obscures du désir, investit tout l’espace-temps de cette dramaturgie initiée en 1929, sous forme de roman autrichien traduit et adapté, ici, pour le théâtre par Thierry Debroux.

Proie perplexe, sous le double effet d’une séduction magistrale et passionnelle, l’étudiant cherche dans le labyrinthe émotionnel, la juste mesure qui le relierait à ce couple atypique.

Martyr de son attirance croissante au sein d’une homosexualité latente et non assumée, le professeur se réfugie dans les fulgurances shakespeariennes pour masquer son bouleversement intérieur.

Confrontée à l’alternance d’une fuite en avant et du repli en territoire inconnu, occasionnée par le dérèglement marital selon des affects contradictoires, la jeune femme s’essaye, elle, à gérer l’entente cordiale.

Cette triple approche d’un feu dangereux, sur le plan individuel, ainsi que tabou, pour la société de l’époque, affleure la conscience de chacun des protagonistes, au fur et à mesure de l’apparition du désarroi mutuel qu’il va leur falloir résoudre, à la manière du transfert psychanalytique.

C’est avec subtilité et tact que Stefan Zweig dirige ses personnages, dans les méandres d’une affectivité authentique mêlée au réel vertige de l’attirance sexuelle.

La mise en scène de Michel Kacenelenbogen accompagne ces errements de confusion intime, afin que Pierre Santini, Muriel Jacobs et Nicolas d’Oultremont rencontrent de manière frontale, le trouble indicible lié à l’anéantissement du système de défenses psychiques.

Theothea le 25/03/10

LES NAUFRAGES

de  Guy Zilberstein

mise en scène  Anne Kessler

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Théâtre  du Vieux-Colombier

Tel:  01 44 39 87 00

 

 photo ©  Cat.S / Theothea.com 

       

Atmosphère, atmosphère !… Il pleut sur la côte normande ! Depuis le hall d’un palace balnéaire, les fauteuils, rouge cossu ainsi que les tabourets du bar regardent ruisseler la pluie, le long de la vaste baie vitrée.

Témoins privilégiés, à l’instar de la discrétion érudite du barman (Grégory Gadebois), le cadre s’avère propice au drame latent que des considérations sur l’Art, en tant que marchandise vénale, vont squatter jusqu’au non-dénouement final.

Au-delà de la transparence du verre dégoulinant, là-bas au loin balloté à tout-va sur les flots tumultueux, s’organise un naufrage à la hauteur de la tempête qui ronge le monde spéculatif.

Ici, bien au chaud et protégés des embruns, un galeriste (Eric Genovèse), un commissaire-priseur (Laurent Natrella), un journaliste (Alexandre Steiger) et les femmes respectives (Marie-Sophie Ferdane & Françoise Gillard) de ces derniers s’échauffent au sujet de la vente aux enchères du lendemain.

Contre son gré, les œuvres du peintre Sismus doivent être dispersées au nom du gain financier escompté, alors que le scandale est redouté par tous.

A qui appartient l’Art ? Quel est son essence ? A l’instar d’un réflexion similaire initiée précédemment par Yasmina Reza et sur le tempo d’une petite musique distillée façon Agatha Christie, Guy Zilberstein se gardera bien d’avancer une quelconque sortie de crise picturale, à l’image d’un monde environnant en pleine autodestruction.

Par ailleurs, prenant parti, à la fois côté scène et côté salle, Anne Kessler exprime un double point de vue de spectateur et réalisatrice qu’elle énonce ainsi, sur le programme de la soirée au Vieux-Colombier:

1) « Pour ma part, lorsqu’un spectacle me marque, je me souviens parfaitement de la place à laquelle j’étais assise… »

 2) « Je dirige les comédiens comme si nous étions sur un plateau de cinéma avec une caméra réduisant les angles de vue. Je délimite l’espace à des zones qu’ils ne doivent pas dépasser, recentrant chaque scène sur un décor que je crée à l’intérieur du « grand » décor… »

En référence à ces deux observations, plus complémentaires qu’il n’y pourrait paraître de prime abord, en raison de l'intimité privilégiée par la metteur en scène, notre constatation critique nous incite à attester qu’en l’occurrence, au deuxième tiers des rangées de fauteuils, les nombreux dialogues prononcés sur le ton de la confidence y parviennent indifférenciés à l’ouïe.

Atmosphère, atmosphère !… L’incompréhension auditive devrait-elle être constitutive de la scénographie (Yves Bernard), au même titre que la problématique philosophique l'est de la dramaturgie ?

Theothea le 31/03/10

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