Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

14ème  Saison     Chroniques   14.111   à   14.115    Page  250

 

                   

               

Les  MOLIERES  2010 

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UNE DIVA A SARCELLES

     

de & mise en scène:  Virginie Lemoine

****

Théâtre de la Huchette

Tel:  01 43 26 38 99   

 

     photo ©   DR. 

              

Cette « Diva de Sarcelles » est comme un joyeux miracle qui, de manière inattendue, s’offre à un public imaginaire, n’en revenant pas de découvrir l’impact de ce spectacle intimiste traçant son sillon lyrique depuis 2008 pour fuser, soudain, dans la galaxie des Molières 2010.

Au départ, il y a Virginie Lemoine mais à l’arrivée, il y a Brigitte Faure, à moins que ce ne soit le contraire.

En effet, si l’une passe, en la circonstance, du statut confirmé de comédienne à celui avéré d’auteur-réalisatrice, l’autre est en voie de métamorphoser la merveilleuse soprano qu’elle a toujours été, en une emblématique interprète du mal être sociétal retournant, par génie personnel drolatique, la problématique de l’échec professionnel en une reconnaissance publique vouée à la fiction.

En effet, là où la mythomanie pourrait rejoindre le cortège paranoïaque des laissés-pour-compte de toutes crises, il suffirait de prendre le talent à la racine, de le monter en totem niant l’ensemble des pesanteurs cherchant à ramener plus bas que terre, et ainsi avec l’assurance du juste prix, de valoriser enfin tous les dons, fussent-ils vocaux, que Dame Nature aurait négligemment légués.

Adieu pharmacopée et autre subterfuge hypnotique en tout genre aliénant ! Bonjour tristesse sublimée dans l’œuvre d’art reconnue par tous !

C’est donc l’histoire de Pierrette Michon, alias Petra Michkolskaia que nous conte la rencontre artistique Lemoine-Faure ayant débuté au confidentiel « Atelier Théâtre de Montmartre », s’étant poursuivie au branché « Comédie Bastille », pour parvenir au mémorial du spectacle vivant, le Théâtre de la Huchette.

Fi de l’autobiographie égocentrique, mais place au travestissement de la misère humaine en une ode inspirée aux trompettes de la méthode Coué qui refuserait en bloc les sermons visant à détruire toute flamme intérieure.

Croire en soi deviendrait ainsi le meilleur viatique à toutes les sinistroses distillées par les gardiens d’une descente aux enfers, dûment programmée.

Répondant à la fascination de l’expulsion du champ social, voici Gounod, Dvorak, Bizet, Ralph Carcel et Philippe Olive, John Kamber, Astor Piazolla, Charles Aznavour, Offenbach, Gluck, Moïses Simons, Mozart qui, pêle-mêle, prennent le relais pour booster la voix de celle qui, de manière vitale, s’accroche à son public utopique et pourtant si bien représenté par les spectateurs admiratifs d’une « Diva à Sarcelles ».

En pygmalion transi amoureux, Pierre-Jean Cherer donne le « la » d’une protection discrète mais ô combien vigilante pendant que Josef Kapuska assure la gamme des vocalises de son soutien, indéfectible et quasi télécommandé, à la cantatrice.

Brigitte Faure concourt en catégorie musicale des Molières 2010, elle aurait pu tout autant ravir celle de la révélation féminine.

Theothea le 16/04/10

MISSION FLORIMONT

de  Sébastien Azzopardi & Sacha Danino

mise en scène:  Sébastien Azzopardi

****

Théâtre Le   Temple

Tel:  01 43 38 23 26   

 

     Visuel affiche 

   

Difficile d’échapper à la Mission Florimont à moins de vouloir s’empêcher de rire au théâtre, ce qui reste une option légitime si l’on considère l’addiction de certains spectateurs qui, depuis « Le tour du monde en 80 jours » en passant par « Les caprices de Marianne », suivent aveuglement l’auteur Sébastien Azzopardi du Café de la Gare au Lucernaire tout en contaminant le Tristan Bernard avant de se rendre au théâtre Le Temple.

Et ce n’est pas parce qu’à la faveur du dernier déménagement, Aurélie Konate s’est substituée à Julie Victor auprès des quatre garçons qu’une nomination aux Molières 2010 a pu leur être évitée, tant leur mission ne peut parvenir à se soustraire aux gages de la facétie.

Ces cinq comédiens, parmi lesquels l’auteur a réussi récemment à s’infiltrer, sont donc obligés de composer avec le buzz hilarant qu’un public friand de chevauchée dans l’anachronisme, fomente à l’insu de leur image de marque.

Voilà donc que François 1er, sous la pression belliqueuse et toute germanique de Charles Quint, se trouve contraint de négocier avec Soliman le magnifique pour obtenir le renfort de l’Empire Ottoman.

Cependant tous les émissaires du Roi de France ont successivement échoué dans cette requête diplomatique. Il n’en reste qu’un seul à envisager; c’est incontestablement le plus incompétent du lot à disposition mais, en dernier recours, Florimont de La Courneuve va donc partir en ambassade, accompagné d’une espionne que le Vatican va, subrepticement, lui coller aux basques.

Les péripéties que le couple improbable va subir, au cours d’un itinéraire farfelu censé le mener du Louvre à Constantinople, sous les assauts inconsidérés d’un trio de Branquignols élevés au Monty Python show, s’affiche résolument, sans queue ni tête.

Et c’est précisément ce qui fait son charme et produit cette extrême séduction dont le public raffole, pourvu qu’on accepte de lâcher les baskets à l’Histoire toute faite, enseignée depuis Charlemagne.

Ainsi, entre blagues de potache et croche-pieds aux idéologies politiques, l’entente cordiale entre la Turquie et la France va se trouver mise à contribution d’une malice autorisant un exutoire du plus bel acabit.

Que vive la Mission Florimont !….

Theothea le 14/04/10

LA FAUSSE SUIVANTE

de  Marivaux

mise en scène:  Lambert Wilson

****

Théâtre des Bouffes du Nord

Tel:  01 46 07 34 50

 

     photo ©  Cat.S / Theothea.com 

       

Sur un dernier salut magistral, en octobre dernier, pour « Simplement compliqué », Georges Wilson laissait, définitivement, la place libre à son fils Lambert pour lui succéder sur le plateau des Bouffes du Nord.

Sous l’aura du patriarche venu rendre « hommage à l’âge » en se substituant lui-même au célèbre acteur allemand « Minetti », derrière lequel Thomas Bernhard interrogeait la vanité des vanités de vouer sa vie à se vouloir comédien, un Wilson aurait désormais tout le loisir d’en cacher un autre ou de le révéler à lui-même.

C’est alors que quadruplant la mise, l’administration du Théâtre offrait à l’héritier, non seulement de prendre immédiatement le relais paternel tout en faisant suite à « Music Hall » que Lambert y avait déjà mis en scène autour de « Fanny Ardant », non sans y avoir précédemment joué « Bérénice » en compagnie de Carole Bouquet.

C‘est pourquoi, Marivaux et son jeu de dupes autour de la transmission de la fortune, se dissimulant aux réelles motivations du grand Amour, allait s’imposer en projet de création du Wilson junior.

En vraie suivante, l’actrice précédemment racinienne pourrait, alors, s’emparer, avec pertinences, de traits masculins qui lui permettraient incognito de singer le chevalier cherchant à confondre, en flagrant délit, l’image idéelle du mariage confrontée à l’appât du gain.

Cependant à quelques temps de la première, Carole Bouquet s’effaçait, à son tour, au profit d’Anne Brochet qui, elle-même d’emblée, se métamorphosait en « garçonne » avec l’aisance insoupçonnée de celle pour qui ce rôle aurait été dévolu d’avance.

Bouclant la boucle de la reconnaissance réflexive au-delà des miroirs sans tain, Eric Guérin et Pierre Laplace pouvaient reprendre la fonction prestigieuse de faire-valoir qu’ils eurent auprès de Fanny Ardant, alors que Lambert imaginait un splendide final de music-hall à ce jeu de chaises musicales où, en prenant la place de l’autre, la vérité du divertissement suppléait, de manière délibérément préférentielle, à la prise de conscience des intérêts sordides menant le monde.

Ainsi, jouant à cache-cache avec les voluptueux voilages de tulle transparent, les sept comédiens pourraient se plaire à batifoler sous le travestissement des corps et le déguisement des âmes, au vu et au su de la Comédie humaine, en plein accomplissement.

Thète le 22/04/10

CIAO AMORE

de  Jérôme L'Hotsky

mise en scène:  Philippe Sohier

****

Théâtre de La Gaîté-Montparnasse

Tel:  01 43 22 16 18 

 

     photo affiche  ©  F. Caillon  

       

La photo de l’affiche révèle une plénitude d’affection en porte à faux avec l’image du personnage que Christophe Alévêque se plaisait à composer, jusqu'à présent, en représentation public, à savoir celle du faux macho cynique, revenu de toutes les illusions qui pourraient effleurer un cerveau cartésien.

Abandonné à ses sentiments amoureux, le temps d’un éclair photographique, le comédien oublie la pose et accepte d’en faire l’emblème de son spectacle à deux.

Sur le cliché, Serena Reinaldi, sa partenaire semble l’accompagner dans ce voyage romantique, avec un brin de suspicion délicieux.

Les voilà donc embarqués sur cette même galère de l’amour qui, par un beau soir, dérape sans contrôle de la raison. « Je crois que je ne t’aime plus » annonce Pascale à José sans être pour autant, en mesure d’apporter la moindre explication à ce constat.

Celui-ci, pris au dépourvu, tente alors de botter en touche, imaginant des manœuvres de diversion autant loufoques que désemparées, sans que sa belle fasse mine de remonter la pente abyssale.

Jouant de toutes les cordes du rappel des jours heureux, les deux instrumentistes de ce couple en perdition, recherchent en vain, un nouveau modus vivendi de la passion à réinventer.

Ciao Amore ! Bonjour tristesse !... mais surtout salut à tous les empêcheurs de tourner en rond et viva les pirouettes de l’esprit permettant de rebondir du même élan partagé, en renouvelant les facéties d’une comédie à se jouer au quotidien !

Theothea le 05/05/10

LES OISEAUX

de  Aristophane

mise en scène:  Alfredo Arias

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Comédie Française

Tel:  08 25 10 16 80 (0,15 e/m)

 

     photo ©  Cat.S / Theothea.com 

   

Alfredo Arias prend un malin plaisir à mélanger le fond et la forme pour mieux prendre ses détracteurs au piège de la fidélité à l’auteur.

Cependant, globalement, si la critique concède qu’il était nécessaire d’adapter la pièce d’Aristophane dans une perspective contemporaine, celle-ci admet difficilement qu’une version « cabaret » puisse s’être substituée à la fable du poète Athénien.

Sachant que la mise en scène lui fut confiée tardivement en raison de la défection de Luca Ronconi et, dans la mesure où la distribution pressentie serait respectée, Alfredo Arias eut, évidemment, carte blanche par Muriel Mayette pour mener à bien sa création.

Imaginer le lieu onirique de la cité idéale que Camarade Constance et Belle Espérance vont convaincre La Huppe de concevoir, à elles trois, en fondant Coucou-sur-scène, est une gageure déterminante que le réalisateur résolut d’un trait de fulgurance: « La place Colette », elle-même, serait le miroir de la Comédie Française, installant ses tréteaux au coeur d’une métaphore volage et drôle.

Dans un monde peuplé exclusivement de comédiens, ceux-ci seraient en charge de se transformer en de multiples oiseaux, incarnant les plus grands rôles du répertoire classique, afin d’échapper au diktat d’un pouvoir abusif.

A partir de cette thèse initiale, la puissance magique de l’auteur pourra se confondre avec l’humour de son adaptateur occasionnel, faisant ainsi d’un larron circonstanciel, le démiurge d’un spectacle de toute beauté, à ne surtout pas prendre au pied de la lettre antique.

Ainsi, vont se surpasser la scénographie de Roberto Platé, les costumes de Françoise Tournafond, les lumières de Jacques Rouveyrollis et la musique originale de Bruno Coulais, se mettant à l’unisson d’un projet transgressant l’esprit de sérieux et de conformité.

Et ce n’est pas désormais la sociétaire honoraire, Catherine Hiegel qui, démentant l’immense plaisir de vagabonder, voire même de s’envoler loin des volières du formatage, serait la dernière à jubiler dans un rôle, initialement masculin, pour le transfigurer sous son aile porteuse.

Même statut pour Catherine Salviat et belle complicité de Martine Chevallier qui ne rendront pas davantage manchots leurs inventifs camarades de jeu, Loïc Corbery et Hervé Pierre, pour ne citer qu’eux.

Qu’importe donc la pertinence des faits de société, à juste titre stigmatisés par Alfredo Arias, pourvu que le spectateur ait l’ivresse de se sentir oiseau, parmi ses collègues prenant leur envol, en bonne compagnie chantante du poète dionysiaque.

Theothea le 04/05/10

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