Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

15ème  Saison     Chroniques   15.081   à   15.085    Page  270

 

    

           

"Un  jour  ordinaire" - Saluts à J-10 -  photo © Theothea.com 

       

     

Les  MOLIERES  2011

Les Nominations

     

R E V I V A L

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THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS          

UNE JOURNEE ORDINAIRE

de  Eric Assous

mise en scène:  Jean-Luc Moreau

****

Théâtre des Bouffes Parisiens

Tel: 01 42 96 92 42 

 

         visuel affiche

       

Invitée discrète à J-10 de la dernière aux Bouffes Parisiens, Patricia Kaas, au centre des fauteuils d’orchestre, assiste en témoin privilégié, ce soir-là, à la représentation spéculaire des Delon, père et fille, alors qu’à moins de vingt jours de la cérémonie des Molières, la messe est dite :

Point de récompense en perspective pour cette « Journée ordinaire » puisque aucune nomination ne lui aura été attribuée, même pas à l’intention d’Anouchka Delon en catégorie «jeune talent féminin».

Disons-le sans ambage : Le jury du premier tour des Molières 2011 a été, en l’occurrence, fort mal inspiré.

Alors, une fois n’est pas coutume, nous décernons volontiers, au bénéfice de cette pièce impulsée par Alain Delon lui-même, nos propres nominations à l’auteur Eric Assous, au metteur en scène Jean-Luc Moreau ainsi donc qu’à Anouchka qui s’affiche sur les planches comme une révélation théâtrale d’évidence.

Par égard pudique, nous tairons le talent de son géniteur à composer le personnage dont il ne serait pas le héros malgré lui, mais force est de reconnaître que la mélancolie paternelle lui va tellement bien que l’illustre acteur a le don de transformer l’essai en un émouvant happening de théâtre-réalité.

Face au monstre sacré qui, ainsi, n’en mène vraiment pas large, Julie sa fille de 20 ans lui tient tête affective en perspective d’une prise d’autonomie revendiquée sous la pression des murs familiaux réduits à la seule présence de Julien, ce père veuf, tout à fait désespéré à l’idée de perdre définitivement ce qui le rattachait à son passé d’amoureux de la vie.

Rompant le huis clos du dialogue intimiste, un jeune prétendant (Christophe de Choisy) et une maîtresse éconduite (Elisa Servier) vont renvoyer le père et la fille aux fantasmes du cordon ombilical qu’il va falloir coûte que coûte neutraliser sous diplomatie et tendresse réciproque.

C’est donc, avec les larmes au bord des yeux, qu’Alain Delon se livre, amour et angoisse liés, à l’acceptation d’une destinée générationnelle rythmée par la chronologie inexorable.

Autour de son panache en berne, sous forme heureuse de trompe-l’oeil, ses trois partenaires se relaient pour favoriser l’éclosion de cette prise de conscience qui, n’en doutons-pas, devrait être salutaire pour tous.

Mais là, serait une autre histoire que l’ovation du public plébiscitera dans l’imaginaire, tout en célébrant la vertu assumée et poignante du mythe se jouant de la désincarnation, le temps de la représentation théâtrale.

Theothea le 31/03/11

LE REPAS DES FAUVES

d'après Vahé Katcha  

mise en scène:  Julien Sibre 

****

Théâtre  Michel 

Tel:  01 42 65 35 02   

 

         photo DR.  

   

Avec quatre nominations aux Molières 2011, voici des fauves qui se tailleraient volontiers la part du Lion lors de la remise des trophées.

En effet, depuis septembre l’affiche du Théâtre Michel n’en finit pas de faire enfler la rumeur du « must » en phase empathique avec la saison en cours.

Tirée d’une nouvelle de Vahé Katcha, la création de Julien Sibre succède au film de Christian-Jaque en 1964 avec notamment Francis Blanche & Claude Rich au générique.

Il aura fallu, au comédien-réalisateur, près de cinq années pour en finaliser l’adaptation théâtrale sans tête d’affiche mais avec la conviction que la thématique universelle du cas de conscience en serait la vedette consensuelle.

Souper d’anniversaire entre amis lors de l’occupation allemande en 1942; ni vraiment résistants, ni foncièrement collabos, de simples parisiens cherchant à vivre leur vie quotidienne le moins mal possible en fonction du contexte international.

Soudain tout bascule: deux soldats allemands sont abattus dans la rue, en bas de l’immeuble. Mesure immédiate de représailles: deux otages par appartement devront être fusillés. Mais régime de faveur paradoxale pour la bande des sept, celle-ci aura la liberté de choisir et de remettre, après le dessert, ses deux « volontaires » auto désignés.

Comme on l’imagine aisément, le spectateur va assister à une succession de lâchetés individuelles qui, sous des prétextes de plus ou moins mauvaise foi, vont tenter chacune de sauver leur peau, d’autant plus chèrement que l’amitié initiale va imploser en mille morceaux que, jamais, aucune contrition ne pourra réparer:

Point brillante l’âme humaine, lorsque la survie de sa carcasse est en question !…

Si donc l’enjeu moral est à la clef d’une désillusion partagée de la scène à la salle, c’est avant tout par sa mise en scène que ce repas des fauves excelle à rendre une atmosphère liant champ et hors champ cinématographique.

En effet, en se référant à des projections postmodernes (« Persépolis » , « Danse avec Bachir » ) et à des leitmotivs musicaux lancinants, le huis clos entre amis semble se disloquer sous la pressions de forces externes occultes mais hyperprésentes sur les planches du Michel.

Comme si le plateau avait convoqué les 360° d’une perception gyroscopique, le spectateur se sent littéralement impliqué et entraîné dans le dilemme du non-choix à assumer et impossible à résoudre pour lui-même, en semblable situation.

Au titre d’une réalisation conceptuellement instinctive, ce repas des fauves mérite donc, pleinement, d’être jeté en pâture aux Molières de la scénographie, de l’adaptation, de la mise en scène et du Théâtre privé, tous réunis pour la bonne cause.

Theothea le 14/04/11

UN MARIE-SALOPE rafiot pour l'Odyssée ciel terre mer

de  Jean-Paul Quéinnec

mise en scène: Antoine Caubet

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Théâtre de l'Aquarium

Tel:  01 43 74 99 61

 

         photo ©  Theothea.com  

       

Claude est le personnage principal de ce très beau texte poétique de Jean-Paul Quéinnec : comme son créateur, il voyage beaucoup de Charente au Québec, du Saguenay à Lille, de Montréal à Paris, il est à la recherche de lui-même avec l’aide de Raymonde, qui peut être la narratrice, la fille adoptive, la femme ou le rêve de ce nouvel Ulysse.

Ce sont des bribes d’histoire qui prennent corps sans aucune chronologie précise : traversée dure de la toundra en plein hiver, embarquement sur un dragueur, « le Marie-Salope » pour aller du Saint-Laurent à ses sources françaises, retrouvailles dans la maison familiale oubliée à Marseille, bonheur du mariage qui revient par bouffées.

L’errance de Claude est motivée par la volonté de chasser la bête immonde qu’il sent présente en lui, il n’y parvient jamais et finit comme SDF, retrouvé après une longue quête par Raymonde. Antoine Caubet a réalisé la mise en scène en plaçant un long divan en son milieu autour duquel et sur lequel les deux comédiens se déplacent, quand ils n’ont pas de menus accessoires (verres, cahier) ; dans le fond ce meuble est un peu celui du psychanalyste, car Claude parle beaucoup et se livre un peu.

Christian Jéhanin vit ce texte avec beaucoup de finesse et d’humanité, Cécile Cholet incarne un personnage multiple avec une grande vivacité. La qualité du texte fait passer ce qui reste finalement une lecture à deux voix.

Jacques Portes, le 20/11/10 -   Blog " Histoires de Théâtre "

en partenariat avec Theothea.com

LA NUIT SERA CHAUDE

de & mise en scène:   Josiane Balasko

****

Théâtre de La Renaissance

Tel:  01 42 02 47 35

 

         photo ©  Charlotte Spillemaecker

     

Certes, la nuit sera chaude mais pas franchement torride, car si tous les ingrédients à un Vaudeville au langage sans retenue sont effectivement orchestrés par une Josiane Balasko à la tête d’un quintette « frappa-dingue » sur les planches de la Renaissance, sa réalisation va s’apparenter davantage à une expédition des Pieds nickelés qu’à un commando chic et choc.

En passant de la comédie traditionnelle au rythme des portes qui claquent, c’est d’un mécanisme à la précision d’horlogerie qu’il aurait fallu doter cette création clés en main que l’auteure-metteuse-en-scène se doit de diriger en meneuse de revue.

Son talent d’écriture complétant celui d’interprétation ont depuis longtemps suscité chez Josiane Balasko sa vocation à diriger ses propres spectacles, cependant en changeant de registre, c’est la vitesse de croisière qu’il lui aurait, sans doute, fallu réinitialiser.

A ce niveau de conception théâtrale, la nécessité d’un regard extérieur sur l’enchaînement des numéros d’acteurs aussi aboutis qu’ils puissent être, auraient dû constituer l’exigence primordiale permettant de mettre en orbite délirante, l’ascension d’une fusée à moteurs hyper puissants.

Dans ce contexte, si tout le monde trompe tout le monde puisque tout le monde se trompe soi-même dans les plus grandes largeurs, le choix du partenaire sexuel devient une simple formalité du moment à valider, hors des normes du savoir-vivre, dans un sans-gêne sans limite.

Placer au centre de ce lupanar social, une peintre psychique ( Valérie Lang ) se spécialisant dans l’évocation sensitive des auras de chacun de ses modèles vivants, en devient tout à la fois le gag récurrent autant que l’enjeu symbolique entre respect de soi-même et fuite en avant au-delà de toute éthique.

A dire vrai, cette thématique du dérèglement psychosocial généralisé ne pouvait souffrir aucune demi-mesure, y compris, notamment, celles devant déclencher le rire de la salle et la satisfaction d’une plénitude.

La composante ciselée d’un timing sans faille dans ses moindres regards et autres subtilités du feeling scénographique aurait été la condition sine qua non d’une nuit torride !…. Elle sera chaude !

Theothea le 30/03/11

PSYCAUSE(S)

de  Josiane Pinson

mise en scène: Daniel Berlioux

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Théâtre des Mathurins

Tel: 01 42 65 90 00   

 

         photo © Aida Diagne

         

Il ne serait, sans doute, guère désobligeant de considérer que la star du one woman psyshow de Josiane Pinson est son imposant fauteuil canapé pivotant et néanmoins orange.

Au centre de la scène, on ne voit que lui alors qu’elle, longue silhouette noire sans limites, en serait le faire-valoir perspicace dans un accouchement perpétuel du mal de vivre au féminin.

Mais où seraient donc les hommes pendant que la comédienne alterne, du fauteuil au divan, sa position et son statut de l’analysée à l’analysante ?

Cet énorme fauteuil en serait-il leur parangon, en simili « phallus symbolique », alors que la psy et ses patientes lui tournent autour comme dans un excitant jeu de chaises musicales ?

Josiane Pinson excelle à débusquer les défauts de la cuirasse censée protéger tout un chacun des conflits entre idéalisme et réalisme, désir et frustration, conviction et perdition !…

Dans ce manège permanent où l’amour du prochain court sans cesse derrière son ombre, l’auteure comédienne autodidacte relève crânement le défi de laisser transparaître le vertige de l’angoisse existentielle:

« J’ai peur, mais j’avance; j’avance, mais j’ai peur; j’ai peur, mais j’avance quand même…. » mettant ainsi, avec pertinence, ses pas à la suite des maux chantés par Barbara.

Oui, Josiane Pinson a tout d’une grande, car sa prise de risque personnelle est à la hauteur de son don d’observation des pulsions de vie et de mort, en pleine activité contemporaine.

De reprises en prolongations, son spectacle est forcément drôle, car il touche juste là où la caricature comportementale de nos semblables se révèle dans l’acuité des egos en quête exacerbée d’épanouissement salvateur.

Theothea le 06/04/11

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"Un  jour  ordinaire" - Saluts à J-10 -  photo © Theothea.com