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Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.011   à   16.015    Page  277

 

        

              

Gérard Chambre chez Maxim'S

         

64ème Festival de Cannes 2011

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COCTEAU-GUITRY CHEZ MAXIM'S

d"après Guitry & Cocteau

mise en scène:  Gérard Chambre

****

chez Maxim's

Tel: 01 42 64 37 33

 

          photo ©  Theothea.com

        

En ce 19 septembre 2011, avant-première chez Maxim’s du spectacle qui, en reprise, sera présenté tous les lundis soir par Gérard Chambre et ses comédiens: « N’écoutez pas Messieurs » de Sacha Guitry et « Un boeuf sur le Tôa », cabaret burlesque d’après Jean Cocteau.

Ce soir-là, les invités sont donc conviés à pénétrer dans ce lieu insolite parisien de renommée internationale, situé au 3 rue Royale.

La porte, au style flamboyant, du prestigieux restaurant Belle Epoque franchie, le spectateur prend place dans un salon feutré et chatoyant, véritable temple de l’art nouveau; faune, flore, femme ondulante sont au centre de la décoration intérieure; les lys, iris aux formes sensuelles s’enroulent autour des lampes et des miroirs et, sous un plafond de verre tel un vitrail, on découvre un merveilleux petit théâtre de poche.

Et, c’est donc dans ce même lieu, fréquenté assidûment dans les années 2O par Guitry et Cocteau, puis racheté en 1981 par Pierre Cardin, que va se dérouler, d’abord, la Pièce en un acte : « N’écoutez pas Messieurs « de Sacha Guitry.

Gérard Chambre, le metteur en scène, interpelle une femme hors champ qui aurait l’intention de le flinguer devant le public; c’est le début d’une scène de ménage comme les affectionnait Guitry qui ne craignait pas de théâtraliser sa vie privée. Surtout ne pas se prendre au sérieux, tel est son mot d’ordre.

Ayant travaillé avec Georges Wilson et d’autres grands noms du théâtre, Gérard Chambre que sa formation au chant a conduit à la comédie musicale, avait déjà créé Feydeau dans ce même lieu avec « Feu la mère de Madame » pièce en un acte ainsi que « Le petit groom de chez Maxim’s » opérette en un acte avec musique d’Offenbach.

Sa troupe se compose de Véronique Fourcaud: Soprano, chanteuse lyrique qui, telle une Yvette Guilbert aux gants noirs et diseuse fin de siècle, pleine de gouaille, donne la réplique à Mikaël Apamian, Estelle Boin et Fabrice Coccitto qui, lui, assure, de surcroît, la direction musicale.

Après un entracte et la dégustation d’une coupe de champagne, la même troupe interprétera le « Bœuf sur le Tôa » titre qui évoque le cabaret « Le Bœuf sur le Toit » créé par Cocteau en 192O, lieu fréquenté, à l’instar de chez Maxim’s, par de nombreux artistes.

Ce cabaret burlesque nous offre 17 chansons, dont notamment « Tôa Tôa Toâ » signé par Gérard Chambre lui-même, tout en voyageant de Boris Vian, Fernandel, Bourvil, les frères Jacques et Jacques Brel, du pathétique au guignolesque.

La troupe s’amuse et nous amuse. Une très agréable soirée dans un lieu très chic mais surtout flamboyant et magique.

Cat.S / Theothea.com, le 09/10/11

ICI ET MAINTENANT

de  Guy Carlier & François Rollin 

mise en scène:   François Rollin  

****

Studio des Champs-Elysées

Tel: 01 53 23 99 19

 

          photo ©  Theothea.com

          

Avec le désir de suspendre le temps, en tout cas celui des quatre-vingt dix minutes de son spectacle, Guy Carlier s’invente, ici et maintenant, une nouvelle relation à son public, étendue, fort opportunément, à tous les spectateurs qui auront la curiosité d’aller le voir au Studio des Champs-Elysées.

Partant du principe que sa vie est, par de nombreuses perspectives, semblable à la nôtre, le chroniqueur médiatique nous invite à pénétrer la planète « people » mais désormais…. à reculons !

En effet de désillusions en désenchantements, la soixantaine amaigrie lui aurait fait percevoir l’ambition dérisoire à fustiger l’envers du miroir lorsqu’en définitive, il n’ y a rien de vraiment exaltant à découvrir dans les coulisses du show-biz.

Ainsi descendu en marche de cette « bétaillère » aux vanités, voici notre homme jetant un regard amoindri dans le rétroviseur du temps perdu à ces chimères mondaines !

Affectif, sentimental, nostalgique et surtout paradoxal, l’acteur se lance, alors, sur l’arène scénique, tel un gladiateur qui se serait délesté du poids de son armure physiologique avant que de pouvoir ultérieurement se débarrasser de son emprise psychologique.

Car, si la sincérité du parler vrai est au rendez-vous, le fond de commerce du flingueur attitré des animateurs cathodiques reste, néanmoins et toujours, la vanne ciblée « ad nominem » et bien balancée là où çà fait rire les radios et autres télévisions.

La reconversion en un autre « Guy », celui qui ferait du « Bedos » en place du « Carlier » d’antan, est en gestation à la fin du show et pourrait être un signe avant- coureur et donc prometteur que les temps ont, bel et bien, changé.

Mais auparavant, l’artiste veut pouvoir savourer encore une fois, le plaisir qu’il y a à dégommer le quidam qui aurait eu l’outrecuidance de s’aventurer en promotion médiatique d’un petit talent profitable à l’audimat mais jugé imbécile et prétentieux par l’humoriste en charge par ces mêmes médias de trier le bon grain de l’ivresse égocentrique.

Aussi, maintenant en terre théâtrale sur l’avenue Montaigne, l’auteur du one man show souhaite terrasser le maudit serpent venimeux qui se mord la queue, mais comme le chroniqueur veille toujours sur la verve qui lui a fait rencontrer le tout Paris, le dilemme artistique devra patienter pour se résoudre au mieux, n’en doutons pas, dans un prochain spectacle cathartique.

Theothea le 28/09/11

LE COUP DE LA CIGOGNE

de  Jean-Claude Islert

mise en scène:   Jean-Luc Moreau

****

Théâtre Saint Georges

Tel:  01 48 78 74 37 

 

          photo ©  Theothea.com

   

De « Monsieur Jourdain » à « Clérambart », Jean-Marie Bigard se projette, à leur suite, dans le personnage de « Jacques Germont », illustre inconnu né de l’imaginaire de Jean-Claude Islert.

Si sa composition théâtrale du premier était particulièrement décalé, celle du second se voulait au contraire très classique mais dans les deux approches, Jean-Marie gommait le style « Bigard » de façon à laisser toutes ses chances à l’acteur plutôt qu’au show man.

Présentement, dans cette troisième tentative au Théâtre Saint-Georges, c’est le comédien qui, a contrario, laisse ses chances à « Bigard » de façon à ce que son naturel n’ait pas l’obligation de revenir au galop.

Et çà marche !…. sous la férule magique de Jean-Luc Moreau qui pressent, pour chacune de ses mises en scène, les lignes de force qu’il faut mettre en valeur.

En effet, dans cette comédie de mœurs contemporaine où menacent les affres de la retraite avec son cortège de vacuités pleines de faux-semblants, l’équilibre du couple cherche un second souffle à la suite d’une mise au rancart professionnelle inattendue et de grossesses en suspens.

Gaspard (Lamine Lezghad), un jeune cadre branché high-tech vient, alors en chargé de mission, rythmer les turbulences domestiques, en soufflant alternativement le froid et le chaud sur la qualité relationnelle que l’entreprise maintient à distance de son préretraité.

Jean-Marie passe par toutes les couleurs de l’émotion, de la colère et même de la tendresse au fur et à mesure que les femmes de sa vie le confortent ou le réfutent dans son rôle de mâle, dominant assez mal les contradictions intimes.

L’adéquation que trouve le comédien avec son fond de commerce auto-labélisé prend d’emblée la tournure d’un bon génie qui aurait inspiré, sur cette joyeuse équipe, les recettes pour distraire le public avec de vraies questions de société mixées à la sauce boulevard « Bigard -Moreau » .

Ses partenaires féminines (Elisa Servier, Lola Marois & Ariane Mourier) sont pile poil au diapason d’un tourbillon qui annoncerait des bébés à tous les étages de l’air du temps et ce, malgré les frustrations qui pourraient les accompagner.

Si la clef de cette comédie peut se dissimuler dans un dossier « broyé » contenant un concept technique innovant, son verrou de sécurité réside dans une humanité tourneboulée par des systèmes de communication en plein déficit de bon sens.

Dans cette perspective distanciée, le coup de la cigogne serait celui de l’humour qu’on attend plus mais qui, sans cesse, cueillerait sa proie là où on ne l’attend pas.

Theothea le 29/09/11

YOURI

de Fabrice Melquiot

mise en scène:   Didier Long

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Théâtre Hébertot

Tel:  01 43 87 23 23 

 

          photo ©  Theothea.com

   

Selon la légende, Youri, ce serait Gagarine !…

Le paquet cadeau qui envoie l’homme en orbite, là où le rêve ancestral est censé devenir réalité.

Ici en tragi-comédie, Youri, c’est l’ado qui tombe du ciel parce qu’un désir d’enfant se serait soudain transformé en cadeau métaphorique, voire tellurique.

En fait du pareil au même, Youri (Jacques de Candé) aurait délibérément délaissé ses origines abusivement russes pour se constituer une ascendance sino-congolaise, du meilleur effet mondialisé.

Ainsi, face aux portes grandes ouvertes sur un surréalisme théâtral signé Didier Long, Patrick et Agathe vont-ils se jouer la réussite de leur couple, à l’aune de ce tiers salvateur, tant attendu car garant théorique de leur pérennité duelle.

Selon Anne Brochet, la musique de la pièce va lui permette, à chaque représentation, de construire avec son partenaire Jean-Paul Rouve, des registres différenciés de leurs rôles en libre gestation, selon leurs propres humeurs quotidiennes de comédiens.

Accompagnée de ce parti-pris artistique évolutif, toute certitude ancrée dans le trio conjugal sera nécessairement prise à contre-pied, tant l’écriture de Fabrice Melquiot échappe à toute posture rationaliste permettant de s’accrocher aux branches généalogiques traditionnelles.

En effet de la simple crispation idéologique au rire jaune, les états d’âme auront tout loisir de s’interroger sur cette indicible étrangeté qui pourrait aisément servir de fil conducteur à la moindre problématique identitaire nationale.

En coup de théâtre ultime, quelques lettres du scrabble bien choisies vont être ingurgitées, manière potion magique d’Astérix, délivrant ainsi le cri primal de son inhibition au meurtre du père avant que de l’aimer.

Bref « Youri », c’est le mystère autiste incarné « enfance de l’art » qui, de Narcisse à Œdipe, pourrait transformer sa nouvelle naissance au monde, en un chemin de croix livré à toutes les névroses répertoriées ou non par les garde-fous institutionnels.

Une sorte de parabole familiale à échelle humaine, en marge d’une société bleu, blanc, rouge, confrontée aux frasques génétiques d’un monde en folie expérimentale, totalement dénuée de critères moraux.

Theothea le 30/09/11

LA BELLE DE CADIX

de Francis Lopez

mise en scène:   Olivier Desbordes

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Théâtre  Comédia

Tel: 01 42 38 22 22

 

           photo ©  Theothea.com

       

Ayant veillé à la destinée du Théâtre Mogador durant une dizaine d’années, Jack-Henry Soumère a continué, par la suite, de mener la programmation de son Opéra de Massy; mais voilà que Paris lui ouvre à nouveau les bras en lui offrant la succession directoriale du Comédia, ex-Eldorado.

Fort à nouveau de projets musicaux et théâtraux pour cette salle prestigieuse, son nouveau manager ouvre ainsi la saison 11-12 avec une opérette délibérément décalée par les soins d’Olivier Desbordes.

Une trentaine d’artistes sur scène accompagnés d’un orchestre live d’une dizaine de musiciens portent les voix au mieux d’un confort acoustique emportant la célèbre composition musicale de Francis Lopez.

Effectivement, la belle de Cadix est une valeur populaire sûre dont la thématique cinématographique ne peut que souscrire au désir de célébrer le spectacle vivant dans l’excitation des passions artistiques et amoureuses au sein d’une extrême et sympathique fantaisie.

La filiation d’Aldomovar, son esprit ouvert à toutes les transgressions et son goût à la fois kitch et vintage sont revendiqués au plus fort des motivations de cette réalisation.

Les costumes en sont la preuve par leur originalité affriolante et débridée s’affichant en illustration d’un décor à géométrie variable faite de miroirs sur roulettes.

Ces images renvoyées en kaléidoscope des années cinquante s’entrechoquent dans l’intuition du public comme autant d’invitations à renouer avec la légèreté surréaliste de cette épopée andalouse où la comédie du grand amour se confronte aux fiertés de l’âme gitane.

C’est bel et bien à travers l’esprit joyeux et frivole de l’opérette, interprété par chacun au énième degré souhaité, que se trouverait le plaisir convivial d’apprécier la fougue dansée et chantée, menée à l’unisson par des gueules d’artistes en pleine cavalcade franco-espagnole… sous les guitares en folie.

A noter qu’au sein de tous ces professionnels spécialisés du genre, le nom de « Savary » apparaît dans la distribution des choristes, permettant ainsi à l’égérie tant adulée de Jérôme, sa propre fille Nina, de prendre discrètement son autonomie… bien que protégée à distance par la créativité paternelle, ô combien renommée.

Theothea le 03:10/11

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