Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.016   à   16.020    Page  278

 

    

           

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ET  ENCORE... JE M'RETIENS

de   Isabelle Alonso

mise en scène:  Caroline Loeb

****

Théâtre du Petit Hébertot

Tel:  01 42 93 13 04 

 

          photo ©   Sandrine Roudeix  

   

« Alonso » bien entendu, comme Fernando, le champion de F1 dont Isabelle se gausse de ne pas comprendre l’engouement pour tourner en rond, fût-ce à grande vitesse sur un circuit automobile, mais « Alonso » surtout la chroniqueuse venue sur les planches avec la mission artistique d’y illustrer, par l’humour, son point de vue féministe… et le nôtre, par la même occasion… si affinités.

Son one woman show pourrait avoir des allures de conférence « ex cathedra » mais comme par un effet de trompe-l’œil, il s’apparente davantage au format « stand up », à ceci près que le public sollicité pour acquiescement, dès les premières secondes du spectacle, préférera rester tout ouïe, à la suite de ce consentement initial.

Mettant donc d’emblée les rieurs de son côté, constitués incontestablement d’une grande majorité féminine, la comédienne va monter en puissance, d’abord anecdotique, puis médiatique et enfin politique.

Soixante-quinze minutes de sourires et de réflexions souvent pertinentes où il faudrait franchement être « mauvais coucheur » (2ème sexe à l’identique !) pour ne pas apprécier, à sa juste valeur, le message de parité.

Globalement, la thèse démontrée fustige le pouvoir traditionnellement dominant du mâle en ses recoins les plus quotidiens à l’instar des plus pernicieusement idéologiques.

C’est drôle, bien vu et souvent sans appel.

Ceci dit, en mettant le concept du pouvoir à la clef de l’aliénation universelle du féminin par le masculin, Isabelle Alonso néglige, sans doute, la puissance atavique de jouissance drainée par la soumission latente de l’une à l’autre, ou vice versa, bien sûr !

Cependant comme la dialectique du « freudiennement incorrect » n’aurait guère sa place dans une telle démonstration rhétorique au second degré, c’est avec grande satisfaction qu’un nouveau couplet de « La Marseillaise » sera dédié à l’hommage pérenne de la « matrie », en reconnaisance de son enfantement conjugué sous l’auspice de tous les féminins pluriels du monde.

Theothea le 05/10/11

AUTOUR DE LA FOLIE

   

de, par et avec :  Arnaud Denis

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Théâtre  Lucernaire

Tel:  01 45 44 57 34 

 

          photo ©   Lot  

       

Le sommaire des textes choisis par Arnaud Denis pour « tourner » autour de la folie n’est distribué à chaque spectateur… qu’à la sortie du spectacle.

Bien entendu, la plupart du temps, celui-ci est déjà au courant par les critiques et le bouche à oreille, que cette liste est structurée par des extraits de Maupassant, Flaubert, Lautréamont, Michaux & Shakespeare pour les plus significatifs, de Karl Valentin et Francis Blanche pour le contrepoint.

Ceci dit, il est préférable d’aborder ce « seul en scène » sans avoir en tête ces références culturelles, de façon à être totalement disponible au vertige de la logique poussée dans ses ultimes retranchements par la volonté expressive d’Arnaud Denis.

En effet, loin de prendre en otage le public par des tourments pathologiques progressifs, l’ex-élève de Jean-Laurent Cochet l’invite à observer, certes par l’émotion et le rire mais si possible avec objectivité, que les sens de l’être humain le trompent sur sa perception de la réalité.

Démarche kantienne, s’il en est, où en analysant les facultés humaines constituant la « raison », celle-ci pourrait faire l’objet d’une évaluation relativisant doute et certitude.

Ainsi, à l’instar du grand philosophe, le public attentif va-t-il observer son champ d’investigation légitime se rétrécir au fur et à mesure du spectacle au moment même où celui de la multiplicité des interprétations du monde sensible ne cesse de s’agrandir devant ses yeux ébahis.

En partenaire scénographique symbolique de cette évolution inéluctable, la taille des deux chaises en présence va progressivement diminuer jusqu’à rendre impossible la fonction normative pour s’asseoir dessus.

Celle-ci devenue définitivement caduque et donc dérisoire, l’esprit humain pourrait alors paradoxalement atteindre à l’ultime degré de liberté conceptuelle, sans en subir les contraintes contingentes.

Dans le même mouvement, le comédien pourrait alors saluer la foule en délire, tant sa prestation aura été tout à la fois puissante, sensorielle et contrastée.

Sans doute l’humour et la distanciation seraient-ils les gagnants authentiques de son parcours jubilatoire en orbite autour de la folie.

Theothea le 06/10/11

LES BONNES

de  Jean Genet

mise en scène:  Sylvie Busnel   

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Théâtre de l'Atelier

Tel: 01 46 06 49 24  

 

          photo ©  Theothea.com  

        

A la manière des « Petites filles modèles » de la Comtesse de Ségur singeant leurs parents pour s’approprier une part de leur autorité naturelle, Sylvie Busnel propose une lecture des « Bonnes » où le simulacre est à la fois le moyen et l’objectif de neutraliser la transparence dans laquelle Claire (Lolita Chammah) et Solange (Prune Beuchat) se sentent, à tort ou à raison, être les proies psychologiques, non consentantes de « Madame » (Christine Brücher), leur patronne.

En effet, à une période où la domesticité avait pignon sur rue, tout au moins aux étages supérieurs des immeubles cossus des beaux quartiers parisiens ou provinciaux, le rapport de forces entre grands bourgeois et personnel de maison pouvait être enclin à fonctionner selon le dispositif Hegelien de la relation maître-esclave.

Ainsi, dans sa pièce de 1947, Jean Genet illustre cette tendance psychosociale des mœurs afin d’en révéler la quête identitaire douloureuse apparaissant en toile de fond de l’époque.

Présentement au Théâtre de l’Atelier, la mise en scène en constitue un jeu de rôles scénographique où il s’agirait davantage de parodier le comportement des maîtres que de mettre en exergue la problématique existentielle des servantes.

Grâce à une expression délibérément ludique où l’imitation, les déguisements et même le travestissement serviraient d’exutoire à pastiches afin de satisfaire le défoulement libérateur de leurs inhibitions et autres frustrations quotidiennes, les deux sœurs théâtraliseraient leur amour haine afin, inconsciemment, de mieux la conjurer.

Dans cette perspective, quid de la tentative du suicide final, par absorption de la tasse de thé froid censé être empoisonné ? Ne serait-il pas que le point paroxysmique du jeu initié… mais flirtant dangereusement avec les limites du point de non retour?

Sans doute, l’interprétation psychanalytique des intentions de l’auteur et celle des motivations du metteur en scène rencontreraient, ici, leurs propres frontières théâtrales qu’il serait, sans aucun doute, contre- performant de vouloir transgresser davantage.

Theothea le 10/10/11

OSSYANE

d' après Amin Maalouf

mise en scène:  Grégoire Cuvier   

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Théâtre  13

Tel:  01 45 88 62 22   

 

          photo ©   Christophe Henry  

     

Ossyane, un figure romanesque de la résilience, telle qu’à partir d’une saga familiale à travers la Turquie, la France, Israël, le Liban, le spectateur va suivre l’évolution, de conflits en guerres, au sein d’une humanité en proie à ses noirs tourments jusqu’aux confins d’une résurgence de la pulsion de vie.

A l’origine, il y a la famille Ketabdar avec sa généalogie mémorielle et ses descendants prometteurs parmi lesquels Ossyane est un élu sur lequel va se fonder les espoirs universitaires d’ascension sociale quelque part entre Moyen-orient et Occident.

Au nom de cette destinée ancestrale, le père, la mère, la sœur, le frère et tous les proches vont créditer leur intimité affective d’une caution valorisante à l’égard de l’ambition de l’un d’entre-eux vers le savoir et la compétence médicale.

C’est d’emblée la situation géopolitique qui pousse Ossyane vers la France mais il sera immédiatement rattrapé par les dérèglements de l’Histoire du monde qui désormais ne le lâcheront plus, comme dans une métaphore à l’échelle humaine de l’impossibilité à s’extraire d’un rapport de forces universelles à tendance destructrice.

La contingence successive de la 2ème guerre mondiale s’enchaînant sur la création d’Israël qui suscite, à son tour, la rivalité avec la Palestine, entraînant elle-même le conflit moyen-oriental se cristallisant notamment au Liban révèle symboliquement, si cela était nécessaire, cette incapacité de l’être humain à pouvoir rester en paix avec lui-même.

Décideurs, acteurs et victimes des luttes belliqueuses étant embarqués dans un même élan grégaire, Ossyane va finir par se trouver au ban des damnés, sans en comprendre les tenants et aboutissants qui se solderont pour lui dans une institution psychiatrique, à la fois quasiment coupé de sa famille originelle et surtout en rupture de son récent foyer conjugal, laissant une prochaine naissance, apparemment sans lendemain profitable.

Sept comédiens animent, avec le brio de l’ellipse figurative, une pléiade de personnages qui se substituent et peuvent ainsi s’interchanger dans la continuité chronologique de leur descendance.

Adaptée du roman « Les échelles du Levant » d’ Amin Maalouf, cette dramaturgie mise en scène par Grégoire Cuvier actualise sur la scène, par l’entrechoc paradoxal des consciences vivantes, le chemin d’une destinée emblématique vers sa vérité cachée, au-delà de tous les obstacles rencontrés.

Theothea le 11/10/11

DANSEURS DE CORDES

LE QUATUOR   

mise en scène:   Alain Sachs   

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Théâtre  de Paris 

Tel:  01 48 74 25 37 

 

          photo ©  Theothea.com  

       

30 ans après sa naissance, Le Quatuor est pour la cinquième fois mis en scène par Alain Sachs qui, lui, accompagne ces quatre « Danseurs de cordes » depuis 20 ans.

Cet approfondissement dans la création les oblige tous les cinq, non seulement à se surpasser mais surtout à concevoir chaque spectacle comme une œuvre à part entière.

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Sans doute est-ce objectivement la réalité d’un travail de trois années, mais convenons néanmoins que la marque de fabrique est toujours bien reconnaissable:

Toutes les musiques au service de performances individuelles ou en formation selon des séquences où l’humour apporte un contrepoint gestuel et comportemental délibérément muet.

Place donc aux quatre instruments à cordes pour quatre voix alors que leurs cordes vocales rivalisent allègrement parmi les vibrations des violoncelle, alto et violons.

Ainsi mariées pour le meilleur, toutes ces cordes hétéroclites vont se mêler d’évoquer plaisamment aux spectateurs les traces mémorielles de leur connaissance musicale faite, bien souvent, de bric et de broc.

Par la suite, un grand moment d’anthologie viendra se greffer sur la seule phase interactive de ce « nouveau » spectacle où un hommage judicieux sera rendu à « la femme » chantée dans la mémoire collective.

A cet instant, Jean-Claude Camors, Laurent Vercambre, Pierre Ganem et Jean-Yves Lacombe descendront chacun dans la salle à la recherche spontanée de leur élue respective pour ramener leur conquête en pleine lumière sur la scène, tous acclamés par l’ensemble du public.

A quatre, ils déploieront des trésors d’imagination acoustique et chorégraphique afin de séduire le féminin au prorata d’une émotion émoustillée par tant d’audaces.

Enfin, un rappel en forme de parodie visant la recherche musicale conceptuelle viendra joyeusement conclure les saluts à une excellente soirée que le bouche à oreille, par la suite, ne pourra cesser de rendre écho.

Theothea le 12/10/11

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