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HOLLYWOOD
de
Ron Hutchinson
mise en scène:
Daniel
Colas
|
****
Théâtre Antoine
Tel: 01 42 08 77 71
|
« Autant en emporte le vent » comme vous ne lavez
jamais vu ou plus exactement comme vous le verrez, enfin, en passant de
lautre côté du miroir ou plutôt des coulisses de
la Metro-Goldwyn-Mayer, tout en rejoignant son producteur ainsi que ses metteur
en scène et scénariste de substitution, enfermés durant
cinq jours de 1939 pour en réécrire la future version filmée
aux 10 Oscars.
Dopés au régime de bananes agrémentées de
cacahuètes, David O. Selznick, Victor Fleming et Ben Hecht vont faire
passer, allègrement, leur cogitation triangulaire en vitesse
surmultipliée, déclenchant des scènes danthologie
théâtrale, signées Ron Hutchinson dont les répliques
à damner le 7ème art vont, grâce à ladaptation
française de Martine Dolléans, libérer, clefs en mains,
la virtuosité dun trio détonant, composé de Daniel
Russo, Samuel Le Bihan et Thierry Fremont.
Les trois comédiens semblent prendre un tel plaisir au jeu du
« brain storming hollywoodien » constamment
« border line » que la précision
millimétrée de la direction dacteurs semble rendre à
Feydeau ce qui, au Théâtre Antoine, appartient bel et bien à
Daniel Colas.
Du grand art comique que les Marx Brothers ne rechigneraient pas à
mettre au Panthéon de leurs valeureux successeurs, à travers
le Monde.
En assistante zélée en chef, Françoise Pinkasser
vient rasséréner, de sa prévenance, notre triumvirat
hexagonal, tout au long de sa triviale poursuite aux idées en or,
non sans leur rappeler que Vivian Leigh et Clark Gable simpatientent,
au dehors des Studios, pour reprendre, sans tarder, le tournage
précédemment soustrait à Georges Cukor.
Cet aller-retour incessant entre farceuse interprétation "live"
en temps réel et laborieux travail décriture
cinématographique suspendu, avançant de concert mais à
tâtons, quelque part entre idéologie dune Amérique
tendance réactionnaire, dun côté, et sentiments
universels inspirés par lAmour avec un grand A, d'un autre,
pourrait être en passe de devenir la vivifiante addiction d'une
époque contemporaine en quête dun Théâtre
osant débrider, sans réserve, le quant à soi des acteurs.
A voir et à revoir, au moins autant qu'à lire et à
relire jusqu'à l'envie, lhistoire de Scarlett OHara et
Rhett Buttler !
Theothea le 11/11/11
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OMKARA II
de & par Raghunath Manet
& Didier
Lockwood
|
****
Théâtre de la Gaité Montparnasse
Tel:
01
43 20 60
56
|
A la suite du Jazz et la Diva Opus II, nous avions laissé, en 2008,
Didier Lockwood à ses prérogatives de concurrence musicale
sous famille recomposée et voici quen 2011, toujours à
la Gaîté-Montparnasse quil affectionne particulièrement,
le violoniste hors pair nous revient en compagnie de Raghunath Manet, son
partenaire de prédilection, si lon excepte bien entendu sa propre
épouse, Caroline Casadesus.
Ainsi, le danseur indien émérite, maître de Veena,
et le virtuose hexagonal prolongent-ils leur duo dans une création
de Omkara version 2.
La chanteuse Aurélie Prost et le percussionniste Sri Murugan
complètent cette rencontre métissée en apportant, notamment,
au spectacle, un troisième il protecteur évitant
lécueil dun jeu en miroir narcissique.
Un souffle desthétisme chorégraphique envahit la
scène intimiste sans que les codes culturels naient besoin
dêtre explicités par le langage oral; seul en effet compte
le mariage des sonorités alors que les mélopées plaintives
se conjuguent entre Occident et Orient de toujours.
La récurrence gestuelle se meut en leitmotiv fascinant que les
cordes vocales et celles des instruments tissent entre la nostalgie jazzy
de la vieille Europe et le fantasme dune Inde progressiste sous label
« Bollywood ».
Déjà entre thèse et antithèse, nous voyons
poindre la perspective dun Omkara III qui en développerait une
synthèse transgressive.
Theothea le 08/11/11
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JE DISPARAIS
de
Arne Lygre
mise en scène:
Stéphane
Braunschweig
|
****
Théâtre de la Colline
Tel: 01 44 62 52 52
|
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photo © Elisabeth Carecchio
|
Si une création théâtrale était réductible
à sa scénographie, celle de Stéphane Braunschweig, directeur
du Théâtre de la Colline mettant en scène « Je
disparais » de Arne Lygre, traduit du Norvégien en
Français par Eloi Recoing, emporterait aisément le Molière
de labstraction conceptuelle visualisée en panoramique.
En effet, non seulement la métaphore dune chambre noire
photographique à soufflet se développant de un à trois
compartiments de taille dégressive sapparente au mieux dune
quête identitaire en régression dans une fuite en arrière
toute, mais de plus la réalisation sur la scène de la Colline
dune telle perspective cinétique semboîte avec une
aisance si parfaite quelle est en mesure de faire effet de miroir
jusquà en inverser le sens de la pesanteur de ses propres
planches.
Bref, à la limite de limaginaire, la scénographie
de Stéphane Branschweig pourrait apparaître comme le
réceptacle idéal préexistant, en complète apesanteur,
au texte de Arne Lygre.
Ensuite viendrait linterprétation philosophique de cette
volonté quasi schizophrénique de sortir de soi pour
appréhender un ailleurs ne cessant de se dérober à
lentendement ainsi que pour tenter de communiquer avec des semblables
échappant aux règles de la cohérence.
En se débattant ainsi avec des fantômes oniriques, les
personnages exclusivement féminins, à lexception dun
seul mâle, forcent à leur tour, la direction dacteurs
à épouser le dédale du cauchemar éveillé,
fût-il situé, par exemple, en pleine mer ou sur une île
perdue.
Cest ainsi que linterprétation des acteurs devrait,
elle, subir le poids des mots, restant en suspend de la pensée toujours
en avance dune angoisse existentielle alors que des
« hyper-répliques » se chargent du commentaire
à la troisième personne du singulier:
« Lautre femme est allongée par terre. Il ny
a rien en dehors de cette pièce, pense-t-elle et elle regarde autour
delle, remarque des détails quelle navait jamais
vus avant. Mon monde, pense-t-elle et elle a conscience de sa place, parfaitement
conscience, le corps comme un objet en relation avec le plafond, les murs.
Lespace limité. Elle-même. »
Jeu de rôles, dédoublement, virtualité et autres outils
formels de la distanciation identitaire se complètent, ainsi, en cinq
personnages (Irina Dalle, Alain Libolt, Pauline Lorillard, Annie Mercier
& Luce Mouchel) pour nen former, sans aucun doute, quun seul,
celui de lauteur sexerçant cérébralement
à spéculer sur la relativité de la condition humaine.
Theothea le 12/11/11
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CAUBERE JOUE BENEDETTO
: Urgent crier !
de
André Benedetto
mise en scène & par Philippe
Cuabère
|
****
Maison de la Poésie
Tel: 01 44 54 53 00
|
« Urgent, crier » est le titre du premier des recueils
de poèmes dAndré Benedetto qui sétait
installé à Avignon, figure titulaire du festival et fondateur
du off, en 1966.
Pour lui rendre hommage, Philippe Caubère a décidé
cette année, au mois de juillet, dans le off, de déclamer les
paroles de cet auteur-acteur au Théâtre des Carmes, sanctuaire
militant dont Benedetto avait été le directeur de 1963
jusquà sa mort soudaine en juillet 2009.
Caubère, qui a tout connu à Avignon, la Cour dHonneur,
le off, le in, la carrière de Boulbon, depuis son
« Roman dun acteur » jusquà
« Lhomme qui danse » en passant par
« Claudine ou le Théâtre » ou
« Épilogues », a voulu faire scintiller lhomme
militant engagé et rebelle qui lavait tant ébloui, du
temps de la jeunesse.
Cest au tour de la Maison de la Poésie de recevoir la flamboyance
du verbe de AB André Benedetto, entre AA (Antonin Artaud) et BB (Bertold
Brecht).
Caubère, dans un premier temps, nous surprend. Dune curieuse
retenue et avec une voix singulière à laccent rocailleux
du sud qui nest pas le sien tendance marseillais, dun débit
bas et rapide, presque inaudible, qui force lécoute, il incarne
lauteur à la « gueule dange ».
Puis, cassant ce rythme, armé dun micro, aussi tranchant
quune lame, il clame sa révolte artistique qui réveille
nos consciences endormies et nous jette à la figure, tel un coup de
tonnerre, la digression dune langue qui dénonce et qui
émerveille. On retrouve le Caubère animal accaparant
lidentité du Benedetto pamphlétaire.
Alors, puisant dans les textes de lacteur-sud, quintessence du pur
comédien méditerranéen, à linstar des Raimu,
Gérard Philipe & Alain Cuny, Philippe Caubère sempare
de trois grands visionnaires du théâtre :
Dabord, à tout seigneur tout honneur, Jean Vilar, le
sétois, un acteur qui sengage physiquement, dune
présence extraordinaire; il sera lhomme qui, face au fameux
mistral, dans la cour du Palais des Papes, va linvestir et fonder le
festival dAvignon en 1947. Les mots déferlent par la voix de
Caubère, accompagnés dimages darchives projetées
sur grand écran, avec de beaux portraits de Vilar qui aura voulu faire
dAvignon un lieu dexpression et déchanges et se
fera pourtant conspuer en 1968. Il devra affronter une jeunesse radicale
et contestataire qui osera lui jeter des anathèmes du genre :
« Vilar, Béjart, Salazar ! » soutenue par le Living
Theater.
Dailleurs, à propos du festival de 68, Benedetto, lhomme
au regard de braise, lui ny voyait pas le peuple, il ny voyait
que « les flics ».
Vient, ensuite, le poète marseillais Antonin Arthaud, le visionnaire
halluciné et torturé, linventeur du concept de
« théâtre de la cruauté » dont
les dessins magnifiques de souffrance sont projetés sur
lécran, lesquels expriment ce quil y a dobscur dans
lesprit et dont la matière, enfouie au plus profond de soi,
doit nourrir le théâtre.
Enfin, voici un Magnificat sur le metteur en scène et critique
littéraire Gilles Sandier, se promenant régulièrement
dans les jardins dAllah et défenseur dun théâtre
politique et militant.
Dans cette alternance de rythme pausé ou, au contraire, vibrant,
tel un fauve, Philippe Caubère sappuie sur la présence
dun guitariste, Jérémy Campagne qui joue autant des morceaux
de musique andalouse que, dans un style fougueux, des accords dHendrix
ou des Doors, selon un tempo qui donne la pulsation du spectacle, comme avait
aimé le faire Benedetto avec les musiciens de la compagnie Lubat.
« Urgent, crier » est un hommage adressé à
une communauté de langage ainsi quau théâtre vivant,
exigeant et populaire qui veut se faire entendre face au vent de la
Méditerranée et qui doit donc hurler pour parvenir à
nos oreilles, hurler pour éveiller nos consciences, pour remuer en
nous les endormissements.
Philippe Caubère réhabilite un artiste engagé rageusement
corps et âme.
Ainsi, Caubère & Benedetto, apparaissent fusionnels dans un
même combat poétique.
Cat.S / Theothea.com, le 22/11/11
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L'OURS, LA FOLLE NUIT ET
LA DEMANDE EN MARIAGE
de
Anton Tchekhov
mise en scène:
Benoît
Lavigne
|
****
Cine 13 Théâtre
Tel: 01 42 54 15 12
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Pour un coup dessai professionnel, la compagnie « Les
Grues Maux » soffrent un triple coup de Maître avec
dabord, en tout Seigneur tout honneur, Anton Tchekhov au pinceau, ensuite
Benoît Lavigne à lorchestration & enfin grâce
à la brillante alternance de trois jeunes violonistes, Amandine Corgiat,
Juliette Carradec & Lucien Alfonso.
Cependant pour que le tryptique amoureux au programme du théâtre
montmartrois de Salomé Lelouch fût sujet à
révélations, encore fallait-il que les cinq jeunes recrues
y brûlent du feu de dieu.
Alors, disons que demblée dans
« LOurs », le spectateur est tellement emporté
par la fougue antagoniste partagée entre Bérangère Gallot
et Stephen Szekely quil lui paraît quasi conforme qu Estelle
Kitzis, Lauriane Lacaze & Hervé Jouval, leurs trois partenaires
à suivre dans « La folle nuit » et « La
demande en mariage », saffichent, tout autant, à la
hauteur du vertige Tchekhovien où les forces légitimes de
séduction saffrontent à celles de légalité.
La valeur nattendant point le nombre des années, il est donc
urgent dévaluer celle qui, actuellement au Ciné 13
Théâtre, pourrait fort bien être la première marche
dun succès qu a posteriori, daucuns découvreurs
devraient senorgueillir davoir su déceler à
temps.
Theothea le 10/11/11
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