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L'ECOLE DES FEMMES
de
Molière
mise en scène:
Jacques Lassalle
|
****
Comédie Française
Tel: 08 25 10 16 80 (0,15e/mn)
|
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photo © Cosimo Mirco Magliocca
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Jacques Lassalle est de retour à la Comédie Française
alors que celle-ci est sur le point démigrer, durant la saison
en cours, de la salle Richelieu vers une diaspora parisienne dont le centre
restera la salle éphémère installée dans les
jardins du Palais Royal.
Ainsi, lex-administrateur, remercié de manière
cavalière au cours de la dernière décennie du XXème
siècle, a-t-il pu savourer cette opportunité de mise en scène
pour une ultime création, avant travaux de mise aux normes techniques
de la Maison de Molière, en acceptant dêtre lhôte
privilégié de Murie Mayette, elle-même à laube
dun second mandat prometteur.
Si jadis, au Conservatoire, Isabelle Adjani avait su gagner sa
notoriété et dans la foulée, son entrée prestigieuse
à la Comédie Française, en une seule réplique
de « Lécole des femmes », Julie-Marie
Parmentier, aujourdhui, ne pourrait guère faire de « Le
petit chat est mort », la pierre angulaire de sa propre
interprétation du rôle dAgnès.
En effet, sous la direction de Jacques Lassalle, la liberté
daimer au féminin allait être loccasion dun
apprentissage plein dembûches et de chausse trappe quil
faudrait contourner et dépasser, sans pouvoir, à terme, maintenir
les délices de la candeur originelle.
Cependant si, en fin décole, le grand amour ne triomphait
pas avec splendeur, un véritable aboutissement dautonomie des
sentiments permettrait, tout au moins, à chacun des trois protagonistes
concernés de prendre conscience de leur aveuglement respectif.
Pour effectuer, cette démarche initiatique, Jacques Lassalle a
imaginé la possibilité dune île, et en a jeté
le pont, ou plus précisément la navette, entre ce lieu
dexclusion et le reste du monde.
Ainsi, Arnolphe (Thierry Hancisse), en maître du logis hors
datteinte des rivaux potentiels, pourrait-il surprotéger la
jeune enfant quil avait recueilli, en bas âge, avec lintention
chevillée den faire son épouse, à sa
majorité.
Toutefois, en empêcheur de tourner en rond avec les émois
amoureux, Horace (Jérémy Lopez) viendrait perturber ce bel
ordonnancement, en franchissant ce système défensif
ingénieux, structuré par Molière et donc renforcé
par Lassalle.
Au demeurant, le spectateur assisterait à leffondrement
progressif des niveaux successifs de cette ligne Maginot, version libido
contrariée, alors même que la stratégie des confidences
provoquées serait battue en brèche par celui qui croyait pouvoir
les exploiter.
Si, au jeu du dépit amoureux, chacun ressortirait plus ou moins
perdant, le metteur en scène aurait bien servi lauteur, en
permettant à ses antihéros de grandir dans une véritable
confrontation entre réalité et illusion
de la passion
amoureuse.
Theothea le 29/11/11
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IVANOV
de Anton
Tchekhov
mise en scène:
Jacques Osinski
|
****
Théâtre de l'Ouest Parisien
Tel: 01 46 03 60 44
|
En route pour le Théâtre de lOuest Parisien où
la création de la MC2 de Grenoble est en résidence pour cinq
représentations mises en scène par Jacques Osinski dun
Ivanov, première mouture d Anton Tchekhov, en 1887.
Comme dans un ballet dombres chinoises, les dix comédiens
y évoluent à contre-jour du drame de façon à
laisser le soin à la comédie de révéler son projet
dy confondre la condition humaine.
En pratiquant systématiquement larrêt sur image, par
essence cinématographique, la direction dacteurs force le
récit de la quotidienneté à mettre, sans cesse, en suspens
ses rouages, le temps dune pause.
Mettant donc à profit ces temps de pose pour interrompre la parole
en action, les protagonistes reprennent le fil de la pensée, comme
si de rien nétait, là où elle flottait en apesanteur,
juste linstant davant.
Au point de confluence de ces états de déséquilibre
momentané, limaginaire gémellité dIvanov
et de Lvov va, ici, partager le monde entre dépression et volontarisme,
laisser-aller et maîtrise, en se posant en arbitre improbable de la
raison dagir.
Ainsi, en séloignant dAnna Petrovna (Grétel
Delattre), son épouse malade pour rejoindre Sacha (Delphine Hecquet),
son amoureuse passionnée, la ligne de conduite existentielle
dIvanov le mènera au suicide final, en revendiquant une totale
déconsidération de soi-même.
Anton Tchekhov sera, lui, contraint de proposer, deux ans plus tard, une
seconde mouture, plus explicite, des tenants et aboutissants de sa première
grande pièce pour faire accepter, à la critique et au public
de lépoque, cette couleuvre désabusée.
A contrario, Jacques Osinski relève, aujourdhui, le défi
de la bienveillance contemporaine à légard de
lantihéros.
Theothea le 15/11/11
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ANTIGONE
de
Sophocle
mise
en scène:
Wadji
Mouawad
|
****
Théâtre des Amandiers
Tel:
01.46.14.70.00
|
|
photo © Jean-Louis
Fernandez
|
Wajdi Mouawad, homme de théâtre libanais, passant de Beyrouth
à Paris, puis sinstallant à Montréal, sexilant
de sa terre natale dans la littérature grecque fondatrice et salvatrice,
est connu pour avoir porté à la scène une Trilogie avec
« Littoral - Incendies- Forêts » au festival
dAvignon.
En 2009, sa tétralogie « Le sang des promesses »
enflammait le public.
Il réitèrait son expérience dAvignon en ayant
présenté cet été, à la carrière
de Boulbon, sa dernière création, un opus composé de
3 tragédies grecques traitant de grandes
héroïnes:« les Trachiniennes, Antigone,
Électre » au sein dun projet monumental de monter,
en volets thématiques, sept tragédies de Sophocle, qui devrait
sachever en 2015.
Ce 1er cycle est sous titré « des Femmes »
et est traduit par le poète Robert Davreu. Il est repris au
Théâtre des Amandiers de Nanterre avec en option,
lintégralité du spectacle durant 6 H 30.
Parmi les trois grandes figures de cet opus, Antigone est « la
farouche et douce justicière », la désobéissante,
qui veut accomplir les rites funéraires et donner une sépulture
à son frère Polynice tombé dans un combat fratricide.
Pour cela, elle devra braver les ordres du roi Créon lequel, jugeant
celui-ci traître au peuple thébain, a lintention de le
laisser à lair libre afin dêtre dévoré
par les charognards.
Antigone (Charlotte Farcet) franchira linterdit et, presque nue,
se recouvrira le corps de la terre destinée au linceul, elle devient
désormais, chez Wajdi Mouawad, lessence même de la
guerrière qui se dresse seule contre la tyrannie, qui ira jusquau
bout dans son habit de terre, telle une Antigone sacrificielle.
WM nous propose une vision très contemporaine de cette Histoire
de sang, de famille déchirée.
Un décor nu avec structure métallique et une enceinte
cernée par des rails déterminent laire de jeu des
comédiens, prisonniers de lespace mental de Créon (Patrick
le Mauff) qui, s'imaginant au-dessus des lois divines, a cru pouvoir imposer
un ordre humain, celui de lobéissance absolue à ce
quil pensait juste pour la gouvernance dune cité.
Des spots se braquent sur les personnages prisonniers de cette enceinte.
Les personnages savanceront sur cette scène dans une
sobriété vestimentaire, presque somnambuliques dans leur opposition
de points de vue, quand éclatera le chur, chargé de toute
la rage des antagonismes, en électrisant tout lespace.
Lidée fantastique de WM a été de remplacer
le choeur antique par un choeur rock, un groupe de trois musiciens, en live,
et un chanteur pour ébranler la conscience de Créon.
Oui, WM a osé. Il a confié la rage, leffroi du chur
grec à la partition de Bertrand Cantat.
Cependant, ce soir-là, le chanteur Igor Quezada, qui a une texture
de voix similaire, profonde, grave, puissante et sensuelle remplace Bertrand
Cantat qui, lui, ne devrait se produire qu'à la mi-décembre.
La voix de Sophocle résonne; la force envoûtante du chant
électrocute les protagonistes, qui, par opposition, semblent jouer
avec un certain détachement; les voix sont parfois tremblantes, presque
tranquilles dans leur drame absolu; le Coryphée (Raoul Fernandez)
qui nadhère pas complètement au totalitarisme de pensée
du maître de Thèbes parle toujours très calmement, presque
platement de la menace du divin.
Ce choix est sans doute délibéré car la confrontation
avec le chur est saisissante.
Le théâtre, question de vie ou de mort, est sans doute ici
très distancié; pourrait-on parler dun concert immiscé
dans le théâtre ? En tous cas, une force émane
de ce mélange, une force saisissante à la hauteur de la
tragédie grecque.
Créon, constatant que sa politique intransigeante la conduit
à sa perte naspirera plus quà la mort. Sa
vérité lui apparaîtra soudainement avec clarté.
Il en sera dévasté. Le tragique est une lumière
douloureuse qui révèle laveuglement. La puissance musicale
en est ici le détonateur.
Cat.S / Theothea.com, le 04/12/11
|
BISTRO !
de
Sylvie Audcoeur & Marie Piton
mise
en scène:
Anne
Bourgeois
|
****
Théâtre de l'Oeuvre
Tel: 01 44 53 88 88
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Sylvie Audcoeur nen est pas à sa première coécriture
théâtrale puisque notamment « Happy Hanouka »
avait été cosignée par linénarrable Alex
Pandev avec laquelle, pareillement, elle avait joué cette
pièce
à linstar de sa présente collaboration
avec Marie Piton pour « Bistro ! ».
Au Théâtre de luvre présentement, ces
deux comédiennes excellent à incarner, en osmose avec leurs
deux partenaires, cette fougue intérieure à interpréter
des rôles quelque peu Tchekhoviens dans lâme ainsi que
dans le contexte.
La nostalgie de quitter un endroit dans lequel toute une partie de vie
a été vécue avec sa ribambelle de souvenirs au quotidien
passé, place les deux jeunes femmes, amies denfance, à
contre-pied de leurs aspirations ou frustrations respectives
dadultes.
Le grand Amour tant attendu pour lune et lincapacité
à se fixer affectivement pour lautre viennent se confronter
au principe de réalité:
Demain le bistrot patrimonial, lieu de leur construction affective, aura
disparu de léchiquier relationnel.
En perspective de ce grand déménagement, Anne-Rose
(Michèle Simonnet), lex-serveuse, et Fred (Alexis Desseaux),
le client transi amoureux, sont venus donner le coup de main mutuel qui
permettrait de passer le cap redoutable entre
« être » et « avoir
été ».
Alors, quoi de mieux que des pastiches aux chansons du fameux tandem
« Michel Legrand - Jacques Demy » pour inspirer à
Anne Bourgeois une direction métaphorique où ici, - Les
parasols du cher bar - dédoubleraient lombre emblématique
dun cerisier en fleurs.
Mais point besoin, ici, de chorégraphie élaborée
pour que le cur et linconscient soient les invités
privilégiés dune partie de cache-cache avec le point
G de lamitié ou de lamour, laissés, en
loccurrence, au libre choix de chacun.
Au piano et à laccordéon final, le compositeur Patrice
Peyriéras est relayé alternativement par Benoît Urbain
et Sébastien Debard, tous en quelque sorte les garants que chaque
représentation du « Bistro ! » sera exceptionnelle,
comme le serait la musique des sentiments perdus, mais finalement,
retrouvés.
Theothea le 01/12/11
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LE VICAIRE
de Rol
Hochhuth
mise en scène:
Jean-Paul Tribout
|
****
Théâtre 14
Tel: 01 45 45 49 77
|
Près de cinquante ans après sa création francophone
par Peter Brook à lAthénée, ayant suscité,
à lépoque, nombre manifestations et protestations, il
est étonnant dobserver que cette confrontation à la
tête du Saint-Siège qui problématise lattitude
de Pie XII durant la guerre mondiale, continue, lors de sa reprise, fin 2011,
au théâtre 14, de soulever, sinon des polémiques, tout
au moins des prises de position virulentes parmi ses commentateurs et
intervenants extérieurs.
En effet, sachant quil demeure impossible de plaider la
méconnaissance par celui-ci de lholocauste en cours, il reste
toujours à déterminer les composantes du dilemme que dut
résoudre, selon sa conscience, le vicaire du Christ, confronté
à la Shoah.
Cest dailleurs bien dans cette intention déclairer
les spectateurs daujourdhui que résidaient les motivations
de Jean-Paul Ribout, pour monter, de nouveau, à Paris la pièce
de Rolf Hochhut.
Ainsi, sept comédiens interprètent autant de rôles
dialectiques répartis selon la bravoure des tenants dun
interventionnisme dénonciateur sopposant à la stratégie
diplomatique des partisans du statu quo.
Quelle que soit la pertinence des arguments échangés de
part et dautre, il est indéniable que la conduite du pape Pie
XII constitue un sujet de controverses radicales toujours vivaces et, en
conséquence, une passionnante thématique à mettre en
scène.
En confiant la fonction charismatique à Emmanuel Dechartre, celle
du nazi repenti à Eric Hersen-Macarel, ainsi que celle du cardinal
à Claude Aufaure, la distribution se poursuivait dans lexcellence
avec Mathieu Bisson, Laurent Richard & Xavier Simonin.
Endossant, de surcroît, un rôle paternel de circonstance,
Jean-Paul Tribout conserve en permanence un il vigilant sur la
maîtrise artistique de cet enjeu géopolitique qui, a posteriori,
persiste à se poser, en clef déterminante, pour tout analyste
souhaitant évaluer lissue de ce conflit mondial.
Aucune fioriture contextuelle dans la scénographie qui, de
manière judicieuse, prend, à son apogée, les lumières
de la théâtralisation, afin de laisser son épilogue moral
et religieux, en total suspens!
Theothea le 06/12/11
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