Les
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16ème
Saison
Chroniques 16.056
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286
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LA LOI DU MARCHEUR
de Nicolas
Bouchaud
mise en scène:
Eric Didry
|
****
Théâtre du Rond-Point
Tel: 01 44 95 98 21
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photo
© Giovanni Cittadini
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De « La loi du marché » à « La
loi du marcheur » sinterfère ce jeu de mots,
emprunté à Jean Douchet à propos de Serge Daney, illustrant
toutes les différences entre ciné-consommateur et citoyen du
7ème art, engrangeant sa découverte des films sur une carte
de géographie virtuelle où chaque élément ferait
partie dun grand tout de la connaissance intuitive.
Ainsi, lune des vertus de la marche serait de créer un espace
temps spécifique permettant dappréhender sa relation
au monde dans une immédiateté existentielle à nul autre
substitut préfabriqué.
Le cinéma, à lencontre dune télévision
toujours réductrice dans sa perception factice, serait porteur de
cette opportunité à entrer en résonnance subjective
avec lécran, ici et maintenant, au sein dune démarche
partagée collectivement.
Cette création du temps à soi reconquis sur celui de la
réalité indifférenciée constituera la motivation
essentielle du passeur de références cinétiques
sinscrivant dans une chaîne analytique du savoir être.
Reprenant à son compte ce legs original, Nicolas Bouchaud crée
un spectacle dont il serait tout à la fois, le messager et
linterprète, occupant lattention des spectateurs au point
que ceux-ci pourraient croire que le comédien leur parle, en son nom
propre.
Projection théâtrale littéralement détonante
car loin de toute imitation ou autre incarnation du célèbre
critique de cinéma décédé à 48 ans du
SIDA, lacteur joue linstantanéité dune
conférence qui, avec pertinence, pourrait être mise au programme
de « La Leçon de cinéma » du Festival de
Cannes.
A la fois spectateur lambda, émissaire, pédagogue, socio
philosophe, lacteur pense en temps réel et à haute voix
ce que le critique a voulu transmettre dun patrimoine
cinématographique où le spectateur serait partie prenante.
Quimporte dailleurs le genre, du western à la comédie
musicale en passant par celui de lintériorité
cérébrale, du court au long métrage, tout format de
pellicule pourrait faire le miel du cinéphile, pourvu que celui-ci
en fasse une implication active et mémorielle.
Cest pourquoi, en marathonien de la dialectique tout autant quen
« performer » jouant avec limage de Rio Bravo
projetée en toile de fond, Nicolas Bouchaud a rendez-vous avec son
public pour la dernière séance de Serge Daney
. celle
du passage de témoin.
Theothea le 03/12/11
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UN TRAMWAY
de Tennessee
Williams
mise en scène:
Krzysztof
Warlikowski
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****
Théâtre de l'Odéon
Tel: 01 44 85 40 40
|
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photo
© Pascal Victor / ArtComArt
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Huppert culte ? Alors, Isabelle, forcément uppercut
avec à la clef, hyper-coupe du « désir »
nommé Tramway !
Huppert, à jamais offerte, jambes écartées comme
sur des roulettes pour une entrée en légende
déboussolée
dans la désolation psy.
Isabelle, blonde à pic
à linstar de Marilyn
U.S.A. avec un quelque chose de Tennessee sur terre
sans le Paradis.
Si le personnage de Blanche nest pas « lOncle
dAmérique », il pourrait en être la version
négative du paysage mental que Krzysztof Warlikowski apporte, à
la Diva française, sur un plateau
assurément, celui de
lOdéon, en gage iconoclaste dOlivier Py au Théâtre
de lEurope.
De la Nouvelle-Orléans aux Champs-Elysées, beaucoup plus
quun symbole culturel, une véritable partie de jambes en lair
de rien
vers des références en paillettes servies sur
canapé, Flaubert, Dumas, Wilde, Roy, Platon, Sophocle, Coluche et
tutti quanti
avec comme flamboyant dénominateur, Wajdi
Mouawad.
Tel un caisson mobile de plexiglas faisant office de zoom au bowling des
morts vivants, place à lhystérisation des murs,
en marge des rails de la dépression vers lorgie des autres.
En effet, quils sappellent Stanley (Andrzej Chyra) le
beau-frère, Stella (Florence Thomassin) la sur ou Mitch (Yann
Collette) le prétendant velléitaire
tous nauront
que le « Help ! » du Hard-Rock à opposer à
une psychiatrisation mondialisée de la société
humaine
en mal de ses relations dAmour.
Alors, sur la bande son, se succèdent, en transit, les songs in
extenso: « Common people », « All by
myself » et « Follow me », alors quau
micro HF, détone rauque et à plein tube, la chanteuse Renate
Jett
en concert public.
Sur les surfaces réfléchissantes de la scénographie,
limage « live » des caméras scrute
lexpression des visages dans un balayage de la dernière
chance
celle, notamment, qui ferait de Blanche, la première
à terrasser le « surmoi » alors quIsabelle
Huppert, à elle seule, est en train de réaliser cet exploit,
in vivo et en temps réel, face à tous les spectateurs,
médusés dune telle audace.
OK ! « Un Tramway » est un Opéra pop-schizo,
à haute technologie embarquée, qui, paradoxalement, replace
la folie des autres au cur de soi-même.
Forcément uppercut et donc
définitivement, Huppert
culte !
Theothea le 10/12/11
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L'EPREUVE & LES
ACTEURS DE BONNE FOI
de
Marivaux
mise en scène:
Agathe Alexis & Robert Bouvier
|
****
Théâtre de l'Atalante
Tel: 01 46 06 11 90
|
Au théâtre de lAtalante sont rassemblées deux
courtes pièces de Marivaux, en un acte, lune
« lEpreuve » mise en scène par Agathe Alexis
à laquelle succède « les Acteurs de bonne
foi » mise en scène par Robert Bouvier (directeur de la
compagnie du Passage).
Les mêmes acteurs font partie des 2 pièces dont Guillaume
Marquet, moliérisé en 2011 en qualité de jeune talent
masculin.
Dans les deux pièces, les valets sont chargés de jouer la
comédie dans la comédie; leur rôle est essentiel pour
démasquer les faux-semblants et faire éclater la
vérité. Par leur intermédiaire, les maîtres testent
les sentiments amoureux.
Dans « lEpreuve », Lucidor, aristocrate argenté,
va demander à son valet Frontin de se travestir en pseudo marquis
et de courtiser Angélique afin de tester lamour que celle-ci
lui porterait et être sûr des sentiments quelle éprouve,
car ne laimerait-elle pas, en effet, plutôt pour ses biens ?
Plus que du marivaudage, nous avons affaire ici à un marchandage
machiavélique, car si Lucidor avait la preuve dun
intérêt quelconque pour sa fortune, il y a fort à parier
que cela contrarierait son propre élan amoureux, il préfère
donc soumettre une épreuve à lélue de son coeur.
Le déguisement de Frontin (étincelant Frank Michaux) est
là pour brouiller les cartes entre le maître et le valet,
élever illusoirement ce dernier à un rang social auquel il
nappartient pas et se servir de ce stratagème pour manipuler
les curs. Jusquoù pousser le jeu du simulacre au risque
de tout saborder, et entraîner la confusion dans les sentiments
dautrui. Cependant, cest au prix dun tel risque que la
vérité éclatera dans une danse sensuelle des corps entre
Lucidor (Robert Bouvier) et Angélique (Marie Delmarès), frimousse
lumineuse et émouvante à la Jean Seberg, dans une robe vichy
très années 60 et ballerines, et qui vole, aérienne,
soulagée, après la colère et la crise de larmes
(chorégraphie Claire Richard).
Les comédiens, dans une mise en scène très
maîtrisée dAgathe Alexis, excellent de vivacité
et de pétulance.
« Les Acteurs de bonne foi » relèvent
du théâtre dans le théâtre, une forme qui implique
le va-et-vient entre la scène et la réalité.
Dans cette pièce, également, le théâtre est
le sujet dune controverse qui est à deux doigts de faire
dévier la réalité des sentiments, quand Eraste (Guillaume
Marquet) décide, sur une idée de sa tante, de faire jouer une
comédie à son valet, Merlin, afin de distraire sa future
belle-mère, Madame Argante (Maria Verdi).
Les répétitions de ce nouveau jeu de lamour provoquent
une belle pagaille, la plupart des acteurs ayant du mal à sy
retrouver entre la fiction et la réalité. Merlin joue en effet
lamoureux éperdu auprès de Colette, la fille du jardinier,
qui dans la vraie vie est promise à Blaise, le fils du fermier, alors
que lui, Merlin, est engagé auprès de Lisette (très
malicieuse Nathalie Jeannet), la suivante dAngélique.
Cette 2ème pièce est un peu plus confuse dans une mise en
scène de Robert Bouvier. Le démarrage est plus brouillon. On
y retrouve la même distribution et, en plus, des comédiennes
dexpérience, telles Agatha Alexis et Nathalie Sandoz.
Dans les deux pièces, la confusion entre fiction et
réalité, soit par le travestissement, soit par le
théâtre joué par des personnages qui nont pas assez
de « culture » pour décrypter lillusion,
pourrait entraîner un psychodrame et faire chavirer les vrais sentiments.
Pourquoi joue-t-on ainsi à se faire peur ?
Chez Marivaux, tout se qui pourrait mal finir vire à la comédie
et se termine bien. Le jeu est surtout une interrogation pour élucider,
éclaircir lêtre et le paraître et comme dans la
pure tradition de la Commedia dellarte, les déguisements et
le jeu théâtral servent à faire tomber les masques.
Ces deux courtes pièces très envolées sont un
régal. Une grâce sen dégage grâce à
dexcellents comédiens, dans des costumes mêlant le 17ème
siècle, tel que les peignait Watteau et les années soixante,
aux robes gonflées qui tourbillonnent. Une réussite et beaucoup
de charme.
Cat.S / Theothea.com, le 15/12/11
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DANS LA FOULE
d'après
Laurent
Mauvignier
mise en scène:
Denis Podalydès
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****
Théâtre du Conservatoire
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LIZ MC COMB
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****
Espace Cardin
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Un concert de Liz Mc Comb se présente, assurément, comme
une promesse enivrante de Gospel, de Blues et de Soul music par une des valeurs
du Jazz américain, les plus appréciées sur le vieux
continent.
Aussi, deux heures et demie après que la chanteuse est rentrée
sur la scène de lEspace Cardin dans un halo de lumière
blanche, en présence du ministre de la culture, cette perspective
aura mué en immense satisfaction, tellement lartiste se sera
donnée sans compter à un répertoire transportant
par-delà les rives de son Mississipi natal, depuis les origines
culturelles chantées en famille jusquaux confins légendaires
des solos de Ray Charles et de James Brown.
Entourée par huit musiciens dune qualité à
décoiffer les racines du Rock & Roll, la dame sinstalle
au piano côté jardin alors quen vis à vis,
côté cour, Bobby Fann se place face à un orgue à
trois claviers superposés.
Ainsi, dirigé par un tel binôme à la mémoire
ancrée au sein de lhistoire des chorales déglise
et du Negro-spirituals, le groupe va sanimer en un feeling charnel,
où tous semblent accorder leur rythme à une force surnaturelle,
ô combien présente en chacun deux.
Sur « When the saints
. », Liz, suivie de ses cuivres
plongera dans le public ravi dapprécier la cantatrice, si proche,
parcourir les rangs dorchestre sur un tempo bien balancé pour
«
go marching in ».
Un certain « Gabriel » , accordéoniste
de son état, viendra laccompagner, en guest plutôt candide,
sur « Lhymne à lamour ».
Au cours des nombreux rappels, son producteur français de vingt
ans en collaboration, sera invité sur scène à un salut
professionnel autant quamical, en duo avec son artiste.
En ce mois de décembre, Liz Mc Comb était donc à
Paris pour cinq concerts; la chanteuse, pianiste et compositrice sy
est confirmée, de par son empathie généreuse et son
engagement physique sans réserve, la légitime transmetteuse
patrimoniale du rhythmn blues, en tous ses états
dâme et de feeling.
Theothea le 11/12/11
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