Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.061   à   16.065    Page  287

 

           

           

     

         

64ème Festival de Cannes 2011

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UNE ETOILE ET MOI

      

de & par Isabelle Georges & Frédéric Steenbrink  

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Théâtre Antoine

Tel: 01 42 08 77 71

 

         photos  ©   Ron Rutten

          

Pour découvrir Isabelle Georges, quelle meilleure salle que le théâtre Antoine où l’artiste effectue la reprise du spectacle consacré à Judith Garland créé dix ans auparavant avec son partenaire Frederick Steenbrinck.

Avec ce dernier au piano, le duo fait le show qui, sans doute, met, le plus en valeur, la voix fabuleuse d’Isabelle.

Durant une heure un quart, le rêve américain construit l’un des plus grands mythes d’Hollywood et, en parallèle, élabore la perspective d’une diva outre-Atlantique à la hauteur de son modèle.

Maintes fois, le talent & la compétence polyvalente de la chanteuse-danseuse ainsi que comédienne hors pair ont été célébrés à travers plusieurs spectacles récents comme « L’air de Paris », « Si on chantait », « Décembre », « La French Touche », « Cabaret Terezin », « Padam Padam » etc…

Cependant en 2001, son interprétation dans « Chantons sous la pluie » laissait présager une notoriété de haute volée pourquoi pas mondialisée, tant les dons de la virtuose sont multiples et complémentaires.

Force est de constater que depuis, l’artiste préfère se construire professionnellement au sein d’une compagnie restreinte et artisanale.

Ce qui, en soi, est une option légitime et peut représenter beaucoup d’avantages pour la libre expression et les choix de création…. pourvu que les capacités de l’artiste aient l’opportunité de développer, au fur et à mesure, tout leur potentiel.

Aussi, parvenus à un stade d’exigence où, paradoxalement, les spectacles pourraient se recopier mutuellement, ne serait-il donc pas temps pour l’artiste de laisser son talent se confronter à d’autres points de vue professionnels, différenciés ?

Si la question mérite d’être posée, c’est que, précisément, il est tellement aisé de devenir aficionado « inconditionnel » d’Isabelle Georges qu’il est tout autant nécessaire de lui souhaiter la carrière la plus brillante qu’il puisse être envisageable.

Theothea le 15/12/11

MARC JOLIVET FÊTE 41 ANS DE SCENE !

     

de & par Marc Jolivet

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Salle Gaveau

Tel: 01 49 53 05 07

 

         photo  ©   Gérard Rancinan

     

C’est bien connu, Marc Jolivet a le don de mettre les rieurs de son côté; c’est d’ailleurs sa profession…. de foi, sans aucun doute !… A la salle Gaveau où en 2010, il avait rodé son spectacle fêtant ses 40 ans de métier, l’artiste revient un an plus tard présenter son joyau peaufiné tout au long de la tournée qui s’en suivit.

C’est régal que de le voir, à 61 ans, s’exalter comme un cabri en enchaînant des sketchs inspirés au plus près de l’actualité récente, agrémentée d’un best off de sa production maison, pertinemment remastérisée.

Guidé à la fois par des rails que l’écriture pourrait avoir gravé dans le marbre de l’humour signé « Jolivet & écolo », mais surtout par le sens inné d’une présence au public quasi charnelle, Marc se présente comme un Quichotte de la cause humaniste dans toutes les acceptions gangrenées par un modernisme forcené.

Comme une sorte de Jacques Tati dont les onomatopées se seraient transformées en un carrosse volubile sans tabou, le show man semble dévorer la salle et le public grâce à un discours revu et corrigé au coin du bon sens politique… le sien, bien entendu.

Blacklisté par certains médias, le funambuliste n’en a cure car il avance, confiant en lui-même, sur le fil invisible qu’il tisse entre un imaginaire utopique et la substance poétique de convictions pédago-civiques, en diable.

Adepte de la pirouette rhétorique déguisée en canular, l’artiste termine son spectacle Gaveau 2011, par une tonitruante prédiction:

« Vive 2012, l’année de la partouze ! »

Tout un programme, en guise de vœu oecuménique.

Theothea le 27/12/11

LE SUICIDE

de  Nicolaï Erdman   

mise en scène:  Patrick Pineau   

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Théâtre  MC93

Tel: 01 40 60 72 72   

 

         photo  ©   Philippe Delacroix  

       

A la lecture des critiques théâtrales parues lors de la création du « suicidé » en Avignon 2011, la plupart ressentait l’excellence de cette comédie, de sa mise en scène et de son interprétation, mais beaucoup ressentait également la nécessité d’ajustements de rythme, d’une implication davantage personnalisée et globalement celle d’une maîtrise plus aboutie du délire organisé sur scène, d’autant plus que la « Carrière Boulbon » exigeait un pilotage intime en phase avec son volume colossal.

A Bobigny, a contrario, tout est maintenant tellement au point que la vingtaine de comédiens, tous dans leurs marques, semblent littéralement emportés par une chorégraphie à mille à l’heure dont aucune fausse note ne pourrait ébranler le tempo vaudevillesque.

En outre, c’est, sans aucun doute, un formidable cadeau qu’Eric Elmosnino, à son insu, fit à Patrick Pineau, en renonçant initialement à ce rôle d’antihéros malgré lui, car, à l’instant où son metteur en scène affilié aurait, enfin, fini de peaufiner dans les moindres détails toute sa réalisation, celui-ci aurait, aussi, la jouissive opportunité de se livrer corps et âme au dédoublement du comédien, de façon à exécuter une composition déjantée, digne de toutes les perspectives de Molières 2012.

Ainsi, ce spectacle, complètement abouti, déclenche les rires en cascade, face à tant d’ingénuité pilotée, à la fois par le destin et l’aptitude de l’homme à se laisser berner par les idéologies du moment.

Qu’une tranche de saucisson de foie puisse se muter en un revolver virtuel capable de transformer un quidam en porte-flingue des causes perdues, se révèle à l’unisson d’une formidable parodie de la libre expression.

A l’image mythomaniaque du risque-tout, bardé d’ailes improvisées, se lançant, d’antan, du premier étage de la tour Eiffel pour tenter, sous le regard médiatisé de la foule ébahie, de réaliser, à chance nulle, le rêve d’Icare, ici aussi l’exploit fallacieux se réalise sous nos yeux médusés, afin de flirter avec le grand saut dans l’inconnu tout en jouant à faire semblant car, au-delà du plaisir masochiste de se faire peur à ses dépens, le désir de vivre se révèlera, en définitive, plus important que tout autre considération nihiliste ou imposée par une quelconque stratégie sociopolitique, voire religieuse.

Cependant, dans un pays où « ce qu'un vivant peut penser, seul un mort peut le dire », comment imaginer que l’auteur eût pu avoir pignon sur rue ?

C’est donc en exil de sa création dramatique que Nicolaï Erdman vécut le restant de son époque stalinienne et c’est précisément la distanciation farcesque de son humour qui apparaît à chaque réplique de sa seconde et dernière pièce traduite, en la circonstance, par André Markowicz et dont Patrick Pineau extrait, ainsi, tout ce miel scénographique à plein régime, profitable à son génial travail d’équipe.

Theothea le 07/01/12

SWINGING LIFE

   

de & mise en scène:  Valéry Rodriguez   

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Théâtre L'Alhambra

Tel:  01 40 20 40 25 

 

         photo  ©   Marie-Béatrice Seillant     

   

Si l’engouement pour les comédies musicales pouvait avoir la vertu de faire surgir une véritable appétence culturelle à l’égard de la musique qui swingue, voilà un bénéfice artistique qui, loin d’être secondaire, pourrait constituer un authentique manifeste de la part du public et en conséquence des créateurs portés par cette ambition.

De toutes évidences, Valéry Rodriguez fait partie de ces visionnaires dont l’intuition porte à miser les talents réunis par une intention créatrice au service d’un patrimoine prêt à enflammer toutes les générations.

En effet, si « Le roi Lion » a tenu l’affiche aussi longtemps, comment ne pas imaginer l’un des prolongements possibles à cet immense succès, en faisant collaborer quelques-uns de ses ex-artistes dans la perspective de célébrer la musique noire ?

Tout autant celle du Blues & du Gospel que celle de la Soul et de la Motown se complétant pour fêter le Jazz à travers les comédies musicales ayant enchanté Broadway depuis le siècle dernier:

Aussi, de « Shuffle along » (1921) jusqu’à « Sister act » (2009) en passant par « Porgy and Bess », « The Magicien d'Oz », « Ain’t misbehavin », « Sophisticated ladies »,, « Dreamgirls » ou « La Couleur pourpre », les dix comédiens, tout à la fois chanteurs et danseurs accompagnés sur scène par une formation de six musiciens ( guitares basse & solo, piano et orgue, batterie et cuivre) donneront corps et âme au chant, à la danse ainsi qu’au spectacle vivant, constitutifs en quelque sorte du « rhythm and blues ».

Ainsi, le fil conducteur en serait l’histoire de la musique noire exaltée dans ses heureuses rencontres avec les célèbres shows de l’Amérique de toujours, ayant par la suite conquis le monde entier alors qu’ici, l’intrigue se déclinerait en jeux de rôles interprétant et mimant les paroles, les sentiments et les révoltes évoqués dans ces chansons devenues souvent tubes planétaires.

Alors, si le casting a évolué depuis la création au Trianon en 2009, en fonction des disponibilités et des ajustements artistiques, l’aspiration à la synthèse perfectible ne cesse de présider aux multiples reprises et autres prolongations de ce spectacle, toujours en devenir…. et actuellement donc à l’Alhambra.

Si donc Valéry Rodriguez en est le concepteur initial ainsi que l’excellent maître d’œuvre doublé de son interprétation parodique de la seule présence « blanche » sur scène, à l’exception des musiciens, il nous semblerait néanmoins que ses interventions en « Monsieur Loyal » gagneraient à être recadrées par un regard extérieur.

Sans doute, aussi, serait-il bienvenue qu’une traduction simultanée en sous-titre français puisse s’intégrer à la scénographie…. car celle-ci permettrait une meilleure compréhension de l’enjeu drolatique des sketchs.

A ces bémols près, « Swinging life » est une formidable réjouissance, pleine de feeling et débordant de talents polyvalents… dont le buzz s’évalue en progression exponentielle.

Theothea le 12/01/11

LA FEMME DU BOULANGER

de  Marcel Pagnol   

mise en scène:  Alain Sachs   

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Théâtre Hébertot

Tel:  01 43 87 23 23 

 

         photo affiche  ©  Pixel Pro - Serge Carrié  

   

Président de la cérémonie des Molières en 2011, voici Michel Galabru, étrennant 2012, en costume de boulanger dans son rôle de prédilection pour lequel, tour à tour, Jérôme Savary, 27 ans auparavant, et Alain Sachs, récemment, ont réussi à lui faire admettre qu’« Amable » était devenu, avec le temps, son destin artistique.

En effet, là où Marcel Pagnol avait échoué à lui faire endosser, plus jeune, sur les planches, la succession de Raimu au cinéma, le principe d’évidence aurait finalement fait son œuvre.

C’est pourquoi, si Alain Sachs avait porté l’acteur en triomphe d’audimat pour une unique représentation, lors des fêtes de fin d’année 2010, sur France 2, il leur tardait, à tous les deux, de transposer ce rendez-vous avec le public, sur la scène d’un vrai théâtre où le comédien aurait tout loisir de jouer chaque soir avec sa quatre-vingt dixième année, en toute candeur assumée jusqu’au plébiscite général.

Entouré d’une joviale équipe de méridionaux pur accent, c’est un hymne à la joie qui traverse le théâtre Hébertot, comme porté sur le nuage de la fidélité affective à front renversé.

Telle une fable provençale dont la morale n’aurait de portée que métaphorique, la Pomponnette peut effectivement traverser le plateau, de jardin à cour, pour aller laper son bol de lait, sous les sarcasmes de son maître, c’est bel et bien la boulangère (Dominique Regnier) qui reçoit, 5 sur 5, le message de tendresse à rebours.… et à travers elle, l’ensemble des spectateurs solidaires à 100% avec le fameux cocu de composition.

Ainsi, Michel Galabru est « complètement raccord » avec la preuve par la parodie goguenarde qu’il joue chaque soir sur la palette de nos sentiments tourneboulés par la révolution des mœurs… bien en panne de perspective.

Voici donc l’immense comédien, dans sa superbe interprétation stratégique d’un juste retour sentimental des choses de la vie.  Succès assuré jusqu’à satiété.

Theothea le 13/01/12

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