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SALLE D'ATTENTE
d'après
Lars Noren
mise en scène:
Krystian Lupa
|
***
*
Théâtre de la Colline
Tel: 01 44 62 52 52
|
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photos © Elisabeth
Carecchio
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De Lars Norén à Krystian Lupa, sétablit la
continuité de lexclusion que le second a préféré,
de manière symbolique, représenter au sein des jeunes
générations.
La fameuse place de Stockholm, refuge de tous les marginaux
sétant transformée, en loccurrence, en parking
souterrain tagué aux couleurs dune zone intercommunautaire,
le metteur en scène polonais y inscrit une tranche de non vie, hors
des codes convenus de civilisation.
Trois heures durant qui, au prorata de la déchéance, pourraient
en valoir autant en mois ou en années, les destinées sy
entrechoquent au péril du non sens, si toutefois lhumanité
persistait à spéculer sur une quelconque notion de progrès
de lespèce.
Selon langle adopté par chacun des protagonistes, garçons
ou filles se regardent en chiens de faïence, selon des prismes
kaléidoscopiques que la drogue, lalcool ou autres substituts
à la conscience, leur dessinent de la déchéance, avec
une complaisance assumée dans le vertige de la liberté
absolue.
Ni droit, ni morale ne viennent réguler la succession des rencontres
quotidiennes avec le défi de survivre à un passé
forcément mythomaniaque et qui, paradoxalement, pourrait, à
lui seul, assurer la raison de vivre linstant présent.
Travaillant dans limprovisation réécrite, en monologue
intérieur adapté par chacun des comédiens
sélectionnés pour cette expérience théâtrale
hors normes, Krystian Lupa donne, pareillement, au spectateur
lopportunité de choisir son camp, celui de lobservateur
délibérément distancié ou celui dêtre
aussi acteur malgré soi.
En effet, si une ligne rouge ceint le volume scénographique
séparant délibérément les planches du quatrième
mur, lensemble des acteurs viendront tour à tour sasseoir
sur cette frontière intangible en bord de scène, invitant ainsi
ostensiblement le public à faire, avec eux, le saut dans un monde
inconnu mais pas nécessairement contraire à lauthentique
quête identitaire.
Au demeurant, selon une hébétude cultivée en force
dionysiaque, semble délever au-dessus de ce happening denfer,
une impalpable sérénité de la part de cette quinzaine
de jeunes comédiens, sépargnant, ainsi, autant de
galère substitutive.
Theothea le 16/01/12
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ZOLTAN
de Aziz
Chouaki
mise en scène:
Véronique Bellegarde
|
****
Théâtre des Amandiers
Tel: 01 46 14 70 50
|
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photo © Philippe Delacroix
|
Rien que pour linterprétation du personnage de
« Zoltan » par Patrick Mille, la pièce éponyme
dAziz Chouaki se donne des allures de commedia dellarte alors
même que le syndrome de mythomanie serait entrain de contaminer la
population dun bar perdu au milieu dune guerre de nulle part
et donc symboliquement de toutes les guerres.
Comment tromper à la fois la peur, lennui et le désir
de vivre, alors quà chaque instant la fatalité peut vous
exploser à la tête ?
Comment donner du sens à ce qui, de toutes façons, nen
a plus alors que la méfiance de tout un chacun est devenue le seul
viatique qui vaille face à linfortune en devenir ?
Zoltan, lui, a tout compris de cet imbroglio existentiel ou, en tout cas,
feint den tirer les marrons du feu.
En sinventant délibérément une seconde vie
avec le Gotha international, laventurier fait, à proprement
parler, de la télé-réalité, cest-à-dire
quil met la réalité à distance de lui-même,
tout en cristallisant lattention générale sur les images
virtuelles dun show-biz fantasmé
avec lintention
louable de divertir ses interlocuteurs de linsupportable..
A la manière dun Arsène Lupin qui aurait pigé
quil pouvait mettre « lopium du People »
au service de lélégance du geste oratoire, Zoltan se
lance dans une croisade contre les forces obscures, en utilisant les
« vessies » de la renommée
. en guise de
lanternes.
Cependant, à force « de vendre du vent et des
voiles »(sic), la parole affabulatrice se sent des ailes,
forcément peu enclines aux prudences élémentaires que
nécessite la maîtrise du faux-semblant.
Aussi, à ce jeu de bluff avec la crédulité de chacun,
le risque serait grand de se prendre les pieds dans le tapis des versions
successives dune mythomanie en expansion débridée.
Comme dans la vraie vie, le piège le plus redoutable pourrait
être celui de lAmour qui rend aisément sourd et aveugle
à ses propres contradictions.
La fantasmagorie de la fable nétant jamais totalement à
labri dune balle perdue, serait-ce donc au hasard de décider
si les dés en folie feraient de ce Don Quichotte, un Kamikaze ?
Theothea le 15/01/12
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LE BOURGEOIS
GENTILHOMME
de
Molière
mise en scène:
Marcel Maréchal
|
****
Théâtre 14
Tel: 01 45 45 49 77
|
Marcel Maréchal est devenu une Institution nationale, à
lui seul, et rien quà ce titre, il est fort légitime
quil incarne lantihéros emblématique de Molière,
à savoir « Monsieur Jourdain ».
Cependant avec le temps et la pratique, le metteur en scène a acquis
une vision particulièrement originale du personnage ambitionnant,
par-dessus tout et tous, dêtre « Bourgeois
gentilhomme ».
Si celui-là ne dénie pas la pertinence du portrait
traditionnellement pétri de suffisance acariâtre permettant
à celui-ci de sélever artificiellement dans la
hiérarchie sociale de lépoque, lex-directeur des
Tréteaux de France perçoit son « bonhomme »
comme un « clown lunaire » jouant à être
« roi-enfant ».
Incontestablement, il est fort intéressant de tirer parti dun
tel angle poétique au regard de la fantasmagorie qui entoure cette
pièce ô combien délirante; cependant à analyser
limpact dune mise en scène conçue dans cette
perspective, sa force comique se révèle, a posteriori, moins
efficace.
Certes, il n y pas de contresens psychologique ou artistique à
considérer Monsieur Jourdain comme un adulte immature, ayant
conservé son âme denfant, sétonnant de
découvrir tous les ressorts cachés de la connaissance, à
travers les caprices de celui qui voudrait tout, tout de suite pour lui et
sa famille.
Toutefois, cet aspect fantasque assumé par une joyeuse complaisance
à légard de soi-même possède, de manière
inhérente, linconvénient dédulcorer
lidéologie monomaniaque de Jourdain ainsi que son obsession
bornée à vouloir sélever au-dessus de lui-même
et, par conséquence diminue dautant, la dimension totalement
ridicule du personnage
. fort comique pour le public.
Vouloir faire de Jourdain, un doux rêveur adepte de toutes les
fantaisies pour échapper au réalisme de sa condition,
savère beaucoup moins drôle que linterprétation
classique du texte de Molière.
Mais pourquoi pas, en définitive ?
En effet, cette vision créative de Marcel Maréchal fait
salle pleine au Théâtre 14 et donne, en quelque sorte, le beau
rôle à toute léquipe qui lentoure, en offrant
à chacun, par exemple Agnès Host (Madame Jourdain) ou Liana
Fulga (Dorimène), lopportunité de tirer les marrons du
feu au sein dun spectacle délibérément
« grand guignol »
fort réjouissant.
Theothea le 18/01/12
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GRATIN DE FAMILLE
de
Marie
Montoya
mise
en scène:
Lucie
Muratet
|
****
Théâtre du Petit Saint-Martin
Tel: 01 42 02 32 82
|
Si les générations du « Baby Boom »
portent lesprit de révolte de 68, en étendard de
leur jeunesse, celles de la fin du siècle dernier, qui leur ont
succédé, se sont plus volontiers réfugiées, a
posteriori et par réaction autant affective quexistentielle,
dans le macrocosme revendiqué de
« ladulescence » dont elles arborent les stigmates
avec une fierté inégalée.
Tout y passe à la moulinette de la nostalgie actualisée
en temps réel: Que ce soit lunivers pratique du quotidien, celui
des amours, celui des perspectives culturelles et, en général,
celui de la communication en ligne avec la contemporanéité
!
Cest ainsi que pour « les enfants des enfants de mai
68 », le cocooning familial a pris le pas sur tout autre
considération idéologique sans que le filtre du soi-disant
bon goût ait eu droit de préemption.
Bien au contraire, le royaume du kitsch y a pris ses quartiers
résidentiels avec une délectation à nulle autre satisfaction
similaire.
Par exemple, les programmes de télévision des décennies
70 à 90 ayant pour cible la jeunesse sont placés au pinacle
des références clefs pour se plonger dans le phénomène
de laddiction ressassée jusquà la transe collective.
« Le gratin » de Marie Montoya sengouffre totalement
dans cette fantasmagorie de prédilection générationnelle
avec, il faut le dire, demblée, une propension à la contagion
spontanée, tellement le phénomène prend des tournures
irrésistibles, y compris dans lhumour et lautodérision
au énième degré.
Bien entendu, on ne repeint pas ses propres « 20 ans »
aux couleurs dautres modes que les siennes mais le concept de famille
étant doué de tant de contradictions internes que celui-ci
semble prêt à sadapter à toutes les sauces
abracadabrantes de la chaîne généalogique, ingurgitant
chaque époque, au profit dun rire, ô combien
fédérateur.
Alors, au Petit Saint-Martin, Marie a pris le réfrigérateur
comme fil conducteur de son récit, en le multipliant en autant de
clones scénographiques quil pourrait y avoir de portes
métaphoriques vers le soulagement des tensions intimes pendant que
le clown, son alter ego, s'amuse à distiller les secrets de cette
chaîne du froid.
Ainsi, au fil dune hécatombe parentale, Marie va se faire
sa propre loi du divertissement, lui, rappelant sans cesse les joyeux moments
passés en fratries jusquà ce quelle ressente la
motivation et lenvie de remettre « le
couvert »
pour perpétuer, à son tour, le
repas de la vie !
Theothea le 19/01/12
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LA PROMESSE DE L'AUBE
de Romain
Gary
mise
en scène:
Bruno
Abraham-kremer & Corine Juresco
|
****
Théâtre du Petit Saint-Martin
Tel: 01 42 02 32 82
|
Après « La vie sinon rien » spectacle tiré
du roman dEmile Ajar, alias Romain Gary, Bruno Abraham Kremer adapte,
met en scène et surtout interprète cette promesse dun
jour nouveau !
Déjà moliérisé en 2006 avec
« LAmérique », il incarne physiquement ce
beau texte écrit en 1960, qui relate le rapport enfant, adolescent
puis adulte de Romain Gary avec sa mère, personnage central et
omniprésent dans ce récit mi-romancé,
mi-autobiographique.
A plus de quarante ans, lécriture de Romain Gary.
sinterroge sur lêtre quil est devenu et ce quil
doit à cette mère courageuse, ancienne comédienne sans
éclat, qui a fait plusieurs petits boulots à Varsovie pour
subvenir aux études de lenfant unique et, par la suite, pris
la gérance, dun petit hôtel à Nice, alors qu
il avait 14 ans.
Cette fameuse France quelle a fait miroiter à son fils depuis
toujours, quelle vénère, lieu mythique dun destin,
hors normes, pour un homme exceptionnel, autrement dit son fiston, quelle
voit ambassadeur, académicien ou pourquoi pas grand écrivain.
Oui, cest en France quil se fera remarquer, deviendra
célèbre, connaîtra la gloire et sera heureux.
Elle reporte sur lui ses ambitions frustrées et lui, pour
lhonorer, ira à Paris effectuer des études de droit et
sengagera pour sauver ce pays devenu le sien lors de la seconde guerre
mondiale.
Ainsi, il cherche à tenir la promesse originelle et donner un sens
aux sacrifices de sa mère, en accomplissant tout ce quelle aspirait
de haut pour lui.
Dans cette perspective, Bruno Abraham Kremer nous entraîne dans
une relation duelle, de mère à fils, en interprétant,
lui-même, les deux personnages.
A linstar du nom de sa compagnie « Le Théâtre
de lInvisible » créée par lui-même,
lacteur se glisse imperceptiblement dans la peau de ces deux fortes
personnalités pour extraire la moelle intime de leur relation.
Tel un boxeur sur le ring, seul du début à la fin du spectacle,
avec parfois en fond sonore la voix trouble de « la
mère » sortant dune enceinte et une musique lancinante,
celle dune clarinette, instrument quelle affectionnait
particulièrement, le comédien assène des coups pour
faire surgir la mémoire.
En interprétant son alter ego maternel avec laccent slave,
lauteur Romain Gary se dévoile peu à peu, en
révélant, ainsi au fur et à mesure, ce quil est
devenu en raison des projections délirantes de la mère sur
le fiston.
Sur la scène du petit Saint-Martin, les fils de la mémoire
se dénouent dans cet espace délimité par des enceintes
que linterprète franchit, enjambe, grimpe, traversant lespace
temps, du petit enfant timide à ladolescent angoissé
jusquà ladulte, devenu compagnon de la Libération,
puis Consul général de France.
Bruno Abraham Kremer, très physique, se déplace, court,
saute pour revenir au centre de ce cirque in situ, où est
érigé un tabouret piédestal, endroit sur lequel le
personnage doit tenter de se hisser en permanence, conformément au
vu de la mère.
Une fusion émouvante sinstalle tout au long de cette
traversée des souvenirs du jeune enfant à lhomme courageux.
Et bien sûr, lhumour accompagne la saga cocasse de cette
mère despotique, dominatrice à limagination débordante,
qui donne littéralement à voir ce qui nexiste pas.
Le fantasme par lequel Gary est accaparé, cest celui initié
par sa mère. Sa destinée est liée intrinsèquement
à lamour maternel.
Bruno Abraham Kremer nous rend toute la subtilité, la justesse,
de ces deux êtres hauts en couleur. Il est tout simplement bouleversant.
Cat.S / Theothea.com, le 26/01/12
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