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Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.086   à   16.090    Page  292

 

       

                                

             

     

         

64ème Festival de Cannes 2011

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LES BONOBOS

     

de & mise en scène:   Laurent Baffie   

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Théâtre du Palais-Royal   

Tel:  01 42 97 40 00

 

                    photo  ©   Bernard Richebé 

     

Bravo l’artiste, habituellement si prolixe, de s’être choisi le rôle du muet pour incarner auprès de ses deux camarades respectivement sourd et aveugle, la transgression du handicap dans toutes ses ébriétés.

Laurent Baffie, puisque c’est de lui dont il s’agit, est bel et bien, le seul maître à bord de ses « Bonobos » qu’il a écrit et mis en scène au Palais-Royal mais en toute humilité assumée, on ne l’entendra pas de la soirée si ce n’est pour célébrer ses partenaires lors des applaudissements.

Totalement absorbé par leur désir de copuler selon les modalités de l’amour non tarifé, nos trois singes emblématiques de cette obsession récurrente vont s’engager dans une aventure où l’ingéniosité sera la mère de toutes les batailles pour gagner, en définitive, la liberté d’être soi-même.

Comédie du faux-semblant par l’excellence de la performance, cette authentique pièce de théâtre, exclusivement non-interactive si ce n’est par les rires qu’elle ne cesse de susciter, développe le concept de technologies parallèles « bricolées » pour compenser l’usage, celui-ci de la parole, celui-là de l’audition ou l’autre de la vue.

Mais c’est surtout grâce à l’appui et à la complicité infaillible des trois acolytes entre eux que le trio va effectuer ses conquêtes féminines en organisant et en répartissant les fonctions complémentaires nécessaires au trompe-l’œil de la réussite.

Défier le handicap au point de cerner celui-ci dans sa vraisemblance dysfonctionnelle, voilà la mission que Benjamin, Dani et Alex se sont donnée en forme de pacte pour parvenir à séduire la gente féminine, si possible, le plus naturellement du monde.

Bien entendu, leurs affaires amoureuses ne vont pas nécessairement tourner à l’avantage de procédés s’inspirant de l’usine à gaz et de dispositifs propices au sac de nœuds.

Toutefois, sur le plan de la symbolique, le tour sera tellement bien joué qu’ils récolteront au bout compte l’empathie joyeuse et l’admiration de tous, à commencer par l’ensemble des spectateurs ravis que, face aux trois compères, trois jeunes femmes ne s’en laissent pas aisément compter bluette, faute de discernement critique.

Quelque part entre la méthode Coué et le déni libérateur, l’attitude prêtée par Laurent Baffie, à l’égard de ses six antihéros, mériterait  le Molière souriant de la « bravitude ».

Theothea le 29/02/12

IL FAUT JE NE VEUX PAS

de Alfred de Musset & Jean-Marie Besset  

mise en scène:  Jean-Marie Besset

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Théâtre de l'Oeuvre   

Tel:  01 44 53 88 84   

 

             visuel affiche -  photo  ©  Marc Ginot

                      

Après sa création à Montpellier, un diptyque de choc Musset-Besset est à l'affiche à Paris, au Théâtre de l’Oeuvre avec un curieux adage pour titre : « Il faut je ne veux pas », sorte de maxime composée de 2 propositions antagonistes :

« Il faut » marque une obligation, une nécessité mais cette brève formule est contrebalancée par un « je ne veux pas » marquant une volonté individualiste qui vient se heurter au devoir moral.

Ce titre excentrique est dû à la juxtaposition de deux textes soumis au dilemme que suscite cette alternative comportementale conjuguée au masculin-féminin.

Jean-Marie Besset met en parallèle un texte de Musset « Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée » et un texte écrit par lui : « je ne veux pas me marier ».

Dans les deux cas, l’amour déclaré par l’homme est mis à rude épreuve par la gente féminine.

Dans la pièce de Musset, la marquise, jeune veuve, se moque de son prétendant, elle ne se contente pas de badinage ou de bluette au sujet de sa joliesse ou de son charme.

Elle se méfie et veut avoir affaire à de sincères sentiments; il lui faut le gage du mot rassurant de mariage, qu’elle extorquera en malmenant le comte qui, devant les ruses de la dame, doit ouvrir la porte pour partir ou la refermer si son choix est bien de l’épouser; pas d’alternative possible, on ne reste pas entre deux portes en plein courant d’air.

Chez Besset, notre damoiselle de trente ans, en robe Piet Mondrian, est une vraie contemporaine de notre siècle, étudiante en mathématiques, qui, à la veille de l’engagement marital, va jouer et prendre le risque de tout remettre en cause et peut-être briser un amour apparemment sans faille.

Le jeu espiègle devient, ici, joute verbale et même physique, la jeune femme se rebelle; son fiancé, croyant lui faire plaisir, est véritablement pris au dépourvu, en la rejoignant ce soir, par surprise à la veille de leurs noces, car elle le met directement en cause:

Pourquoi n’est-il pas avec ses copains ? Pour sa part, elle aspirait à une solitude réflexive.

De cette fortuite irruption en découlera un rejet inattendu de l’institution du mariage.

Ces mises à l’épreuve se passent, en une même unité de lieu, dans un appartement bourgeois parisien avec vue sur le Parc Monceau d’où seuls quelques éléments de décor et du mobilier, tel un lit à même le sol remplaçant le canapé Louis-Philippe et une chambre en désordre remplaçant le salon aristocrate, suggèrent le passage du 19 au 21ème siècle.

Situant, donc, les deux confrontations dans ce même lieu, le metteur en scène permettra aux fantômes romantiques d'observer, tels des voyeurs, les héros d'aujourd'hui, par un jeu d’apparences derrière la transparence d’un mur.

Le même comédien joue dans les deux pièces, car le prétendant, même s’il est aujourd’hui un mordant financier nommé Tigrane, n’a-t-il pas un comportement semblable, à deux siècles de distance, devant sa promise ? Ne serait-il pas ce conquérant éternel avec des désirs de possession, qui ne sait toujours pas ce qu’une femme attend d’une relation en couple ?

Adrien Melin sera cet homme chahuté, un peu engoncé chez Musset face à la malicieuse cruauté de la marquise, blonde et espiègle Blanche Leleu; il deviendra plus séducteur et pétillant en homme moderne face à la cérébrale mathématicienne, tonique et sensitive brune Chloé Oliverès qui, avec son « je ne veux pas » devant le code social, exprime son envie de modeler le désir de l’autre sexe, en refusant définitivement la tutelle masculine.

Très rohmérien, Jean-Marie Besset, dans une transition progressive entre deux époques, montre, avec finesse et élégance, deux révoltes féminines épousant respectivement leur siècle qui, à la fois malignes et intelligentes, pourront aboutir à leurs fins, en un similaire élan de détermination et d’interrogation soit, selon le cas, pour conclure au mariage, soit pour y renoncer.

Cat.S / Theothea.com, le 08/03/12

L'ENVERS DU DECOR

     

de & mise en scène:  Florence Andrieu & Flannan Obé

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Théâtre du Ranelagh   

Tel:  01 42 88 64 44   

 

                    photo  ©   Matthieu Salas 

                    

Retournée comme un gant à fleur de peau, l’opérette va se donner au public du Ranelagh, en duo de recomposition intime… par quasi inadvertance.

En effet, Le baryton et la soprano, séparés depuis sept ans, doivent se retrouver sur scène, à la suite d’une subite défection d’un collègue chanteur.

Sans répétition ou autre concertation artistique, Frédéric et Elisabeth, projetés à leur corps défendant, comptent sur leur expérience professionnelle aguerrie et, donc, sur leurs réflexes acquis pour assurer une représentation exemplaire sous l’auspice du maire d’un petit théâtre provincial.

Toutefois, à leur insu, ce sont tous les contentieux de leur ex-couple non réglés et autres reproches personnels jamais formulés qui fuseront, tout au long de la soirée, tels des lapsus scénographiques auxquels il sera nécessaire, pour chacun d’entre eux, de trouver une parade dans l’instant, de façon à ce que les spectateurs du premier degré ne se rendent compte de rien.

Bien entendu, nous, les spectateurs du second degré, jouiront doublement de ce spectacle dans le spectacle, rendant comparses les deux virtuoses accompagnés d’ Yves Meierhans, leur pianiste attitré, devenu tout à la fois confident et faire-valoir de leurs déboires sentimentaux, si universels.

De cour à jardin, tout autant que du fond à l’avant-scène, les deux protagonistes devront rivaliser, avec leurs armes vocales, pour brouiller les cartes conventionnelles de l’Opéra-comique, à travers des sketchs grand-guignolesques dont les vedettes du cinéma muet étaient tellement friands et coutumiers.

Ce spectacle burlesque, créé en Avignon, 4 ans auparavant, ne cesse, depuis, d’être repris en s’adaptant à de multiples retouches perfectionnistes dont Florence Andrieu et Flannan Obé s’amusent à susciter pour mieux faire perdurer leurs disputes de composition à la fois mi-conjugale et mi-professionnelle, sur fond de récital authentiquement lyrique.

Theothea le 28/02/12     

LO SPEZIALE

de  Carlo Goldoni  

mise en scène:  Anne-Marie Lazarini    

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Théâtre  Artistic Athévains   

Tel:  01 43 56 38 32     

 

                    photo  ©   Marion Duhamel   

                  

Le Théâtre Artistic Athévains propose un opéra bouffe, 3ème œuvre lyrique de Haydn créée en 1768, d’après un livret de Carlo Goldoni « Lo speziale « au titre curieux qui sonne comme un nom de pizza, et mis en scène par la directrice de ce théâtre Anne-marie Lazarini qui avait déjà monté il y a quelques années Les Amoureux du grand dramaturge italien.

« Lo speziale « signifie l’apothicaire, l’herboriste, celui qui prépare les potions magiques pour soigner les gens. Ici, sa boutique est plongée dans un magnifique décor vénitien aux teintes ocres de François Cabanat.

Arrivent sur la scène 5 personnages, drapés de noir, suggérant la période du Carnaval, qui contempleront l’acqua alta d’un canal, avant de retirer leurs masques et, revêtus de beaux costumes 18ème siècle, s’installeront face à la boutique, sur une terrasse, pour former l’orchestre de cet opéra, dirigé par une femme Andrée-Claude Brayer, au piano. Belle idée qui permettra des interactions entre les instrumentistes et les chanteurs-comédiens.

La trame de l’histoire est simple; l’apothicaire Semporio et son assistant Mengone, convoitent Grilletta, une ravissante jeune femme laquelle est également courtisée par Volpino, homme riche et arrogant. Désireux de parvenir à leurs fins, les trois hommes passeront par divers déguisements, travestissements et jusqu’aux turqueries comme en voit chez Molière; après de nombreux rebondissements, le plus pauvre mais sincère amoureux sera finalement gagnant et obtiendra la main de Grilletta.

Karine Godefroy, lumineuse soprano, incarne Grilletta avec fougue et sa voix, au timbre riche, enchante et subjugue. Auprès d'elle, Xavier Mauconduit, l’amoureux transi Mengone, est un ténor au jeu scénique inspiré. Laurent Herbaut est Volpino, baryton de classe, lui aussi, se révèle un acteur facétieux et drôle. Enfin, l’apothicaire est Jean-François Chiama, sensible ténor.

Musiciens (trio à cordes, un hautbois et un cor) et chanteurs rythment une œuvre malicieuse, légère et pleine de charme, faisant une belle place aux scènes cocasses et nombreux stratagèmes.   

Cat.S / Theothea.com, le 20/03/12

LADY OSCAR

de   Guillaume Melanie

mise en scène:  Eric Civanyan

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Théâtre de la Renaissance   

Tel: 01 42 08 18 50    

 

                    photo  ©  Theothea.com 

                

Associer « Lear », « Renaissance » et « Oscar », c’est comme, à peu de choses près, conquérir Hollywood, gagner la récompense suprême et être plébiscitée « Reine ».

Il faut dire, qu’en amont, la couronne de cette folle Amanda, sous contrôle, avait été façonnée durant les deux saisons précédentes, en semant une véritable panique au ministère des Théâtres affichant complet à chaque représentation.

Cependant, pour bien moins qu’une jauge hors compétition, la Divine aurait pris goût au jeu des planches mais, dans cette rencontre charnelle avec le public, plus question désormais de lâcher la proie du spectacle vivant pour l’ombre des caméras vidéo.

C’est donc, promis et annoncé officieusement, la Souveraine ferait son retour triomphant lors de la prochaine saison, carrément au Palais-Royal, dans une nouvelle pièce créée pour son sacre, en forme de première apothéose.

Toutefois d’ici-là, point question de se reposer sur des lauriers prometteurs, et voici donc sa carrière artistique qui embraye immédiatement sur une reprise en trompe-l’œil, au goût d’ « Oscar dry » conjugué au féminin majoritaire.

D’ailleurs, si jamais le diable devait s’habiller en Reine du disco, personne ne doute qu’il eût choisi cette cure de jouvence pour modèle de prêt-à-porter, mais puisque, en point de mire, c’est l’immense Louis de Funès qui tiendrait, ici, le rôle du maître étalon, il fallait qu’Amanda Lear, oui c’est elle que nous célébrons entre ces lignes, transgresse les superlatifs au point d’inverser la tentation du machisme outrancier pour en composer un hymne haute couture, exclusivement à la main de l’autre sexe.

Forte de son expertise en postures mondaines de tout poil, il devenait évident qu’un jeu de trois valises musicales suffirait amplement à embarquer le public, loin de tout bouclier lexical du rire, pour une croisière annuelle sans pause éligible au titre suprême…. par exemple, celui des Molières ? Allez savoir !….

Bien entourée a parité par six comédiennes et comédiens, au rythme d’une adaptation sur mesure signée Guillaume Melanie, Lady Lear décoiffe les codes du succès… tout simplement parce que c’est elle et qu’elle le vaut bien.

Theothea le 03/03/12     

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