Les
Chroniques
de
 |
 |

16ème
Saison
Chroniques 16.086
à
16.090 Page
292
64ème
Festival de
Cannes
2011
Images par
image
Les
MOLIERES
2011
Les Nominations
Score des Lauréats
Le point de vue de
Theothea
R E V I V A L
Wight ! + 40 années
après
Toutes
nos
critiques
2011 -
2012
Les
Chroniques
de
Theothea.com
sur
THEA
BLOGS
Recherche
par mots-clé
THEA
BLOGS
|
LES BONOBOS
de & mise en scène: Laurent Baffie
|
****
Théâtre du Palais-Royal
Tel:
01
42 97 40 00
|
Bravo lartiste, habituellement si prolixe, de sêtre
choisi le rôle du muet pour incarner auprès de ses deux camarades
respectivement sourd et aveugle, la transgression du handicap dans toutes
ses ébriétés.
Laurent Baffie, puisque cest de lui dont il sagit, est bel
et bien, le seul maître à bord de ses
« Bonobos » quil a écrit et mis en scène
au Palais-Royal mais en toute humilité assumée, on ne
lentendra pas de la soirée si ce nest pour
célébrer ses partenaires lors des applaudissements.
Totalement absorbé par leur désir de copuler selon les
modalités de lamour non tarifé, nos trois singes
emblématiques de cette obsession récurrente vont sengager
dans une aventure où lingéniosité sera la mère
de toutes les batailles pour gagner, en définitive, la liberté
dêtre soi-même.
Comédie du faux-semblant par lexcellence de la performance,
cette authentique pièce de théâtre, exclusivement
non-interactive si ce nest par les rires quelle ne cesse de susciter,
développe le concept de technologies parallèles
« bricolées » pour compenser lusage, celui-ci
de la parole, celui-là de laudition ou lautre de la vue.
Mais cest surtout grâce à lappui et à
la complicité infaillible des trois acolytes entre eux que le trio
va effectuer ses conquêtes féminines en organisant et en
répartissant les fonctions complémentaires nécessaires
au trompe-lil de la réussite.
Défier le handicap au point de cerner celui-ci dans sa vraisemblance
dysfonctionnelle, voilà la mission que Benjamin, Dani et Alex se sont
donnée en forme de pacte pour parvenir à séduire la
gente féminine, si possible, le plus naturellement du monde.
Bien entendu, leurs affaires amoureuses ne vont pas nécessairement
tourner à lavantage de procédés sinspirant
de lusine à gaz et de dispositifs propices au sac de
nuds.
Toutefois, sur le plan de la symbolique, le tour sera tellement bien
joué quils récolteront au bout compte lempathie
joyeuse et ladmiration de tous, à commencer par lensemble
des spectateurs ravis que, face aux trois compères, trois jeunes femmes
ne sen laissent pas aisément compter bluette, faute de discernement
critique.
Quelque part entre la méthode Coué et le déni
libérateur, lattitude prêtée par Laurent Baffie,
à légard de ses six antihéros, mériterait
le Molière souriant de la
« bravitude ».
Theothea le 29/02/12
|
IL FAUT JE NE VEUX PAS
de Alfred de Musset & Jean-Marie Besset
mise en scène:
Jean-Marie
Besset
|
****
Théâtre de l'Oeuvre
Tel: 01 44 53 88 84
|
|
visuel affiche -
photo © Marc Ginot
|
Après sa création à Montpellier, un diptyque de choc
Musset-Besset est à l'affiche à Paris, au Théâtre
de lOeuvre avec un curieux adage pour titre : « Il faut
je ne veux pas », sorte de maxime composée de 2 propositions
antagonistes :
« Il faut » marque une obligation, une
nécessité mais cette brève formule est contrebalancée
par un « je ne veux pas » marquant une volonté
individualiste qui vient se heurter au devoir moral.
Ce titre excentrique est dû à la juxtaposition de deux textes
soumis au dilemme que suscite cette alternative comportementale conjuguée
au masculin-féminin.
Jean-Marie Besset met en parallèle un texte de Musset « Il
faut quune porte soit ouverte ou fermée » et un texte
écrit par lui : « je ne veux pas me marier ».
Dans les deux cas, lamour déclaré par lhomme
est mis à rude épreuve par la gente féminine.
Dans la pièce de Musset, la marquise, jeune veuve, se moque de
son prétendant, elle ne se contente pas de badinage ou de bluette
au sujet de sa joliesse ou de son charme.
Elle se méfie et veut avoir affaire à de sincères
sentiments; il lui faut le gage du mot rassurant de mariage, quelle
extorquera en malmenant le comte qui, devant les ruses de la dame, doit ouvrir
la porte pour partir ou la refermer si son choix est bien de
lépouser; pas dalternative possible, on ne reste pas entre
deux portes en plein courant dair.
Chez Besset, notre damoiselle de trente ans, en robe Piet Mondrian, est
une vraie contemporaine de notre siècle, étudiante en
mathématiques, qui, à la veille de lengagement marital,
va jouer et prendre le risque de tout remettre en cause et peut-être
briser un amour apparemment sans faille.
Le jeu espiègle devient, ici, joute verbale et même physique,
la jeune femme se rebelle; son fiancé, croyant lui faire plaisir,
est véritablement pris au dépourvu, en la rejoignant ce soir,
par surprise à la veille de leurs noces, car elle le met directement
en cause:
Pourquoi nest-il pas avec ses copains ? Pour sa part, elle aspirait
à une solitude réflexive.
De cette fortuite irruption en découlera un rejet inattendu de
linstitution du mariage.
Ces mises à lépreuve se passent, en une même
unité de lieu, dans un appartement bourgeois parisien avec vue sur
le Parc Monceau doù seuls quelques éléments de
décor et du mobilier, tel un lit à même le sol
remplaçant le canapé Louis-Philippe et une chambre en
désordre remplaçant le salon aristocrate, suggèrent
le passage du 19 au 21ème siècle.
Situant, donc, les deux confrontations dans ce même lieu, le metteur
en scène permettra aux fantômes romantiques d'observer, tels
des voyeurs, les héros d'aujourd'hui, par un jeu dapparences
derrière la transparence dun mur.
Le même comédien joue dans les deux pièces, car le
prétendant, même sil est aujourdhui un mordant financier
nommé Tigrane, na-t-il pas un comportement semblable, à
deux siècles de distance, devant sa promise ? Ne serait-il pas ce
conquérant éternel avec des désirs de possession, qui
ne sait toujours pas ce quune femme attend dune relation en couple
?
Adrien Melin sera cet homme chahuté, un peu engoncé chez
Musset face à la malicieuse cruauté de la marquise, blonde
et espiègle Blanche Leleu; il deviendra plus séducteur et
pétillant en homme moderne face à la cérébrale
mathématicienne, tonique et sensitive brune Chloé Oliverès
qui, avec son « je ne veux pas » devant le code social,
exprime son envie de modeler le désir de lautre sexe, en refusant
définitivement la tutelle masculine.
Très rohmérien, Jean-Marie Besset, dans une transition
progressive entre deux époques, montre, avec finesse et
élégance, deux révoltes féminines épousant
respectivement leur siècle qui, à la fois malignes et
intelligentes, pourront aboutir à leurs fins, en un similaire élan
de détermination et dinterrogation soit, selon le cas, pour
conclure au mariage, soit pour y renoncer.
Cat.S / Theothea.com, le 08/03/12
|
L'ENVERS DU DECOR
de & mise en scène:
Florence
Andrieu & Flannan Obé
|
****
Théâtre du Ranelagh
Tel: 01 42 88 64 44
|
Retournée comme un gant à fleur de peau, lopérette
va se donner au public du Ranelagh, en duo de recomposition intime
par quasi inadvertance.
En effet, Le baryton et la soprano, séparés depuis sept
ans, doivent se retrouver sur scène, à la suite dune
subite défection dun collègue chanteur.
Sans répétition ou autre concertation artistique,
Frédéric et Elisabeth, projetés à leur corps
défendant, comptent sur leur expérience professionnelle aguerrie
et, donc, sur leurs réflexes acquis pour assurer une représentation
exemplaire sous lauspice du maire dun petit théâtre
provincial.
Toutefois, à leur insu, ce sont tous les contentieux de leur ex-couple
non réglés et autres reproches personnels jamais formulés
qui fuseront, tout au long de la soirée, tels des lapsus
scénographiques auxquels il sera nécessaire, pour chacun
dentre eux, de trouver une parade dans linstant, de façon
à ce que les spectateurs du premier degré ne se rendent compte
de rien.
Bien entendu, nous, les spectateurs du second degré, jouiront
doublement de ce spectacle dans le spectacle, rendant comparses les deux
virtuoses accompagnés d Yves Meierhans, leur pianiste attitré,
devenu tout à la fois confident et faire-valoir de leurs déboires
sentimentaux, si universels.
De cour à jardin, tout autant que du fond à
lavant-scène, les deux protagonistes devront rivaliser, avec
leurs armes vocales, pour brouiller les cartes conventionnelles de
lOpéra-comique, à travers des sketchs grand-guignolesques
dont les vedettes du cinéma muet étaient tellement friands
et coutumiers.
Ce spectacle burlesque, créé en Avignon, 4 ans auparavant,
ne cesse, depuis, dêtre repris en sadaptant à de
multiples retouches perfectionnistes dont Florence Andrieu et Flannan Obé
samusent à susciter pour mieux faire perdurer leurs disputes
de composition à la fois mi-conjugale et mi-professionnelle, sur fond
de récital authentiquement lyrique.
Theothea le 28/02/12
|
LO SPEZIALE
de Carlo Goldoni
mise en scène: Anne-Marie
Lazarini
|
****
Théâtre Artistic
Athévains
Tel: 01
43 56 38 32
|
Le Théâtre Artistic Athévains propose un opéra
bouffe, 3ème uvre lyrique de Haydn créée en 1768,
daprès un livret de Carlo Goldoni « Lo speziale
« au titre curieux qui sonne comme un nom de pizza, et mis en
scène par la directrice de ce théâtre Anne-marie Lazarini
qui avait déjà monté il y a quelques années Les
Amoureux du grand dramaturge italien.
« Lo speziale « signifie lapothicaire,
lherboriste, celui qui prépare les potions magiques pour soigner
les gens. Ici, sa boutique est plongée dans un magnifique décor
vénitien aux teintes ocres de François Cabanat.
Arrivent sur la scène 5 personnages, drapés de noir,
suggérant la période du Carnaval, qui contempleront lacqua
alta dun canal, avant de retirer leurs masques et, revêtus de
beaux costumes 18ème siècle, sinstalleront face à
la boutique, sur une terrasse, pour former lorchestre de cet opéra,
dirigé par une femme Andrée-Claude Brayer, au piano. Belle
idée qui permettra des interactions entre les instrumentistes et les
chanteurs-comédiens.
La trame de lhistoire est simple; lapothicaire Semporio et
son assistant Mengone, convoitent Grilletta, une ravissante jeune femme laquelle
est également courtisée par Volpino, homme riche et arrogant.
Désireux de parvenir à leurs fins, les trois hommes passeront
par divers déguisements, travestissements et jusquaux turqueries
comme en voit chez Molière; après de nombreux rebondissements,
le plus pauvre mais sincère amoureux sera finalement gagnant et obtiendra
la main de Grilletta.
Karine Godefroy, lumineuse soprano, incarne Grilletta avec fougue et sa
voix, au timbre riche, enchante et subjugue. Auprès d'elle, Xavier
Mauconduit, lamoureux transi Mengone, est un ténor au jeu
scénique inspiré. Laurent Herbaut est Volpino, baryton de classe,
lui aussi, se révèle un acteur facétieux et drôle.
Enfin, lapothicaire est Jean-François Chiama, sensible ténor.
Musiciens (trio à cordes, un hautbois et un cor) et chanteurs rythment
une uvre malicieuse, légère et pleine de charme, faisant
une belle place aux scènes cocasses et nombreux stratagèmes.
Cat.S / Theothea.com, le 20/03/12
|
LADY OSCAR
de
Guillaume
Melanie
mise en scène:
Eric
Civanyan
|
****
Théâtre de la Renaissance
Tel:
01
42 08 18 50
|
Associer « Lear », « Renaissance »
et « Oscar », cest comme, à peu de
choses près, conquérir Hollywood, gagner la récompense
suprême et être plébiscitée
« Reine ».
Il faut dire, quen amont, la couronne de cette folle Amanda, sous
contrôle, avait été façonnée durant les
deux saisons précédentes, en semant une véritable panique
au ministère des Théâtres affichant complet à
chaque représentation.
Cependant, pour bien moins quune jauge hors compétition,
la Divine aurait pris goût au jeu des planches mais, dans cette rencontre
charnelle avec le public, plus question désormais de lâcher
la proie du spectacle vivant pour lombre des caméras
vidéo.
Cest donc, promis et annoncé officieusement, la Souveraine
ferait son retour triomphant lors de la prochaine saison, carrément
au Palais-Royal, dans une nouvelle pièce créée pour
son sacre, en forme de première apothéose.
Toutefois dici-là, point question de se reposer sur des lauriers
prometteurs, et voici donc sa carrière artistique qui embraye
immédiatement sur une reprise en trompe-lil, au goût
d « Oscar dry » conjugué au féminin
majoritaire.
Dailleurs, si jamais le diable devait shabiller en Reine du
disco, personne ne doute quil eût choisi cette cure de jouvence
pour modèle de prêt-à-porter, mais puisque, en point
de mire, cest limmense Louis de Funès qui tiendrait, ici,
le rôle du maître étalon, il fallait quAmanda Lear,
oui cest elle que nous célébrons entre ces lignes,
transgresse les superlatifs au point dinverser la tentation du machisme
outrancier pour en composer un hymne haute couture, exclusivement à
la main de lautre sexe.
Forte de son expertise en postures mondaines de tout poil, il devenait
évident quun jeu de trois valises musicales suffirait amplement
à embarquer le public, loin de tout bouclier lexical du rire, pour
une croisière annuelle sans pause éligible au titre
suprême
. par exemple, celui des Molières ? Allez savoir
!
.
Bien entourée a parité par six comédiennes et
comédiens, au rythme dune adaptation sur mesure signée
Guillaume Melanie, Lady Lear décoiffe les codes du succès
tout simplement parce que cest elle et quelle le vaut bien.
Theothea le 03/03/12
|
Recherche
par
mots-clé
 |

|
|