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BRONX
de Chazz
Palminteri
mise en scène: Steve
Suissa
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****
Théâtre des Bouffes Parisiens
Tel: 01
42 96 92 42
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visuel affiche conception / photo ©
Ingrid Mareski
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De lEmile de Jean-Jacques Rousseau au Cologio de Chazz Palminteri,
cest bien de léducation de lenfant et de
ladolescent dont il sagit
celle qui se fait sur le terrain,
hors du carcan scolaire pour construire lhomme de demain.
A ceci près, que si le philosophe du XVIIIème siècle
situait son champ dinvestigation auprès de la Nature et de tout
ce qui pouvait en résulter, la mise en scène de Steve Suissa
est, ici, ramenée en zone urbaine contemporaine et même dans
ses bas-fonds les plus emblématiques puisque son script autobiographique
narre effectivement la jeunesse de lauteur dans ce fameux Bronx.
Le très beau décor de Stéphanie Jarre pose
demblée lunité de lieu en impasse ou plus exactement
suggère que ce terrain de jeu New-Yorkais nest pas initialement
dédié à la marelle mais, bel et bien, à une vie
de quartier glauque et inquiétante pour adultes avertis.
Ainsi, grandissant entre deux figures masculines dautorité
paternelle charismatique, celle légitime et très moraliste
du papa, chauffeur de bus mais aussi, par ailleurs, celle dun
véritable modèle identificatoire, Sunny, le caïd mafioso
envié et admiré par le voisinage, la croissance de Cologio
sera, donc, confrontée à bien des difficultés pour
élaborer ses propres repères.
Francis Huster boit du petit lait en campant, dans une foulée
ininterrompue, dix-huit personnages se relayant en permanence auprès
de son interprétation, volant en rase motte au-dessus de ce monde
interlope comme autant de gratte-ciel, dans la proximité.
Habillé très élégamment en
« parrain » par Dior Homme, le comédien semble
recouvrer un plaisir de jeunesse saventurant, à sa guise, dans
les endroits malfamés sans encourir dautres sanctions que les
applaudissements du public, toujours prêt à répondre
présent pour célébrer son culte.
Theothea le 10/03/12
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ROSE
de Martin Sherman
mise en scène: Thierry Harcourt
|
****
La Pépinière Théâtre
Tel: 01 42 61 44 16
|
|
photo © Olivier Borde /
BestImage
|
Judith Magre est vraiment une bonne camarade de jeu qui, pour faire plaisir
à son metteur en scène Thierry Harcourt, est en mesure de vaincre
son trac rédhibitoire afin daffronter crânement une
troisième fois, un « seule en scène »,
qui, cette fois-ci, excusez du peu, a lambition dévoquer
toute lépopée contemporaine du peuple juif, à
travers sa diaspora, synthétisée en un unique personnage.
Ainsi, à lâge octogénaire de Rose, la
comédienne qui, à linverse, naurait dautre
ambition de carrière et surtout de plaisir personnel que de faire
rire les gens, à la scène comme à la ville, se trouve
contrainte, par limpossibilité de refuser lhonneur de
défendre une cause universelle, à se faire violence tragique
chaque soir en ne conservant le pathos que pour elle-même.
Judith Magre est une véritable « martyre du spectacle
vivant » qui, par passion, accepterait de monologuer une heure
et demie sur un banc public à chaque représentation, avec trois
pauses autorisées pour en faire le tour afin de se dégourdir
lesprit et les jambes.
Si donc, le bagne du statu quo est, de fait, avéré pour
Judith, cest alors que, paradoxalement, Rose parcourt la planète
dUkraine aux USA, en passant par la terre promise à bord de
lExodus délibérément refoulé !
Redoutable
destinée !
.
Bien entendu, lécriture de Martin Sherman, déjà
célébrée en maintes créations mondiales, porte
magiquement lactrice en la rendant forte dun humour latent entre
les lignes qui permet de transgresser ladversité.
Cest, donc, dans cette résistance récurrente à
lindicible que va seffectuer la solidarité admirative
avec le public faisant salle comble à la Pépinière
Théâtre.
Loin de forcer son talent en un expressionisme de la douleur, la
comédienne paraît flotter, sereinement, dans lassociation
successive des souvenirs remontant à la conscience historique, à
linstar dune séance symbolique de psychanalyse, où
lensemble des refoulés remonteraient lun après
lautre, en débloquant à chaque instant un pan entier
dune réalité dautant plus sordide que masquée
jusque-là par la mémoire collective.
Ainsi, en accomplissant le rite de Shivah sur la scène
théâtrale, Rose et Judith, heureusement réunies, effectuent
peu à peu le deuil collectif de linhumanité qui devrait
permettre den neutraliser les forces négatives, tout en suscitant
lespoir infini dun monde meilleur.
Theothea le 05/03/12
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NUREMBERG
LA FIN DE GOERING
de & mise en scène:
Arnaud Denis
|
****
Vingtième Théâtre
Tel: 01
48 65 97 90
|
En faisant de Hermann Goering lantihéros dun
Théâtre destiné à éveiller les consciences
des générations contemporaines, Arnaud Denis prenait le risque
artistique de surfer sur une crête géopolitique entre
manichéisme et angélisme.
En effet, souhaitant préserver la part dhumanité de
laccusé emblématique du système Nazi ayant
organisé la monstruosité criminelle à léchelle
universelle, il fallait que lauteur ait sans cesse à lesprit
la crédibilité pédagogique dun procès
historique qui eût pour objectif de légitimiser en droit
international la notion de « Crime contre
lhumanité ».
En outre, comme le Théâtre se constitue aisément en
fiction dune réalité renvoyée, à
elle-même, selon une image miroir plus ou moins déformée,
le dramaturge avait lambition professionnelle de faire spectacle et
non uvre documentaire, en sappuyant à la fois sur les
témoignages darchives mais aussi en laissant la psychologie
jouer sa gamme de contradictions dans un rapport de forces exacerbées
entre les protagonistes.
Cest ainsi que, par exemple, intelligence, cynisme, rouerie,
lâcheté peuvent librement sinterposer frontalement, à
charge du spectateur de sans cesse faire fonctionner lesprit critique
pour remettre en perspective les enjeux des millions de morts à la
clef de la moindre argutie dialectique.
Cest ainsi quen Platon du devoir de mémoire, Arnaud
Denis sest donné les moyens artisanaux de faire ressurgir, parole
contre parole, celle du successeur désigné d Adolf Hitler
à lépreuve dune éthique universelle
symbolisée par le tribunal international de Nuremberg.
Selon la chronologie historique, Goering eut effectivement le dernier
mot, puisquil réussit à se suicider dans sa cellulle
de condamné à la pendaison.
Selon la fiction théâtrale, cest, ici, Arnaud Denis
qui reprend la main au final, en esquissant le progrès inéluctable
de la conscience humaine.
Au demeurant, très intéressant spectacle sachant initier
un débat profitable.
Theothea le 06/03/12
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SE TROUVER
de Luigi Pirandello
mise en scène: Stanislas
Nordey
|
****
Théâtre de la
Colline
Tel: 01
44 62 52 52
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|
photo © Elisabeth Carecchio
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« Vivre ou jouer » tel serait le dilemme du
comédien, pour ne pas dire son paradoxe. Dailleurs Luigi Pirandello
confessera pour lui-même: « Jai oublié de
vivre ».
Ainsi, en se laissant absorber par lécriture donnant vie
à ses personnages, cest précisément la sienne
qui se sera dissoute à son propre regard.
Cependant lamour que lauteur porta, en fin de carrière,
à lactrice Marta Abba devenue son égérie
emblématique, prit le pas sur son inventivité dramaturgique,
au point de faire uvre dintrospection généralisée,
en créant « Se trouver ».
Par un jeu de miroirs convergents, cest donc Donata qui sera en
charge de la sublimation de lart théâtral impliquant
labandon total de lartiste au cur des sentiments liés
aux rôles quelle a lopportunité
dinterpréter.
Et Donata à la Colline, cest, bien entendu, Emmanuelle
Béart qui se projette dans les affres de lactrice absolue passant
alternativement de la transe théâtrale à la frustration
décevante de la réalité.
Rôle de composition à part entière, peut-être,
mais surtout rôle de décomposition dune star qui voudrait
atteindre, sur « le plan du vécu », la plénitude
des rôles quelle sait si bien jouer sur scène.
La pièce se déroule comme une longue psalmodie
ségrenant sur cet approfondissement thématique où
lenvie davoir envie ne saurait combler la souffrance du vide
intérieur chronique.
Cependant la direction de Stanislas Nordey ne se laisse pas
instrumentalisée par la dépression latente que les faux-fuyants
universels de lamour objectivent dès quils échappent
à la vie virtuelle des planches.
Cest donc une Emmanuelle Béart, combative sur tous les fronts
qui, crânement, inverse lordre établi par la mauvaise
conscience de soi.
Ainsi, délaissée par lamant effrayé, à
son tour, par lunivers contre nature du Théâtre,
lactrice découvrira une force intérieure lui permettant
de vaincre les démons qui lempêchaient, jusque-là,
dassumer pleinement la contradiction des « sentiments
joués »
pour parvenir enfin à les transcender
dans une expression authentique de sincérité avec
elle-même.
Theothea le 14/03/12
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JE NE SERAI PAS AU
RENDEZ-VOUS
de Patricia
Haute-Pottier
mise en scène:
Ladislas
Chollat
|
****
Théâtre des Mathurins
Tel: 01
42 65 90 00
|
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visuel affiche - photo ©
Pascalito
|
« Procrastination ». Voilà, le mot savant
est lâché pour stigmatiser laddiction à différer
ce quil faudrait effectuer, à linstant judicieux.
Cela correspondrait-il au mal évoqué par le titre de la
pièce, mettant en exergue laboutissement du couple sur le point
de marier Lucas à Nora ?
En effet, ce jeune homme modèle à qui tout réussissait
jusquà ce jour, grâce à une réponse pragmatique
et positive à tout ce que la société attendait de lui,
serait, néanmoins, sur le point de faire un pas de côté.
Mais, voilà quà linstar de
« leffet papillon », son rendez-vous
délibérément manqué pourrait en cacher un autre
à rebours et même, en déclencher un troisième
substitutif.
Cest ainsi que sera lancée la machine infernale à
déjouer la destinée de quatre êtres proches, affectivement,
mais dont les compteurs existentiels vont se désynchroniser
mutuellement.
En effet, donner du sens à un parcours de vie, à une ambition
professionnelle, à une maîtrise des aptitudes et du talent
nest pas nécessairement conforme au schéma envisagé
par les mieux intentionnés à légard de celui ou
celle qui cherche sa vocation.
Cest pourquoi Monsieur Poisson (Roger Dumas), appelé à
la rescousse, en référence scientifique et intellectuelle
estampillée, sera pris, à son insu, dans le feu croisé
des jeunes pousses en pleine quête delles-mêmes.
Même Blanche (Aurore Auteuil ou Agnès Soral), lamie
du couple sera prise au piège du conflit dintérêts,
en pensant sincèrement agir pour la réconciliation conjugale
de Lucas ( Nicolas Giraud) et Nora (Clémentine Poidatz).
Si, à terme, lobjectif poursuivi est bien que tous y trouvent
leur compte de réussite sociale et personnelle, il y a fort à
parier que la reconstruction relationnelle se fasse au détriment de
lun des quatre, dont la vie pourrait être sacrifiée à
la noble cause de lémancipation victorieuse pour chacun des
trois autres.
Subtile par son écriture subliminale, cinématographique
par sa mise en scène séquencée en tableaux, fantasque
dans son interprétation scénographique, la créativité
de Ladislas Chollat épouse une perspective décalée et
pleine dhumour, à légard du rapport des forces
entre les êtres humains afin de parvenir et assumer leur
accomplissement.
Theothea le 15/03/12
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