Les
Chroniques
de
 |
 |

16ème
Saison
Chroniques 16.081
à
16.085 Page
291
64ème
Festival de
Cannes
2011
Images par
image
Les
MOLIERES
2011
Les Nominations
Score des Lauréats
Le point de vue de
Theothea
R E V I V A L
Wight ! + 40 années
après
Toutes
nos
critiques
2011 -
2012
Les
Chroniques
de
Theothea.com
sur
THEA
BLOGS
Recherche
par mots-clé
THEA
BLOGS
|
PENSEES SECRETES
de David Lodge
mise en scène: Christophe Lidon
|
****
Théâtre Montparnasse
Tel: 01 43 22 77 74
|
Pas si secrètes que cela, les pensées respectives du
scientifique et de lécrivain, mais si profondément intimes
que lhomme et la femme vont sy retrouver dans le secret des
consciences en conflit avec elles-mêmes.
En adaptant son propre roman aux modalités de lespace
théâtral anglophone, David Lodge devait transformer le flux
narratif en dialectique, tout en révélant peu à peu
la personnalité subtile et contradictoire de ses deux interprètes.
La translation en langue française contraignait, par la suite,
Gérald Sibleyras à maintenir la spécificité
romantique du langage amoureux au-delà de largumentation
rationaliste.
A son tour, en confiant la scénographie à Catherine Bluwal,
Christophe Lidon se donnait lopportunité dune mise en
scène à la fois abstraite, en même temps que tangible.
En effet, le décor constitué notamment de plusieurs chambranles
de portes, le cas échéant, mobiles sur rail, ainsi que dun
verso de canapé et, de manière générale,
déléments mobiliers conceptuels, servirait de surface
projective aux aléas des sentiments autant quà celle
favorisant léchange de SMS.
Restait, donc, pour Isabelle Carré et Samuel Labarthe, le soin
de transformer le débat intellectuel en idylle extra-conjugale, en
sembarrassant tout autant des pulsions positives que négatives,
engageant leurs affects.
Ainsi, la conscience, celle proche de la transmission de pensée
affective, voire sexuelle, devrait se confronter avec le principe de
réalité, celle de lépoux disparu ainsi que celle
de lépouse trahie mais aussi et surtout celle des neurones en
incessante problématique intellectuelle et scientifique.
Au demeurant, lamour devrait y gagner la reconnaissance de sa phase
constructive et bénéfique, en forme de parenthèse plus
ou moins grande, au sein de la course évolutive du monde.
Le campus universitaire aurait le mérite de révéler
limmense perspective métaphorique quun amant et sa
maîtresse ont à leur disposition, dès que la langue des
signes subliminaux du sexe traverse le champ de la connaissance.
Theothea le 08/02/12
|
LE GROS, LA VACHE ET LE
MAINATE
de & mise en scène: Pierre Guillois
|
****
Théâtre du Rond-Point
Tel: 01 44 95 98 21
|
Sil existait un Molière du spectacle culte, « Le
gros, la vache et le mainate » emporterait, haut la main, le
trophée, ainsi labellisé.
Toutefois, comme lexistence des Molières est elle-même,
par les temps qui courent, en débat polémique parmi les
bien-pensants de la chose culturelle, najoutons pas davantage dhuile
sur le feu des passions contrariées.
En revanche, le sous-titre d « Opérette
barge » va comme un gant à cette dramaturgie vaudevillesque
et ne lui sera disputée par personne et, en tout cas, par aucun des
spectateurs qui ont eu la chance dassister à cette débandade
savamment orchestrée par limmense Bernard Menez, depuis sa
création en 2010 au Théâtre du Peuple (Bussang -
Vosges).
Liés par le pacte du secret quil serait iconoclaste de trahir,
cest seulement avec la fougue du ressenti que les témoins de
cet objet théâtral unique en son genre, pourraient en
développer, de facto, le prosélytisme actif, fût-ce dans
lopportunité daficionados.
Au départ, il y a donc, un auteur-acteur-metteur-en-scène,
Pierre Guillois, bien décidé à prendre les risques
dune création, assumant le choc des motivations et pulsions
contradictoires, mais forcément constitutives du spectacle vivant.
Celles-ci, en messager de la parole à outrance, élaborent
la médiation de deux tatas, tante Chose (Pierre Vial) et tante Schmurtz
(Jean-Paul Muel) que leur créateur imagine à limage de
« Blues Sisters », version « Cage aux
folles », bien convaincues que le délire serait
« parole dévangile » face à la
trivialité de la condition humaine désirante autour du rejeton
improbable (Olivier Martin-Salvan).
A partir de ces données basiques et structurées, il ne restait
plus à lauteur que dêtre cohérent avec
lui-même et den tirer les conséquences maléfiques
à hauteur incantatoire dun splendide désastre, manière
« Zorba le grec ».
Tant que leffet de surprise jouera à plein sur limaginaire
du public éberlué, ce spectacle emportera la palme, toutes
catégories confondues, de ce quil ne faudrait pas faire sur
scène, et que précisément pour ces mêmes raisons
incorrectes, il était indispensable et urgent de mettre en branle
sur les planches de la fantasmagorie triomphante.
Theothea le 13/02/12
|
MOI JE CROIS PAS !
de Jean-Claude Grumberg
mise en scène: Charles Tordjman
|
****
Théâtre du Rond-Point
Tel: 01 44 95 98 21
|
|
photo © Giovanni Cittadini
|
Croyez-vous ou non que Jean-Claude Grumberg ait écrit une pièce
de Théâtre ? Selon que vous vous entendrez répondre:
« Moi je crois pas ! » ou « Moi je crois »,
vous ferez, dans les deux cas, la preuve par labsurde que Catherine
Hiegel et Pierre Arditi forment, sur la scène du Rond-Point, le couple
lambda universel.
Faisant face à la télévision qui raconte le monde
à domicile, lui et elle, en canapé domestique, nauront
dautres interlocuteurs privilégiés que leur propre image
en reflet, faisant écho à lécran cathodique ou
plat, selon la croyance technologique du moment.
Passent alors en revue, les interrogations anecdotiques à parts
plus ou moins égales avec les problématiques métaphysiques
pour entretenir lalternative à la pensée du partenaire
et, de façon à maintenir en vie le désir den
découdre avec lautre face du miroir.
Ainsi, assurant conjointement, deux rôles de composition pour un
unique jeu de rôles, lhomme et la femme se donnent la réplique
tentant de débusquer le commun dénominateur qui ne saurait
les séparer:
« Quest-ce quil y a à manger ce soir ?
», étant admis, par principe, que leur plat vidéo
préféré serait « Le documentaire
animalier ».
Cependant, si, en réponse à « Moi, je crois pas
quil y ait une vie après la mort » fuse, par réflexe
systématique : « Moi je crois le contraire »,
mais que, par la suite, en approfondissant cette dialectique, il se
révèle que la thèse inverse serait : « Je
ne crois pas quil y a une vie avant la mort », il devient
manifeste que ces deux-là ont du pain sur la planche, ne serait-ce
que « Le pain de ménage » !
Du même tonneau, Jean-Claude Grumberg népargne aucune
répartie contradictoire à leur entité duelle, trop contente
de survivre à lautarcie de salon, garantissant leur train-train
quotidien.
Quelle vie exaltante que de refaire le monde, à peu de frais, en
se plaisant à poser la question qui suit la précédente,
tout en prenant appui sur la foi du charbonnier et sa dénégation
catégorique !
Que passent alors, en amalgame revendiqué, labominable
Yéti, limmaculée conception, les fayots péteurs,
la taille du zizi, le 11 novembre en confusion avec le 11 septembre et autres
sujets qui fâchent
Il n y aura désormais plus de
limites à la polémique conjugale !
Hiegel-Arditi, un véritable duo classieux au sommet de la communication
en vase clos !
Theothea le 12/02/12
|
DESHABILLEZ MOTS
de Léonore Chaix & Flor Lurienne
mise en scène: Marina Tomé
|
****
Studio des Champs-Elysées
Tel: 01 53 23 99 19
|
Dans un studio denregistrement, deux journalistes, Flor et
Léonore, la brune et la blonde, tout aussi pétulantes lune
que lautre, ont choisi de convoquer les Mots et de les interviewer.
En chair et en os, un à un, les Mots viennent se livrer en
se prêtant au jeu dun strip-texte drolatique.
Le duo nous restitue des saynètes écrites et
réalisées par elles-mêmes pour France-inter, ayant
remporté le prix de la meilleure uvre radiophonique 2009 de
la Scam.
Les mots incarnés et mis en situation réagissent à
leur façon, se rebiffent parfois sur leur définition :
« la Légèreté », une coupe de champagne
à la main, soffusque; en effet pour être légère,
elle nen est pas moins profonde car légèreté
nest point synonyme de superficialité.
« La Pusillanimité » nest pas aimée
et elle sen plaint, sa prononciation est compliquée : la
pusillanimi
mité la pusilla
llanimité. Elle est
délaissée du langage et voudrait donc récupérer
le terrain du vocabulaire.
« LAmertume » empoisonne les sentiments
maltraités; « lInsouciance » fugue en
permanence, chassée par la Gravité; « le
Désir » séchappe dès quil est
saisi; « le Secret » ne veut pas être confondu
avec « le Mystère ».
« La Procrastination », du latin
« crastinus », signifiant « du
lendemain », est toujours indécise; elle gémit de
ne pouvoir trancher et remet sans cesse à demain.
« LEnnuyant » dans son état temporaire
fait la nique à « lEnnuyeux » qui lest
en permanence.
Quant à « la Virilité », même
si le sketch est un peu téléphoné, celle-ci tombe raide
en pâmoison à lévocation de Marlon Brando dans
« Un tramway nommé désir ».
Tel un strip-tease, le strip-texte qui nous est livré déshabille
progressivement les mots de façon suggestive, comme si les deux femmes
les effeuillaient un à un, avec volupté et sensualité,
tout en dansant, les dépouillant de leur sens premier, mettant à
nu leur réalité.
Ainsi dénudés, il sont réassimilés, en
révélant parfois leur sens inavoué.
Les deux croqueuses nous entraînent dans un univers absurde et
jubilatoire où le spectateur est amené à sinterroger
sur son rapport intime au langage, au Verbe et donc à lEtre.
Une véritable vitalité poétique se dégage
dune telle exploration. Il faut voir Flor mimer les trois points de
suspension ou Léonore sauter dans la peau du point
dexclamation.
A lheure des SMS, des mots coupés, abrégés
et parfois déformés de leur substantifique moelle, quel
enchantement de leur prêter vie et de donner lenvie au spectateur
de se jeter tout simplement sur un dictionnaire en rentrant chez lui !
Le spectacle est écrit, adapté et interprété
par le duo Flor Lurienne et Léonore Chaix, et sa mise en scène,
qui mêle radio et théâtre, est signée de Marina
Tomé.
Grâce à ces trois femmes, les Mots revendiquent le droit
à un véritable respect et le lexique est rehaussé à
son plus haut niveau.
Cat.S / Theothea.com, le 24/02/12
|
HAROLD ET MAUDE
de
Colin
Higgins
mise en scène: Ladislas Chollat
|
****
Théâtre Antoine
Tel: 01 42 08 77 71
|
Depuis la sortie cinématographique du scénario de Colin
Higgins en 1971 jusquà ladaptation actuelle signée
Jean-Claude Carrière, au Théâtre Antoine désormais
codirigé par Laurent Ruquier, la fable d« Harold et
Maude » aura engendré, grâce aux plus grandes
comédiennes françaises, dabord la création du
rôle par Madeleine Renaud au Récamier en 1973 avant de migrer
au Théâtre dOrsay (75 & 80), dautre part la
reprise de Denise Grey en 1987, déjà au Théâtre
Antoine, ainsi que, par la suite, celle de Danielle Darrieux aux Bouffes
Parisiens en 1995.
Voici donc aujourdhui, lautre sublime
« Renaud », notre incomparable
« Line » Nationale, ayant attendu patiemment davoir
lâge du rôle pour pouvoir, enfin à son tour, incarner,
à 80 années pétantes, cette muse
transgénérationnelle, plus que jamais bon pied bon il,
prête à escalader larbre des bonnes convenances en faisant
joyeusement la nique aux gendarmes tout en saffranchissant des huissiers
et de tous les bien pensants de la normalité.
A ses côtés et en pleine connivence, un jeune prodige, Thomas
Soliverès, révélé par le film « Les
Intouchables », prend une maligne satisfaction à se pendre
à toutes les variantes spectaculaires de suicides dédiés,
à dessein, à tous ceux qui s y laisseraient prendre et
parmi lesquels sinscrit chacune des jeunes filles que sa mère
aurait décidé de lui faire rencontrer pour nouer limprobable
idylle de la maturité.
Claire Nadeau, en charge dinterpréter cette génitrice
égocentrique et aveugle à la souffrance affective de son fils
en manque, dès la petite enfance, de reconnaissance maternelle, compose,
en contrepoint de la complicité grandissante entre Maude et son rejeton,
un personnage déphasé juste à souhait pour les
planches.
Cest ainsi, de surcroît, quaucun des rôles
napparaît secondaire car tous concourent à déjanter
le canevas relationnel, tentant en vain de rendre scabreux
« lamour » naissant, à 60 années
dintervalle, entre Maude et Harold.
Décor sur tournettes, scénographie décalée
et effets particulièrement spéciaux contribuent à rendre
le jeu des huit acteurs, entourant Line Renaud, fort réjouissant dans
leur étrangeté fantasque, pendant que lartiste prend
un plaisir, non dissimulé, à vanter, par delà la rampe,
un « carpe diem » sans réserve, à
légard du public totalement réjoui de pouvoir, ainsi,
apprécier au mieux la légende.
Theothea le 20/02/12
|
Recherche
par
mots-clé
 |

|
|