Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

16ème  Saison     Chroniques   16.076   à   16.080    Page  290

 

       

              

                     

     

         

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OH LES BEAUX JOURS

de Samuel Beckett    

mise en scène:  Marc Paquien 

****

Théâtre de la Madeleine

Tel: 01 42 65 07 09

 

         visuel affiche  

Très impressionnée par la performance de Madeleine Renaud qui créa le rôle de Winnie en 1963, en le reprenant maintes fois jusqu’à la fin de sa carrière, il tardait à Catherine Frot de se confronter, en pleine maturité, à ce personnage tragique…. à la mesure de l’issue de toute vie humaine.

S’enfonçant inéluctablement dans ce qui pourrait être un château de sable, celui que l’homme crée de toutes pièces afin d’entretenir ses chimères, la comédienne, en accord total avec Marc Paquien son metteur en scène, prend le parti d’interpréter tout ce qui arrive dans la journée de Winnie, comme un cadeau du ciel offert sur un plateau d’argent.

Ainsi, délibérément optimiste, le moindre signe de Willie son partenaire, pour le moins tétanisé, le moindre bruit qui pourrait enchanter la menace du vide ou la moindre modification apportée à son propre rituel quotidien devient source d’une immense satisfaction, à l’image d’une étincelle de vie dérobée au néant.

Enserrée dans un mamelon, initialement au niveau de la taille, jusqu’à ne conserver, en phase ultime, que la tête hors de l’ensevelissement programmé, c’est, donc, son sac fourre-tout qui lui servira de viatique quasi miraculeux, s’inventant, ainsi, à travers un mouchoir, une brosse à dents ou autre pistolet, l’espace d’un imaginaire burlesque, apte à se renouveler et même à se sublimer.

A l’aune de l’humour latent mais constamment implicite de l’auteur, le long fleuve pas si tranquille de la vie pourrait s’écouler à sa guise, pourvu de rester à l’écoute des signes manifestes de sa régénérescence potentielle.

En l’occurrence, avec son teint enjoué sous l’ombrelle, Catherine Frot éclate de bonne santé et d’humeur alors que le texte de Beckett coule littéralement de sa bouche sans heurt ou saccade…. tout comme si, elle était, à elle seule, la médiatrice naturelle des didascalies de Samuel Beckett.

Theothea le 31/01/12

LE BOURGEOIS GENTILHOMME

de  Molière   

mise en scène:  Catherine Hiegel 

****

Théâtre de la Porte Saint-Martin

Tel:  01 42 08 00 32 

 

           visuel affiche  

   

A l’instar, jadis, de gros Nounours quittant, dans l’étrange lucarne, Nicolas et Pimprenelle avant que ceux-ci, chaque soir, rejoignent les bras de Morphée, François Morel, au final de cette comédie-ballet de Molière, s’élève vers les cintres, en parfaite béatitude d’homme gentil !

Un peu balourd et rustique, son « Bourgeois » surclassé, est en filiation directe avec son personnage des Deschiens, ayant initialement valorisé son image de comédien.

Dans cette perspective, sa composition de Jourdain est totalement cohérente avec l’attente des spectateurs:

Rêveur, un peu décalé, doué d’un bon sens à contre-emploi, c’est dans la distanciation angélique que va s’épanouir son aspiration à devenir « gentilhomme », contre vents et marées.

Face à lui, deux armées en opposition frontale, celle des profiteurs d’une part et de l’autre, celle des moqueurs.

Marie-Armelle Deguy (Madame Jourdain), Emmanuel Noblet (Dorante / Le maître d’armes) & Géraldine Roguez (Nicole) vont, superbement, contribuer à cette confrontation existentielle.

La mise en scène de Catherine Hiegel, s’appuyant prioritairement sur les ballets et la musique de Lully, réintègre l’élan artistique qui présidait à la Cour de Versailles, en cherchant à proposer un spectacle total, proche, en définitive, de la comédie musicale, en vogue de nos jours.

Une importante production régissant une trentaine de comédiens, dont 5 danseurs et 3 chanteurs, accompagnés, sous une pléiade de costumes savamment bariolés, par l’ensemble baroque La Rêveuse, assure, trois heures durant, entracte inclus, un spectacle quelque peu hétéroclite avec un décor, plutôt minimaliste.

Des temps forts, dans l’interprétation, garantissent un rire de bon aloi permettant de vérifier que décidément : « Le ridicule ne saurait tuer ».

Par exemple, la leçon de philosophie par Alain Pralon donnée à Monsieur Jourdain pourrait, à elle seule, faire figure d’anthologie.

Par ailleurs, des gimmicks gestuels de François Morel, comme celui illustrant, de manière récurrente, l’expression « à hauteur d’œil » emportent l’adhésion du comique de répétition.

Quant à la cérémonie festive élevant, au grade de Mamamouchi, le dupe d’une farce initiée par sa vanité candide sans limite, c’est dans une sorte de délire cauchemardesque qu’en est célébrée la mégalomanie chronique.

Au demeurant, ce « Bourgeois Gentilhomme » est d’une bonne facture, mais peut-être s’abandonne-t-il, un peu trop complaisamment, à un parti pris d’expérimentations artistiques disparates.

Theothea le 01/01/12

RACE

de  David Mamet   

mise en scène:  Pierre Laville 

****

Comédie des Champs-Elysées

Tel: 01 43 26 20 22

 

         visuel affiche  

Est-ce qu’une robe à paillettes pourrait servir d’alibi ou de préjugés à un crime ?

Est-ce que la robe fait l’avocat ou constituerait le viol ?

Est-ce que les paillettes pourraient servir de preuve irréfutable à l’opinion préconçue ?

Est-ce que le noir est la face antagoniste du blanc ?

Bref, est-ce que « Race », en passant de Broadway 2009-2010 à Paris 2012, pourrait faire la part entre ce qui appartient à « l’affaire DSK » de ce qui a motivé l’écriture préfigurative de David Mamet ?

Si, donc, la réalité avait pu dépasser la fiction, pourrait-on s’abstraire des a priori politico-médiatiques pour établir la culpabilité ou non du prévenu ?

Un cabinet de trois avocats, composé d’un blanc, d’un noir et d’une stagiaire noire, est sollicité pour défendre un riche client blanc, accusé de viol sur une jeune femme noire, à New York.

Cela sollicite forcément la mémoire de l’actualité récente mais attention à ne pas se tromper de problématique :

« Est-ce que le fait divers peut être jugé en dehors de tout présupposé…. notamment racial ? »

Telle est la question de Mamet qui restera sans réponse élucidée, précisément …. à cause des paillettes !….

En effet, il suffirait qu’un témoin digne de confiance déclare que les fameuses paillettes auraient, fort opportunément, été retrouvées éparpillées dans la chambre du délit, pour qu’effectivement la présomption de viol se transforme en preuve établie. CQFD !

C’est, ainsi, que tout le brainstorming des trois avocats et de leur client potentiel serait balayé par une démonstration sans appel…. qui aurait la vertu de retirer une sérieuse épine d’un cabinet soucieux de sa réputation autant que de sa réussite financière.

Evidemment tout cela se passe aux Etats-Unis et ne ressemble en rien à la procédure judiciaire française dont la principale vertu est de pratiquer l’égalité de tous devant la loi excluant, de fait, toute discrimination raciale de son champ d’investigation et d’appréciation.

Reste quand même ici, comme là-bas, « l’intime conviction » à qui il est possible de faire dire beaucoup, en ce qui concerne les forces souterraines de l’inconscient… ou simplement de la cohésion sociale.

C’est, donc, dans une unité de lieu et de temps, que les quatre comédiens dialectisent autour d’une thématique socratique qu’Yvan Attal mène à la manière d’un bal masqué par Pierre Laville, d’où il serait urgent de se débarrasser de la bonne conscience… menant inéluctablement à l’impasse professionnelle.

Theothea le 03/01/12

CALAMITY JANE

de  Jean-Noël Fenwick   

mise en scène:  Alain Sachs 

****

Théâtre de Paris

Tel:  01 48 74 25 37   

 

         visuel affiche  

           

De « Madame sans gêne » en 2002, aux « Deux canards » en 2008, il n’y aura eu qu’un seul et même metteur en scène pour ces deux pièces à succès au Théâtre Antoine, mais en revanche, il y a eu, d’une part, la comédienne Clémentine Célarié et, d’autre part, le comédien Yvan le Bolloc’h qui, depuis, cherchaient à travailler, de nouveau, sous la direction respectivement heureuse d’Alain Sachs.

C’est donc, aujourd’hui, la vie tumultueuse de Martha Canary qui les réunit, tous les trois, au Théâtre de Paris, sous les auspices de Stéphane Hillel.

Cette saga au pays du Far West sera prétexte à toutes les audaces de réalisation qu’une production théâtrale est en droit d’oser et qui, notamment, seront, ici, symbolisées par la présence sur scène d’un vrai cheval, couleur d'Henry IV.

Le prestige de ce blanc destrier se traduira au final par un salut au public, à la manière équestre d’un héros de Bartabas.

Pour l’anecdote, Satan, puisque tel est son nom, trouve refuge, hors du temps de la représentation, dans la caserne des pompiers qui se trouve en face du théâtre.

L’ambition de ce spectacle sera, de surcroît, d’adapter le genre « Western » aux contraintes des planches dans l’objectif, non dissimulé, de divertir, les grands et les petits, avec le plaisir atavique de jouer aux cow-boys et aux indiens.

Pariant ainsi, gagnant-gagnant, avec cette nostalgie de l’enfance qui taraude, de plus bel, l’âge adulte, l’intention artistique de cette création s’appuie délibérément sur le concept de « spectacle vivant » qui se calquerait sur « la conquête de l’Ouest » conjuguée au masculin féministe.

Si, donc, le parcours initiatique de Calamity Jane sert de cheminement conducteur à travers les grands espaces ou autres Black Hills, c’est, bel et bien, le récit d’une aventurière jouant, peu à peu, son propre rôle de pionnier dans de grands spectacles célébrant le mythe de l’Ouest américain, tels que les « Wild West Shows », qui servira de prétexte à une légende plus encline aux bisons de Buffalo Bill qu’à la libération de la femme, fût-elle surnommée « calamité ».

Au demeurant, Clémentine et Yvan sont à la tête d’une tribu valeureuse d’une dizaine de compagnons qui, de saloons en bivouacs, auront « Deadwood » en point de mire… avec la mission d'exalter l'épopée avant-gardiste !

Theothea le 07/02/12

UN STYLO DANS LA TÊTE

de  Jean Dell   

mise en scène:  Jean-Luc Moreau 

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Théâtre des Nouveautés

Tel: 01 47 70 52 76

 

           visuel affiche  

     

A prendre ce titre théâtral au pied de la lettre et à en imaginer les dommages cérébraux, il est probable qu’un stylo dans la tête pourrait provoquer des effets secondaires particulièrement spectaculaires.

C’est, bel et bien, le cas avec l’écriture de Jean Dell qui plonge dans l’entendement de ses contemporains avec une délectation qui n’aurait d’égale que l’acuité de son trait d’esprit, à peine caricatural:

En effet, les amis d’un couple sont conviés au domicile d’un dramaturge pour une séance de « brain-reading » où ils auront à juger de la qualité et de la pertinence de leurs clones respectifs, à travers le script proposé, par ailleurs, en lecture pour une éventuelle création à La Comédie Française.

D’emblée, l’addiction à Internet révèle un auteur particulièrement autiste dans sa bulle numérique mais néanmoins, suffisamment misanthrope pour déceler tous les travers caractéristiques des amis de sa femme.

Ayant taillé un costard sur mesure à l’égard de chacun d’entre eux, avant leur arrivée, ceux-ci vont être accueillis comme des prototypes caractériels dont il pourrait être jubilatoire de reproduire sur scène l’attitude sociale psychorigide, voire déviante.

Le spectateur assiste alors, comme à guignol, à une surenchère de tout ce qui pourrait nuire à toute convivialité quand l’égocentrisme s’aveugle au point d’en devenir bêtifiant.

Un régal qui, bien entendu, ne saurait faire ressembler aucun personnage à celui qui pourrait s’y reconnaître fortuitement.

Et pourtant, un paradoxe inattendu monté en coup de théâtre final, entraînera l’adhésion de tous les participants pour que « Houlgate », c’est le titre du script, entre effectivement au répertoire de la prestigieuse Maison de Molière.

Jean Dell livre « Ce Qu’il Fallait Démontrer » comme un cadeau du ciel dont les comédiens s’emparent en forçant, jusqu’au point de rupture, l’impact des stéréotypes dont les clefs hyper comiques sont confiées par Jean-Luc Moreau, à la grande complicité de Francis Perrin.

Theothea le 30/01/12

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