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16ème  Saison     Chroniques   16.106   à   16.110    Page  296

 

            

       

              

            

     

         

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PLEIN LA VUE

de  Jean Franco & Guillaume Mélanie

mise en scène:  Jean-Luc Moreau

****

Théâtre de la Michodière

Tel: 01 47 42 95 22

 

          photo ©  Theothea.com     

                              

Pourquoi, depuis les coulisses, Jean-Luc Moreau chercherait-il à en mettre plein la vue alors que sur scène, Philippe Magnan y parvient, sans forcer son talent ?

En effet, si le metteur en scène affectionne la complexité des personnages en s’appuyant sur la subtilité de leurs contradictions, la mission des comédiens consiste, notamment, à mettre en couleurs cette vérité antinomique.

C’est pourquoi en constituant des duos virtuels mais concomitants avec chacun de ses quatre partenaires, Véra, en l’occurrence Véronique Genest, va découvrir la part d’ombre que son aveuglement, objectif ou figuré, lui aura fait prendre pour des lanternes.

Ainsi, se côtoient en une unité de lieu et de sujet, Véra et son père (Philippe Magnan), Véra et son mari (Grégoire Bonnet), Véra et son chauffeur (Jean-Daniel Colloredo), Véra et sa rivale (Gabou Bokobza), tous se mettant au service de cette non voyante de naissance appelée à devenir extra lucide de sa maturité.

Jean Franco et Guillaume Mélanie, déjà auteurs à succès pour Amanda Lear, ont ainsi composé un canevas où les mensonges, fourberies, lâchetés des uns donnent matière à réflexion à celle qui aurait, clairement, la vision de ne pas devenir le dindon de la farce.

Car, bien entendu, il s’agit d’une comédie où l’opération chirurgicale consistera à démasquer les doubles jeux dissimulés derrière les rideaux de fumée qui, à peine estompée, feront éclater les petits arrangements avec les grands élans d’affection.

Dans cette perspective, le rôle outrancier de Philippe Magnan est de porter la caricature comportementale jusqu’au point de rupture paternelle, là où sans doute, le cordon ombilical gagnerait à céder la place.

Il faut dire néanmoins, qu’à sa charge, Véra n’a pas un caractère facile et que ses exigences pourraient aisément inciter ses proches à manigancer derrière son dos, voire devant ses yeux qui, pour l’instant, n’y verraient donc que du feu.

En tout état de cause, voici une pièce qui n’a pas l’ambition de conquérir la grille de lecture des intellectuels mais qui amusera, en plaisant à ceux qui oseront déposer leur surmoi au vestiaire du Théâtre.

Theothea le 09/04/12

VITE, RIEN NE PRESSE !

de  Vincent Roca   

mise en scène:  Gil Galliot 

****

Théâtre Le Lucernaire

Tel:  01 45 44 57 34   

 

          photo ©  Evelyne Desaux     

         

Être à l’heure pour entendre parler du temps qui colle à la peau et nous fait sans cesse courir est un réel paradoxe mais le comble, c’est qu’à peine énoncé, ce stress conjoncturel se retourne en un temps déjà révolu, forcément trop court, face au « Seul en scène » de Vincent Roca, mis en scène par Gil Galliot.

Tel un sablier, l’eau s’égoutte du toit d’une grotte ou d’un grenier, en s’égrenant dans les différentes bassines disséminées sur le plateau (décor poétique de Niels Zachariesen). Telle la mesure du temps, seconde après seconde, son clapotis résonne comme le tic tac d’une horloge.

Vincent Roca voudrait se mettre à l’abri du temps comme on se met sous un parapluie pour ne pas être mouillé.

Dans un déluge verbal, il nous entraîne dans une suite de réflexions existentielles en utilisant l’association des mots, parfois sur le mode de l’absurde:

« Un père biologique n’est pas forcément un père écologique; un père écologique n’est pas forcément un pervers (père vert) ». 

En jouant avec la rhétorique et en utilisant les fonctions grammaticales pour détourner les substantifs en verbes conjugués alors que les modes du passé simple / passé antérieur et du subtil subjonctif valdinguent dans tous les sens, il crée des effets parfois hilarants ou déroutants, parfois un peu faciles:

" Les échecs, vous les aimâtes ? ».  « J’eusse aimé que les Marguerite(s) Duras(sent ) ».

Par exemple, avec l’expression détournée « aux mots sapiens », l’auteur fait appel à tous les artifices et à toutes les astuces que contient la langue française, tel le jeu de mot, bien sûr, mais aussi les allitérations, les apocopes, les onomatopées.

Pour exprimer la fuite inexorable du temps, il use d’une ritournelle de mots opposant la naissance et la mort, si proches finalement:

Le temps glisse si vite et hop, « le début devient le défunt; l’accueil est déjà cercueil; le fœtus se fait infarctus; la perte des eaux se transforme en perte des os. On sable le champagne pour finir à la bière ».

Ainsi, l’humoriste manie l’inversion des mots, sans doute, pour bousculer leur sens mais également, pour s’en moquer:

« Parler à cul ouvert; le coeur entre deux chaises ou tomber dans un cœur de sac; à cul vaillant; coeur et chemise; le cul sur la main ».

Le conteur se fait également prêtre en chair: « Notre kiné qui êtes osseux, ne nous laissez pas succomber à la décalcification".

Sans doute, celui-ci est-il entraîné à la boulimie car on écoute sa messe métaphorique mais, pas le temps de s’en délecter que, déjà, est apporté le mets suivant à la sauce « Roca », à savoir cette sauce piquante, accompagnée d’un grand vin de l'hexagone en « vers de six pieds » mais volatile, comme ce foutu temps qu’on voudrait retenir et qui nous fait conjuguer le futur au passé.

Course contre la montre ?  L’heure est déjà passée; a-t-elle duré soixante minutes ?

On reste sonné par tant de virtuosité.

Cat.S / Theothea.com, le 18/04/12

DIALOGUE AUX ENFERS

de  Maurice Joly   

mise en scène:  Hervé Dubourjal   

****

Cine 13 Théâtre

Tel: 01 42 54 15 12

 

          photo DR.    

         

Rien de tel qu’un dialogue aux enfers entre Montesquieu et Machiavel pour éclairer les esprits et contribuer au civisme républicain en période électorale !

Le Ciné 13 Théâtre de Claude Lelouch accueille donc, en ce printemps 2012, la compagnie Pierre Tabard reprenant sur scène le texte de l’avocat Maurice Joly qui, en 1864, stigmatisait le règne de Napoléon III.

L’auteur de « L’esprit des lois » s’y confronte à celui du « Prince » dans une dialectique imaginaire d’où il pourrait ressortir au final qu’en opposant la force et la ruse au droit et à la constitution, la nécessité des contre-pouvoirs s’imposerait comme seul garant envisageable à l’abus de tout pouvoir en place.

Le projet théâtral d’Hervé Dubourjal dépasse largement celui d’une lecture en situation pour installer la dramatisation d’une rencontre improbable, au sein d’une zone d’outre-tombe habitée d’ombres non identifiées.

Deux consciences, à cheval sur leurs convictions politico-philosophiques défendent, ainsi, le parti pris spéculatif de leur réflexion dans une joute rhétorique où les masques se déplacent d’une affirmation à l’autre.

En effet, pour les besoins pédagogiques de sa cause, le dramaturge s’arrange quelque peu avec la vérité idéologique de ses deux contradicteurs et laisse ainsi la part belle à une parabole fictionnelle.

Cependant, pour rendre l’enjeu de cette mise en scène, encore plus surréaliste, peut-être celle-ci aurait-elle gagné à s’appuyer sur une interprétation alternative des deux rôles en présence.

En effet pourquoi figer définitivement Jean-Paul Bordes dans celui de Machiavel et Jean-Pierre Andréani dans celui de Montesquieu ? En intervertissant, à fréquences régulières, leurs prestations respectives, les spectateurs auraient eu, ainsi, le gain d’une surprise actualisée chaque soir, en faisant la découverte grandeur réelle d’une éthique politique à géométrie variable !

Tel n’est pas le choix de cette ingénieuse direction d’acteurs qui distribuent à l’un et à l’autre des deux théoriciens, des points de vue démonstratifs originalement fantasmés mais campés sans alternative ambivalente.

Theothea le 27/04/12

POUIC-POUIC

de  Jacques Vilfrid   

mise en scène:  Lionnel Astier   

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Théâtre des Bouffes Parisiens

Tel:    01 42 96 92 42 

 

          photo ©  Theothea.com     

           

Quelle excellente idée d’avoir eu le désir de reprendre « Pouic-Pouic » et c’est ainsi que, depuis fin mars après une tournée provinciale, Lionnel Astier a installé son adaptation actualisée « façon seventies » aux Bouffes-Parisiens.

Si Valérie Mairesse est l’égérie du casting, tous les rôles sont interprétés au diapason d’une direction d’acteurs et d’une mise en scène précises, efficaces et à la hauteur d’un authentique Vaudeville « grandeur nature » mais sans portes qui claquent.

En effet, le comique de situation ne cesse de s’y métamorphoser, d’un instant à l’autre, à une telle vitesse que les entrées et sorties à cour, jardin et fond de scène s’y succèdent comme dans un ballet ininterrompu, fixé à vitesse essorage maxi du linge de famille.

Famille recomposée, à l’envi, selon les besoins du travestissement d’une négociation financière qui ne saurait souffrir d’atermoiements, ô combien inéluctables, avec à la clef, une faillite généralisée en suspend.

Qu’une concession d’un terrain riche en pétrole situé dans la jungle d’Amérique du Sud puisse mettre le père, la mère, la fille, son prétendant, le frère & sa maîtresse en de tels émois qu’il leur faille inventer sans cesse un rôle « tampon » interchangeable afin de déjouer les mauvais coups du sort, les bévues ou autres bourdes des uns et des autres, dépasserait l’entendement, si ce n’est que la mécanique du rire y atteint des sommets rarement égalés.

Lionnel Astier, véritable cheville ouvrière de cette réalisation y joue, de surcroît, le rôle principal avec un tel abattage et tant de convictions, sans cesse battues en brèche, que le spectateur croule sous le plaisir de participer à ce jeu de rôles, en tant que témoin ébaubi.

Que ce soient Rachel Arditi, Bénédicte Dessombz ou Valérie Mairesse, toutes affichent une candeur effrontée que leurs partenaires masculins, Eric Berger, David Saada et Alexandre Jazédé tentent en vain, chacun selon des perspectives contradictoires, de colmater vaille que vaille.

Un véritable régal dont le coq Pouic-Pouic vient d’autant plus égayer cette basse-cour, qu’il fait le beau, exclusivement à titre gracieux.

Theothea le 12/04/12

SUPER REBELLE... ET CANDIDAT LIBRE

de Christophe Alévêque  

mise en scène: Philippe Sohier  

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Théâtre du Rond-Point

Tel:  01 44 95 98 21 

 

          photo ©   Giovanni Cittadini Cesi

   

A l’instar de ses collègues humoristes, Christophe Alévêque a pris son bâton de pèlerin pour battre campagne présidentielle à travers l’hexagone.

Chacun ayant son angle d’attaque, celui de Super Rebelle est de virtualiser son rôle de candidat, dit libre.

Le voici au Théâtre du Rond-Point pour assurer, avant et entre les deux tours, une parodie de candidature populiste à l’extrême, censée être totalement foireuse pour mieux mettre en valeur la critique de celles dûment validées par cinq cent signatures institutionnelles.

Avec force ballons lancés, petits drapeaux agités et mêmes lâchers de billets de banque en duplicata à l’effigie respective, recto verso, du président en place évalué à 500 euros et du candidat rebelle pour 1 euro de supplément, le meeting à l’américaine, manière Jacques Tati peut débuter en fanfare.

Par la suite, si la salle semble quelque peu interloquée et moyennement convaincue par le profil de la candidature vantée par Super Rebelle, celui-ci trouve sa véritable vitesse de croisière en accélération sans cesse progressive dans la stigmatisation tous azimuts de ses concurrents dont aucune promesse, à ses yeux, ne pourrait trouver grâce.

Si le spectacle a l’objectif prioritaire de divertir, en caricaturant avec une mauvaise foi entretenue à dessein, toutes les intentions altruistes des prétendants au trône, il n’en demeure pas moins et c’est, de toutes évidences, ce que vient rechercher son public, qu’entre les lignes de sa logorrhée, l’artiste donne matière à réflexion par la preuve du contraire.

Ainsi, en mettant en exergue, avec l’excès qui est sa marque de fabrique, tout ce qu’il ne faudrait pas faire à la tête de l’Etat, se dessine en creux le portrait du candidat souhaitable par l’opinion qui, par ailleurs, lui est gré de rire sans ambages de tous les travers inhérents à la tentation d’une quête présidentielle de pacotille.

Dans la perspective traditionnelle des chansonniers, Christophe Alévêque grossit le trait, avec une empathie jubilatoire à l’égard de ses cobayes, pour mieux faire passer le message subliminal dont, de toutes évidences, il est porteur: Tout ceci est donc pour rire mais c’est bien pour cela que c’est sérieux !

Theothea le 18/04/12

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