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LA DAME DE LA MER
de Henrik Ibsen
mise en scène Jean-Romain
Vesperini
|
****
Théâtre Montparnasse
Tel 01 43 22 77 74
|
Lorsque les détracteurs s’abattent en vrille sur une mise
en scène d’un nouveau venu sur les planches, en l’occurrence
celles du Théâtre Montparnasse, cela pourrait paraître
provocant voire présomptueux de s’inscrire en faux face au lynchage
critique.
Et pourtant cette Dame étrange et fascinante à la fois,
attirée par les flots de la haute mer afin de s’y laisser engloutir
par l’amour récurrent à l’égard d’un
être venu d’ailleurs, possède toutes les vertus aptes à
déclencher l’intérêt du spectateur adepte
d’Ibsen.
Lorsque de surcroît, c’est Anne Brochet qui s’est
emparée de ce rôle, digne du mythe romantique allemand de la
fameuse Lorelei qui elle, à l’inverse, attirait dans ses filets
tous les jeunes hommes la croisant au détour des méandres du
Rhin, l’étrangeté se fait ici incarnation jusque dans
les conséquences ultimes à éprouver l’absence de
limites au sentiment passionnel du libre consentement.
Face à elle, Jacques Weber, en mari soucieux de protéger
son épouse de tous les tourments mentaux qu’il pense à
la source d’un tel dérèglement des affects, se pare, avec
sa bonhommie coutumière, d’une distanciation à soi-même,
en gage de ressentiments étouffés mais trahis néanmoins
par le souffle court de la voix.
Les deux jeunes filles d’un premier mariage, leur précepteur,
un jeune homme rescapé d’un naufrage et un trublion de circonstances
complèteront la tribu des intimes enclins à jouer les garde
fous de cette cellule familiale menacée d’implosion
viscérale.
Mais voilà, l’étranger ne cesse de réapparaître
dans l’imaginaire que la Dame fomente autour d’elle et c’est
donc en raison de ce fantasme de plus en plus tracassant que les amarres
devraient être définitivement rompues d’avec ce mari
paradoxalement tant aimé.
Mystère et mythomanie feignent alors de pouvoir accepter librement
toute destinée tracée par des signes précurseurs,
fût-elle éminemment destructrice !
La messe serait donc dite ! Et pourtant, si cette nouvelle adaptation
d’Eric-Emmanuel Schmitt n’épuise pas, à elle seule,
les ressorts de la fatalité illustrée par Ibsen, Jean-Romain
Vesperini y recompose les sortilèges du carcan idéologique
norvégien en octroyant à cette écriture, l'inspiration
romantique d'y transgresser le mauvais sort.
Theothea le 10/10/13
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LA TRAGEDIE D'HAMLET
de william Shakespeare
mise en scène Dan
Jemmett
|
****
Comédie Française
Tel
08 25 10 16 80
(0,15e/mn)
|
|
Eric
Ruf & Denis Podalydès - photo © Cosimo Mirco Magliocca
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Et si la Tragédie d’Hamlet était une véritable
Comédie, celle de la Vie avec ses vicissitudes existentielles jamais
réductibles au factuel mais bel et bien projetée dans une fuite
en avant incessante où tout un chacun devrait trouver son modus vivendi
!
Et bien, Dan Jemmett a eu envie de nous montrer cette tragi-comédie
dans un Pub anglais des années 70 au beau milieu de la truculence
des clients et tant qu’à faire d’y inscrire le spectacle
vivant au diapason poétique d’un jukebox d’où les
tubes seventies donneraient la réplique iconoclaste à William
Shakespeare.
Amours, identités, fantasmes, meurtres, vengeance vont donc tournoyer
dans la tête d’Hamlet arpentant son mal de vivre "façon
Buster Keaton", en l’occurrence Denis Podalydès stylisé,
tout à la recherche d’une perfection inaccessible, celle embrassant
les êtres humains avant le fameux crime originel… mais bel et
bien fatal à tous leurs malheurs à venir.
Croquer la pomme ou tuer le souverain par simple convenance personnelle,
voilà bien la tâche indélébile qui va entraîner
l’immense chaîne des tourments.
Mais comment ne pas éclater de rire face à une destinée
tellement pesante ? Et c’est donc bien dans la chaleur alcoolisée
de ce pub convivial que le grand défouloir de l’humanité
en perdition aurait quelques chances d’entrevoir les chances infimes
de sa rédemption.
Il suffirait d’y croire même si les dès sont pipés
à l’avance alors que le poison est d’ores et déjà
au cœur de la pomme ou de la coupe à partager jusqu’à
la lie.
Ainsi, Dan Jemmett prend ses personnages à la manière de
marionnettes qu’il agite dans tous les sens, interdits ou
seulement « peu recommandables », de façon,
à leur rendre, en les entrechoquant, cette forme de dignité
que leurs quêtes contradictoires auraient malencontreusement
égaré ou fourvoyé en d’hilarantes impasses
d’honneur mal placé.
Certes, la vie, avec son cortège de trahisons et de coups bas,
est une tragédie qu’il faut affronter avec résolution
mais rien n’empêche de la pasticher, de la théâtraliser,
de la métaphoriser afin de mieux retourner les armes de l’abjection
contre elle-même !
C’est pourquoi les comédiens du Français endossent
avec tant d’irrévérence, d’impertinence et même
d’insolence le texte et l’esprit de cette salve shakespearienne
au pro rata de l’autodérision.
Si donc la Tragédie d’Hamlet reflète
l’obscénité de la comédie humaine, Dan Jemmett
lui assure sa reconnaissance à part entière en assassinant
le rituel du bon goût bien léché... depuis des lustres.
Theothea le 12/10/13
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OPEN SPACE
de & mise en scène Mathilda
May
|
****
Théâtre de Suresnes
Tel 01 46 97 98 10
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LUCRECE BORGIA
de Victor Hugo
mise en scène Lucie
Berelowitsch
|
****
Théâtre de l'Athénée
Tel
01 53 05 19 19
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BOBBY FISCHER VIT A
PASADENA
de Lars Norén
mise en scène
Philippe Baronnet
|
****
Théâtre de
La Tempête
Tel 01 43 28 36 36
|
Si une partie d’échecs pouvait se jouer à quatre
partenaires celle, engagée par Lars Norén à La
Tempête, pourrait trouver son maître Hitchcockien.
En effet, tout à la fois psychodrame familial & jeu de rôles
stéréotypés, cette tragicomédie, au diapason
de chaises musicales sous-entendues, situe la représentation
théâtrale à l’aune du sac de nœuds récurrents
que les protagonistes démêlent tout en les emmêlant de
plus belle.
Convaincus inconsciemment qu’au sein de la chaîne tribale,
les rôles ont été distribués, une fois pour toutes,
par le grand ordonnateur des conflits interrelationnels, le père,
la mère, le fils et la fille de la famille « tuyau de
poêle » vont reproduire à l’infini le chaos psychique
dont ils se transmettent mutuellement le virus tellement contagieux avec,
néanmoins, l’infinie sensation partagée du noyau cellulaire
insécable.
Convoqués à leur tour par Philippe Baronnet, ce jeune metteur
en scène de surcroît comédien, les spectateurs de cette
party, à maints égards tellement subtile, vont se trouver
dispatchés tout autour de ce cercle familial, si peu vertueux.
Ainsi, à l’entrée de la salle Copi, chacun devra
d’emblée choisir la subjectivité de son point de vue,
en élisant son angle de prédilection sur la palette des 360°
de la perception 3D, spécifique à la caméra
cinématographique.
En renfort, une batterie de miroirs sera répartie dans chacune
des perspectives, de telle façon à créditer le contrechamp
de la rétrovision comme un bonus à la clairvoyance de tous.
Ainsi, armés d’outils de performance, les uns et les autres
vont vivre le film intérieur d’une bataille à ranger entre
bons sentiments et haine larvée, entre aveuglement et passion, entre
fidélité congénitale et indépendance forcenée
mais aussi le roman d’une saga sous l’emprise de la fatalité,
de la maladie mentale, de l’alcool, de l’égocentrisme tout
autant que de l’ambition professionnelle conjuguée au déni
de l’échec de la vie privée… de valeurs
indéfectibles.
Cette scénographie d’Estelle Gautier est intégralement
sublimée par Camille de Sablet qui, dans cet enjeu vital, paye de
sa personne, mais aussi complètement dynamisée par le charisme
de Nine de Montal ainsi qu’en contrepoint littéralement lestée
par les forces d’inertie conjointement réunies et composées
brillamment par Elya Birman & Samuel Churin.
Theothea le 23/10/13
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