Comme dans une plongée en apnée dans les réminiscences
argentines de sa jeunesse, Alfredo Arias invente les règles
mégalomaniaques dun vaudeville où les acteurs mythiques
dHollywood se travestiraient en stars locales de larchipel du
Tigre ou vice versa !
Avec Lana Turner en fil conducteur, alors que dautres Fatafatale
ou Vampira pourraient lui disputer la vedette, cest pour Lanita, sa
propre fille, quil y aura le plus de fil à retordre, car la
notoriété ayant vampirisé la mère, cest
le boomerang des rancunes, reproches et autres ressentiments qui viendra
demander les comptes dune jeunesse ainsi bafouée !
Arielle Dombasle assure avec superbe la mystification de lActrice
légendaire tout en assumant le leadership vocal accompagné
dun somptueux quatuor à cordes, sis en fosse de scène.
La distanciation et lhumour sont au rendez-vous de ce monde
théâtral désuet et néanmoins outrancier où
les rôles valsent au sein dun jeu cornaqué par Alfredo,
en pleine élucubration sidérale.
En effet, poursuivi dans son délire dauteur par des Martiens
prêts à lattaque, ce sont bel et bien les gloires
éternelles des grands studios de L.A. qui, devant un tropical décor
en fond décran, se réincarnent, dans la chicane
échevelée au gré dartistes plus gay que nature,
ironiquement réunis dans cet « Amarcord »
dArias toujours aussi prolifique !
Du point de vue des spectateurs, la perception se scinde en, au moins
deux tendances, celle qui demblée suit, avec délices,
le créateur dans les méandres de son imaginaire baroque à
souhait; la seconde gravite sur léchelle du déni au nom
dun ennuyeux vagabondage au royaume de la loufoquerie.
A vrai dire, ces deux postures savent se retrouver pour célébrer
ensemble les musiciens ainsi que les comédiens, au rang desquels
limpétueux Denis dArcangelo et la sublime Arielle Dombasle
menant de concert ce bal de damnés à ravir !
Theothea le 21/12/13