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18ème
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Chroniques 18.081
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DES JOURNEES ENTIERES
DANS LES ARBRES
de
Marguerite Duras
mise en scène
Thierry Klifa
|
****
Théâtre
de la Gaîté Montparnasse
Tel
01 43 20 60 56
|
Pour mémoire : « Elle est toujours toute noire et
blanche » la Fanny Ardant de Vincent Delerm… Elle parle à
peine et lui ne dit rien, en écoutant du chant grégorien; ils
ont une relation comme çà, l’actrice et le chanteur !…
Ce soir, tout autre scénario sur les planches de la Gaîté
Montparnasse; c’est avec Nicolas Duvauchelle que la comédienne
noue une relation fusionnelle, alors que dans une robe noire style années
cinquante portée à ravir, elle fait preuve d’un flot de
paroles affectives à l’égard de son fils cadet, ayant
tourné bad boy adulte mais pour lequel l’artiste, revenue des
Colonies, conserve à tout jamais le regard des jours heureux lorsque,
enfant, il se réfugiait dans les arbres au détriment de
l’école qu’il abhorrait.
Le décor durassien est ainsi planté dans ce salon familial
alors que l’éternelle classieuse se lèche les babilles
à l’idée de dévorer une choucroute fantasmée,
depuis tant de temps, à l’aune de ces retrouvailles !
Sur la ritournelle du « Je me souviens… », cette
mère en verve intarissable ne cesse de rappeler à son rejeton
parvenu dans la cinquantaine, toutes les bribes d’un puzzle où
la mémoire éclatée se voudrait reine d’un amour
maternel si peu incestueux qu’il en serait paradoxalement étouffant
pour le couple formé avec Marcelle (Agathe Bonitzer).
Le feu intérieur qui caractérise si bien l’immense
comédienne devient ici incandescent par la force des mots de Duras,
articulés en des postures de Divine autant qu’en des élans
spontanés de passion si longtemps contenu à distance.
Champagne pour tout le monde avant les inéluctables déconvenues
d’un déphasage avéré entre deux êtres que
le cordon ombilical suspend en un fil de plus en plus ténu au dessus
du gouffre spatio-temporel.
Formidable exhibition extravertie de Fanny Ardant, à nouveau sous
la direction de Thierry Klifa, selon des registres où sensibilité,
conviction et embrasement feraient le ménage des sentiments
dénués de grandeur d’âme !
Theothea le 06/02/14
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LE MISANTHROPE
de
Molière
mise en scène
Michel Fau
|
****
Théâtre
de l'Oeuvre
Tel
01 44 53 88 86
|
Jamais, à notre époque, cette comédie de Molière
n’a-t-elle été mieux entendue et psalmodiée au
rythme des alexandrins que grâce à cette mise en scène
de Michel Fau dirigeant une interprétation chorale, à la fois
déclamatoire, baroque et surtout éminemment
« pédagogique ».
A l’instar de Sarah Bernhard s’adressant de manière
emphatique autant aux galeries qu’aux rangs de l’orchestre, ici
dans cette jauge de 326 places, de telles envolées lyriques fusent
au gré des répliques atrabilaires ou à fleur de peau
alors que d’autres confidences peuvent aussi s’effectuer Mezzo
voce.
C’est un véritable régal que de voir cette troupe
costumée et bigarrée à saturation du XVIIème
siècle, éclairée et maquillée comme à
kitsch land ainsi que décalée dans le temps comme si les fouilles
archéologiques d’Alceste avaient mis à jour sa fratrie
originelle, sur un registre complètement fantasmatique.
Au cœur de l’enjeu amoureux en transes métaphysiques,
Julie Depardieu y trône comme une coquette égarée dans
le délire séducteur alors qu’à proximité,
Edith Scob lâche les chevaux du cynisme, de la médisance voire
de la folie érigée en art de vivre. A contrario, pour faire
bonnes mesures d’élégance du cœur et de
l’âme, Laure-Lucile Simon y impose une aura aristocratique,
tempérée et néanmoins sans appel.
Face à ce trio féminin emblématique, mais à
peine caricatural, Michel le chef de bande menacé, à quelques
périodes dans la vraie vie, du désir de misanthropie absolue,
se soigne allègrement dans la distanciation géniale du rôle
de composition, à la fois hors normes et pourtant si proche de la
névrose paranoïaque collective.
Jean-Pierre Lorit et Jean-Paul Muel l’entourent d’effusions
transgressives paradoxales tellement attentionnées ou fantasques
qu’elles permettent à ce meneur de jeu de ne jamais en faire
trop, tant les autres s’en chargent pour lui :
Roland Menou, Frédéric Le Sacripan, Fabrice Cals veillent
au grain de folie en orbite active, corrigeant le tir rival au moindre
décalage de trajectoire fumeuse.
Aussi, dans cette distribution où le déjantement
contrôlé est le maître mot de la dépression
comportementale généralisée menaçant
l’humanité, c’est par fusées d’artifices
complètement réglées en contre-feu de la raison amoureuse
que tous oeuvrent au énième degré de l’humour pour
rendre (in)supportable la vie avec leurs semblables.
S.O.S. ! Save Our Souls, Michel Fau !
Theothea le 07/02/14
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LA BAYADERE
musique Ludwig Minkus
Saint Petersbourg Ballet Téâtre
|
****
Palais
des Congrès
Tel
|
La Bayadère est un joli mot pour signifier une danseuse sacrée
de l’Inde, gardienne du temple et du feu sacré.
C’est le nom d’un ballet de réputation mondiale en trois
actes et sept tableaux, chorégraphié par Marius Petipa,
maître de ballet et chorégraphe français qui passa, de
29 ans à sa mort, sa vie en Russie. La musique est de Ludwig
Minkus, compositeur de ballets des Théâtres impériaux
de Saint-Pétersbourg.
Sa création a eu lieu le 23 janvier 1877 au Théâtre
Bolchoï de Saint- Pétersbourg.
Actuellement, La Bayadère est surtout représentée
dans la version de Vakhtang Chabukiani et Vladimir Ponomarev (1941)
allégeant certaines scènes et choisissant de terminer le ballet
d’une durée de plus de trois heures sur le passage intitulé
« Royaume des Ombres », célèbre
défilé des bayadères en tutu blanc avec des voiles
translucides entourant leurs bras, et magnifié par le grand Rudolph
Noureev quand il le composa pour l’Opéra de Paris.
La Bayadère, sur fond exotique au royaume des fakirs et des maharajas,
raconte les amours contrariées du valeureux guerrier Solor avec la
danseuse sacrée Nikiya et la grande rivalité de celle-ci avec
Gamzatti, la fille du rajah, promise à Solor.
Alternant pantomime, danses spectaculaires comme la danse des poignards
ou celle des éventails, et grand ballet classique avec déroulement
de pas de deux, arabesques, adages, autour d’une imposante distribution,
le corps de ballet et les figurants mettent en valeur des solistes brillants.
Sur la scène du Palais des Congrès, en cette première
semaine de février, le Saint-Pétersbourg Ballet théâtre
était à l’honneur et c’est dans le cadre d’un
projet « Irina Kolesnikova invite les étoiles de la
danse » que le public parisien a découvert de talentueux
jeunes danseurs.
Ainsi, Nikiya est dansée par l’étoile du Ballet National
d’Ukraine, Natalia Matsak, la princesse Gamzatti, par Tatiana Tkachenko,
soliste du Théâtre Mariinski, le guerrier Solor par Vladimir
Muntagirov, soliste du Royal Ballet de Londres.
Cette troupe, accompagnée par l’orchestre live du
Saint-Pétersbourg Ballet théâtre dirigé par Vadim
Nikitin, offre une véritable fête de la danse dans les costumes
chatoyants de Galina Soloviela.
Cat.S / Theothea.com, le 11/02/14
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LES TROIS ÂGES
de
Marguerite Duras
mise en scène
Didier Bezace
|
****
Théâtre
de l'Atelier
Tel
01 46 06 49 24
|
|
photo © Nathalie Hervieux
|
Que Didier Bezace, après une quinzaine d’années
passées à la direction du Théâtre de La Commune,
s’attelle, en première instance, à célébrer
Duras à l’Atelier, voilà qui est un signe fort de la
pérennité du spectacle vivant.
Que celui-ci est conçu cet hommage en forme de triptyque chronologique,
voilà qui permet d’évoluer de l’art de la conversation
à celui de l’abstraction, celui de la force du mot à celle
de l’imaginaire… tout en passant par une phase de réflexion
dialectique entre le monde à découvrir dans sa pluralité
et celui de l’accomplissement dans sa profondeur.
Ainsi ces trois thèmes « La conversation avec le
Président », « La rencontre du square »
et « La mémoire en quête
d’identité » se complètent-ils dans une
intégrale cyclique de quelques heures en compagnie fictionnelle
d’une Marguerite, enfant, jeune femme et aussi âgée, ainsi
qu’au travers d’une distribution tout à fait remarquable
qui, en soi, pourrait suffire à la satisfaction du spectateur, tant
la direction d’acteurs est à la fois, subtile, distanciée
et forcément humaine.
En effet, prendre un enfant par la main et lui faire jouer un rôle
de grande personne s’interrogeant sur la gouvernance de ses semblables,
voilà bien une idée audacieuse que le metteur en scène
met à profit dans une relation de confiance réciproque où
Jean-Marie Galey est en charge de laisser éclore la formidable intuition
précoce de Loredana Spagnuolo.
En s’incluant, ensuite, dans la fonction du confident éclairant
la marche à suivre lorsque les choix de vie s’interrogent entre
se laisser happer par l’infinité des possibles face à
la conscience du pragmatisme, le réalisateur tend à nouveau
la main à une partenaire (Clotilde Mollet), cette fois-ci devenue
adulte et relativement prête aux sortilèges de la séduction
autant que contradictoirement disponible à l’attraction du Grand
Amour !
Enfin, Didier Besaze a obtenu cet immense privilège de pouvoir
faire se rencontrer sur les planches l’actrice Durassienne par excellence,
ayant incarné « Hiroshima mon amour » avec une
autre comédienne, sa cadette talentueusement rare :
Ainsi Emmanuelle Riva, sanctuarisée par Alain Resnais, remet chaque
soir en jeu son statut universellement culte en une relation miroir, à
quelques années d’intervalle, avec son double venu
d’affinités totalement troublantes qu’Anne Consigny lui
renvoie avec charme, lucidité et complicité espiègle.
Bien entendu, ce crescendo organisé en une intégrale des
trois pièces (Marguerite et le Président, Le Square & Savannah
Bay), peut également se concevoir en autre ordonnancement, tout aussi
légitime, voire même être subdivisé en entités
autonomes à apprécier comme telles, reste que cette triple
création de Didier Bezace fera date, d’abord pour la scène
théâtrale ravie, en ce centenaire de la naissance de Marguerite,
de célébrer les multiples retrouvailles avec cette auteure
unique, mais en outre pour lui-même, en se replaçant
immédiatement dans les rails de l’essentiel et bien au-delà
des limites d’âge, de toute évidence,.. surannées
!
Theothea le 12/02/14
|
MEME PAS VRAI
de
Nicolas Poiret & Sébastien Blanc
mise en scène
Jean-Luc Revol
|
****
Théâtre
Saint Georges
Tel
01 48 78 63 47
|
« Casse la gueule à la
recré… même pas vrai ! »
De Souchon à Poiret & Blanc, il pourrait y avoir continuité
dans l’esprit potache, à ceci près que de la chanson aux
planches, il y aurait comme un léger décalage
« adulescent » passant de la gaminerie en forme de
ritournelle à la psychopathie familiale du genre « tuyau
de poêle » !
Bref, les deux jeunes auteurs ont misé gros sur le mauvais esprit
qui soude ensemble les aficionados de la réalité reconstruite
au diapason du caprice, en les opposant précisément au
dénominateur commun du mensonge généralisé, telle
une prolifération cancéreuse élevée au rang
vertigineux de péché mignon collectif.
Ainsi « même pas vrai » serait-il devenu la
devise ou le sésame des affinités adhésives au non-dit
permettant d’embellir ou de trafiquer sans cesse l’instant
présent, tout en remettant aux calendes grecques le soupçon
de vérité qui remettrait chacun à sa place dans le
groupe.
Toutefois devant un tel charivari des états d’âme, se
distingue forcément celui d’entre eux qui met tout le monde au
pas, choisi en stratégie de défense à toutes les attaques
les plus pernicieuses :
Il s’agit donc ici de celui de Mathilde (Raphaëline Goupilleau)
qui, non contente d’un statu quo familial perçu comme potentiellement
destructeur du sentiment affectif, a peu à peu entraîné
tout son monde, du fils au mari en passant par les amis proches, à
ne jamais se satisfaire d’une apparence de bien-être au profit
d’un véritable exutoire d’ignominies latentes résidant
en chacun d’entre eux… mais à faire imploser de toute urgence.
Face à ce comportement déviant de La « Mater
Familias », chacun se situera au plus près de sa propre
personnalité et de ses intérêts en jeu, car de toutes
évidences, nul n’est effectivement irréprochable en
matière de travestissement !
En pratique, cette mise en scène en subtilités
déjantées par Jean-Luc Révol débute comme une
pièce de boulevard et pourrait, à ce titre, faire craindre
le pire à un spectateur non prévenu d’une transgression
du « genre » … programmé au-delà du
premier tiers temps du jeu de rôles ainsi mis en place sous regard
d’abord circonspect puis absolument ravi !
Sur scène, ils sont six à la manœuvre de ce naufrage
sublimé en concours Lépine du meilleur empêcheur de tourner
en rond. Tous sont au top dans un agencement de profils complémentaires
à l’échelle d’une « Folleville »
à transcender en Comédie à part entière.
Theothea le 17/02/14
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