Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

18ème  Saison     Chroniques   18.081   à   18.085    Page  342

 

  • DES JOURNEES ENTIERES DANS LES ARBRES  
  • LE MISANTHROPE                                                      
  • LA BAYADERE                                                               
  • LES TROIS ÂGES                                                           
  • MEME PAS VRAI                                                               1805ème  chronique  (depuis 1996)

         

 

             

photo © Theothea.com

       

                      

   

             

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DES JOURNEES ENTIERES DANS LES ARBRES

de Marguerite Duras

mise en scène Thierry Klifa

****

Théâtre de la Gaîté Montparnasse

Tel   01 43 20 60 56

                    

           photo © Carole Bellaiche

     

Pour mémoire : « Elle est toujours toute noire et blanche » la Fanny Ardant de Vincent Delerm… Elle parle à peine et lui ne dit rien, en écoutant du chant grégorien; ils ont une relation comme çà, l’actrice et le chanteur !…

Ce soir, tout autre scénario sur les planches de la Gaîté Montparnasse; c’est avec Nicolas Duvauchelle que la comédienne noue une relation fusionnelle, alors que dans une robe noire style années cinquante portée à ravir, elle fait preuve d’un flot de paroles affectives à l’égard de son fils cadet, ayant tourné bad boy adulte mais pour lequel l’artiste, revenue des Colonies, conserve à tout jamais le regard des jours heureux lorsque, enfant, il se réfugiait dans les arbres au détriment de l’école qu’il abhorrait.

Le décor durassien est ainsi planté dans ce salon familial alors que l’éternelle classieuse se lèche les babilles à l’idée de dévorer une choucroute fantasmée, depuis tant de temps, à l’aune de ces retrouvailles !

Sur la ritournelle du « Je me souviens… », cette mère en verve intarissable ne cesse de rappeler à son rejeton parvenu dans la cinquantaine, toutes les bribes d’un puzzle où la mémoire éclatée se voudrait reine d’un amour maternel si peu incestueux qu’il en serait paradoxalement étouffant pour le couple formé avec Marcelle (Agathe Bonitzer).

Le feu intérieur qui caractérise si bien l’immense comédienne devient ici incandescent par la force des mots de Duras, articulés en des postures de Divine autant qu’en des élans spontanés de passion si longtemps contenu à distance.

Champagne pour tout le monde avant les inéluctables déconvenues d’un déphasage avéré entre deux êtres que le cordon ombilical suspend en un fil de plus en plus ténu au dessus du gouffre spatio-temporel.

Formidable exhibition extravertie de Fanny Ardant, à nouveau sous la direction de Thierry Klifa, selon des registres où sensibilité, conviction et embrasement feraient le ménage des sentiments dénués de grandeur d’âme !

Theothea le 06/02/14

         

            visuel affiche

         

LE MISANTHROPE

de Molière

mise en scène Michel Fau

****

Théâtre de l'Oeuvre

Tel   01 44 53 88 86

                    

           photo ©  MARCEL HARTMANN

   

Jamais, à notre époque, cette comédie de Molière n’a-t-elle été mieux entendue et psalmodiée au rythme des alexandrins que grâce à cette mise en scène de Michel Fau dirigeant une interprétation chorale, à la fois déclamatoire, baroque et surtout éminemment « pédagogique ».

A l’instar de Sarah Bernhard s’adressant de manière emphatique autant aux galeries qu’aux rangs de l’orchestre, ici dans cette jauge de 326 places, de telles envolées lyriques fusent au gré des répliques atrabilaires ou à fleur de peau alors que d’autres confidences peuvent aussi s’effectuer Mezzo voce.

C’est un véritable régal que de voir cette troupe costumée et bigarrée à saturation du XVIIème siècle, éclairée et maquillée comme à kitsch land ainsi que décalée dans le temps comme si les fouilles archéologiques d’Alceste avaient mis à jour sa fratrie originelle, sur un registre complètement fantasmatique.

Au cœur de l’enjeu amoureux en transes métaphysiques, Julie Depardieu y trône comme une coquette égarée dans le délire séducteur alors qu’à proximité, Edith Scob lâche les chevaux du cynisme, de la médisance voire de la folie érigée en art de vivre. A contrario, pour faire bonnes mesures d’élégance du cœur et de l’âme, Laure-Lucile Simon y impose une aura aristocratique, tempérée et néanmoins sans appel.

Face à ce trio féminin emblématique, mais à peine caricatural, Michel le chef de bande menacé, à quelques périodes dans la vraie vie, du désir de misanthropie absolue, se soigne allègrement dans la distanciation géniale du rôle de composition, à la fois hors normes et pourtant si proche de la névrose paranoïaque collective.

Jean-Pierre Lorit et Jean-Paul Muel l’entourent d’effusions transgressives paradoxales tellement attentionnées ou fantasques qu’elles permettent à ce meneur de jeu de ne jamais en faire trop, tant les autres s’en chargent pour lui :

Roland Menou, Frédéric Le Sacripan, Fabrice Cals veillent au grain de folie en orbite active, corrigeant le tir rival au moindre décalage de trajectoire fumeuse.

Aussi, dans cette distribution où le déjantement contrôlé est le maître mot de la dépression comportementale généralisée menaçant l’humanité, c’est par fusées d’artifices complètement réglées en contre-feu de la raison amoureuse que tous oeuvrent au énième degré de l’humour pour rendre (in)supportable la vie avec leurs semblables.

S.O.S. ! Save Our Souls, Michel Fau !

Theothea le 07/02/14

LA BAYADERE

musique  Ludwig Minkus

Saint Petersbourg Ballet Téâtre

****

Palais des Congrès

Tel  

                    

           photo ©  Theothea.com  

     

La Bayadère est un joli mot pour signifier une danseuse sacrée de l’Inde, gardienne du temple et du feu sacré.

C’est le nom d’un ballet de réputation mondiale en trois actes et sept tableaux, chorégraphié par Marius Petipa, maître de ballet et chorégraphe français qui passa, de 29 ans à sa mort, sa vie en Russie. La musique est de Ludwig Minkus, compositeur de ballets des Théâtres impériaux de Saint-Pétersbourg.

Sa création a eu lieu le 23 janvier 1877 au Théâtre Bolchoï de Saint- Pétersbourg.

Actuellement, La Bayadère est surtout représentée dans la version de Vakhtang Chabukiani et Vladimir Ponomarev (1941) allégeant certaines scènes et choisissant de terminer le ballet d’une durée de plus de trois heures sur le passage intitulé « Royaume des Ombres », célèbre défilé des bayadères en tutu blanc avec des voiles translucides entourant leurs bras, et magnifié par le grand Rudolph Noureev quand il le composa pour l’Opéra de Paris.

La Bayadère, sur fond exotique au royaume des fakirs et des maharajas, raconte les amours contrariées du valeureux guerrier Solor avec la danseuse sacrée Nikiya et la grande rivalité de celle-ci avec Gamzatti, la fille du rajah, promise à Solor.

Alternant pantomime, danses spectaculaires comme la danse des poignards ou celle des éventails, et grand ballet classique avec déroulement de pas de deux, arabesques, adages, autour d’une imposante distribution, le corps de ballet et les figurants mettent en valeur des solistes brillants.

Sur la scène du Palais des Congrès, en cette première semaine de février, le Saint-Pétersbourg Ballet théâtre était à l’honneur et c’est dans le cadre d’un projet « Irina Kolesnikova invite les étoiles de la danse » que le public parisien a découvert de talentueux jeunes danseurs.

Ainsi, Nikiya est dansée par l’étoile du Ballet National d’Ukraine, Natalia Matsak, la princesse Gamzatti, par Tatiana Tkachenko, soliste du Théâtre Mariinski, le guerrier Solor par Vladimir Muntagirov, soliste du Royal Ballet de Londres.

Cette troupe, accompagnée par l’orchestre live du Saint-Pétersbourg Ballet théâtre dirigé par Vadim Nikitin, offre une véritable fête de la danse dans les costumes chatoyants de Galina Soloviela.

Cat.S / Theothea.com, le 11/02/14                        

       

             

            photo ©  Theothea.com  

         

LES TROIS ÂGES

de Marguerite Duras

mise en scène Didier Bezace

****

Théâtre de l'Atelier

Tel   01 46 06 49 24

                    

           photo © Nathalie Hervieux  

Que Didier Bezace, après une quinzaine d’années passées à la direction du Théâtre de La Commune, s’attelle, en première instance, à célébrer Duras à l’Atelier, voilà qui est un signe fort de la pérennité du spectacle vivant.

Que celui-ci est conçu cet hommage en forme de triptyque chronologique, voilà qui permet d’évoluer de l’art de la conversation à celui de l’abstraction, celui de la force du mot à celle de l’imaginaire… tout en passant par une phase de réflexion dialectique entre le monde à découvrir dans sa pluralité et celui de l’accomplissement dans sa profondeur.

Ainsi ces trois thèmes « La conversation avec le Président », « La rencontre du square » et « La mémoire en quête d’identité » se complètent-ils dans une intégrale cyclique de quelques heures en compagnie fictionnelle d’une Marguerite, enfant, jeune femme et aussi âgée, ainsi qu’au travers d’une distribution tout à fait remarquable qui, en soi, pourrait suffire à la satisfaction du spectateur, tant la direction d’acteurs est à la fois, subtile, distanciée et forcément humaine.

En effet, prendre un enfant par la main et lui faire jouer un rôle de grande personne s’interrogeant sur la gouvernance de ses semblables, voilà bien une idée audacieuse que le metteur en scène met à profit dans une relation de confiance réciproque où Jean-Marie Galey est en charge de laisser éclore la formidable intuition précoce de Loredana Spagnuolo.

En s’incluant, ensuite, dans la fonction du confident éclairant la marche à suivre lorsque les choix de vie s’interrogent entre se laisser happer par l’infinité des possibles face à la conscience du pragmatisme, le réalisateur tend à nouveau la main à une partenaire (Clotilde Mollet), cette fois-ci devenue adulte et relativement prête aux sortilèges de la séduction autant que contradictoirement disponible à l’attraction du Grand Amour !

Enfin, Didier Besaze a obtenu cet immense privilège de pouvoir faire se rencontrer sur les planches l’actrice Durassienne par excellence, ayant incarné « Hiroshima mon amour » avec une autre comédienne, sa cadette talentueusement rare :

Ainsi Emmanuelle Riva, sanctuarisée par Alain Resnais, remet chaque soir en jeu son statut universellement culte en une relation miroir, à quelques années d’intervalle, avec son double venu d’affinités totalement troublantes qu’Anne Consigny lui renvoie avec charme, lucidité et complicité espiègle.

Bien entendu, ce crescendo organisé en une intégrale des trois pièces (Marguerite et le Président, Le Square & Savannah Bay), peut également se concevoir en autre ordonnancement, tout aussi légitime, voire même être subdivisé en entités autonomes à apprécier comme telles, reste que cette triple création de Didier Bezace fera date, d’abord pour la scène théâtrale ravie, en ce centenaire de la naissance de Marguerite, de célébrer les multiples retrouvailles avec cette auteure unique, mais en outre pour lui-même, en se replaçant immédiatement dans les rails de l’essentiel et bien au-delà des limites d’âge, de toute évidence,.. surannées !

Theothea le 12/02/14                      

             

     

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MEME PAS VRAI

de Nicolas Poiret & Sébastien Blanc

mise en scène Jean-Luc Revol

****

Théâtre Saint Georges

Tel   01 48 78 63 47

                    

           photo affiche  

       

« Casse la gueule à la recré… même pas vrai ! »

De Souchon à Poiret & Blanc, il pourrait y avoir continuité dans l’esprit potache, à ceci près que de la chanson aux planches, il y aurait comme un léger décalage « adulescent » passant de la gaminerie en forme de ritournelle à la psychopathie familiale du genre « tuyau de poêle »  !

Bref, les deux jeunes auteurs ont misé gros sur le mauvais esprit qui soude ensemble les aficionados de la réalité reconstruite au diapason du caprice, en les opposant précisément au dénominateur commun du mensonge généralisé, telle une prolifération cancéreuse élevée au rang vertigineux de péché mignon collectif.

Ainsi « même pas vrai » serait-il devenu la devise ou le sésame des affinités adhésives au non-dit permettant d’embellir ou de trafiquer sans cesse l’instant présent, tout en remettant aux calendes grecques le soupçon de vérité qui remettrait chacun à sa place dans le groupe.

Toutefois devant un tel charivari des états d’âme, se distingue forcément celui d’entre eux qui met tout le monde au pas, choisi en stratégie de défense à toutes les attaques les plus pernicieuses :

Il s’agit donc ici de celui de Mathilde (Raphaëline Goupilleau) qui, non contente d’un statu quo familial perçu comme potentiellement destructeur du sentiment affectif, a peu à peu entraîné tout son monde, du fils au mari en passant par les amis proches, à ne jamais se satisfaire d’une apparence de bien-être au profit d’un véritable exutoire d’ignominies latentes résidant en chacun d’entre eux… mais à faire imploser de toute urgence.

Face à ce comportement déviant de La « Mater Familias », chacun se situera au plus près de sa propre personnalité et de ses intérêts en jeu, car de toutes évidences, nul n’est effectivement irréprochable en matière de travestissement !

En pratique, cette mise en scène en subtilités déjantées par Jean-Luc Révol débute comme une pièce de boulevard et pourrait, à ce titre, faire craindre le pire à un spectateur non prévenu d’une transgression du « genre » … programmé au-delà du premier tiers temps du jeu de rôles ainsi mis en place sous regard d’abord circonspect puis absolument ravi !

Sur scène, ils sont six à la manœuvre de ce naufrage sublimé en concours Lépine du meilleur empêcheur de tourner en rond. Tous sont au top dans un agencement de profils complémentaires à l’échelle d’une « Folleville » à transcender en Comédie à part entière.

Theothea le 17/02/14

           

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