Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

18ème  Saison     Chroniques   18.086   à   18.090    Page  343

 

         

 

             

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LE SONGE D'UNE NUIT D'ETE

de William Shakespeare

mise en scène  Muriel Mayette

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Comédie Française

Tel  

                    

           photo ©  © Christophe Raynaud de Lage

               

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LA VISITE DE LA VIEILLE DAME

de Friedrich Dürrenmatt

mise en scène Christophe Lidon

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Théâtre   du Vieux Colombier

Tel   01 44 39 87 00/  01

                    

           photo © Cosimo Mirco Magliocca

                   

Qui penserait que la vraie motivation d’une vieille dame puisse être, au soir de sa vie, la volonté de vengeance, nourrie, sans relâche, depuis que jeune fille de 17 ans, elle dut quitter le havre de ses amours, congédiée enceinte, à la fois par son fiancé et toute la communauté du bourg ?

C’est ainsi qu’à 62 ans, revenant sur les lieux de sa répudiation, Claire Zahanassian arrive, au toupet, en gare de Güllen, accueillie par l’ensemble des notabilités comme une véritable impératrice annonciatrice de temps meilleurs pour le village en pleine récession.

Ceci dit, c’est en jouant délibérément cartes sur table, que Claire (Danièle Lebrun) d’emblée posera les termes de l’enjeu, à prendre ou à laisser :

Le don d’un « milliard » à se partager a parité entre les institutions et la population, serait le prix pour « acheter » la Justice et par voie de conséquence la tête d’Alfred (Samuel Labarthe) qu’elle avait tant aimé… au point de vouloir le faire trucider quarante cinq années plus tard.

Cela, néanmoins, n’empêchera point les deux anciens amants de revisiter les lieux du bonheur de leur jeunesse, en s’épanchant sur la nostalgie de ces moments heureux.

Par ailleurs, telle une main de fer dans un gant de velours, la vieille Dame est aussi venue avec l’idée de célébrer ses énièmes noces nuptiales, avec son prétendant du moment, qui garantiront ainsi une couleur festive, en toile de fond, à l’assassinat programmé de l’homme qui, jadis, a brisé ses rêves.

La trame conductrice de cette tragi-comédie repose principalement sur l’évolution par étapes du revirement psychologique des concitoyens, d’abord totalement voués à la cause d’Alfred pour ensuite rejeter celle-ci radicalement en fin de processus vénal.

Cette stratégie des alliances, se modifiant au prorata des intérêts collectifs et individuels à moyen terme, se constituera en paradigme de la fable de Friedrich Dürrenmatt que la mise en scène de Christophe Lidon préférera, elle, assimiler à un conte.

Évacuant ainsi la problématique de l’éthique au profit d’un esthétisme imaginaire, cette création au Vieux-Colombier ne convainc qu’à moitié, en l’occurrence celle par laquelle le jeu des acteurs se marie au sein d’un expressionnisme emphatique en prise avec l’absurdité comportementale.

En revanche l’intensité dramatique n’étant pas relayée par une ambition civique et sociale, les tensions émotionnelles et vitales se dissolvent nécessairement dans une tonalité d’indifférenciation.

Ce parti pris d’amoralité appliqué en prisme scénographique par Christophe Lidon permet aux comédiens du Français ( y compris les nouveaux pensionnaires Didier Sandre & Pauline Méreuze ) d’étalonner leurs jeux sans arrière-pensée inhibitrice de mauvaise conscience mais ôtent quelque peu l’impact d’identification du spectateur en neutralisant tout processus, pourtant sain, d’antipathie.

Theothea le 04/03/14

LA TRAHISON D'EINSTEIN

de Eric-Emmanuel Schmitt

mise en scène Steve Suissa

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Théâtre  Rive Gauche

Tel   01 43 35 32 31

                    

         visuel affiche

     

S’il fallait appliquer la théorie de la relativité au cas de conscience qui, durant la seconde guerre mondiale, s’est peu à peu emparé de l’illustre physicien, ce serait sans doute devenir adepte du cynisme éclairé prévoyant que l’équilibre de la terreur, à la suite d’Hiroshima & Nagasaki, serait le modus vivendi planétaire de la seconde moitié du Xxème siècle et peut-être du suivant.

Cependant à ce moment du nazisme triomphant, tel n’était pas l’enjeu immédiat pouvant alors se résumer à - Qui de l’Allemagne ou des USA serait à même de tirer profit des découvertes sur l’uranium effectuées par le scientifique Albert Einstein, paradoxalement « pacifiste » avéré ? -

C’est à un véritable exercice platonicien que s’est livré Eric-Emmanuel Schmitt, en construisant ainsi une suite d’entretiens dialectiques entre le savant juif réfugié politique sur les rives d’un lac du New Jersey et un marginal rencontré fortuitement avec lequel il lia confiance et amitié, au fil du temps et de leurs discussions assidues.

Aussi, cette véritable torture morale qui consiste à observer un système de valeurs se renverser en son contraire par la force des évènements et des hommes les conduisant, constituera la matière même de cette réflexion philosophique à deux voix tentant l’analyse et la synthèse par affinités et affectivité complémentaires.

Un troisième personnage, estampillé FBI, jouera auprès de ce duo, l’empêcheur de tourner en rond, essayant de découvrir à quel niveau de traîtrise caractérisée pouvait se situer le mystère entourant l’aura du grand homme universel.

En véritable cheville ouvrière du nouveau Théâtre Rive Gauche dirigé par l’auteur depuis quelques années, Francis Huster y enchaîne les pièces à succès, en composant donc présentement cette posture tourmentée du découvreur de la formule e=MC2 !

Face à lui, Jean-Claude Dreyfus y incarne avec un plaisir non dissimulé, une sorte de confident tout azimut, libre dans sa tête et son art de vivre décalé.

La mise en scène de Steve Suissa, elle, balance à la Gaîté, entre super production hollywoodienne et intimisme écologique, sans que l’on sache vraiment où devrait se situer l’entendement cohérent du spectateur.

Mais qu’importe ces atours, puisque la problématique exposée y est parfaitement explicite; à chacun donc d’en faire ou non son agrément spéculatif.

Theothea le 20/02/14

LES DIABLOGUES

de Roland Dubillard

mise en scène Anne Bourgeois

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Théâtre du Palais Rpyal 

Tel   01 42 97 40 00

                    

           photo ©  Bernard Richebé  

         

En reprenant la réalisation théâtrale de ces causeries, dans le poste de radio, sous forme de feuilleton écrit au quotidien dans les années cinquante par Roland Dubillard, Anne Bourgeois débute un nouveau cycle de ces Diablogues avec Michel Galabru et Martin Lamotte en tant que duo de référence pouvant se succéder ultérieurement par d’autres binômes tout aussi séduisants à 19h00 au Théâtre du Palais Royal.

En ayant déjà créé une scénographie fort réussie sept années auparavant avec François Morel & Jacques Gamblin au Rond-Point, la metteuse en scène s’appuie cette fois-ci sur le concept de lecture-spectacle permettant plus aisément le renouvellement des tandems de comédiens dans cet exercice se rapprochant davantage du contexte radiophonique initial.

Chacun des deux partenaires face à un pupitre ou assis à un bureau se trouve en situation vintage de chansonnier devant son micro; ainsi celui-ci et celui-là peuvent-ils se donner la réplique, en suivant du regard le texte conducteur, tout en pouvant à loisir agrémenter de gestes emphatiques et d’expressions facétieuses à l’égard du public venu se régaler de l’absurde décliné au mieux par ces deux têtes d’affiche.

La recette est excellente; elle remplit la jauge des salles de théâtre en appel du spectacle à 21h00. Présentement au Palais Royal, il s’agit de Joyeuses Pâques avec Roland Giraud & Maaike Jansen sous mise en scène de Jean-Luc Moreau dont nous pourrions rendre compte…

En attendant Michel Galabru en smoking et Martin Lamotte idem mais lui, ce soir là, le nœud papillon dégrafé et la chemise blanche déboutonnée, se mettent sur orbite, dès le lever de rideau, avec un leitmotiv prise de tête au sujet d’un compte-gouttes qui, à bien y réfléchir, pourrait fort bien constituer le spectacle à lui tout seul, tant sa portée métaphysique restera insoluble jusqu’au bout du sketch… et ainsi de suite !…

De digressions sous esprit d’escalier en mimiques à s’esclaffer au diapason des numéros d’acteurs, le spectateur ne voit pas le temps passer : Pour peu, il n’aurait décidément qu’une envie: venir se rasseoir à la même place pour assister au spectacle du soir !

Theothea le 21/02/14

CROISIERE D'ENFER

de Eric Carrière

mise en scène  Les Chevaliers du fiel

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Théâtre des Variétés

Tel   01 42 33 09 92

                    

         visuel affiche

   

Si la croisière s’amuse tant, c’est que les chevaliers du fiel ont la faculté de mettre la pantomime au centre du délire collectif.

Transformistes sans en revendiquer la spécificité, voilà les deux compères prêts à en découdre avec la distanciation idéologique de façon à rendre aux multiples personnages qu’ils interprètent durant cent minutes de croisière « Claude François », la part de vérité comportementale qu’il est nécessaire d’apprécier au énième degré de l’humour.

Dans cette cabine 2 places, avec vue sur mer, surmontée d’un pont promenade, Martine & Christian, heureux gagnants d’un jeu concours, vont pouvoir s’adonner au culte de l’idole d’Alexandra Alexandrie… tout en touchant terre d’Egypte plus radicalement que prévu sur le dépliant touristique.

Du Capitaine aux mœurs incertaines au groom service sourd et muet en passant par le plombier déjanté, ce sont sans doute la belle-mère et la maîtresse rivalisant en quiproquos tueurs de couple qui mèneront ce bal du boulevard à la sauce Titanic aux confins d’un village people global.

Au gré des mimiques et des costumes de travestissement appropriés, la salle rit par convulsions continues aux répliques tellement détournées du bon sens que celui-ci en deviendrait, pour le moins, illégitime.

Bref, Francis Ginibre & Eric Carrière possèdent à fond de commerce artistique, cet art alternatif de surjouer la mythomanie sur le registre du souffre-douleur que cette croisière d’enfer en deviendrait aisément le lupanar du spectacle vivant.

Autrement dit, ces deux comédiens ont, peu à peu, réussi à se rendre indispensables à la scène théâtrale, alors même qu’à l’heure actuelle, l’écriture d’Eric Carrière n’a fait qu’effleurer le quatrième fiel, celui qui se contenterait d’un paradis sur mer !

Theothea le 19/02/14

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