Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

18ème  Saison     Chroniques   18.097   à   18.100    Page  345

 

         

 

             

photo © Theothea.com

       

                      

   

             

                photo © Theothea.com

       

                      

     

66ème Festival de Cannes 2013

La Croisette 2013

   

Les Molières 2014

en perspective

   

R E V I V A L

Wight ! + 40 années après

     

Toutes nos  critiques   2013 - 2014

Les Chroniques de   Theothea.com   sur    

   

THEA BLOGS                    Recherche   par mots-clé                    THEA BLOGS          

UN SINGE EN HIVER

d'après Michel Audiard & Henri Verneuil

mise en scène Stéphane Hillel

****

Théâtre de Paris

Tel   01 48 74 25 37

                    

        visuel affiche

       

« Au Cinéma, c’est la prépondérance de l’image. Au Théâtre, c’est la prépondérance du texte. Là où le cinéma donne à voir, le théâtre donne à entendre. »

C’est donc opté; la mise en scène de Stéphane Hillel, adaptée du film d’Henri Verneuil donnera à entendre Blondin et Audiard !

Ayant ainsi, selon ses intentions et convictions, forgé son propre cahier des charges, le co-directeur du Théâtre de Paris n’avait plus qu’à réunir les conditions contextuelles pour réussir son objectif !

Première garantie, Stéphan Wojtowicz l’adaptateur serait partie prenante de l’interprétation en intégrant l’équipe des six comédiens.

Ensuite les directives ne chercheraient pas tant à susciter des numéros d’acteurs qu’à mettre ceux-ci en condition de joute oratoire afin de valoriser cette langue jubilatoire.

Enfin, armé d’un binôme de choc avec Messieurs Eddy Mitchell & Fred Testot, l’enjeu consisterait à jouer la carte du duo « road movie » circulant de bar en bar, en quête non d’une fuite en avant exacerbée mais davantage de l’approfondissement d’une amitié née d’une reconnaissance mutuelle, solidaire et intergénérationnelle.

« Alors, il est comment Eddy Mitchell ? » s’interroge l’une des critiques en point de mire. « En charentaises ! » résume-t-elle en une appréciation imagée ! Et pourquoi pas, se dit-on, pourvu que le tandem Mitchell-Testot puisse fonctionner dans le cadre tracé initialement par Hillel.

Effectivement, Fred alias Fouquet va se démener du mieux qu’il peut pour animer une sorte de bourrasque récurrente censée emporter toutes les résistances du surmoi au lâcher prise et par conséquent, en premier instance, celui de son partenaire Eddy alias Quentin.

Bref, l’un souffle le chaud, style Belmondo et sa palette d’intonations, en proposant l’alcool comme viatique à toutes les contraintes, l’autre freine plus ou moins ce passage à l’acte jusqu’à céder dans les grandes largeurs, tout en assumant les conséquences de son choix risqué.

L’un est très fougueux façon Bebel, l’autre est bien conscient de la transgression… non sans rappeler l’esprit Gabin.

« Alors, il est comment Eddy Mitchell ? » pourrait-on parodier, à nouveau, la question persistante. Eh bien, la réponse, c’est que Monsieur Eddy est comme dans la vie, réservé et un tantinet taciturne.

A l’instar d’Alain Delon, cet artiste chanteur n’est pas comédien de composition : Au service d’un personnage, il est avant tout « lui-même » . Il fait le job mais il le fait à sa façon !…

A chacun d’apprécier, selon l’intérêt qu’il souhaite porter à cette œuvre patrimoniale qu’ Evelyne Dandry, Gérard Loussine et Chloé Simoneau complètent, eux aussi, en total accord avec le projet exposé plus haut.

Et bien sûr, le surprenant feu d’artifices final viendra clore dignement cette reconstitution sémantique du scénario originel tout en rendant à Audiard & Blondin ce qui est à Audiard & Blondin mais aussi, de manière plus inattendue, à Verneuil ce qui appartiendrait à Verneuil dans l’inconscient collectif.

Que devrait-on espérer de mieux ?

Theothea le 08/03/14

ONCLE VANIA

de Anton Tchekhov

mise en scène Eric Lacascade

****

Théâtre de Paris

Tel   01.42.74.22.77

                    

           visuel affiche photo répétition © Brigitte Enguerand  

               

                   

     

             CriTweet Theothea.com

         

ANNA ET MARTHA

de  Dea Loher

mise en scène Robert Cantarella

****

Théâtre  Malakoff 71

Tel   01 55 48 91 00

                    

           photo DR.  

Anna (Catherine Hiegel) et Martha (Catherine Ferran), comme d’autres pourraient s’appeler Claire et Solange, s’il s’agissait d’un cousinage avec les Bonnes de Jean Genet, sont bel et bien disposées à déblatérer sur leur patronne.

Côte à côte sur leurs chaises, chacune y va, à tour de rôles, de sa diatribe bien enlevée, de façon à soulager le poids d’une existence servile mais sur le point de rompre ses amarres sans toutefois être vraiment décidée sur l’objectif ultérieur à poursuivre.

En effet, il ne suffit pas que dans le congélateur récalcitrant soit en cours le dégel fatal de Madame, pourtant si bien conservée jusque là, pour que d’un coup d’un seul, l’avenir s’éclaire d’une simple joute oratoire à défouler toute consternation accumulée par les ans.

Certes, le temps passe, le temps passe, mais le corps du délit est toujours là, bien présent dans le froid qui se liquéfie, à l’instar de l’obsession envahissante organisée autour de « La Corde » d’Alfred Hitchckock.

Cependant le rire sarcastique de ces employées de maison semblent largement l’emporter en densité de cynisme que Meier Ludwig (Nicolas Maury), l’ex-chauffeur de Madame, traduirait, à intervalles réguliers, par des coups de pieds bien sentis sur la machine à jeter un froid !

Pareillement la bonne des bonnes, ici appelée Xana (Valérie Vivier) n’aurait de cesse de tourner en dérision toute velléité de faire de la Vie, ce bien si précieux que l’ensemble de sa généalogie a, déjà de toutes évidences, irrémédiablement perdu.

Dire que dans un tel contexte moribond à souhait, les deux Catherine s’élèveraient en posture de jubilation intense, n’est sans doute pas éloigné de la direction d’actrices par Robert Cantarela.

Sa mise en scène, à la fois surréaliste et facétieuse, agit comme une contagion généralisée qu’il serait préférable de ne pas enrayer si le désir de goûter pleinement à l’humour ravageur soit en mesure de se laisser happer par l’asservissement assumé jusqu’à la lie.

Theothea le 05/03/14

          photo © Theothea.com  

NORMA JEANE

d'après Joyce Carol Oates

mise en scène John Arnold 

****

Théâtre 13 Seine

Tel   01 45 88 62 22

                    

           photo © Bellamy 

       

Selon la règle de l’alternance en cours à La Comédie-Française, passer de Ismène, sœur d’Antigone à Norma Jeane, double de Marilyn Monroe, ne devrait poser aucune difficulté.

Quand bien même d’ailleurs, si la seconde se jouait hors les murs du Français puisque le principe est d’y favoriser les aménagements de planning, dans toute la mesure du possible !

En revanche, quitter définitivement La Comédie-Française et son statut de pensionnaire afin de reprendre pour une cinquantaine de dates en tournée, l’interprétation qui, début 2012, avait entraîné d’emblée votre intégration dans la Maison de Molière ardemment souhaitée, à l’époque, par l’administratrice, voilà qui ne serait vraiment pas banal:

Ainsi d’Ismène à Norma, il y aurait, bien sûr, ce désir transcendant de reprendre à nouveau avec l’ensemble de la compagnie originelle, le rôle de votre vie, en tout cas celui qui vous avait révélée artistiquement à vous-même, au public et à la profession; mais il y aurait surtout le renoncement irrémédiable à une carrière en élaboration prestigieuse et surtout en plein apprentissage institutionnel à seulement 25 ans.

La vie professionnelle est en effet balisée par ces choix radicaux mais difficile de ne pas considérer le flirt métaphorique de votre rencontre intime sur les planches avec la tragique destinée de la Star de tous les temps cinématographiques.

En effet, si dès 2000, la romancière Joyce Carol Oates engendre et donne à lire « Blonde » qui créé une véritable onde de choc dans le monde entier, c’est bel et bien, en effet boomerang, que John Arnold réceptionne l’impérieuse nécessité d’en constituer un spectacle vivant !

Aussi, devenant lui-même démiurge de cette création, il cumule alors les fonctions de comédien, d’adaptateur et de metteur en scène en recherche de la perle rare pouvant interpréter tous les âges de Marilyn depuis la tendre enfance jusqu’à la descente aux enfers.

Et eurêka ! Il la trouve en 2011 ! Elle s’appelle donc Marion Malenfant et se rend totalement disponible au projet ambitieux de son futur Pygmalion ! Les premières au Théâtre des Quartiers d’Ivry suscitèrent un réel choc dynamique, plus ou moins apprécié selon la qualité visionnaire des critiques !

En effet, l’idée de concevoir la vie de Marilyn comme un conte mythique où, à l’instar d’une étoile filante, c’est le fantasme d’une femme idéalisée qui serait conjugué au diapason d’Hollywood, impliquait une certaine distanciation d’avec l’image médiatique, voire photogénique.

Reste que l’interprétation de la jeune Marion est alors adoubée par Muriel Mayette qui l’engageait sur le champ ou quasiment, façon Cendrillon montant dans son carrosse avancé !

Ainsi, durant les deux années suivantes, la nouvelle pensionnaire fait ses classes en s’intégrant au mieux dans cette famille du Français si complémentairement talentueuse !

Mais voici que soudain, l’appel atavique d’avec l’expérience initiale si intense, intégralement conçue au sein d’une mise en scène chorale élevant la présence charismatique au pinacle de l’émotion collective, chercherait de nouveau à atteindre son apothéose à rebours:

Ainsi, complètement nue, à quelques mètres des premiers gradins, dans la lumière éblouissante de la poursuite célébrant le culte du corps féminin parfait, la comédienne harangue le public afin qu’il désire encore et toujours plus fort son physique de rêve !

Comment résister à une telle tentation partagée d’un commun accord par les deux sexes réunis en plébiscite de Marilyn Monroe ?

Et pourquoi se soucierait-on d’un statut de pensionnaire à contrebalancer avec la magnificence d’un tel plaisir recouvré et si peu éphémère, puisqu’il peut se renouveler après deux années d’interruption ?

La messe est dite ! Désormais la Star peut chuter de tout son saoul avec les hommes du Président ou quiconque feindrait de croire en son destin fabuleux… jusqu’au bout de la nuit noire !

Theothea le 07/03/14

       

               

            photo © Theothea.com

         

PHEDRE

de Racine

mise en scène Christophe Rauck

****

Théâtre Gérard Philipe

Tel   01 48 13 70 00

                    

           photo © Anne Nordmann

   

En cinq actes & 1654 alexandrins, Jean Racine a composé « La Mère des Tragédies », celle par laquelle Phèdre souffre secrètement d’aimer Hippolyte, le fils de Thésée son mari, alors que Oenone, sa confidente dévouée, va inspirer à sa maîtresse une suite de décisions s’avérant fatales.

En réunissant, sur le plateau du TGP, Cécile Garcia Fogel & Nada Strancar pour habiter ces deux rôles féminins, éminemment passionnées et dramatiques, Christophe Rauck va les confronter à deux partenaires masculins, obéissant essentiellement à des orgueils respectivement blessés.

Les deux femmes n’auront alors pas d’autre choix que l’esquisse et la surenchère, en manière de répliques fatidiques.

Nada Strancar, sur le ton de la discrétion attentionnée, tentera l’effacement comme arme suprême de défense; Cécile Garcia Fogel sur celui de la souffrance animale, cherchera en vain à sauvegarder jusqu’au bout, l’authenticité de son amour, fût-il complexe !

Cependant le retour de Thésée (Olivier Werner) sur la scène du vivant n’aura eu de cesse de miner l’équilibre instable des pulsions libidinales, certes mal assumées par l’épouse totalement désorientée.

Encore pantin désarticulé, engoncé mais protégé par son armure guerrière, c’est, libéré du métal lourd à supporter, que la colère envahira progressivement l’esprit chauffé à blanc de l’anti-héros, malgré lui, face aux supputations de traîtrise davantage qu’aux intentions, elles-mêmes !

La direction d’acteurs « brute de décoffrage » emporte la mise en scène de Christophe Rauck dans un tourbillon à la fois burlesque et fantasque qui pourrait fort bien élever la sobriété légendaire de Racine au niveau des frasques délirantes de Shakespeare.

Theothea le 15/03/14            

Recherche   par mots-clé