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UN SINGE EN HIVER
d'après
Michel Audiard & Henri Verneuil
mise en scène
Stéphane Hillel
|
****
Théâtre
de Paris
Tel
01 48 74 25 37
|
« Au Cinéma, c’est la prépondérance
de l’image. Au Théâtre, c’est la prépondérance
du texte. Là où le cinéma donne à voir, le
théâtre donne à entendre. »
C’est donc opté; la mise en scène de Stéphane
Hillel, adaptée du film d’Henri Verneuil donnera à entendre
Blondin et Audiard !
Ayant ainsi, selon ses intentions et convictions, forgé son propre
cahier des charges, le co-directeur du Théâtre de Paris
n’avait plus qu’à réunir les conditions contextuelles
pour réussir son objectif !
Première garantie, Stéphan Wojtowicz l’adaptateur serait
partie prenante de l’interprétation en intégrant
l’équipe des six comédiens.
Ensuite les directives ne chercheraient pas tant à susciter des
numéros d’acteurs qu’à mettre ceux-ci en condition
de joute oratoire afin de valoriser cette langue jubilatoire.
Enfin, armé d’un binôme de choc avec Messieurs Eddy
Mitchell & Fred Testot, l’enjeu consisterait à jouer la carte
du duo « road movie » circulant de bar en bar, en quête
non d’une fuite en avant exacerbée mais davantage de
l’approfondissement d’une amitié née d’une
reconnaissance mutuelle, solidaire et intergénérationnelle.
« Alors, il est comment Eddy Mitchell ? »
s’interroge l’une des critiques en point de mire. « En
charentaises ! » résume-t-elle en une appréciation
imagée ! Et pourquoi pas, se dit-on, pourvu que le tandem Mitchell-Testot
puisse fonctionner dans le cadre tracé initialement par Hillel.
Effectivement, Fred alias Fouquet va se démener du mieux qu’il
peut pour animer une sorte de bourrasque récurrente censée
emporter toutes les résistances du surmoi au lâcher prise et
par conséquent, en premier instance, celui de son partenaire Eddy
alias Quentin.
Bref, l’un souffle le chaud, style Belmondo et sa palette
d’intonations, en proposant l’alcool comme viatique à toutes
les contraintes, l’autre freine plus ou moins ce passage à
l’acte jusqu’à céder dans les grandes largeurs, tout
en assumant les conséquences de son choix risqué.
L’un est très fougueux façon Bebel, l’autre est
bien conscient de la transgression… non sans rappeler l’esprit
Gabin.
« Alors, il est comment Eddy Mitchell ? » pourrait-on
parodier, à nouveau, la question persistante. Eh bien, la réponse,
c’est que Monsieur Eddy est comme dans la vie, réservé
et un tantinet taciturne.
A l’instar d’Alain Delon, cet artiste chanteur n’est pas
comédien de composition : Au service d’un personnage, il est
avant tout « lui-même » . Il fait le job mais il
le fait à sa façon !…
A chacun d’apprécier, selon l’intérêt
qu’il souhaite porter à cette œuvre patrimoniale qu’
Evelyne Dandry, Gérard Loussine et Chloé Simoneau complètent,
eux aussi, en total accord avec le projet exposé plus haut.
Et bien sûr, le surprenant feu d’artifices final viendra clore
dignement cette reconstitution sémantique du scénario originel
tout en rendant à Audiard & Blondin ce qui est à Audiard
& Blondin mais aussi, de manière plus inattendue, à Verneuil
ce qui appartiendrait à Verneuil dans l’inconscient collectif.
Que devrait-on espérer de mieux ?
Theothea le 08/03/14
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ONCLE VANIA
de
Anton Tchekhov
mise en scène
Eric Lacascade
|
****
Théâtre
de Paris
Tel
01.42.74.22.77
|
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visuel affiche photo répétition © Brigitte
Enguerand
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ANNA ET MARTHA
de
Dea Loher
mise en scène
Robert Cantarella
|
****
Théâtre
Malakoff 71
Tel
01 55 48 91 00
|
Anna (Catherine Hiegel) et Martha (Catherine Ferran), comme d’autres
pourraient s’appeler Claire et Solange, s’il s’agissait d’un
cousinage avec les Bonnes de Jean Genet, sont bel et bien disposées
à déblatérer sur leur patronne.
Côte à côte sur leurs chaises, chacune y va, à
tour de rôles, de sa diatribe bien enlevée, de façon
à soulager le poids d’une existence servile mais sur le point
de rompre ses amarres sans toutefois être vraiment décidée
sur l’objectif ultérieur à poursuivre.
En effet, il ne suffit pas que dans le congélateur récalcitrant
soit en cours le dégel fatal de Madame, pourtant si bien conservée
jusque là, pour que d’un coup d’un seul, l’avenir
s’éclaire d’une simple joute oratoire à défouler
toute consternation accumulée par les ans.
Certes, le temps passe, le temps passe, mais le corps du délit
est toujours là, bien présent dans le froid qui se liquéfie,
à l’instar de l’obsession envahissante organisée
autour de « La Corde » d’Alfred Hitchckock.
Cependant le rire sarcastique de ces employées de maison semblent
largement l’emporter en densité de cynisme que Meier Ludwig (Nicolas
Maury), l’ex-chauffeur de Madame, traduirait, à intervalles
réguliers, par des coups de pieds bien sentis sur la machine à
jeter un froid !
Pareillement la bonne des bonnes, ici appelée Xana (Valérie
Vivier) n’aurait de cesse de tourner en dérision toute
velléité de faire de la Vie, ce bien si précieux que
l’ensemble de sa généalogie a, déjà de toutes
évidences, irrémédiablement perdu.
Dire que dans un tel contexte moribond à souhait, les deux Catherine
s’élèveraient en posture de jubilation intense, n’est
sans doute pas éloigné de la direction d’actrices par
Robert Cantarela.
Sa mise en scène, à la fois surréaliste et
facétieuse, agit comme une contagion généralisée
qu’il serait préférable de ne pas enrayer si le désir
de goûter pleinement à l’humour ravageur soit en mesure
de se laisser happer par l’asservissement assumé jusqu’à
la lie.
Theothea le 05/03/14
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NORMA JEANE
d'après
Joyce Carol Oates
mise en scène John Arnold
|
****
Théâtre
13 Seine
Tel
01 45 88 62 22
|
Selon la règle de l’alternance en cours à La
Comédie-Française, passer de Ismène, sœur
d’Antigone à Norma Jeane, double de Marilyn Monroe, ne devrait
poser aucune difficulté.
Quand bien même d’ailleurs, si la seconde se jouait hors les
murs du Français puisque le principe est d’y favoriser les
aménagements de planning, dans toute la mesure du possible !
En revanche, quitter définitivement La Comédie-Française
et son statut de pensionnaire afin de reprendre pour une cinquantaine de
dates en tournée, l’interprétation qui, début 2012,
avait entraîné d’emblée votre intégration
dans la Maison de Molière ardemment souhaitée, à
l’époque, par l’administratrice, voilà qui ne serait
vraiment pas banal:
Ainsi d’Ismène à Norma, il y aurait, bien sûr,
ce désir transcendant de reprendre à nouveau avec l’ensemble
de la compagnie originelle, le rôle de votre vie, en tout cas celui
qui vous avait révélée artistiquement à
vous-même, au public et à la profession; mais il y aurait surtout
le renoncement irrémédiable à une carrière en
élaboration prestigieuse et surtout en plein apprentissage institutionnel
à seulement 25 ans.
La vie professionnelle est en effet balisée par ces choix radicaux
mais difficile de ne pas considérer le flirt métaphorique de
votre rencontre intime sur les planches avec la tragique destinée
de la Star de tous les temps cinématographiques.
En effet, si dès 2000, la romancière Joyce Carol Oates engendre
et donne à lire « Blonde » qui créé
une véritable onde de choc dans le monde entier, c’est bel et
bien, en effet boomerang, que John Arnold réceptionne
l’impérieuse nécessité d’en constituer un
spectacle vivant !
Aussi, devenant lui-même démiurge de cette création,
il cumule alors les fonctions de comédien, d’adaptateur et de
metteur en scène en recherche de la perle rare pouvant interpréter
tous les âges de Marilyn depuis la tendre enfance jusqu’à
la descente aux enfers.
Et eurêka ! Il la trouve en 2011 ! Elle s’appelle donc Marion
Malenfant et se rend totalement disponible au projet ambitieux de son futur
Pygmalion ! Les premières au Théâtre des Quartiers
d’Ivry suscitèrent un réel choc dynamique, plus ou moins
apprécié selon la qualité visionnaire des critiques
!
En effet, l’idée de concevoir la vie de Marilyn comme un conte
mythique où, à l’instar d’une étoile filante,
c’est le fantasme d’une femme idéalisée qui serait
conjugué au diapason d’Hollywood, impliquait une certaine
distanciation d’avec l’image médiatique, voire
photogénique.
Reste que l’interprétation de la jeune Marion est alors
adoubée par Muriel Mayette qui l’engageait sur le champ ou quasiment,
façon Cendrillon montant dans son carrosse avancé !
Ainsi, durant les deux années suivantes, la nouvelle pensionnaire
fait ses classes en s’intégrant au mieux dans cette famille du
Français si complémentairement talentueuse !
Mais voici que soudain, l’appel atavique d’avec
l’expérience initiale si intense, intégralement conçue
au sein d’une mise en scène chorale élevant la présence
charismatique au pinacle de l’émotion collective, chercherait
de nouveau à atteindre son apothéose à rebours:
Ainsi, complètement nue, à quelques mètres des premiers
gradins, dans la lumière éblouissante de la poursuite
célébrant le culte du corps féminin parfait, la
comédienne harangue le public afin qu’il désire encore
et toujours plus fort son physique de rêve !
Comment résister à une telle tentation partagée
d’un commun accord par les deux sexes réunis en plébiscite
de Marilyn Monroe ?
Et pourquoi se soucierait-on d’un statut de pensionnaire à
contrebalancer avec la magnificence d’un tel plaisir recouvré
et si peu éphémère, puisqu’il peut se renouveler
après deux années d’interruption ?
La messe est dite ! Désormais la Star peut chuter de tout son saoul
avec les hommes du Président ou quiconque feindrait de croire en son
destin fabuleux… jusqu’au bout de la nuit noire !
Theothea le 07/03/14
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PHEDRE
de
Racine
mise en scène
Christophe Rauck
|
****
Théâtre
Gérard Philipe
Tel
01 48 13 70 00
|
En cinq actes & 1654 alexandrins, Jean Racine a composé
« La Mère des Tragédies », celle par laquelle
Phèdre souffre secrètement d’aimer Hippolyte, le fils
de Thésée son mari, alors que Oenone, sa confidente
dévouée, va inspirer à sa maîtresse une suite
de décisions s’avérant fatales.
En réunissant, sur le plateau du TGP, Cécile Garcia Fogel
& Nada Strancar pour habiter ces deux rôles féminins,
éminemment passionnées et dramatiques, Christophe Rauck va
les confronter à deux partenaires masculins, obéissant
essentiellement à des orgueils respectivement blessés.
Les deux femmes n’auront alors pas d’autre choix que
l’esquisse et la surenchère, en manière de répliques
fatidiques.
Nada Strancar, sur le ton de la discrétion attentionnée,
tentera l’effacement comme arme suprême de défense;
Cécile Garcia Fogel sur celui de la souffrance animale, cherchera
en vain à sauvegarder jusqu’au bout, l’authenticité
de son amour, fût-il complexe !
Cependant le retour de Thésée (Olivier Werner) sur la
scène du vivant n’aura eu de cesse de miner l’équilibre
instable des pulsions libidinales, certes mal assumées par
l’épouse totalement désorientée.
Encore pantin désarticulé, engoncé mais
protégé par son armure guerrière, c’est,
libéré du métal lourd à supporter, que la
colère envahira progressivement l’esprit chauffé à
blanc de l’anti-héros, malgré lui, face aux supputations
de traîtrise davantage qu’aux intentions, elles-mêmes !
La direction d’acteurs « brute de
décoffrage » emporte la mise en scène de Christophe
Rauck dans un tourbillon à la fois burlesque et fantasque qui pourrait
fort bien élever la sobriété légendaire de Racine
au niveau des frasques délirantes de Shakespeare.
Theothea le 15/03/14
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