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Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.021   à   20.025    Page  383

 

          

   

     

             

La Légende du Roi Arthur - Palais des Congrès 2015    -   photo © Theothea.com

   

       

     

       

La Légende du Roi Arthur - Palais des Congrès 2015    -   photo © Theothea.com

     

   

     

                

La Légende du Roi Arthur - Palais des Congrès 2015    -   photo © Theothea.com

     

     

           

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LA LEGENDE DU ROI ARTHUR

de Dove Attia &  François Chouquet    

mise en scène  Giuliano Peparini   

****

Palais des Congrès

Jusqu'au 3 janvier 2016  

           

        photo ©   Theothea.com    

     

Du Thierry la Fronde de Jean-Claude Drouot si populaire dans les années soixante au Perceval le Gallois élitiste de Fabrice Lucchini très seventies, une constante s’est imposée à notre culture patrimoniale médiatique, celle de la fascination qu’exerce le Moyen-Âge sur notre inconscient collectif.

Ni tout à fait par effet de mode, ni même par devoir de mémoire, le thème médiéval revient sans cesse dans les esprits comme si cette période de l’histoire de France avait inscrit sa trace fondatrice comme garante d’une cohérence entre Mondes ancien & moderne.

Ainsi, tant avec la musique celtique qu’avec les personnages évocateurs comme Merlin l’enchanteur, Lancelot du lac, Tristan & Yseult ou bien même les mythes qui accompagnent cette nostalgie partagée par les Chevaliers de la table ronde, Excalibur ou la quête du Graal, tout se passe comme si un engouement vintage s’était emparé des générations actuelles en une attirance irrésistible pour ces histoires d’Amour courtois entre Dames et Seigneurs, codifiées dans des cérémoniaux d’une infinie variété… au grand plaisir de tous à l’époque et, de fait, toujours aujourd’hui !

Dire que les antennes de Dove Attia captant l’air du temps avec ses équipes de recherche ont su respirer cette tendance profonde et sans doute durable, ne serait qu’un euphémisme quasi naturel pour un producteur compétent si, de surcroît, il fallait immédiatement y ajouter une volonté exacerbée de qualités créatives dans tous les domaines du spectacle vivant qui, en définitive, pourraient fort bien supplanter, à elles seules, la suprématie de ce thème médiéval pourtant tellement porteur.

A commencer par une scénographie à couper le souffle du début à la fin du show faisant apparaître sur plusieurs plans, en profondeur de champ, des projections, des décors mobiles, des performances acrobatiques, des effets spéciaux sans cesse renouvelés allant jusqu’à assimiler, en des jeux de lumière sophistiqués, les comédiens danseurs à ce dispositif gigantesque.

Bien entendu, ces chorégraphies et l’interprétation des acteurs vedettes sont au diapason de chansons dont certaines font déjà figure de tubes, même pour des oreilles pas nécessairement connaisseuses des hit-parades actuels.

Bref, même s’il n’a pas les vertus d’un orchestre live en fosse, ce spectacle est un régal dans et pour tous les sens car, de toute évidence, il tire le public vers l’exigence de qualité et donc le meilleur de la Comédie Musicale.

Chacun peut y trouver son contentement de divertissement en étant heureux, à la sortie, d’avoir apprécié une œuvre artistique ayant quelque chose de magique.

Theothea le 31/10/15

 

                     

          photo ©   Theothea.com

         

L'AVARE

de  Molière 

mise en scène  Jean-Louis Martinelli   

****

Théâtre  Dejazet 

Tel   01 48 87 52 55

           

       photo © Pascal Victor / ArtcomArt   

       

S’il est avéré que l’argent mène le monde, l’Harpagon de Molière pourrait fort bien se constituer en emblème symbolique tellement sa soif d’en posséder toujours davantage l’incite à n’avoir d’autre préoccupation à l’esprit, si ce n’est la perspective de son propre mariage pourvu qu’il soit bien doté.

Jean-Louis Martinelli a souhaité montrer cet Avare comme le prototype de l’être humain prêt à tout neutraliser autour de lui, à commencer par sa famille, de façon à n’agir qu’au bénéfice de cette seule cause.

Ce n’est alors pas tant l’aspect comique traditionnel souvent un peu caricatural qui s’affiche en modalité du spectacle que son réalisme psychosocial.

Harpagon peut alors aisément se profiler en figure de la grande bourgeoisie, sûre d’elle et de ses convictions, condescendante voire méprisante à l’égard de ceux qui la servent au quotidien, mettant tout le monde au pas en vue de cet unique objectif, faire grandir le capital, ses intérêts et en protéger l’accès par toutes sortes de mesures d’optimisation.

Demander alors à Jacques Weber d’en incarner cette posture fort imposante, très à l’aise avec l’évidence du pouvoir absolu, quasiment serein avec le bon droit de tout régenter au nom du principe monétaire, voilà qui semble couler d’évidence au regard de cette mise en scène déjà bien rodée en tournée et qui s’est installée pour les fêtes de fin d’année à Paris dans l’unique théâtre restant de l’époque « boulevard du crime ».

Nous avions quitté le comédien au Théâtre de l’Atelier en 2014, clôturé dans une chambre d’hôtel de Sarajevo avec le souci d’écrire un discours, non pour refaire le monde mais au moins l’Europe. Cette pièce de BHL avait suscité beaucoup de polémiques et pourtant Jacques Weber y était magistral. Sa prestation exprimait à la fois force, énergie et désappointement de l’orateur en quête d’inspiration.

Aujourd’hui, au Dejazet, c’est pain béni ! Le public vient retrouver, en totale confiance idéologique, tout à la fois Molière et Jean-Louis Martinelli, l’ex-directeur des Amandiers de Nanterre, et c’est donc tout naturellement que Jacques Weber se glisse dans un costume sur mesure où il apparaît heureux, tel un poisson dans l’eau, avec ce texte classique l’exaltant au point de le porter à sa bouche comme une gourmandise de tous les instants à déguster sur scène en direct.

Toute une équipe valeureuse de comédiens l’entourent en se distribuant tour à tour les rôles de mouche du coche et, lui, Harpagon y répond, tel un taureau fier et naïf, tellement convaincu d’emporter la victoire finale !

Cette aisance générale pourrait quasiment se terminer en comédie musicale orchestrée toute la soirée par la fluidité chorégraphique animant cette scénographie humaine au centre d’un superbe décor tout en bois, filtrant ou occultant la lumière à dessein depuis cour et jardin. Oui, la pertinence de cet Avare le rend festif par excellence !

Theothea le 30/10/15   

                       

     

         photo © Pascal Victor / ArtcomArt

         

RUY BLAS

Adaptation & mise en scène   Axel   Drhey

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Théâtre 14  Seine

Tel   01 45 88 62 22

           

     photo © Editions austreales

     

De « Ruy Blas » à « La Folie des Grandeurs », il y aura eu, bien sûr, Gérard Oury et son intention, longtemps retenue, de faire l’adaptation de la Tragédie Hugolienne en Comédie cinématographique, initialement avec Louis de Funès & Bourvil que la destinée devra, en définitive, remplacer avec pertinence par Yves Montand.

De « La Folie des Grandeurs » à « Ruy Blas », il y aura désormais, vice versa, la première mise en scène d’Axel Dhrey décidant d’adapter son coup de foudre cinéphilique de jeunesse en comédie burlesque façon « Théâtre de rue » avec la compagnie des Moutons noirs dont il est l’un des cinq membres fondateurs.

Cette jeune Compagnie, ayant déjà trois créations à son actif avec « L’Avare » & « Des Amours de Tchekhov », avait été approchée par Colette Nucci, directrice des deux Théâtres Treize, après avoir assisté à une représentation de ce Ruy Blas en Avignon 2013.

En effet, dans la salle Seine du XIIIème arrondissement, la tradition est de mettre à l’affiche des spectacles choraux et festifs; c’est donc tout naturellement que ce double travail de réécriture, d’abord pour le Cinéma et ensuite pour les planches, se trouve ainsi propulsé de la Tragédie classique à la Comédie déjantée qui plus est musicale, car trois instrumentistes (piano, clarinette et guitare), contribuant à l’atmosphère de jovialité quelque peu espagnole, y jouent aussi des seconds rôles derrière des masques démultipliant les identités trompeuses à souhait de telle façon que, de rebondissements en falsifications, tous puissent être induits en erreurs, au grand plaisir du public, intuitivement tenu informé du coup fourré à venir.

Ainsi, à cinq comédiens à part entière, les personnages clefs de Victor Hugo, à savoir le Roi d’Espagne, la Reine d’Espagne, Don Salluste, Ruy Blas et Don César trouvent leurs fonctions originelles caricaturées au mieux du détournement farcesque dont la Commedia dell’arte a toujours eu l’impertinence talentueuse de se faire le chantre.

A ce jeu du bien malin celui qui croyait gagner avec un coup d’avance sur le partenaire, Ruy Blas franchit donc symboliquement quelques étapes de l’amour désappointé sous de multiples formes relationnelles entre son maître déchu, celui dont il emprunte l’identité, celle qu’il courtise et, de fait, ce qu’il est vraiment, à savoir un simple valet ballotté dans le rapport des forces contradictoires, tout est en place pour que, durant cette aventure à la fois drolatique et romanesque, le public du Théâtre Treize y trouve largement son compte d’éclats de rire et de très bonne humeur.

Theothea le 04/11/15

     

                          

       photo © Editions austreales

         

LA DAME BLANCHE

de Sébastien Azzopardi & Sacha Danino

mise en scène  Sébastien Azzopardi

****

Théâtre du Palais Royal

Tel   01 42 97 40 00

           

       photo ©   Emilie Brouchon    

   

Alors qu’à l’autre bout de Paris se joue « La Légende du Roi Arthur » là-bas, au Palais Royal, ce serait celle de « La Dame Blanche » se déroulant tout pareillement au Royaume de Bretagne et des amours d’Arthur, en l’occurrence, ici, le fils de Gérard Jugnot se faisant passer pour Malo, simple flic.

Rien à comprendre ! Circulez !…

C’est Azzopardi & Danino qui régalent et donc, par définition, ça déménage.

Ainsi est annoncé par voie d’affiches et de buzz circulant sur les réseaux sociaux que vous allez avoir peur comme jamais au Théâtre et déjà, donc, vous vous imaginez, calés dans votre fauteuil rouge, embarqués dans un train fantôme durant 2 heures pour le pire des scénarios gore.

Du calme ! On vient au Palais pour rigoler et ce qui est royal, c’est d’être accueilli par des zombies, en veux-tu en voilà, dans tous les recoins et couloirs d’un des plus beaux théâtres de Paris.

Après cette étrange mise en condition artistique, place effective aux 52 tableaux cinématographiques avec leurs effets très spéciaux et à la progression du délire paranormal organisé sur scène et dans la salle par une bande de joyeux lurons missionnés soi-disant par la police mais plus vraisemblablement par des sorcières affiliées d’Halloween !

Ainsi donc, le roi « Arthur » du Palais-Royal, écartelé entre deux femmes, va commettre, à cause de ce tourment insoluble, une faute qui, par la suite, ne cessera de l’obséder jusqu’au cauchemar éveillé. Nous suivrons Malo dans son dédale de hantise et d’hallucinations alors qu’avec Alex (Sébastien Pierre), son collègue, il va rencontrer pour de vrai un duo de psychopathes d’autant plus « graves » que leurs comportements apparaissent pour le moins ambivalents.

L’un, Victor (Benoît Tachoires) ne cesse de clamer qu’il n’est pas méchant et l’on finirait par le croire au vu des cageots de pommes qu’il distribue avec prodigalité.

Quant à sa vieille mère (Michèle Garcia), elle paraît, a priori, toute disposée à coopérer à l’enquête policière.

Tous fantasment autour de la Dame Blanche qui aurait disparu dans les bois à la suite d’un accident de voiture. Le désir de sa réapparition tient de la fascination collective et a le don, notamment, de révéler les personnalités de chacun des protagonistes concernés.

Durant toute la soirée, Anaïs Delva va subjuguer le public, prêt à se damner pour apercevoir la jeune femme se réincarner… à moins que ce ne soit sa sœur.

Ainsi, pris à témoins interactifs, les spectateurs se trouvent attirés dans les filets d’un vrai drame romantique en osant espérer, après s’être tant ébaudis, son happy end.

Theothea le 06/11/15

       

                          

       photo ©   Emilie Brouchon

         

AIMONS-NOUS LES UNS LES AUTRES

     

de & par Anne Roumanoff  

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Théâtre de l"Alhambra

Tel    01 40 20 40 25

           

     visuel affiche    

       

Au XXIème siècle, de Bobino à l’Alhambra, en passant par les Bouffes Parisiens et le Palais Royal, son public ne cesse de suivre Anne Roumanoff à travers les Théâtres prestigieux de la Capitale, à l’instar du siècle précédent où l’artiste montait en puissance des Blancs-Manteaux en 87 jusqu’au Daunou en 96, non sans avoir fait étapes successives à Grévin et à l’Européen.

Bref, après presque 30 années de One Woman Show, la quinqua nous revient avec un spectacle à l’intitulé formellement consensuel « Aimons-nous les uns les autres ».

La Dame en rouge ne s’embarrasse plus désormais de coquetteries inutiles, convaincue que l’empathie de la « bonne copine » est son plus sûr viatique à long terme auprès des spectateurs.

Alors, l’artiste attaque d’emblée cash en n’affichant aucune concession sur les portraits qu’elle concocte au sujet de ses contemporains.

Maniant l’autodérision et la caricature à égales distances de son poste d’observation conceptuelle, les stéréotypes s’avancent autour d’elle comme s’ils étaient l’émanation directe de son célèbre sourire tellement prolifique.

C’est donc toujours sur le ton de la jovialité outrancée que se manifeste sans discontinuer l’ensemble des égoïsmes bornés constituant la société disparate dans laquelle nous batifolons tous.

Ce qui garantit la valeur ajoutée à sa créativité, c’est que son mûrissement personnel et sa progression professionnelle assurent, à la fois, la pérennité de ses compositions conjointement à son adaptation permanente à l’air du temps, autant dans les textes que dans son comportement scénique.

Ainsi, même lorsque les spectateurs qu’elle convie à monter sur les planches semblent disposés à participer avec encore plus de talent que son fil thématique l’y autorise, la performeuse ne se laisse aucunement distraire par leurs initiatives dissidentes :

Si l’objectif est, par exemple, de figurer l’abus de pouvoir d’un animateur TV en pleine manipulation du public, elle maintiendra son cap en manoeuvrant, elle-même, ses invités du moment. C’est du grand Art que gère Anne Roumanoff car elle fait côtoyer sans cesse l’insignifiant avec le signifiant, en tenant les rênes d’un attelage qui avance sur des parallèles à l’équilibre proche en permanence de la rupture… A chacun, ensuite, d’y glaner ce qu’il a envie, à l’écoute de cette rhétorique destinée à tous.

A-t-on remarqué incidemment que dans ses diatribes, qui se développent au rythme d’une mitraillette en rafales, la comédienne s’empare peu à peu d’un phrasé voire d’un accent proche de celui des québecquois ?

Serait-ce un hommage assumé à Louise Latraverse qui a contribué à la réalisation de ses premiers spectacles ?

Quoi qu’il en soit, aimons Anne Roumanoff car effectivement, elle nous réfléchit cet amour en le valorisant au centuple !

Theothea le 29/10/15

                 

                  

         photo © Matthieu Gibson

         

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La Légende du Roi Arthur - Palais des Congrès 2015    -   photo © Theothea.com

 

       

   

   

   

     

          

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La Légende du Roi Arthur - Palais des Congrès 2015    -   photo © Theothea.com