Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

28ème  Saison     Chroniques   00.06   à   00.10    Page  484

 

     

     

       

                   

                 

 © D.R.

   

     

   

     

  © David Monteith-Hodge

   

       

   

       

  © Roberto Ricciuti

     

     

   

            

           

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THE BLACK BLUES BROTHERS

                 

de & mise en scène  Alexander Sunny 

avec  Bilal Musa Huka, Rashid Amini Kulembwa, Seif Mohamed Mlevi, Mohamed Salim Mwakidudu & Peter Mnyamosi Obunde

****

     

Théâtre Libre

      

© D.R.

             

Les cinq artistes qui, ayant appris dans leurs jeux d’enfance à effectuer des cascades sur les plages du Kenya, sont ensuite montés à Nairobi la capitale pour approfondir leur maîtrise de l’acrobatie ainsi que du spectacle vivant à l’école Sarakasi.

Ils ont eu l’opportunité heureuse d’y rencontrer Alexander Sunny et d’être ainsi repérés par ce professeur d’histoire du cirque à l’université de Milan qui, de surcroît metteur en scène, sera rapidement devenu leur producteur réalisateur pour constituer avec eux en 2014 « The Black Blues Brothers ».

Formés par les meilleurs enseignants de l’art du spectacle, ils embrassent le théâtre, la danse et la musique avec la même motivation que celle pour leurs acrobaties originelles et créent, rapidement, un show rendant hommage aux « Blues Brothers » le film culte de John Landis dont ils illustrent ainsi la célèbre bande-son par la création de leurs propres prestations collectives.

Quasiment muet, à l’exception de quelques borborygmes, leur spectacle à vocation internationale a, par exemple, était déjà présenté à trois reprises au Fringe festival d’Edimbourg, l’un des plus importants événements annuels de Théâtre au monde.

Durant 75 minutes s’enchaînent des numéros de composition collective menés à la cadence d’une performance athlétique dont la précision, la fluidité et le timing associent le professionnalisme à la souplesse naturelle tout en plongeant cette passion au cœur de la culture africaine par le biais du fameux rhythm-and-blues dont les tubes n’ont cessé de proliférer durant les sixties.

Censés se disputer chacun la préférence des spectateurs, l’émulation règne en maître dans leur approche compétitive de leurs exhibitions respectives dont, néanmoins, ils restent tous solidaires tant l’équilibre périlleux de leurs multiples superpositions collectives ne sauraient souffrir le moindre manquement à l’appui physique.

C’est, précisément avec un humour latent mais manifeste qu’ils prennent le public à témoin des divergences de point de vue que l’art du cirque pourrait engendrer si, de fait, il n’était pas totalement absorbé par l’écoute et l’observation attentive du ou des partenaires.

Présent pour la première fois en France, le groupe, très chaleureusement applaudi, débute ses représentations à Paris au Théâtre Libre du 18 oct au 12 nov 23 pour poursuivre sa tournée hexagonale en mars 24.

Theothea le 01/11/23

   

         

© David Monteith-Hodge

           

   

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LITTLE ROCK STORY

                 

de  Claude Whipple 

mise en scène  Olivier Prou 

avec  Claude Whipple, Nicolas Liesnard, Vincent Benoist & Romain Piot   

***.

     

Théâtre Le 13ème Art

      

©   Bertrand Perrin

             

75 ans d’histoire du Rock en 75 minutes, voilà le défi que s’est lancé Claude Whipple, enseignant en Conservatoires de musique.

Lui au chant et à la guitare, trois autres musiciens choristes (Nicolas Liesnard, Vincent Benoist & Romain Piot) l’accompagnent à la 2ème guitare, à la basse, aux claviers ainsi qu’à la batterie.

En se référant à deux morceaux emblématiques par décennie, le groupe ainsi constitué peut faire œuvre de pédagogie musicale tout en assurant sur scène les prérogatives d’un vrai concert de Rock éclectique.

Pour passer d’une époque à l’autre, d’un courant dominant au suivant, un trublion virtuel du nom de Robertson vient interférer sur écran et ainsi perturber les diverses présentations et explications du professeur, chanteur et guitariste à l’adresse des spectateurs de tous âges.

Bien cadensé, l’ensemble de ce concert-conférence est à la fois fort rythmé, un brin nostalgique, empathique et bon enfant avec le bon vieux Rock’n roll qui n’en finit jamais de se régénérer au fil des générations successives.

A voir, écouter et applaudir durant les vacances de la Toussaint au 13ème Art

Theothea le 01/11/23    

       

   

© Theothea.com

         

 

         

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LA MAISON DU LOUP

"La Maison de Loup" Jack London Inspiration & Créativité contrariées au Rive Gauche

                    

de   Benoît Solès

mise en scène  Tristan Petitgirard 

avec  Benoît Solès, Amaury de Crayencour & Anne Plantey

***.

     

Théâtre Rive Gauche

      

©  FABIENNE RAPPENEAU

             

Après avoir séduit les festivaliers du Off Avignon (théâtre du Chêne Noir) en 2021, '' La Maison du Loup '' écrite et interprétée par Benoît Solès, mise en scène par Tristan Petitgirard, a reposé ses valises depuis le 14 septembre 2023 au théâtre Rive Gauche Montparnasse dirigé par le dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt. Avec une salle archi-pleine tous les soirs, la pièce qui suscite un engouement enflammé est déjà prolongée jusque fin janvier 2024.

Il faut dire que le tandem Solès/Petitgirard n'en est pas à son premier coup de maître puisque tous deux sont les créateurs de '' La Machine de Turing '' multi moliérisée le 13 mai 2019 (4 Molières : meilleurs spectacle, auteur francophone vivant, metteur en scène théâtre privé, comédien), laquelle continue à se jouer depuis 5 ans en tournée et, aujourd'hui, est programmée dans le magnifique théâtre du Palais-Royal.

Benoît Solès, brillant comédien, se permet d'ailleurs un soir par semaine de faire ''la doublette'' entre les deux lieux, enfourchant sa moto pour être à 21 h 00 au Rive Gauche. Le théâtre, un véritable défi sportif !

Ce duo gagnant aime les hommes aux destins incroyables, tel le génie des mathématiques anglais qui fut condamné pour homosexualité et les deux artistes associés cherchent à raconter des histoires extraordinaires qui peuvent émouvoir le public. Cette fois-ci, ils se sont intéressés à la figure légendaire de Jack London et plus particulièrement au bouleversement engendré par une insolite rencontre qui rejaillira sur son oeuvre littéraire.

Jack London, voyageur impénitent, est l'écrivain des grands espaces sauvages, auteur de L'Appel de la Forêt et d'autres romans célèbres Croc-Blanc, Le Talon de fer, Martin Eden, ainsi que plus de deux cents nouvelles. Sa réputation est impressionnante en Amérique et pourtant en 1913, sur les hauteurs de San Francisco où il s'est fait construire le manoir de ses rêves ''the Wholf house'', symbole de sa réussite financière, le baroudeur a posé ses bagages et sombre dans l'alcoolisme en panne d'inspiration. Il n'a plus la rage d'écrire. C'est dans cet état d'esprit que la pièce commence.

Le décor est à l'image de cet homme arrêté dans ses élans d'écrivain bourlingueur. A cour, un amoncellement de malles et valises suggère le voyageur qu'il fut, côté jardin, l'épave d'une chaloupe échouée sur la grève est l'emblème même du grand navigateur qui a fait le tour du monde à bord d'un ketch. De face, la terrasse et l'auvent d'une maison blanche à colonnettes avec son fauteuil à bascule, ses lampes-tempête, son gramophone représentent un havre de paix niché au creux de la montagne au milieu des bois, la forêt en arrière-plan est évoquée par les projections vidéos de Mathias Delfau qui apportent une dose d’onirisme parfaitement complétée par les illustrations très stylisées de Riff Reb’s et les superbes lumières de Denis Schlepp.

Le bruit des vagues envahit la salle. Et l’air de la romance des '' Pêcheurs de perles '' de Bizet s’élève, rythmé par le son clopinant d’une canne. A cette heure crépusculaire, entre chien et loup, une silhouette sombre chapeauté surgit, tout va se jouer, sur le perron du ranch, dans un temps volontairement resserré et intense avec cet étrange visiteur d'un soir.

L'homme infirme, traînant une jambe ceinte par une attelle, est reçue par une femme vigoureuse et avenante qui lui souhaite la bienvenue à la Maison du Loup. Charmian, l'épouse de London ou plutôt sa partenaire qui l'a toujours épaulé, a invité Ed Morell, un détenu fraîchement sorti d'un pénitencier, dans leur vaste propriété après avoir lu un article écrit par lui dans un magazine et désire en acheter les droits pour que son mari sorte de sa torpeur et en fasse un nouveau roman. De son côté, Ed Morell est venu demander de l’aide à Jack London afin qu’il intercède auprès du procureur pour éviter la condamnation à mort par pendaison de Jacob Heimer, incarcéré depuis de nombreuses années.

Tel un chien enragé, Ed Morrell campé par Benoît Solès va engager une lutte avec l’énergie du désespoir pour sauver son ami co-détenu qui lui a permis de survivre en prison. Face au loup solitaire Jack London ivrogne, désabusé, incarné par Amaury de Crayencour, le combat orchestré par Charmian (Anne Plantey), revêtue de la jupe-culotte qu'elle a inventé pour pouvoir chevaucher à califourchon, est rude, sans concession. La terrasse devient une arène où les fauves se reniflent et se déchirent.

L'inconnu, accusé d'avoir introduit de la dynamite dans le pénitencier et dans l’incapacité de révéler où elle est cachée est condamné pour de longues années à l’isolement et subit régulièrement le supplice de la camisole de force. Celle-ci, serrée au maximum, empêche de faire le moindre geste pendant plusieurs heures jusqu’à l’étouffement. Cette dynamite chimérique que les autorités recherchent avec acharnement, d’une manière obsessionnelle, revient comme un leitmotiv, symbole d’un monde carcéral transformé en enfer absurde par l’arbitraire.

Mais par la force de l’esprit, le prisonnier raconte être parvenu à s’évader hors de son corps mutilé. Grâce à l’auto-hypnose, son esprit s’échappe de la camisole et visite en rêve certaines périodes du passé de l’humanité et le souvenir d’existences antérieures, au point de les revivre. Ce dédoublement enseigné par des messages en morse par Jacob Heimer lui a permis de maîtriser ponctuellement le temps et l’espace et d’enjamber les murs de sa prison.

Dans un monologue d'une dizaine de minutes d'une tension intense, il vomit verbalement une scène de torture particulièrement éprouvante. Benoît Solès totalement poignant, imprégné par son personnage meurtri de l'intérieur, revit cette scène devant nos yeux, tel un animal blessé à mort, se tord de douleur, rugit, expulse toute la violence sadique des geôliers « mes brutes de gardiens étaient pour moi de vrais rats; ils rongeaient bribes à bribes mon être pensant, déchiquetant tout ce qu'il y avait d'intelligence vivante en mon cerveau ! ».

Avec lui, le public quitte la forêt pour plonger dans l’enfer carcéral, celui justement que London dépeindra dans son ultime roman '' Le Vagabond des Etoiles ''. Cette nuit délirante aux échanges tendus sera pour lui la source d' une renaissance littéraire. Jack London publira '' Le Vagabond des Etoiles '' en 1915, une des plus vibrantes dénonciations de l’enfermement et de l’isolement auxquels les puissants ont recours pour perpétuer leur pouvoir et mourra l’année suivante, le 22 novembre 1916.

Dans une mise en scène qui s'attache à la direction des acteurs, qui prend le temps d'étudier les personnages dans un environnement fantasmagorique, à l'opposé de bien des pièces actuelles au rythme vif et très séquencé, '' La Maison du Loup '' a peut-être le défaut d'être un brin trop didactique pour parvenir à vous embarquer pleinement dans cette impétueuse épopée.

 Cat’s / Theothea.com le 24/11/23

       

                     

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UN LEGER DOUTE

« Un léger doute » à La Renaissance & « L’effet miroir » à L’Œuvre  1/2

                 

de  Stéphane De Groodt 

mise en scène  Jérémie Lippmann 

avec  Éric ELMOSNINO, Bérangère McNEESE, Constance DOLLÉ & Stéphane DE GROODT   

***.

     

Théâtre de La Renaissance  

      

©  FABIENNE RAPPENEAU

     

Il y a des pièces qui, dans notre perception de spectateur, semblent, de facto, se répondre à distance sans que l’on en sache vraiment la cause, si ce n’est leur similitude et quelques particularités qui leur seraient spécifiques.

Voici donc à La Renaissance, Stéphane De Groodt qui, à l’occasion du confinement Covid, a soudain pris conscience qu’un comédien contraint de ne plus pouvoir jouer devant un public, risquait rapidement de ne plus exister à ses propres yeux puisque sa fonction représentative ne serait effectivement plus activée.

De ce désarroi subi, en est sortie une motivation à explorer cette situation d’exil à soi-même que, néanmoins, le nouveau dramaturge a pu constater qu’elle n’était pas nécessairement partagée par tous ses pairs.

Et donc, à partir de cet entre-deux, s’est mise en place l’écriture théâtrale d’un moment suspendu entre réalité et fiction où un comédien face à trois partenaires va, en temps réel, perdre ses repères en fonction d’une confusion s’installant entre lui et eux après que leur spectacle fut terminé alors qu’en fait, ils continueraient à jouer la pièce dont ils sont les interprètes.

Sorte de dialogue de sourds voire d’aveugles à une réalité n’étant plus maîtrisée de manière collective mais dont la subjectivité de l’un rejaillirait sur l’entendement des trois autres mis à mal par une incertitude fort communicative.

Prenant, en cette circonstance, le parti d’en rire, Stéphane De Groodt multiplie les opportunités de confusion relationnelle en semant ses dialogues de répliques décalées ou de non sens… d’autant plus aisément que, rapidement, il déclare que son rôle est virtuellement « mort » alors que les autres protagonistes ne cessent de le rappeler à sa présence « hic et nunc » sur scène… dûment partagée avec eux.

Eric Elmosnino évolue comme un poisson dans l’eau face à ce climat d’étrangeté dont il raffole, leurs comparses ne sont pas en reste pour apporter, selon une ingénuité et un interventionnisme débridés, une palette de ressentis exaltés se muant en troubles hilarants.   /....

(voir suite dans "L'effet miroir" ci-dessous)

         

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L'EFFET MIROIR

« Un léger doute » à La Renaissance & « L’effet miroir » à L’Œuvre  2/2

                 

de  Léonore Confino

mise en scène Julien Boisselier

avec  François Vincentelli, Caroline Anglade, Éric Laugérias & Jeanne Arènes

***.

     

Théâtre de  L'Œuvre

      

©  FABIENNE RAPPENEAU

                 

(suite de "Un léger doute" ci-dessus )

     

..../   Et pendant ce temps au Théâtre de l’Oeuvre François Vincentelli, d’origine belge comme De Groodt, s’applique, lui, face à Eric Laugérias pour assumer humblement l’écriture d’un petit conte aquatique où il aurait laissé s’exprimer sans embages les forces de son inconscient lui suggérant les méandres existentiels d’une faune marine en pleine introspection.

Sur le registre de l’absurde donc, cette comédie de Léonore Confino déjà nommée précédemment à quatre reprises aux Molières en tant qu’auteure francophone vivante, confronte un « noyau familial » à l’un de ses membres, dramaturge suspecté, à tort ou à raison, d’avoir inventé des personnages métaphoriques dans sa dernière pièce théâtrale où ses proches se retrouveraient personnifiés sous des identités psychologiques masquées de mollusques ou autres fruits de mer.

Bien évidemment, ce décalage inouï est à l’origine d’un grand déballage fantasque intra-familial d’où les rires des spectateurs ponctuent sans cesse l’invraisemblance significative des ressentiments et autres courroux ainsi librement exprimés.

Et pourtant cette accumulation de non-dits jusque-là va paradoxalement être bénéfique aux élans d’authenticité déclenchés à l’insu de tous.

Ces deux pièces créées à Paris de manière concomitantes pourraient aisément se faire écho l’une de l’autre, notamment par le public, pris à témoin de leurs contextes respectifs apparemment abracadabrants, il suffirait seulement de lâcher prise pour que soudain s’éclairent des pans entiers de la mécanique théâtrale que, seul, cet Art est à même de produire sur l’imaginaire du spectateur, lui-même en projection et en empathie avec le happening réflexif, en l’occurrence fort drôle, se déroulant sur scène en temps réel… et ainsi faire place aux plus divertissantes des Catharsis.

Theothea le 03/12/23

       

                 

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