Les
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28ème
Saison
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THE BLACK BLUES
BROTHERS
de &
mise en scène Alexander Sunny
avec
Bilal
Musa Huka, Rashid Amini Kulembwa, Seif Mohamed Mlevi, Mohamed Salim Mwakidudu
& Peter Mnyamosi Obunde
|
****
Théâtre Libre |
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© D.R.
Les cinq artistes qui, ayant appris dans leurs jeux denfance à
effectuer des cascades sur les plages du Kenya, sont ensuite montés
à Nairobi la capitale pour approfondir leur maîtrise de
lacrobatie ainsi que du spectacle vivant à lécole
Sarakasi.
Ils ont eu lopportunité heureuse dy rencontrer Alexander
Sunny et dêtre ainsi repérés par ce professeur
dhistoire du cirque à luniversité de Milan qui,
de surcroît metteur en scène, sera rapidement devenu leur producteur
réalisateur pour constituer avec eux en 2014 « The Black
Blues Brothers ».
Formés par les meilleurs enseignants de lart du spectacle,
ils embrassent le théâtre, la danse et la musique avec la même
motivation que celle pour leurs acrobaties originelles et créent,
rapidement, un show rendant hommage aux « Blues Brothers »
le film culte de John Landis dont ils illustrent ainsi la célèbre
bande-son par la création de leurs propres prestations collectives.
Quasiment muet, à lexception de quelques borborygmes, leur
spectacle à vocation internationale a, par exemple, était
déjà présenté à trois reprises au Fringe
festival dEdimbourg, lun des plus importants événements
annuels de Théâtre au monde.
Durant 75 minutes senchaînent des numéros de composition
collective menés à la cadence dune performance
athlétique dont la précision, la fluidité et le timing
associent le professionnalisme à la souplesse naturelle tout en plongeant
cette passion au cur de la culture africaine par le biais du fameux
rhythm-and-blues dont les tubes nont cessé de proliférer
durant les sixties.
Censés se disputer chacun la préférence des spectateurs,
lémulation règne en maître dans leur approche
compétitive de leurs exhibitions respectives dont, néanmoins,
ils restent tous solidaires tant léquilibre périlleux
de leurs multiples superpositions collectives ne sauraient souffrir le moindre
manquement à lappui physique.
Cest, précisément avec un humour latent mais manifeste
quils prennent le public à témoin des divergences de
point de vue que lart du cirque pourrait engendrer si, de fait, il
nétait pas totalement absorbé par lécoute
et lobservation attentive du ou des partenaires.
Présent pour la première fois en France, le groupe, très
chaleureusement applaudi, débute ses représentations à
Paris au Théâtre Libre du 18 oct au 12 nov 23 pour poursuivre
sa tournée hexagonale en mars 24.
Theothea le 01/11/23
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LITTLE ROCK STORY
de Claude Whipple
mise en scène
Olivier Prou
avec
Claude Whipple, Nicolas Liesnard, Vincent Benoist & Romain Piot
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*** .
Théâtre Le 13ème Art |
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© Bertrand Perrin
75 ans dhistoire du Rock en 75 minutes, voilà le défi
que sest lancé Claude Whipple, enseignant en Conservatoires
de musique.
Lui au chant et à la guitare, trois autres musiciens choristes
(Nicolas Liesnard, Vincent Benoist & Romain Piot) laccompagnent
à la 2ème guitare, à la basse, aux claviers ainsi
quà la batterie.
En se référant à deux morceaux emblématiques
par décennie, le groupe ainsi constitué peut faire uvre
de pédagogie musicale tout en assurant sur scène les
prérogatives dun vrai concert de Rock éclectique.
Pour passer dune époque à lautre, dun
courant dominant au suivant, un trublion virtuel du nom de Robertson vient
interférer sur écran et ainsi perturber les diverses
présentations et explications du professeur, chanteur et guitariste
à ladresse des spectateurs de tous âges.
Bien cadensé, lensemble de ce concert-conférence est
à la fois fort rythmé, un brin nostalgique, empathique et bon
enfant avec le bon vieux Rockn roll qui nen finit jamais de se
régénérer au fil des générations
successives.
A voir, écouter et applaudir durant les vacances de la Toussaint
au 13ème Art
Theothea le 01/11/23
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LA MAISON DU LOUP
"La Maison de Loup" Jack London Inspiration &
Créativité contrariées au Rive Gauche
de Benoît
Solès
mise en scène
Tristan Petitgirard
avec
Benoît
Solès, Amaury de Crayencour & Anne Plantey
|
***.
Théâtre Rive Gauche |
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© FABIENNE RAPPENEAU
Après avoir séduit les festivaliers du Off Avignon
(théâtre du Chêne Noir) en 2021, '' La Maison du Loup
'' écrite et interprétée par Benoît Solès,
mise en scène par Tristan Petitgirard, a reposé ses valises
depuis le 14 septembre 2023 au théâtre Rive Gauche Montparnasse
dirigé par le dramaturge Eric-Emmanuel Schmitt. Avec une salle
archi-pleine tous les soirs, la pièce qui suscite un engouement
enflammé est déjà prolongée jusque fin janvier
2024.
Il faut dire que le tandem Solès/Petitgirard n'en est pas à
son premier coup de maître puisque tous deux sont les créateurs
de '' La Machine de Turing '' multi moliérisée le 13 mai 2019
(4 Molières : meilleurs spectacle, auteur francophone vivant, metteur
en scène théâtre privé, comédien), laquelle
continue à se jouer depuis 5 ans en tournée et, aujourd'hui,
est programmée dans le magnifique théâtre du Palais-Royal.
Benoît Solès, brillant comédien, se permet d'ailleurs
un soir par semaine de faire ''la doublette'' entre les deux lieux, enfourchant
sa moto pour être à 21 h 00 au Rive Gauche. Le théâtre,
un véritable défi sportif !
Ce duo gagnant aime les hommes aux destins incroyables, tel le génie
des mathématiques anglais qui fut condamné pour homosexualité
et les deux artistes associés cherchent à raconter des histoires
extraordinaires qui peuvent émouvoir le public. Cette fois-ci, ils
se sont intéressés à la figure légendaire de
Jack London et plus particulièrement au bouleversement engendré
par une insolite rencontre qui rejaillira sur son oeuvre littéraire.
Jack London, voyageur impénitent, est l'écrivain des grands
espaces sauvages, auteur de L'Appel de la Forêt et d'autres romans
célèbres Croc-Blanc, Le Talon de fer, Martin Eden, ainsi que
plus de deux cents nouvelles. Sa réputation est impressionnante en
Amérique et pourtant en 1913, sur les hauteurs de San Francisco où
il s'est fait construire le manoir de ses rêves ''the Wholf house'',
symbole de sa réussite financière, le baroudeur a posé
ses bagages et sombre dans l'alcoolisme en panne d'inspiration. Il n'a plus
la rage d'écrire. C'est dans cet état d'esprit que la pièce
commence.
Le décor est à l'image de cet homme arrêté dans
ses élans d'écrivain bourlingueur. A cour, un amoncellement
de malles et valises suggère le voyageur qu'il fut, côté
jardin, l'épave d'une chaloupe échouée sur la grève
est l'emblème même du grand navigateur qui a fait le tour du
monde à bord d'un ketch. De face, la terrasse et l'auvent d'une maison
blanche à colonnettes avec son fauteuil à bascule, ses
lampes-tempête, son gramophone représentent un havre de paix
niché au creux de la montagne au milieu des bois, la forêt en
arrière-plan est évoquée par les projections vidéos
de Mathias Delfau qui apportent une dose donirisme parfaitement
complétée par les illustrations très stylisées
de Riff Rebs et les superbes lumières de Denis Schlepp.
Le bruit des vagues envahit la salle. Et lair de la romance des ''
Pêcheurs de perles '' de Bizet sélève, rythmé
par le son clopinant dune canne. A cette heure crépusculaire,
entre chien et loup, une silhouette sombre chapeauté surgit, tout
va se jouer, sur le perron du ranch, dans un temps volontairement resserré
et intense avec cet étrange visiteur d'un soir.
L'homme infirme, traînant une jambe ceinte par une attelle, est reçue
par une femme vigoureuse et avenante qui lui souhaite la bienvenue à
la Maison du Loup. Charmian, l'épouse de London ou plutôt sa
partenaire qui l'a toujours épaulé, a invité Ed Morell,
un détenu fraîchement sorti d'un pénitencier, dans leur
vaste propriété après avoir lu un article écrit
par lui dans un magazine et désire en acheter les droits pour que
son mari sorte de sa torpeur et en fasse un nouveau roman. De son
côté, Ed Morell est venu demander de laide à Jack
London afin quil intercède auprès du procureur pour
éviter la condamnation à mort par pendaison de Jacob Heimer,
incarcéré depuis de nombreuses années.
Tel un chien enragé, Ed Morrell campé par Benoît Solès
va engager une lutte avec lénergie du désespoir pour
sauver son ami co-détenu qui lui a permis de survivre en prison. Face
au loup solitaire Jack London ivrogne, désabusé, incarné
par Amaury de Crayencour, le combat orchestré par Charmian (Anne Plantey),
revêtue de la jupe-culotte qu'elle a inventé pour pouvoir chevaucher
à califourchon, est rude, sans concession. La terrasse devient une
arène où les fauves se reniflent et se déchirent.
L'inconnu, accusé d'avoir introduit de la dynamite dans le
pénitencier et dans lincapacité de révéler
où elle est cachée est condamné pour de longues années
à lisolement et subit régulièrement le supplice
de la camisole de force. Celle-ci, serrée au maximum, empêche
de faire le moindre geste pendant plusieurs heures jusquà
létouffement. Cette dynamite chimérique que les
autorités recherchent avec acharnement, dune manière
obsessionnelle, revient comme un leitmotiv, symbole dun monde
carcéral transformé en enfer absurde par larbitraire.
Mais par la force de lesprit, le prisonnier raconte être parvenu
à sévader hors de son corps mutilé. Grâce
à lauto-hypnose, son esprit séchappe de la camisole
et visite en rêve certaines périodes du passé de
lhumanité et le souvenir dexistences antérieures,
au point de les revivre. Ce dédoublement enseigné par des messages
en morse par Jacob Heimer lui a permis de maîtriser ponctuellement
le temps et lespace et denjamber les murs de sa prison.
Dans un monologue d'une dizaine de minutes d'une tension intense, il vomit
verbalement une scène de torture particulièrement éprouvante.
Benoît Solès totalement poignant, imprégné par
son personnage meurtri de l'intérieur, revit cette scène devant
nos yeux, tel un animal blessé à mort, se tord de douleur,
rugit, expulse toute la violence sadique des geôliers « mes brutes
de gardiens étaient pour moi de vrais rats; ils rongeaient bribes
à bribes mon être pensant, déchiquetant tout ce qu'il
y avait d'intelligence vivante en mon cerveau ! ».
Avec lui, le public quitte la forêt pour plonger dans lenfer
carcéral, celui justement que London dépeindra dans son ultime
roman '' Le Vagabond des Etoiles ''. Cette nuit délirante aux
échanges tendus sera pour lui la source d' une renaissance
littéraire. Jack London publira '' Le Vagabond des Etoiles '' en 1915,
une des plus vibrantes dénonciations de lenfermement et de
lisolement auxquels les puissants ont recours pour perpétuer
leur pouvoir et mourra lannée suivante, le 22 novembre 1916.
Dans une mise en scène qui s'attache à la direction des acteurs,
qui prend le temps d'étudier les personnages dans un environnement
fantasmagorique, à l'opposé de bien des pièces actuelles
au rythme vif et très séquencé, '' La Maison du Loup
'' a peut-être le défaut d'être un brin trop didactique
pour parvenir à vous embarquer pleinement dans cette impétueuse
épopée.
Cats / Theothea.com le 24/11/23
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UN LEGER DOUTE
« Un léger doute » à La Renaissance
& « Leffet miroir » à Luvre
1/2
de Stéphane De
Groodt
mise en scène
Jérémie Lippmann
avec
Éric
ELMOSNINO, Bérangère McNEESE, Constance DOLLÉ &
Stéphane DE
GROODT
|
***.
Théâtre de La Renaissance
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© FABIENNE RAPPENEAU
Il y a des pièces qui, dans notre perception de spectateur, semblent,
de facto, se répondre à distance sans que lon en sache
vraiment la cause, si ce nest leur similitude et quelques
particularités qui leur seraient spécifiques.
Voici donc à La Renaissance, Stéphane De Groodt qui, à
loccasion du confinement Covid, a soudain pris conscience quun
comédien contraint de ne plus pouvoir jouer devant un public, risquait
rapidement de ne plus exister à ses propres yeux puisque sa fonction
représentative ne serait effectivement plus activée.
De ce désarroi subi, en est sortie une motivation à explorer
cette situation dexil à soi-même que, néanmoins,
le nouveau dramaturge a pu constater quelle nétait pas
nécessairement partagée par tous ses pairs.
Et donc, à partir de cet entre-deux, sest mise en place
lécriture théâtrale dun moment suspendu entre
réalité et fiction où un comédien face à
trois partenaires va, en temps réel, perdre ses repères en
fonction dune confusion sinstallant entre lui et eux après
que leur spectacle fut terminé alors quen fait, ils continueraient
à jouer la pièce dont ils sont les interprètes.
Sorte de dialogue de sourds voire daveugles à une
réalité nétant plus maîtrisée de
manière collective mais dont la subjectivité de lun
rejaillirait sur lentendement des trois autres mis à mal par
une incertitude fort communicative.
Prenant, en cette circonstance, le parti den rire, Stéphane
De Groodt multiplie les opportunités de confusion relationnelle en
semant ses dialogues de répliques décalées ou de non
sens
dautant plus aisément que, rapidement, il déclare
que son rôle est virtuellement « mort » alors que
les autres protagonistes ne cessent de le rappeler à sa présence
« hic et nunc » sur scène
dûment
partagée avec eux.
Eric Elmosnino évolue comme un poisson dans leau face à
ce climat détrangeté dont il raffole, leurs comparses
ne sont pas en reste pour apporter, selon une ingénuité et
un interventionnisme débridés, une palette de ressentis
exaltés se muant en troubles hilarants. /....
(voir suite dans "L'effet miroir" ci-dessous)
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L'EFFET MIROIR
« Un léger doute » à La Renaissance
& « Leffet miroir » à Luvre
2/2
de
Léonore
Confino
mise en
scène Julien Boisselier
avec
François
Vincentelli, Caroline Anglade, Éric Laugérias & Jeanne
Arènes |
***.
Théâtre de
L'uvre |
|
© FABIENNE RAPPENEAU
(suite de "Un léger doute" ci-dessus )
..../ Et pendant ce temps au Théâtre de lOeuvre
François Vincentelli, dorigine belge comme De Groodt,
sapplique, lui, face à Eric Laugérias pour assumer humblement
lécriture dun petit conte aquatique où il aurait
laissé sexprimer sans embages les forces de son inconscient
lui suggérant les méandres existentiels dune faune marine
en pleine introspection.
Sur le registre de labsurde donc, cette comédie de Léonore
Confino déjà nommée précédemment à
quatre reprises aux Molières en tant quauteure francophone vivante,
confronte un « noyau familial » à lun de
ses membres, dramaturge suspecté, à tort ou à raison,
davoir inventé des personnages métaphoriques dans sa
dernière pièce théâtrale où ses proches
se retrouveraient personnifiés sous des identités psychologiques
masquées de mollusques ou autres fruits de mer.
Bien évidemment, ce décalage inouï est à
lorigine dun grand déballage fantasque intra-familial
doù les rires des spectateurs ponctuent sans cesse
linvraisemblance significative des ressentiments et autres courroux
ainsi librement exprimés.
Et pourtant cette accumulation de non-dits jusque-là va paradoxalement
être bénéfique aux élans dauthenticité
déclenchés à linsu de tous.
Ces deux pièces créées à Paris de manière
concomitantes pourraient aisément se faire écho lune
de lautre, notamment par le public, pris à témoin de
leurs contextes respectifs apparemment abracadabrants, il suffirait seulement
de lâcher prise pour que soudain séclairent des pans entiers
de la mécanique théâtrale que, seul, cet Art est à
même de produire sur limaginaire du spectateur, lui-même
en projection et en empathie avec le happening réflexif, en
loccurrence fort drôle, se déroulant sur scène
en temps réel
et ainsi faire place aux plus divertissantes des
Catharsis.
Theothea le 03/12/23
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