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TA BOUCHE

de  Maurice Yvain

mise en scène    Stéphan Druet

 Choix des Chroniques ****

Théâtre de l' Athénée

Tel:  01 53 05 19 19

   

 Les Portraits de Cat.S  
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A l'instar du contemporain "Frou Frou les bains" de Patrick Haudecoeur qui nous avaient ravi en 2001 au théâtre Daunou, c'est pareillement un grand régal d'apprécier en cette période de fêtes de fin d'année 2004 "Ta Bouche" de Maurice Yvain avec des dialogues d'Yves Mirande et des Lyrics d'Albert Willemetz ayant fait l'inauguration de ce même théâtre en 1929 et que la compagnie "Les Brigands" sous la direction musicale de Benjamin Levy et la mise en scène de Stéphan Druet créée dans le cadre d'une tournée en France s'installant notamment un mois au Théâtre de l'Athénée.

Dans une piscine d'hôtel qui par la même occasion fait office de fosse d'orchestre, une formation de onze musiciens s'ébroue en avant-scène, en assurant des rythmes endiablés de fox-trots, javas, charlestons et autres bostons qui annoncent durant les années folles, le jazz et les comédies musicales de Broadway!...

Ce que l'on dit en chantant étant aussi important que ce que l'on dit en jouant, texte et musique semblent se fondre mutuellement dans des enchaînements ponctués de coups de théâtre où trois couples mixtes d'enfants, parents et domestiques se font et se défont pour mieux se mélanger et se recomposer différemment au gré des intérêts bien ou mal compris!...

Premier volet d'un triptyque comprenant "Ta bouche", "Pas sur la bouche" et "bouche à bouche", cet opéra-bouffe ou opérette en trois actes est un véritable petit opéra "en-chanté" où il ne se passe rien d'autre à Truc-sur-mer, Pouic-les-flots et Tric-les-bains que des histoires d'amours contrariés par des affaires d'argent mais dont les indiscrétions font courir les rumeurs les plus contradictoires!...

Emmanuelle Goizé et Sébastien Lemoine emmènent cette folle farandole là où la légèreté de tous les rôles s'offrent à l'humour, au décalage et au brio de l'interprétation!...

Un véritable bain de jouvence pour le spectacle musical où voix et instruments ignorent tout de l'amplification microphonique!...

Theothea le 16/12/04

WAÏKA

   

de & mise en scène  Dany Boon     

 Choix des Chroniques ****

Olympia

Tel: 08 92 68 33 68 

  

   

Maîtrisant son talent dans les moindres inflexions du geste et de la parole, Dany Boon possède à la fois l'audace et l'humilité de l'artiste passionné qui ne cesse de s'interroger tout en s'émerveillant d'être là présentement sur les planches de l'Olympia à mi-parcours d'un récital de six semaines!...

Comme s'il était conscient d'un miracle permanent, le comédien n'épargne en rien son énergie qu'il canalise à chaque instant dans un déluge verbal d'onomatopées, de phrases en suspension, de mimiques arrêtées sur image!... Un style qui n'appartient qu'à lui-même et qu'il peaufine à la perfection sans que jamais il puisse être rassasié d'une performance où se confondent le don inné et le don de soi!...

Bardé de la culture cht'imi qu'il incarne au plus profond de son affectivité, voilà qu'à la quarantaine passée après vingt-deux années de carrière, il joue "Waïka" le sketch d'emblée culte qui donne le diapason de son show éponyme!...

   

   

Se démenant balourd dans un vêtement de pluie impossible à enfiler pour une utilisation se révélant à l'usage plus dangereuse qu'efficace, le comédien atteint les sommets d'un art où le sentiment d'universalité se marie avec l'anecdote inhibitrice jusqu'à mettre en cause l'adaptabilité de tout un chacun à la modernité!...

Et pourtant Dany prouvera par le fou-rire qu'en fait un vice de conception est à l'origine de l'échec récurrent, apportant implicitement la déculpabilisation salvatrice à l'égard de la maladresse ainsi que de l'acte manqué!...

La générosité sous-jacente derrière le masque du professionnel gesticulant et grimaçant est à l'évidence l'une des clefs de l'engouement pour un artiste qui décide de livrer au spectacle vivant son inquiétude existentielle, afin de tenter d'exorciser par le rire tous les démons liés au dénigrement de soi!...

Ainsi loin d'être prétentieuse, la déclaration de Dany Boon commentant la réparation du traumatisme par la dérision:

"Je me suis fixé une ligne de conduite: être satisfait de ce que je fais. " s'apparente à une réflexion lucide concernant la valorisation du geste créatif par l'apaisement!...

Au final de Waïka pour achever de mettre l'ensemble des rieurs dans son camp, l'acteur comique précisera qu'il a essayé de jouer le même spectacle devant la salle vide en étant contraint d'admettre que cette option ne fonctionnait pas!...

Theothea le 17/12/04

LES ENFANTS DU SOLEIL

de  Didier Barbelivien & Eric Assous

mise en scène   Alexandre Arcady 

 Choix des Chroniques ****

Zénith

Tel: 08 92 70 59 99

 

   

En parvenant au Zénith de Paris pour quelques représentations fin décembre 04 après Lyon et Marseille, les enfants du soleil pouvaient annoncer le vrai départ d'une Comédie musicale dont la traversée méditerranéenne depuis l'Algérie jusqu'à la France de 1962 révèle le voyage épique de ceux qui en ayant tout perdu ont acquis en contrepartie le projet d'une vie ouverte à tous les possibles!..

Sur scène en symétrie des ports de départ et d'arrivée, le profil d'une proue de Ferry-boat dont le pont est investi par un peuple métissé en charge de chanter les louanges de l'espoir, va offrir l'image réflexive et opportune du destin!…

Shirel et Leila Doriane investissent ainsi leur enthousiasme talentueux au profit d'une cause socio-historique dont la prise de conscience reste encore latente quarante ans après ces évènements!…

Elles sont entourées d'une trentaine de comédiens symbolisant l'errance positive vers un monde inconnu, tous emportés par la magie d'une composition musicale aux multiples apports culturels dont les connotations orientales complètent l'envoûtement!…

Musulmans, juifs, chrétiens, croyants et athées de tous bords sont en quête d'un arrimage pouvant donner un nouveau sens à leurs vies remises soudain en question par une émigration à contre gré!…

Dans une épopée fabuleuse entre ciel et mer, les protagonistes progressent vers l'horizon comme si une terre promise prête à surgir des flots s'inventait à chaque vague conquise!…

En signant cette œuvre ambitieuse, le trio Barbelivien, Assous, Arcady marque d'une empreinte humaine et enjouée, l'enjeu d'un traumatisme collectif que l'histoire des deux pays a ainsi l'opportunité de sublimer grâce au spectacle musical!…

Theothea le 29/12/04

LE ROI SE MEURT

de  Ionesco

mise en scène    Georges Werler

Notre  800ème  chronique signée par B&D à l'occasion de la dernière représentation du 2 janvier 2005

 Choix des Chroniques ****

   

Théâtre Hébertot

 

 Les Portraits de Cat.S  
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Seule la dernière représentation peut avoir un sens quand "Le Roi se meurt" : nous y avons assisté. Quand le rideau est tombé, tout était joué, définitivement.

Cette dernière représentation inscrit encore plus profondément la pièce dans la réalité. Loin des allégories plus ou moins éthérées, il s'agit vraiment du cheminement d'un être humain (Bérenger 1er) découvrant brutalement sa finitude et contraint d'admettre que le trou noir l'attend non pas à l'orée d'un lointain lendemain mais à la fin de ce spectacle, devant nous. Aucune échappatoire ne s'ouvrira et le temps qui lui reste lui sera inexorablement décompté par les autres personnages tout au long du spectacle.

Et pourtant, il l'aime cette vie. La jeune et belle reine Marie lui rappellera combien grands sont ses attraits et pourquoi il doit se battre pour ne pas les abandonner.

La reine Marguerite dans un registre beaucoup plus sombre lui rappellera tout au long de la pièce les vanités qui peuplent notre existence et l'exhortera à y renoncer pour accomplir son destin.

Petit à petit, sans jamais changer de ton, en gardant des accents familiers presque gouailleurs, elle le mènera à ouvrir les yeux sur ce qui l'attend et, progressivement, à ne plus voir la reine Marie qui elle-même disparaîtra de la scène.

De la même manière, la reine Marguerite qui, au début du spectacle fait chorus avec le médecin, parviendra à endurcir le roi contre les coups violents de ce personnage. Tous les deux, ils l'auront profondément ébranlé notre Bérenger : son royaume qui se restreint d'instant en instant, ses sujets qui meurent ou passent à l'ennemi, les éléments même qui refusent de lui obéir.

Tous les témoins de la vie du roi disparaîtront : la reine Marie quand elle aura compris que le roi ne la voit plus, le garde et Juliette la servante, happés par un " noir ", et enfin le médecin, appelé vers on ne sait quelles affaires du royaume.

Et finalement la reine Marguerite, après être passée pour un personnage cynique et acariâtre l'amène à s'alléger des boulets qui le retiennent à la vie. Elle conduira seule, et dans une immense sérénité, son roi à " prendre place " pour le tomber de rideau final. A son tour elle quittera la scène et c'est donc seul que Béranger 1er " prendra place " et que le noir se fera peu à peu.

Bien sûr, Michel Bouquet est formidable et rend parfaitement le lent chemin fait des renoncements successifs à la vie. Tour à tour, par son jeu le roi est poignant, insupportable, exaspérant, attendrissant.

Bien sûr, Juliette Carré nous présente une reine Marguerite entièrement attachée au roi et qui sera son guide familier jusqu'au dernier instant.

Le médecin (Jacques Echantillon), la reine Marie (Valérie Karsenti), Juliette (Nathalie Niel) et le Garde (Jacques Zabor) sont eux aussi parfaits mais ont un peu de mal à exister vis-à-vis du couple royal.

La mise en scène de Georges Werler rend remarquablement, dans la limpide fluidité du temps, les révoltes du roi confronté à un destin qui le révulse. Il s'écoule inexorablement et chaque annonce du temps qui reste au roi rappelle le spectateur à l'ordre et lui fait redouter à la fois l'issue fatale d'un personnage qui nous aura rappelé tant de situations vécues mais aussi la fin d'un spectacle dans lequel nous sommes aussi parfaitement installés.

En guise de clin d'œil, nous remarquerons que le roi, certainement horrifié par le sacrifice quotidien de son cher petit chat roux a décidé, pour la dernière, de le laisser vivre. La porte est donc restée fermée, le petit chat ne s'est pas enfui, il ne s'est pas fait écraser et a donc survécu à son maître. Les amis des chats apprécieront et les spectateurs attentifs regretteront quelques répliques cinglantes.

Un dernier coup de griffe de la part du petit chat roux, profondément choqué par ce spectateur qui, au moment où, progressivement, le noir se fait, troque la minute de silence nécessaire devant la mort d'un roi, contre des applaudissements aussi intempestifs que frénétiques et gâche le moment subtil où s'échappe l'âme de Bérenger.

B&D  le 10/01/05         voir également   Chronique de Theothea

PLACE DES HEROS

de  Thomas Bernhard

mise en scène    Arthur Nauzyciel

 Choix des Chroniques ****

Comédie Française

Tel: 08 25 10 16 80  

 

 Les Portraits de Cat.S  
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En polémiste scandaleux, Thomas Bernhard a toujours écrit sur le fait de ne se sentir bien nulle part!...

Aussi, c'est dans le ressassement infini qu'il a choisi d'exprimer son insatisfaction à l'égard de la nature humaine et ce sont en quelque sorte ses concitoyens, sa ville, son pays l'Autriche qui firent les frais d'une telle perspicacité dans sa hargne à vouloir réveiller les sentiments et les affects d'un peuple sans doute trop attaché à une vie "sans histoire "!...

Claude Peymann, directeur à l'époque du Burgtheater - qui était pour l'Autrichien le microcosme reflétant le macrocosme, le miroir où la société contemplait son image bigarrée - fit oeuvre de commande selon l'auteur de ce qui allait devenir son chant du cygne, cette "Place des héros":

" Ecrivez-nous une pièce de ce théâtre universel qui mette en pièces le Burgtheater, une vraie farce universelle grandiose qui le fasse exploser à faire trembler toute la ville de Vienne..."

Cependant si en tant qu'autochtones, ses semblables ne pouvaient trouver grâce à l'analyse d'un tel observateur radical quoique nécessairement partial, c'est bel et bien en misanthrope délibéré que le dramaturge assène une perspective Célinienne de l'état du monde, de façon à faire surgir les prémices d'une révolte collective!...

Si en outre, il est possible de déceler un constant humour sous-jacent à cette charge en règle de l'espèce humaine face à elle-même, comment ne pas souscrire à l'énergie d'un auteur qui fonde le principe même de l'existence aux surgissements polymorphes de l'Art!...

C'est ainsi que de dénonciations en anathèmes, l'auteur parcourt ici le temps d'un enterrement, en l'occurrence le suicide d'un professeur s'étant perdu entre l'étouffement à Vienne et l'exil à Oxford, le champ des possibles vacillant d'une famille juive en proie au doute récurrent!...

Métaphore d'un mal être sans limite, place est ainsi donnée aux héros fatigués de l'ignominie et de la dénégation!...

Sur la scène du Français, cette entrée au répertoire de Thomas Bernhard avec cette pièce suscitant forcément les controverses, fait preuve de l'ambition de Marcel Bozonnet à confronter les flux de création artistique sous des perspectives fort différenciées!...

En premier plan d'une transposition signée Eric Vigner et sous la direction d'Arthur Nauzyciel, Christine Fersen et François Chattot y monologuent tour à tour sans relâche, comme dans une pensée recouvrant l'universel d'une chape de plomb valant sans conter tout l'or du monde!...

Theothea le 06/01/05

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