Les
Chroniques
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10ème
Saison
Chroniques 10.71
à
10.75
Page 164
Festival
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2005
58ème
Festival
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2005
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SUR LA GRAND ROUTE
de Anton
Tchekhov
mise en scène
Bruno Boëglin
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****
Théâtre de l'Odéon-Berthier
Tel: 01 44 85 40 40
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Photo
Pidz
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En messagers de l'orage dans l'air soufflent momentanément sur
les ateliers Berthier de véritables tempêtes qui, de la grande
à la petite salle, emportent Shakespeare et Tchekhov en des tourbillons
polyphoniques où les éclairs visionnaires s'autorisent de multiples
fulgurances.
Mieux vaut néanmoins éviter les avant-postes de la Grand'route
si l'on veut garder les pieds au sec!... En effet là-même où
le rideau de scène est censé se lever, tombe d'emblée
sans crier gare un écran de pluie qu'il conviendrait d'apprécier
à distance... le temps d'essuyer l'averse!...
Commence alors une épopée impressionniste en connotations
brechtiennes où émergera d'une zone sordide non identifiée,
un chantier de réfugiés en place d'une auberge hospitalière
de bord de route.
Tous les malheurs du monde semblent s'y être donné rendez-vous
brassant l'humanité à l'aide d'une broyeuse aveugle de destins
qui se serait emparée d'un magma inconsidéré.
Et pourtant des individualités y surnagent au sein des foudres
des cieux laissant deviner des options de vie qui auraient divergé
plus que de raison.
L'amour trahi y a bien entendu ses contes à y vivre prostré;
c'est ce qui est sans doute advenu à Bortzov, le propriétaire
ruiné qui ressasse le fantasme de ses noces à jamais perdues
avec Maria.
Le temps s'étire à l'infini dans le fatras des âmes
abandonnées par le sort pour y faire surgir en ultime vision la silhouette
de l'être aimée dans cet univers de pantins
démantibulés.
Une vision d'apocalypse pour un Tchekhov qui, peut-être, n'en demandait
pas tant!...
Theothea le 09/03/06
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L'ESCALE
de Paul
Hengge
mise en scène
Stephan Meldegg
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****
Théâtre La Bruyère
Tel: 01 48 74 76 99
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Photo
Ldd Laurencine Lot
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Ni pièce à clefs, ni pièce à thèse,
"L'escale " aérienne va fournir aux deux Philippe, Clay et Laudenbach,
le temps d'une rencontre, l'opportunité de la découverte mutuelle
du doute idéologique qui devrait annihiler toute certitude a priori.
Dans ce salon "classe affaires" d'un aéroport londonien, l'enjeu
du débat sera le reflet en trompe-l'oeil d'un meurtre s'étant
déroulé sur un bateau de croisière.
Si la dynamique de l'empathie ne se révéle pas le meilleur
garant des convictions initiales, l'impact du témoignage visuel ne
pourra pas servir davantage de preuve criminelle.
En avocats de circonstances, le bouquiniste Rabinowicz et le passager
allemand vont jouer au chat et à la souris en cherchant à
démasquer les faux-semblants des présomptions à charge
d'un présumé coupable.
A cet effet, un cadeau hors de prix lié à la culture juive
(une Haggadah très rare) servira de caution à leur conflit
dialectique pouvant fort bien lui-même dissimuler une stratégie
de manipulations.
Une pseudo-hôtesse de l'air et un jeune voyageur d'apparence
stressé viendront d'ailleurs conforter cette hypothèse de suspicion
ambiante.
Ainsi embarqué sur une destination incertaine, le spectateur restera
accroché aux lèvres des deux voyageurs en transit jusqu'à
ce que ceux-ci, dans une unanimité troublante, finissent par faire
amende honorable de leurs certitudes respectives.
A la suite du texte de Paul Hengge qu'il a traduit avec Attica Guedj,
Stephan Meldegg propose ici une plongée au coeur de la conscience
humaine prise en flagrant délit de contradictions qu'il faudra assumer
au mieux.
Theothea le 11/03/06
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ROMANCE
de David
Mamet
mise en scène
Pierre Laville
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****
Théâtre Tristan Bernard
Tel: 01 45 22 08 40
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Photo
Claire Besse
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L'affiche de la pièce présente le titre R.O.M.A.N.C.E comme
un sigle avec ses points intercalaires laissant présager davantage
une problématique à interroger qu'une mélodie tendre
et sentimentale à apprécier.
Cette invite au déchiffrement sémantique pourra rapidement
se substituer en une autre tournure plus explicite: O.T.N.I. qui
s'interpréterait aisément comme: "Objet Théâtral
Non Identifié".
Bardé de ce passeport pour un voyage délirant sous
contrôle à l'instar d'un train fantôme de fête foraine,
tout sera permis au langage à qui se verra dévolu l'implosion
de la syntaxe de l'inconscient.
L'expérimentation se fera dans une cour de justice américaine
où sont réunis les protagonistes d'un procès fantasque
que le moindre cauchemar avisé hésiterait à mettre en
scène:
Un avocat, un procureur, un juge, un huissier, un médecin... bref
une palette représentative de l'arsenal coercitif mâle qui
harcèlerait un accusé lambda d'une faute indéfinie alors
que hors les murs se déroule une manifestation pour la paix
universelle.
Que celle-ci ait pris l'emblème du conflit Israélo-palestinien
comme paradigme d'une société humaine surpressurisée
à l'idéalisme des bonnes intentions, voilà de quoi donner
du grain à moudre à tous les pourfendeurs de religions dont
celles-là se font le chantre.
S'en suit une cacophonie digne de la tour de Babel où seule l'outrance
aura droit de citer toutes les injures que le moindre code de civilité
aurait banni dès les prémices d'une reconnaissance de
l'altérité.
Ainsi par exemple l'homosexualité, la judaïcité, le
catholicisme, Shakespeare, le Christ... auront droit à tant
d'égarements que seule l'ostéopathie pourra prétendre
à recouvrer l'ordre des choses.
David Mamet fait exploser le cadre institutionnel pour mieux appréhender
le carcan des idéologies implicites et c'est par le délire
verbal que l'auteur maîtrise une langue chargée de débusquer
la peur par l'humour.
Le Juge (Yves Gasc) est le grand manitou ubuesque de cette dynamique de
groupe où se coltinent à qui mieux mieux le procureur (Bernard
Alane) avec l'avocat (François Delaive) autour du prévenu
victimisé (Eric Laugérias). L'huissier (Eric Théobald)
et le docteur (Stéphane Cottin) coordonnent les audiences que Bernard
(Mathieu Bisson), l'alter ego de tous, sera en charge de dynamiter depuis
la sphère de l'intime.
C'est Pierre Laville qui est aux commandes hyperréactives de cet
OTNI qui, chaque soir au théâtre Tristan Bernard, se doit d'atterrir
complètement "déjanté" avec des passagers en apesanteur
mais si possible sains et saufs.
Theothea le 16/03/06
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BOULEVARD DU BOULEVARD
DU BOULEVARD
de & mise en scène
Daniel Mesguich
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****
Théâtre du Rond-Point
Tel: 01 44 95 98 21
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Photo
Philippe Delacroix
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" C'est une merde, j'adore! ", ainsi s'exprima d'emblée Jean-Michel
Ribbes selon des propos rapportés entre deux salves d'applaudissements
par l'un des comédiens interrompant les saluts afin de rappeler
également que la troupe "Miroir et Métaphore" est composée
à 98% d'intermittents.
Cette première impression de lecture de "Boulevard du boulevard
du boulevard", livrée sans vergogne par le directeur du
Théâtre du Rond-Point, dut en son instant être
interprétée au troisième degré minimum de l'humour
par Daniel Mesguich.
Présentement, il valait mieux que cette appréciation
spontanée eût été énoncée sur
scène quand la représentation fut terminée, car oser
la promotion du spectacle à partir d'un tel slogan, pourrait
s'avérer quelque peu déficitaire en termes de communication.
Quinze années plus tôt, la pièce d'un certain Gaston
Portail fut montée par Daniel Mesguich à Lille sous le titre
de " Boulevard du boulevard "; en montant d'un cran la récurrence
vers son troisième niveau, l'auteur dévoile désormais
sa véritable identité tout en évoquant son appétence
de metteur en scène à conceptualiser le rire par sa pratique.
Du syndrome des poupées russes devrait surgir l'énergie
comique se regardant en train de sévir à plusieurs stades de
compréhension et de là découleraient les éclats
de rire se nourrissant à qui mieux mieux du contretemps.
Place à Feydeau, Labiche, Courteline sous une haie d'honneur que
composeraient Tex Avery, Les Marx Brothers, Les Monthy Python, Stan Laurel,
Jerry Lewis, Buster Keaton et consort: " La dramaturgie du rire prise à
son propre piège. le théâtre de boulevard, amant de
lui-même dans son propre placard. Une sorte d'implosion du rire " (sic)
Bien entendu, ce système fonctionne de manière satisfaisante
malgré que la distance de 2H30 avec entracte soit quelque peu
étirée; la parodie avec Christian Hecq y trouve son excellence,
en revanche les farces et attrapes de music-hall y trouvent la limite du
genre. Les dix comédiens vont s'amalgamer à la métaphore
du miroir d'où pourra se refléter la profondeur insondable
du boulevard.
Au demeurant, Daniel Mesguich condense en sentence sa ligne de conduite,
" c'est faire du théâtre qui est rigolo ".
Theothea le 22/03/06
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FILUMENA
MARTURANO
de Eduardo
De Filippo
mise en scène
Gloria Paris
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Théâtre de l'Athénée
Tel: 01 53 05 19 19
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Photo
Pascal Sautelet
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Avec son "Eva Peron" de Coppi en 2004 déjà au
théâtre de l'Athénée et maintenant son "Filumena
Marturano" de Eduardo de Filippo, Gloria Paris s'affirme comme l'une des
metteurs en scène de Théâtre les plus brillantes.
En effet réunissant une scénographie (Cristina Gaetano)
abstraite et ingénieuse avec une lumière palpable (Pascal
Sautelet), sa direction d'acteurs paraît se glisser dans le labyrinthe
d'une course folle où le trophée du suspens sera le gage de
la paternité assumée.
Christine Gagnieux et Alain Libolt happant les personnages de Filumena
Marturano et Domenico Soriano alors qu'ils viennent de convoler, se trouvent
d'emblée engagés en poursuite, pour abus de confiance, engageant
la rupture de leurs noces.
L'existence de trois fils jusque-là cachés constitueront
l'enjeu d'un divorce en puissance qui devrait aboutir à une non
reconnaissance paternelle de la progéniture légitime.
Aussi, parce que "Les enfants sont les enfants", une troisième
voie devra crier "papa" en choeur afin d'assurer un dénouement
heureux.
En prise sur les comportements sociaux actuels par son interrogation
concernant la recomposition de la famille, cette comédie écrite
en 1951 trouve dans la récente traduction française de Fabrice
Melquiot une cure de jouvence qui universalise le propos.
Le folklore italien s'estompe au profit de connotations malicieuses dans
l'interprétation de rôles par ailleurs très
archétypés.
La réalisation est un régal à apprécier du
début à la fin d'un casting parrainé par Evelyne Istria
et Pierre Ascaride d'où nous souhaitons particulièrement nommer
la jeune Sabrina Kouroughli effectuant un numéro chorégraphique
de soubrette digne d'une révélation.
Theothea le 14/03/06
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