Les
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11ème
Saison
Chroniques 11.61
à
11.65 Page
183
Alain Delon
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PLAY STRINDBERG
de Friedrich
Dürrenmatt
mise en scène
Alain Alexis Barsacq
|
****
Théâtre de l'Atalante
Tel: 01 46 06 11
90
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Photo
© Xavier Voirol
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En adaptant «La danse de mort» d’August Strindberg, Friedrich
Dürrenmatt allait en 1968 exacerber le conflit du couple conjugal dans
sa pérennité pour en constituer, par le biais de la farce et
de l’absurde, une vision métaphorique des impasses de la vie
sociale.
Elaborant conceptuellement la scénographie tel un match de boxe
en douze rounds, Alain Alexis Barsacq conçoit la mise en perspective
d’un ring virtuel, dans le cadre d’un combat feutré et cynique
à trois personnages qu’observe sous les apparences de
l’arbitrage, un meneur de jeu (Jaime Azulay) décomptant tacitement
les coups bas sans toutefois les annoncer ouvertement.
Ainsi Alice (Agathe Alexis) et Edgar (Philippe Hottier) qui sont mariés
pour le pire et le meilleur depuis plus de vingt-cinq ans envisagent-ils
la visite du cousin Kurt (Philippe Morand) avec le grand intérêt
d’échapper à ce huis clos quotidien qui les a rendus avec
le temps suspicieux et haineux, l’un par rapport à
l’autre.
Sans autre analyse psychologique des motivations profondes de leurs
ressentiments respectifs et de leur animosité commune, la plongée
en apnée dans le gouffre de leur désespoir défensif
s’effectue par paliers de compressions antagonistes successives que
seules les retrouvailles musicales auprès du piano pourraient encore
retenir de sombrer dans le passage à l’acte d’un meurtre
à peine symbolique.
Ainsi la présence de Kurt pourrait apporter du baume affectif sur
l’échec de cette vie si mal partagée à deux, alors
que le sourire et la sérénité apparente de celui-ci
ferait diversion salutaire.
Cependant ce tiers ne sera lui-même qu’un leurre de cette lueur
d’espoir rapidement contredite par la violence financière régie
dans la sphère du monde universel autant que dans celle de
l’intime.
En témoin lucide et sans vergogne, Kurt prendra finalement congé
de ce havre diabolique en lançant ironique à l’égard
du couple: « J’ai pu jeter un coup d’oeil dans votre petit
univers. Dans le grand univers, les choses ne vont en aucune façon
plus mal: C’est l’échelle seulement qui diffère.
»
Cette vaste détestation inintelligible suscitera durant les deux
heures de descente aux enfers, d’incessantes saccades de rires
irrépressibles et cruels dont la tragi-comédie est redevable
autant à l’humour de l’auteur qu’à l’ensemble
de ses interprètes.
Theothea le 19/02/07
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DEBATS 1974 - 1981
de V. Giscard
d'Estaing - F. Mitterrand
mise en scène
Jacques Weber
|
****
Théâtre de La Madeleine
Tel:
01 42 65 07 09
|
Depuis 1983, Jacques Weber songeait à mettre sur scène les
deux débats télévisés qui virent s'affronter
Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, lors du second
tour des élections présidentielles de 1974 et de 1981:
En 1974, pour la première fois de l'histoire républicaine,
deux candidats à la présidence s'affrontaient en direct devant
les caméras dans un face-à-face d' une heure et quarante
minutes.
En 1981, les deux mêmes personnalités charismatiques se
retrouvaient en situation similaire pour une sorte de match revanche où
la joute oratoire dura deux heures et vingt minutes.
Si du côté de F. Mitterrand, l'autorisation des droits de
faire aboutir cette reconstitution dialectique fût obtenue rapidement,
ce n'est que très récemment que V.G.E. donna son feu vert,
alors que ce projet théâtral revenait d'actualité à
l'occasion de la campagne présidentielle 2007.
Conçu avec l'ambition d'une démarche pédagogique,
ce dialogue restructuré en deux parties d'une heure chacune, n'en
demeure pas moins une étrangeté du spectacle vivant qui interroge
les constantes de l'argumentaire politique confrontées à la
théâtralisation et à la distanciation qu'une telle
création artistique présuppose.
Dans un décor réduit à des éléments
basiques tels que tables, chaises, micros et autres verres d'eau à
parité, la fonction de l'arbitre en retrait évoluera d'une
présence silencieuse en 74 à une amorce d'interactivité
en 81.
Seul le contraste entre les montures des paires de lunettes pourrait focaliser
l'attention si la présence discrète d'une servante (éclairage
de vigilance sur la scène d'un théâtre) à hauteur
du journaliste témoin (Vincent Debost) ne venait induire une
problématique demeurant symboliquement ouverte.
Cette mise en place récurrente servira ainsi de cadre à
un exercice rhétorique où les deux candidats vont exceller
à tenter de démontrer les faiblesses de l'adversaire afin de
se pousser réciproquement à la faute ou à l'erreur de
stratégie.
De la phrase choc " Monsieur Mitterrand, vous n'avez pas le monopole du
coeur " va correspondre 7 années plus tard la réplique
décisive " Monsieur Giscard d'Estaing, à force de me dénoncer
comme l'homme du passé, il est ennuyeux que soyez devenu l'homme du
passif "
Ainsi de l'une à l'autre de ces élections présidentielles
françaises qui aboutiront à l'alternance institutionnelle de
gauche à droite de l'échiquier politique, la démocratie
s'ouvrait à la confrontation publique des idées en inaugurant
l'utilisation du support audiovisuel.
Sur la scène du Théâtre de La Madeleine, sous la vigilance
artistique de Jean-Marie Duprez, Jacques Weber et son partenaire
Jean-François Balmer ne cherchent pas tant à incarner les figures
initiales de cet enjeu historique que de restituer la force du discours oral
lorsqu'il se mesure à son altérité.
Bien entendu pour ceux qui ont vécu cette période, les souvenirs
affluent dans le désordre affectif des affinités électives
mais pour les plus jeunes d'entre nous, cette leçon de morale politique
aura valeur de témoignage civique, si tant est qu'en 2007 la
culture du web n'aurait déjà su supplanter le besoin de "Forum
citoyen" par les blogs numériques.
Theothea le 21/02/07
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SUR LE FIL
de Sophie
Forte
mise en scène
Anne Bourgeois
|
****
Comédie Bastille
Tel: 01 48 07 52
07
|
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Photo © Philippe
Crochard
|
Bientôt six mois que Sophie Forte et Philippe Sivy se donnent
rendez-vous quotidiennement sur les ondes porteuses du désir et de
l'espoir via leurs personnages de Juliette et François, au demeurant
si proches d'eux-mêmes.
En équilibre instable sur le fil de la rencontre jamais assouvie,
ils vont se livrer, comme chaque soir à la Comédie Bastille,
à un numéro de séduction en duo sans filet où
la voix seule sera le vecteur de leur passion naissante plongeant dans
l'imaginaire des lendemains qui chantent.
Elle, critique d'art branchée, lui, écrivain de romans noirs
se rejoignent à chaque instant de chaque jour en pleine addiction
d'une communication téléphonique devenue quasi ininterrompue
depuis que, par inadvertance, une opportune erreur de numéro a réuni
en ligne leur solitude enfin partagée.
Parce que c'était elle, parce que c'était lui, ils ne devraient
plus se quitter tant qu'ils n'auront pas franchi la ligne jaune, celle du
véritable tête-à-tête dans la vie objective.
Cependant il semblerait que se profile un obstacle réfractaire
à cette simple perspective, car la création d'avatars
mystificateurs voire facétieux dans le monde virtuel pourrait rendre
rédhibitoire le retour à la réalité, d'autant
plus si un handicap moteur devait trahir des normes intégrées
à tort ou à raison.
De lui à elle va donc se jouer un ballet enchanteur cadencé
par Anne Bourgeois où chacun gagnera la possibilité d'exister
à part entière pourvu qu'au final, aucune ombre malfaisante
n'ait entaché ce qui aurait pu être l'Amour de leur vie.
Poignante comme un échec avorté, leur belle histoire ira
rejoindre le Panthéon des nostalgies virginales que rien ne viendra
jamais altérer. Magnifique comme un appel au secours intercepté
au sein du chaos qu'une bouteille à la mer sublimera à
jamais.
Theothea le 22/02/07
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COMIC SYMPHONIC
par Orchestre
Symphonique Lyonnais / P. Fournier
de &
avec Marc Jolivet
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****
Théâtre Comedia
Tel: 01 42 38 22
22
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Photo
© Lot
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Créé au Casino de Paris en septembre 2005, puis repris en
avril 2006, suivi de deux représentations exceptionnelles à
l’Olympia en septembre 2006, «Comic Symphonic» arrive au
Théâtre Comédia après déjà plus
de trois cents représentations et avant une tournée d’un
an programmée à partir de septembre 2007.
L’engouement déclenché par ce spectacle à nul
autre pareil, suscite un bouche à oreille qu’aucun média
ne serait à même d’égaler.
Cette association d’un ensemble orchestral de 40 musiciens avec le
fameux «Utopitre» est le fruit d’une rencontre souhaitée
par son chef Philippe Fournier qui a réussi à convaincre Marc
Jolivet d’unir leurs deux arts respectifs, tout en donnant à
celui-ci l’occasion de réaliser son rêve d’enfant
de diriger un orchestre symphonique.
Cette alliance a priori baroque donne un résultat époustouflant,
car l’empathie apparaît avec évidence autour d’une
thématique commune, à savoir le souhait de faire émerger
un monde meilleur, dénué de préjugés.
En effet ce qui est vrai dans la sphère des idées, l’est
pareillement pour la musique classique; il est assurément
bénéfique de ne pas s’embarrasser des conventions afin
de s’ouvrir à toutes les aspirations des cultures de
l’humanité.
C’est en stigmatisant les travers de l’homme et son orgueil
mal placé que peuvent naître les conditions de l’excellence,
c’est en pratiquant l’humilité que peuvent s’élever
les cathédrales:
Aussi Marc Jolivet avec son humour sans concession s’en donne à
coeur joie de démonter les rouages des lâchetés, des
compromissions et autres bassesses du monde contemporain qui limitent
l’entendement au détriment d’un accès immédiat
à la beauté:
La musique symphonique en est tout à la fois l’émanation
privilégiée ainsi que la métaphore idéale, puisque
intelligible et intemporelle, notamment lorsqu’elle se fait le vecteur
d’une émotion universelle.
Ce qui est remarquable dans ce spectacle vivant et renouvelé chaque
soir, c’est que son intention originelle est largement à la hauteur
de sa réalisation et de son écho sur le public, à la
fois satisfait de confondre en flagrant délit sa propre mauvaise
conscience mais surtout reconnaissant d’être éveillé
aux plaisirs des sens avec une orchestration aussi ambitieuse que joyeuse.
Theothea le 08/03/07
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LA VERITE TOUTE NUE
de David
Lodge
mise en scène
Christophe Correia
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****
Petit Théâtre Marigny
Tel: 01 53 96 70 20
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©
Landi
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En entomologiste d’une société livrée à
l’emprise des médias people, David Lodge installe ses quatre
personnages dans le décor cosy d’un cottage très British
afin d’observer de quelle capacité de nuisance chacun est en
mesure de pourfendre la carapace d’autrui pour mieux y débusquer
sa part d’ombre sous la lumière apprivoisée des
projecteurs:
Retiré en apparence du cirque médiatique, Adrian (Patrick
Raynal) «Has been» dans la catégorie «écrivain
à succès» vit à la campagne en «bobo»
avec Eleanor (Isabelle Renaud) son épouse exerçant
opportunément ses talents en poterie.
Rongeant son frein sans se l’avouer, le couple est quasi disponible
pour la transgression d'un entre-deux devenu morose que Sam (Jacques Frantz),
leur ami d’université va venir dynamiter d’un seul coup
d’un seul, en fustigeant l'article odieux que Fanny Tarrant (Claire
Nebout), une journaliste spécialisée en potins vient
d’écrire à son encontre, lui le scénariste en vogue
d’Hollywood.
Par mesure de rétorsion, le trio va donc imaginer de rendre la
monnaie de sa chronique à cette indélicate en acceptant une
interview enregistrée à son insu pour mieux la confondre par
presse interposée.
Premier maillon d’une escalade en coups fourrés où
tel est pris qui croyait prendre, ce papier infamant est ainsi le
déclencheur d’un piège qui se refermera tour à
tour sur chacun d’entre eux, en induisant la confidence intime comme
un aveu public, armé en boomerang.
Mais que viendra prouver au sein de ce microcosme éditorial
l’accident mortel du pont de l’Alma où Lady Di atteindra
le sommet forcément sublime de la mythomanie universelle, si ce
n’est précisément l'opportunisme d'une diversion dans
les tabloïds "trash" remisant brutalement toutes leurs enquêtes
de vérité mensongère au profit d’une édition
au tirage hors normes, bien plus sexy ?
C.Q.F.D.: Rien n’a de valeur objective au regard de la presse people
pourvu que le consumérisme y trouve son compte bon.
Christophe Correia tente d’adapter l’humour anglais aux
critères du «Boulevard» français sans convaincre
totalement, mais l’interprétation est enlevée et le
divertissement fait mouche.
Theothea le 01/03/07
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