Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques    de

  

11ème  Saison     Chroniques   11.61   à   11.65    Page  183

 

                 

Alain Delon  &  Mireille Darc   SUR LA ROUTE DE MADISON     

Le  JUBILE JUBILANT  de Catherine Samie à  La Comédie Française

   

Le  Bigger Bang    des Rolling Stones   à  Paris

Les Rolling Stones en suspens devant Keith Richards

     

Les  MOLIERES

Nominations   2006              Points de vue           Palmarès   2006

Retour de flamme au 59ème Festival de Cannes 

   

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PLAY STRINDBERG

de  Friedrich Dürrenmatt

mise en scène   Alain Alexis Barsacq

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Théâtre de l'Atalante

Tel: 01 46 06 11 90  

 

    Photo   ©   Xavier Voirol  

       

En adaptant «La danse de mort» d’August Strindberg, Friedrich Dürrenmatt allait en 1968 exacerber le conflit du couple conjugal dans sa pérennité pour en constituer, par le biais de la farce et de l’absurde, une vision métaphorique des impasses de la vie sociale.

Elaborant conceptuellement la scénographie tel un match de boxe en douze rounds, Alain Alexis Barsacq conçoit la mise en perspective d’un ring virtuel, dans le cadre d’un combat feutré et cynique à trois personnages qu’observe sous les apparences de l’arbitrage, un meneur de jeu (Jaime Azulay) décomptant tacitement les coups bas sans toutefois les annoncer ouvertement.

Ainsi Alice (Agathe Alexis) et Edgar (Philippe Hottier) qui sont mariés pour le pire et le meilleur depuis plus de vingt-cinq ans envisagent-ils la visite du cousin Kurt (Philippe Morand) avec le grand intérêt d’échapper à ce huis clos quotidien qui les a rendus avec le temps suspicieux et haineux, l’un par rapport à l’autre.

Sans autre analyse psychologique des motivations profondes de leurs ressentiments respectifs et de leur animosité commune, la plongée en apnée dans le gouffre de leur désespoir défensif s’effectue par paliers de compressions antagonistes successives que seules les retrouvailles musicales auprès du piano pourraient encore retenir de sombrer dans le passage à l’acte d’un meurtre à peine symbolique.

Ainsi la présence de Kurt pourrait apporter du baume affectif sur l’échec de cette vie si mal partagée à deux, alors que le sourire et la sérénité apparente de celui-ci ferait diversion salutaire.

Cependant ce tiers ne sera lui-même qu’un leurre de cette lueur d’espoir rapidement contredite par la violence financière régie dans la sphère du monde universel autant que dans celle de l’intime.

En témoin lucide et sans vergogne, Kurt prendra finalement congé de ce havre diabolique en lançant ironique à l’égard du couple: « J’ai pu jeter un coup d’oeil dans votre petit univers. Dans le grand univers, les choses ne vont en aucune façon plus mal: C’est l’échelle seulement qui diffère. »

Cette vaste détestation inintelligible suscitera durant les deux heures de descente aux enfers, d’incessantes saccades de rires irrépressibles et cruels dont la tragi-comédie est redevable autant à l’humour de l’auteur qu’à l’ensemble de ses interprètes.

Theothea le 19/02/07

DEBATS 1974 - 1981

de  V. Giscard d'Estaing - F. Mitterrand

mise en scène   Jacques Weber

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Théâtre de La Madeleine 

Tel:  01 42 65 07 09

 

      Photo   ©  Dunn Meas  

             

Depuis 1983, Jacques Weber songeait à mettre sur scène les deux débats télévisés qui virent s'affronter Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, lors du second tour des élections présidentielles de 1974 et de 1981:

En 1974, pour la première fois de l'histoire républicaine, deux candidats à la présidence s'affrontaient en direct devant les caméras dans un face-à-face d' une heure et quarante minutes.

En 1981, les deux mêmes personnalités charismatiques se retrouvaient en situation similaire pour une sorte de match revanche où la joute oratoire dura deux heures et vingt minutes.

Si du côté de F. Mitterrand, l'autorisation des droits de faire aboutir cette reconstitution dialectique fût obtenue rapidement, ce n'est que très récemment que V.G.E. donna son feu vert, alors que ce projet théâtral revenait d'actualité à l'occasion de la campagne présidentielle 2007.

Conçu avec l'ambition d'une démarche pédagogique, ce dialogue restructuré en deux parties d'une heure chacune, n'en demeure pas moins une étrangeté du spectacle vivant qui interroge les constantes de l'argumentaire politique confrontées à la théâtralisation et à la distanciation qu'une telle création artistique présuppose.

Dans un décor réduit à des éléments basiques tels que tables, chaises, micros et autres verres d'eau à parité, la fonction de l'arbitre en retrait évoluera d'une présence silencieuse en 74 à une amorce d'interactivité en 81.

Seul le contraste entre les montures des paires de lunettes pourrait focaliser l'attention si la présence discrète d'une servante (éclairage de vigilance sur la scène d'un théâtre) à hauteur du journaliste témoin (Vincent Debost) ne venait induire une problématique demeurant symboliquement ouverte.

Cette mise en place récurrente servira ainsi de cadre à un exercice rhétorique où les deux candidats vont exceller à tenter de démontrer les faiblesses de l'adversaire afin de se pousser réciproquement à la faute ou à l'erreur de stratégie.

De la phrase choc " Monsieur Mitterrand, vous n'avez pas le monopole du coeur " va correspondre 7 années plus tard la réplique décisive " Monsieur Giscard d'Estaing, à force de me dénoncer comme l'homme du passé, il est ennuyeux que soyez devenu l'homme du passif "

Ainsi de l'une à l'autre de ces élections présidentielles françaises qui aboutiront à l'alternance institutionnelle de gauche à droite de l'échiquier politique, la démocratie s'ouvrait à la confrontation publique des idées en inaugurant l'utilisation du support audiovisuel.

Sur la scène du Théâtre de La Madeleine, sous la vigilance artistique de Jean-Marie Duprez, Jacques Weber et son partenaire Jean-François Balmer ne cherchent pas tant à incarner les figures initiales de cet enjeu historique que de restituer la force du discours oral lorsqu'il se mesure à son altérité.

Bien entendu pour ceux qui ont vécu cette période, les souvenirs affluent dans le désordre affectif des affinités électives mais pour les plus jeunes d'entre nous, cette leçon de morale politique aura valeur de témoignage civique, si tant est qu'en 2007 la culture du web n'aurait déjà su supplanter le besoin de "Forum citoyen" par les blogs numériques.

Theothea le 21/02/07

SUR LE FIL

de  Sophie Forte

mise en scène   Anne Bourgeois

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Comédie Bastille

Tel: 01 48 07 52 07  

 

        Photo  ©  Philippe Crochard  

       

Bientôt six mois que Sophie Forte et Philippe Sivy se donnent rendez-vous quotidiennement sur les ondes porteuses du désir et de l'espoir via leurs personnages de Juliette et François, au demeurant si proches d'eux-mêmes.

En équilibre instable sur le fil de la rencontre jamais assouvie, ils vont se livrer, comme chaque soir à la Comédie Bastille, à un numéro de séduction en duo sans filet où la voix seule sera le vecteur de leur passion naissante plongeant dans l'imaginaire des lendemains qui chantent.

Elle, critique d'art branchée, lui, écrivain de romans noirs se rejoignent à chaque instant de chaque jour en pleine addiction d'une communication téléphonique devenue quasi ininterrompue depuis que, par inadvertance, une opportune erreur de numéro a réuni en ligne leur solitude enfin partagée.

Parce que c'était elle, parce que c'était lui, ils ne devraient plus se quitter tant qu'ils n'auront pas franchi la ligne jaune, celle du véritable tête-à-tête dans la vie objective.

Cependant il semblerait que se profile un obstacle réfractaire à cette simple perspective, car la création d'avatars mystificateurs voire facétieux dans le monde virtuel pourrait rendre rédhibitoire le retour à la réalité, d'autant plus si un handicap moteur devait trahir des normes intégrées à tort ou à raison.

De lui à elle va donc se jouer un ballet enchanteur cadencé par Anne Bourgeois où chacun gagnera la possibilité d'exister à part entière pourvu qu'au final, aucune ombre malfaisante n'ait entaché ce qui aurait pu être l'Amour de leur vie.

Poignante comme un échec avorté, leur belle histoire ira rejoindre le Panthéon des nostalgies virginales que rien ne viendra jamais altérer. Magnifique comme un appel au secours intercepté au sein du chaos qu'une bouteille à la mer sublimera à jamais.

Theothea le 22/02/07

COMIC SYMPHONIC

par  Orchestre Symphonique Lyonnais / P. Fournier

de & avec  Marc Jolivet   

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Théâtre  Comedia 

Tel:  01 42 38 22 22  

 

     Photo  ©  Lot 

              

Créé au Casino de Paris en septembre 2005, puis repris en avril 2006, suivi de deux représentations exceptionnelles à l’Olympia en septembre 2006, «Comic Symphonic» arrive au Théâtre Comédia après déjà plus de trois cents représentations et avant une tournée d’un an programmée à partir de septembre 2007.

L’engouement déclenché par ce spectacle à nul autre pareil, suscite un bouche à oreille qu’aucun média ne serait à même d’égaler.

Cette association d’un ensemble orchestral de 40 musiciens avec le fameux «Utopitre» est le fruit d’une rencontre souhaitée par son chef Philippe Fournier qui a réussi à convaincre Marc Jolivet d’unir leurs deux arts respectifs, tout en donnant à celui-ci l’occasion de réaliser son rêve d’enfant de diriger un orchestre symphonique.

Cette alliance a priori baroque donne un résultat époustouflant, car l’empathie apparaît avec évidence autour d’une thématique commune, à savoir le souhait de faire émerger un monde meilleur, dénué de préjugés.

En effet ce qui est vrai dans la sphère des idées, l’est pareillement pour la musique classique; il est assurément bénéfique de ne pas s’embarrasser des conventions afin de s’ouvrir à toutes les aspirations des cultures de l’humanité.

C’est en stigmatisant les travers de l’homme et son orgueil mal placé que peuvent naître les conditions de l’excellence, c’est en pratiquant l’humilité que peuvent s’élever les cathédrales:

Aussi Marc Jolivet avec son humour sans concession s’en donne à coeur joie de démonter les rouages des lâchetés, des compromissions et autres bassesses du monde contemporain qui limitent l’entendement au détriment d’un accès immédiat à la beauté:

La musique symphonique en est tout à la fois l’émanation privilégiée ainsi que la métaphore idéale, puisque intelligible et intemporelle, notamment lorsqu’elle se fait le vecteur d’une émotion universelle.

Ce qui est remarquable dans ce spectacle vivant et renouvelé chaque soir, c’est que son intention originelle est largement à la hauteur de sa réalisation et de son écho sur le public, à la fois satisfait de confondre en flagrant délit sa propre mauvaise conscience mais surtout reconnaissant d’être éveillé aux plaisirs des sens avec une orchestration aussi ambitieuse que joyeuse.

Theothea le 08/03/07

LA VERITE TOUTE NUE

de  David Lodge

mise en scène   Christophe Correia

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Petit Théâtre Marigny

Tel: 01 53 96 70 20  

 

    ©   Landi  

         

En entomologiste d’une société livrée à l’emprise des médias people, David Lodge installe ses quatre personnages dans le décor cosy d’un cottage très British afin d’observer de quelle capacité de nuisance chacun est en mesure de pourfendre la carapace d’autrui pour mieux y débusquer sa part d’ombre sous la lumière apprivoisée des projecteurs:

Retiré en apparence du cirque médiatique, Adrian (Patrick Raynal) «Has been» dans la catégorie «écrivain à succès» vit à la campagne en «bobo» avec Eleanor (Isabelle Renaud) son épouse exerçant opportunément ses talents en poterie.

Rongeant son frein sans se l’avouer, le couple est quasi disponible pour la transgression d'un entre-deux devenu morose que Sam (Jacques Frantz), leur ami d’université va venir dynamiter d’un seul coup d’un seul, en fustigeant l'article odieux que Fanny Tarrant (Claire Nebout), une journaliste spécialisée en potins vient d’écrire à son encontre, lui le scénariste en vogue d’Hollywood.

Par mesure de rétorsion, le trio va donc imaginer de rendre la monnaie de sa chronique à cette indélicate en acceptant une interview enregistrée à son insu pour mieux la confondre par presse interposée.

Premier maillon d’une escalade en coups fourrés où tel est pris qui croyait prendre, ce papier infamant est ainsi le déclencheur d’un piège qui se refermera tour à tour sur chacun d’entre eux, en induisant la confidence intime comme un aveu public, armé en boomerang.

Mais que viendra prouver au sein de ce microcosme éditorial l’accident mortel du pont de l’Alma où Lady Di atteindra le sommet forcément sublime de la mythomanie universelle, si ce n’est précisément l'opportunisme d'une diversion dans les tabloïds "trash" remisant brutalement toutes leurs enquêtes de vérité mensongère au profit d’une édition au tirage hors normes, bien plus sexy ?

C.Q.F.D.: Rien n’a de valeur objective au regard de la presse people pourvu que le consumérisme y trouve son compte bon.

Christophe Correia tente d’adapter l’humour anglais aux critères du «Boulevard» français sans convaincre totalement, mais l’interprétation est enlevée et le divertissement fait mouche.

Theothea le 01/03/07

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