Comment résister à une crise de jalousie lorsque celle-ci
envahit toute la réalité du quotidien au point de vouloir jeter
la partenaire adorée dans les bras du rival suspecté ?
C'est sur ce thème douloureux d'inquiétude psychique où
toute thérapie a peu de prise tangible sur les risques encourus par
le vertige du désir que Fabrice Roger-Lacan, à la suite de
sa première pièce à succès "Cravate-Club", ausculte,
quatre-vingt dix minutes durant, un sac de noeuds passionnels où l'amour
conjugal finira par triompher de ses démons virtuels.
Cependant comme dans la vraie vie, la rhétorique du jaloux devient
rapidement lassante et vide d'intérêt aux regards extérieurs
qui, convaincus d'un diagnostic morbide, ont tôt fait d'opter pour
un arrêt des hostilités vaines.
D'arguments spécieux en multiples arguties téléphoniques,
la pièce néanmoins rebondit au gré du départ
et du retour de la concubine en proie aux affres d'un échec aventureux
programmé d'avec le Don Juan de circonstances, à moins que
cet ultime épisode ne fût lui-même qu'un leurre d'une
culpabilité encore mal assumée...
Bref, après avoir résolument coupé les cheveux en
quatre, il serait grand temps de penser à reconstituer le
stéréotype du jeune couple beau et plein d'avenir, même
si cela ne devait tenir qu'à un faux-semblant réconfortant
pour l'opinion.
La séduisante Virginie Ledoyen qui débute ainsi sur les
planches avec ce rôle capté au pied levé à la
suite des répétitions abandonnées par Laura Smet, compose
une coéquipière en osmose avec le jeu d'Arié Elmaleh,
en tissant avec lui une relation affective de duo schizophrène
plutôt que de couple, à apprécier selon les nuances
effectives de leur interprétation respective d'une éditrice
littéraire et d'un avocat.
C'est ainsi que les pitreries de son compagnon déguingandé
l'amusent tout autant que ses suspicions l'agacent, et voilà pourquoi
ces deux rôles de composition leur vont comme un gant d'emprunt pour
lesquels les deux comédiens mettent tout leur savoir-faire dans la
balance afin notamment de satisfaire un jeune public, habitué aux
proximités du café-théâtre, venu en nombre les
ovationner au théâtre Hébertot.
Dans cette perspective, Isabelle Nanty a réglé une mise
en scène alerte et drôle qui aurait sans doute gagné
à plus de subtilités psychologiques au sein de ces tribulations
extra-conjugales.
Theothea le 15/03/07