Ce qui est intéressant avec la compagnie dOlivier Pansieri,
cest la pérennité dun travail artisanal annuel
qui trouve son aboutissement ambitieux dans un cycle de représentations
consacrées dabord à Shakespeare de 2002 à 2004,
puis lannée dernière à Brecht et maintenant, en
2007, à Tchekhov.
Cependant la particularité formelle qui pourrait aisément
en devenir le prétexte la fait déménager dune
saison à lautre dans les multiples «maisons
estudiantines» de la Cité Internationale nous la faisant visiter
à la manière dune carte du Tendre:
Collège Franco-Britannique,
Maison du Cambodge, Maison
du Brésil et aujourdhui celle du Canada ont en effet
succédé à la Tour Jean Sans Peur et au Couvent des
Cordeliers des deux réalisations initiales.
Alors que le tramway dessert désormais ce vaste espace de
résidences universitaires au sein d'un immense parc qui permet à
la capitale française de se donner des airs de campus culturel, la
compagnie «Art scénique et vieilles dentelles» continue
son bonhomme de chemin qui se jalonne ainsi de rendez-vous situés
cette année un peu plus précoces dans la saison
théâtrale, en loccurrence mars-avril au lieu de
mai-juin.
Faire du théâtre autour dun buffet campagnard pourrait
paraître anecdotique sil ny avait, au-delà dune
convivialité structurelle, la volonté de faire partager un
véritable creuset de spectacle vivant.
En effet à chaque lieu institutionnel investi correspond la
création dun univers de jeu où les coulisses, les loges,
les rangées de sièges, le buffet, le contrôle, la
régie, la scène, les costumes etc... sont autant
déléments constitutifs dun seul et même
état desprit, celui de léchange et de
linterpénétration où comédiens et spectateurs
seraient des hôtes réciproques.
En montant ici «La Mouette», chacun entre ainsi dans le labyrinthe
de la jalousie et de la frustration amoureuse que lambition force à
masquer jusquà côtoyer le drame psychologique (avec Laurence
Bucher, Guénaëlle Carré, Marianne Chéron, Elena
Sist, Francis Bédigis, Jean-Marc Guillerme, Eric Malafosse, Olivier
Pansieri, Pierre Siksik & Curtis Vaisse). Alors que ces tribulations
collectives poussent les uns et les autres dans le retranchement intime de
la dramaturgie tchekhovienne, il est possible de se prendre aux divagations
de la prospective:
Puisque la mise en scène dOlivier Pansieri cultive le goût
de la farce et quil est indéniable que linterprétation
de ses comédiens joue constamment sur le registre de lhumour
latent, pourquoi donc La Compagnie «Art scénique et vieilles
dentelles» noserait-elle pas les années prochaines se
lâcher dans la Comedia dellarte, voire même le Vaudeville
? Cette perspective de réalisation ne pourrait-elle devenir lenjeu
roboratif dun futur challenge artistique ?
Theothea le 02/04/07