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UN CHAPEAU DE PAILLE
D'ITALIE
de
Eugène Labiche
mise
en scène
Giorgo Barberio
Corsetti
|
****
Comédie Française / Ephémère
Tel:
08 25 10 16 80 (0,15e/mn)
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photo © Christophe Raynaud de Lage
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Dire que cest un chapeau qui est à lorigine de tout
un dérèglement comportemental est un euphémisme. Un
simple chapeau, certes, mais un chapeau coûteux et rare, en paille
italienne avec coquelicots pour lagrémenter; et ce chapeau est
stupidement mangé par un cheval. Pas de quoi fouetter un chat ! Si
pourtant
car la respectable dame, en compagnie de son amant, se trouve
compromise par ce manque inopiné et par conséquent le
propriétaire du cheval, qui se rend à son propre mariage, devra
remédier aux dommages commis, donc retrouver à tout prix un
chapeau similaire.
Cette cause, dapparence minuscule, aura des effets démesurés
dans tous les sens du terme et, dans cette mise en scène de Georgio
Barberio Corsetti, première collaboration avec la
Comédie-Française, tous les codes seront bousculés.
En premier, le décor dun intérieur dans lequel on
fait des travaux, tel un chantier où les bâches en plastiques
deviennent autant de ressorts comiques et mettent les acteurs dans des situations
bancales, obligés à des contorsions incroyables, se baisser
pour passer sous la toile érigée en guise de mur sans portes,
sauter parfois périlleusement, jongler avec cet espace disloqué
au mobilier chancelant sur lequel tout dérape vertigineusement
jusquau dernier acte où canapé en skaï bleu, chaises,
commodes, étagères, tiroirs, le tout disposé en quinconce
symbolisent le chaos général.
Transposée dans les années 1970, la pièce
bénéficie d'une modernité qui rompt avec le classicisme
Second Empire, par les costumes de Renato Bianchi très kitch, pattes
« déph », couleurs qui flashent, vert criard,
orange fluo, costume bleu canard, gilet bariolé, veste à carreaux,
robe de mariée ultra courte sur mi-bas, et par la musique couleur
jazz tsigane tendance rock dHervé Legeay, surprenante de prime
abord, entraînant savoureusement cette loufoque et gaillarde
équipée.
Le metteur en scène, très influencé par lesprit
de la « performance » des années 70 où
lon sinterrogeait beaucoup sur la position du comédien
dans un espace imaginaire, explore les frontières dune
mécanique infernale qui jette les comédiens dans des prouesses
techniques pour tenter de sortir dun imbroglio situationnel épuisant
pour tous.
Dans ce registre, Fadinard, lhomme qui doit contracter mariage,
est admirablement honoré par Pierre Niney, mince comme un fil, souple
comme un chat. Dans une course poursuite effrénée, véritable
acrobate, aux sauts énergiques et précis, il est drôle,
vif, ardemment enthousiaste et, de plus, bon chanteur.
Son futur beau-père, le pépiniériste accroché
à son myrte comme à la prunelle de ses yeux, campé par
le caoutchouteux Christian Hecq, pitre audacieux et imaginatif, mène
une troupe de noceurs tous aussi fantaisistes les uns que les autres, dont
le folâtre cousin de la mariée allure de loubard à la
John Travolta (Félicien Juttner), à travers un dédale
de quiproquos cocasses et rocambolesques en chaîne.
La folie du théâtre est ici portée par une troupe
qui sen donne à cur joie, dune énergie à
très haute intensité. On rit de cette virtuosité qui
pèche cependant par une surabondance excessive de gags et par une
exubérance qui tourne, tel un manège emballé, un peu
à vide. Cette version du vaudeville de Labiche est ici un spectacle
bien huilé aux effets parfois trop appuyés, invitant
allègrement lensemble des comédiens à se surpasser.
Cat.S / Theothea.com, le 16/11/12
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UN CHAPEAU DE PAILLE
D'ITALIE
de
Eugène Labiche
mise
en scène
Gilles Bouillon
|
****
Théâtre de la Tempête
Tel: 01 43 28 36 36
|
|
photo ©
Theothea.com
En écho à la version décoiffante du « Chapeau
de paille » au Théâtre Éphémère
de la Comédie-Française, quel régal pour le spectateur
den apprécier une alternative concomitante au Théâtre
de la Tempête qui, à la suite du sublime
« Dindon » de Philippe Adrien au sein dune
programmation foisonnante, en propose la mise en scène de Gilles Bouillon
!
Ainsi, le Directeur du Centre dramatique régional de Tours, qui
précédemment a connu un immense succès avec son
« Cyrano de Bergerac », offre une vision surréaliste
de ce Vaudeville signé Labiche.
Que rêver de mieux pour un metteur en scène qui avait envie
de retrouver une troupe, une communauté et dentendre rire à
nouveau toute une salle ?
Pour jouer cette noce rocambolesque, Gilles Bouillon retrouve la
plupart des comédiens qui ont participé à ses grandes
aventures.
Avec un nouveau venu, Frédéric Cherboeuf, d'une
génération différente à celle du jeune Pierre
Niney - léblouissant Fadinard de la Comédie-Française
- celui-là est tout aussi remarquable de justesse et ses qualités
athlétiques lui permettent de mener la danse avec une élégante
souplesse et une rigueur impressionnante.
Quant au Nonancourt composé par Jean-Luc Guitton (il s'est fait
connaître en 1975 en créant le personnage de la Marthe,
archétype de la grand-mère auvergnate), au visage dune
mobilité étonnante et par une ressemblance expressionniste
avec Michel Simon, son jeu guignolesque est très drolatique, notamment
grâce à son myrte qui grandit à vue d'il.
Selon son originalité spécifique, la pièce est
perçue comme une obsession vécue en temps réel par Fadinard.
Elle commence et se termine dans un lit, sous une grosse pendule de hall
de gare dont les aiguilles tournent à lenvers.
Dans ses divagations, ce personnage a la vision dun centaure
déguisé en mariée sous un ensemble de voilures. Cest
alors quemportées par la chimère dun homme à
tête arborescente, les aiguilles vont saffoler en une course
hallucinatoire ! Serait-ce celle du jeune bourgeois effaré par la
perspective de son mariage imminent ?
Quel est donc lenjeu de cette folle journée ? Cette noce
échevelée, partant dans tous les sens, serait-elle une
fantasmagorie ou au contraire se jouerait-il, devant nos yeux
médusés, les préparatifs abracadabrantesques dun
réel mariage avec la fille du pépiniériste qui, elle
aussi, tremble de peur ?
Toutes les facéties de Fadinard ne seraient-elles conçues
que pour échapper à cette alliance puisque dès quil
sapproche de la jeune femme convoitée, le beau-père
sinterpose avec un virulent « tout est rompu ».
Cette vision tourmentée est soulignée par un décor
de Nathalie Holt, digne des surréalistes où des imprimés
de papier peint, sur lesquels apparaissent des chapeaux melon à
répétition comme sur un tableau de Magritte, dupliquent dans
la symétrie, cet objet récurrent de manière quasiment
obsessionnelle.
Lagencement géométrique de cette représentation
souligne lenfermement cauchemardesque dans des nuances de noir, blanc
et gris alors que beaucoup de trouvailles, collages et diverses matières
nous transportent dans un autre monde, celui du mirage fantasmatique.
Les costumes de Marc Anselmi sont pleins de fantaisie avec des teintes
discrètes gris perlé ou rosé, à lexception
de la robe de mariée chargée dun énorme nud
et dun jupon cerclé qui se soulève comme pour souligner
la position bancale de la fille du pépiniériste, elle aussi
affolée dans lignorance de ce qui lattend.
Tous les comédiens chantent et jouent d'un instrument sous la direction
du compositeur Alain Bruel en participant à cette réalisation
théâtrale qui prend ainsi des allures de comédie musicale.
Ce spectacle est passionnant puisque par sa fantasmagorie, les protagonistes
flirtent avec labsurde dans leur confrontation à linstitution
du mariage tournée en farce burlesque et même accentuée,
entre les cinq actes, par des scénettes devant un rideau blanc, dignes
du cinéma muet de Laurel & Hardy.
Lhumour corrosif en sape lesprit de sérieux et parvient
ainsi à saborder une noce partant à vau-leau, en une
navigation sans boussole
Une réussite moins explosive que celle de la
Comédie-Française mais plus grinçante et très
maîtrisée.
CatS / Theothea.com le 01/12/12
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PLACE ROYALE
de
Pierre
Corneille
mise en scène
Anne-laure Liégeois
|
****
Théâtre du Vieux-Colombier
Tel: 01 44 39 87 00
|
« La Place Royale », une des 4 comédies de
Corneille, en 5 actes est présentée pour la première
fois à la Comédie-Française.
La pièce est transposée dans létrange
contemporanéité dune salle de danse désuète
et désaffectée aux murs miteux et vitraux bleus. Au-dessus
de ce décor plane un néon jaune indiquant le titre de la
pièce. Dans un incessant va-et-vient de jardin à cour, les
protagonistes, portant costumes de notre époque, vont débattre
devant une jeune femme en tutu et en paillettes, assise sur un banc, en attente
peut-être dun cavalier pour danser, délaissée,
mystérieuse, témoin muet tout au long de la pièce de
ce chassé-croisé entre amoureux qui sattirent et se rejettent
dans une ambiance provinciale et une atmosphère plutôt morose.
Alidor aime Angélique qui lidolâtre en retour. Seulement
voilà Alidor est un coupeur de cheveux en quatre. Se piquant de
philosophie, prônant le détachement en s'apercevant que de
tels sentiments enflammés le privent de sa liberté, il
élabore un stratagème en faisant écrire une fausse lettre
damour à une dénommée Clarine, et en faisant en
sorte que la missive soit interceptée par Angélique, afin de
la jeter dans les bras de son ami Léandre (Eric Génovèse).
Dautre part, Angélique par lentremise de son de son amie
Phylis (Elsa Lepoivre), piquante et pleine de légèreté,
seul personnage radieux et lumineux dans cette version plutôt sombre,
est convoitée par le frère de cette dernière, ce qui
conduira à des quiproquos venant envenimer la situation.
Dans la pièce de Corneille, les fluctuations de la passion sont
liées à la jeunesse frivole des personnages. Ici, les
comédiens du Français sont des quadragénaires ou
quinquagénaires, ce qui conduit à une plus grande maturité
de la valse hésitation des sentiments. Les indécisions
dAlidor interprété par Denis Podalydès, le cheveu
long et barbu, paraissent de nature plus philosophique. Torturé à
souhait, il se montre manipulateur, amoral, jouant avec les êtres,
déclarant sa flamme puis ne souhaitant plus subir la tyrannie amoureuse,
il est prêt à sacrifier Angélique (Florence Viala). Alidor
résume sa formule dune phrase : « Je veux la liberté
dans le milieu des fers ».
Au terme dune intrigue mouvementée, truffée de
rebondissements, de quiproquos et de feintes, inconséquent, fourbe
et sincère à la fois, le héros de cette comédie
cruelle accède à la liberté en poussant lautre
au renoncement absolu et jette lexclusive Angélique au couvent
quelle accepte stoïquement après des tentatives de
récupération et jugeant que lamour que lui porte Alidor
est finalement malhonnête.
Cette mise en scène plutôt statique avec un seul décor
pour les cinq actes, met davantage laccent sur une façon de
se positionner dans la vie par rapport à un âge déjà
avancé poussant, de fait, à des crises existentielles.
Cest ainsi quautrui pourrait être perçu comme
un poids empêchant daccomplir ses desseins et de jouir de son
libre-arbitre; cest ainsi quune femme éprise mais estimant
que, tout compte fait, la passion est destructrice, pourrait être capable,
dans sa maturité pleine de gravité, de choisir le renoncement,
aux antipodes de son caractère ardent.
La préoccupation essentielle dAnne-Laure Liégeois
est donc plutôt le texte et, par conséquent, lalexandrin,
seul vestige du 17ème siècle dans cette version, rendu limpide
par les comédiens du Français.
CatS / Theothea.com le 10/12/12
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LE RETOUR
de
Harold
Pinter
mise en scène
Luc Bondy
|
****
Théâtre de l'Odéon
Tel: 01 44 85 40 40
|
DHenrik Ibsen à Harold Pinter, de Roman Polanski à
Luc Bondy, de Hedda (Gabler)
à Ruth, du Théâtre Marigny à lOdéon,
de 2003 à aujourdhui, Emmanuelle Seigner interprète à
nouveau, de manière schizophrène ce qui, à
lépoque, sous la direction de Roman son mari, lui avait
été vivement reproché par la critique, un personnage
dramaturgique en rupture avec lui-même, ce qui en définitive
convient parfaitement à la comédienne.
Présentement pour cet unique rôle féminin de la
pièce, Le Retour est en fait une arrivée, un débarquement
dans une famille plus ou moins à la dérive depuis le
décès de la mère alors que le père (Bruno Ganz),
Sam son frère (Pascal Greggory), Lenny (Micha Lescot) et Joey (Louis
Garrel) deux de ses fils tournent en rond avec la vie.
En effet Ruth et Teddy, son mari (Jérôme Kircher),
troisième fils de Max, surgissent en pleine nuit, façon visite
surprise en provenance des Etats-Unis, afin que celui-ci puisse
opportunément renouer avec ses proches.
Ruth, dabord véritable sujet de découverte inattendue
pour ses hôtes, va devenir rapidement, à loccasion de
ces retrouvailles fortuites, leur véritable objet de convoitise que
chacun aura de bonnes raisons de disputer aux autres, avec de surcroît
pour Teddy sa légitimité légale en talisman, quoique
vaine.
Si linconscient devait être réellement le langage de
la destinée silencieuse, tous ces protagonistes se rangeraient volontiers,
en formation collective, chacun sur une orbite parallèle mais tous
derrière lautorité patriarcale, comme un seul homme en
perspective de lunique femme.
Putain, épouse de substitution, confidente et plus si affinités,
Ruth pourrait cumuler tous ces rôles à lenvi et à
légard de tous, pourvu que le désir soit hautement explicite
et la pulsion libidinale suffisamment attractive au point de faire rendre
les armes de la monogamie au fils prodigue.
Point de morale à débattre mais seulement un metteur en
scène, proche de ses cinq comédiens mâles choisis comme
les doigts dune main de velours en une scénographie du vide
existentiel, mais surtout en pamoison de son égérie intouchable
comme le serait labsence à soi-même personnifiée.
Croisements de jambes suggestives à dessein et sourire à
lindicible, voici Emmanuelle Seigner, encore Hedda Gabler mais
déjà Ruth, pleine de promesses créatrices à
lintention de tous les metteurs en scène qui sauraient la distinguer
en être à part.
Theothea le 20/11/12
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ANTIGONE
de
Sophocle
mise en scène
Adel Hakim
|
****
Théâtre des Quartiers d'Ivry
Tel: 01 43 90 11 11
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