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Les    Chroniques   de

  

17ème  Saison     Chroniques   17.031   à   17.035    Page  308

 

                                 

   

              

     

   

     

              

   

            

     

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UN CHAPEAU DE PAILLE D'ITALIE

de Eugène Labiche

mise en scène  Giorgo Barberio Corsetti

****

Comédie Française / Ephémère

Tel:  08 25 10 16 80 (0,15e/mn)  

 

           photo © Christophe Raynaud de Lage  

             

Dire que c’est un chapeau qui est à l’origine de tout un dérèglement comportemental est un euphémisme. Un simple chapeau, certes, mais un chapeau coûteux et rare, en paille italienne avec coquelicots pour l’agrémenter; et ce chapeau est stupidement mangé par un cheval. Pas de quoi fouetter un chat ! Si pourtant… car la respectable dame, en compagnie de son amant, se trouve compromise par ce manque inopiné et par conséquent le propriétaire du cheval, qui se rend à son propre mariage, devra remédier aux dommages commis, donc retrouver à tout prix un chapeau similaire.

Cette cause, d’apparence minuscule, aura des effets démesurés dans tous les sens du terme et, dans cette mise en scène de Georgio Barberio Corsetti, première collaboration avec la Comédie-Française, tous les codes seront bousculés.

En premier, le décor d’un intérieur dans lequel on fait des travaux, tel un chantier où les bâches en plastiques deviennent autant de ressorts comiques et mettent les acteurs dans des situations bancales, obligés à des contorsions incroyables, se baisser pour passer sous la toile érigée en guise de mur sans portes, sauter parfois périlleusement, jongler avec cet espace disloqué au mobilier chancelant sur lequel tout dérape vertigineusement jusqu’au dernier acte où canapé en skaï bleu, chaises, commodes, étagères, tiroirs, le tout disposé en quinconce symbolisent le chaos général.

Transposée dans les années 1970, la pièce bénéficie d'une modernité qui rompt avec le classicisme Second Empire, par les costumes de Renato Bianchi très kitch, pattes « d’éph », couleurs qui flashent, vert criard, orange fluo, costume bleu canard, gilet bariolé, veste à carreaux, robe de mariée ultra courte sur mi-bas, et par la musique couleur jazz tsigane tendance rock d’Hervé Legeay, surprenante de prime abord, entraînant savoureusement cette loufoque et gaillarde équipée.

Le metteur en scène, très influencé par l’esprit de la « performance » des années 70 où l’on s’interrogeait beaucoup sur la position du comédien dans un espace imaginaire, explore les frontières d’une mécanique infernale qui jette les comédiens dans des prouesses techniques pour tenter de sortir d’un imbroglio situationnel épuisant pour tous.

Dans ce registre, Fadinard, l’homme qui doit contracter mariage, est admirablement honoré par Pierre Niney, mince comme un fil, souple comme un chat. Dans une course poursuite effrénée, véritable acrobate, aux sauts énergiques et précis, il est drôle, vif, ardemment enthousiaste et, de plus, bon chanteur.

Son futur beau-père, le pépiniériste accroché à son myrte comme à la prunelle de ses yeux, campé par le caoutchouteux Christian Hecq, pitre audacieux et imaginatif, mène une troupe de noceurs tous aussi fantaisistes les uns que les autres, dont le folâtre cousin de la mariée allure de loubard à la John Travolta (Félicien Juttner), à travers un dédale de quiproquos cocasses et rocambolesques en chaîne.

La folie du théâtre est ici portée par une troupe qui s’en donne à cœur joie, d’une énergie à très haute intensité. On rit de cette virtuosité qui pèche cependant par une surabondance excessive de gags et par une exubérance qui tourne, tel un manège emballé, un peu à vide. Cette version du vaudeville de Labiche est ici un spectacle bien huilé aux effets parfois trop appuyés, invitant allègrement l’ensemble des comédiens à se surpasser.

Cat.S / Theothea.com, le 16/11/12 

UN CHAPEAU DE PAILLE D'ITALIE

de  Eugène Labiche

mise en scène  Gilles Bouillon

****

Théâtre de la Tempête

Tel:  01 43 28 36 36 

 

           photo ©  Theothea.com  

     

En écho à la version décoiffante du « Chapeau de paille » au Théâtre Éphémère de la Comédie-Française, quel régal pour le spectateur d’en apprécier une alternative concomitante au Théâtre de la Tempête qui, à la suite du sublime « Dindon » de Philippe Adrien au sein d’une programmation foisonnante, en propose la mise en scène de Gilles Bouillon !

Ainsi, le Directeur du Centre dramatique régional de Tours, qui précédemment a connu un immense succès avec son « Cyrano de Bergerac », offre une vision surréaliste de ce Vaudeville signé Labiche.

Que rêver de mieux pour un metteur en scène qui avait envie de retrouver une troupe, une communauté et d’entendre rire à nouveau toute une salle ?

Pour jouer cette noce rocambolesque, Gilles Bouillon retrouve la plupart des comédiens qui ont participé à ses grandes aventures.

Avec un nouveau venu, Frédéric Cherboeuf, d'une génération différente à celle du jeune Pierre Niney - l’éblouissant Fadinard de la Comédie-Française - celui-là est tout aussi remarquable de justesse et ses qualités athlétiques lui permettent de mener la danse avec une élégante souplesse et une rigueur impressionnante.

Quant au Nonancourt composé par Jean-Luc Guitton (il s'est fait connaître en 1975 en créant le personnage de la Marthe, archétype de la grand-mère auvergnate), au visage d’une mobilité étonnante et par une ressemblance expressionniste avec Michel Simon, son jeu guignolesque est très drolatique, notamment grâce à son myrte qui grandit à vue d'œil.

Selon son originalité spécifique, la pièce est perçue comme une obsession vécue en temps réel par Fadinard. Elle commence et se termine dans un lit, sous une grosse pendule de hall de gare dont les aiguilles tournent à l’envers.

Dans ses divagations, ce personnage a la vision d’un centaure déguisé en mariée sous un ensemble de voilures. C’est alors qu’emportées par la chimère d’un homme à tête arborescente, les aiguilles vont s’affoler en une course hallucinatoire ! Serait-ce celle du jeune bourgeois effaré par la perspective de son mariage imminent ?

Quel est donc l’enjeu de cette folle journée ? Cette noce échevelée, partant dans tous les sens, serait-elle une fantasmagorie ou au contraire se jouerait-il, devant nos yeux médusés, les préparatifs abracadabrantesques d’un réel mariage avec la fille du pépiniériste qui, elle aussi, tremble de peur ?

Toutes les facéties de Fadinard ne seraient-elles conçues que pour échapper à cette alliance puisque dès qu’il s’approche de la jeune femme convoitée, le beau-père s’interpose avec un virulent « tout est rompu ».

Cette vision tourmentée est soulignée par un décor de Nathalie Holt, digne des surréalistes où des imprimés de papier peint, sur lesquels apparaissent des chapeaux melon à répétition comme sur un tableau de Magritte, dupliquent dans la symétrie, cet objet récurrent de manière quasiment obsessionnelle.

L’agencement géométrique de cette représentation souligne l’enfermement cauchemardesque dans des nuances de noir, blanc et gris alors que beaucoup de trouvailles, collages et diverses matières nous transportent dans un autre monde, celui du mirage fantasmatique.

Les costumes de Marc Anselmi sont pleins de fantaisie avec des teintes discrètes gris perlé ou rosé, à l’exception de la robe de mariée chargée d’un énorme nœud et d’un jupon cerclé qui se soulève comme pour souligner la position bancale de la fille du pépiniériste, elle aussi affolée dans l’ignorance de ce qui l’attend.

Tous les comédiens chantent et jouent d'un instrument sous la direction du compositeur Alain Bruel en participant à cette réalisation théâtrale qui prend ainsi des allures de comédie musicale.

Ce spectacle est passionnant puisque par sa fantasmagorie, les protagonistes flirtent avec l’absurde dans leur confrontation à l’institution du mariage tournée en farce burlesque et même accentuée, entre les cinq actes, par des scénettes devant un rideau blanc, dignes du cinéma muet de Laurel & Hardy.

L’humour corrosif en sape l’esprit de sérieux et parvient ainsi à saborder une noce partant à vau-l’eau, en une navigation sans boussole…

Une réussite moins explosive que celle de la Comédie-Française mais plus grinçante et très maîtrisée.

Cat’S / Theothea.com le 01/12/12

PLACE ROYALE

de  Pierre Corneille

mise en scène  Anne-laure Liégeois   

****

Théâtre du Vieux-Colombier

Tel:  01 44 39 87 00 

          

         photo ©  Theothea.com  

     

« La Place Royale », une des 4 comédies de Corneille, en 5 actes est présentée pour la première fois à la Comédie-Française.

La pièce est transposée dans l’étrange contemporanéité d’une salle de danse désuète et désaffectée aux murs miteux et vitraux bleus. Au-dessus de ce décor plane un néon jaune indiquant le titre de la pièce. Dans un incessant va-et-vient de jardin à cour, les protagonistes, portant costumes de notre époque, vont débattre devant une jeune femme en tutu et en paillettes, assise sur un banc, en attente peut-être d’un cavalier pour danser, délaissée, mystérieuse, témoin muet tout au long de la pièce de ce chassé-croisé entre amoureux qui s’attirent et se rejettent dans une ambiance provinciale et une atmosphère plutôt morose.

Alidor aime Angélique qui l’idolâtre en retour. Seulement voilà Alidor est un coupeur de cheveux en quatre. Se piquant de philosophie, prônant le détachement en s'apercevant que de tels sentiments enflammés le privent de sa liberté, il élabore un stratagème en faisant écrire une fausse lettre d’amour à une dénommée Clarine, et en faisant en sorte que la missive soit interceptée par Angélique, afin de la jeter dans les bras de son ami Léandre (Eric Génovèse). D’autre part, Angélique par l’entremise de son de son amie Phylis (Elsa Lepoivre), piquante et pleine de légèreté, seul personnage radieux et lumineux dans cette version plutôt sombre, est convoitée par le frère de cette dernière, ce qui conduira à des quiproquos venant envenimer la situation.

Dans la pièce de Corneille, les fluctuations de la passion sont liées à la jeunesse frivole des personnages. Ici, les comédiens du Français sont des quadragénaires ou quinquagénaires, ce qui conduit à une plus grande maturité de la valse hésitation des sentiments. Les indécisions d’Alidor interprété par Denis Podalydès, le cheveu long et barbu, paraissent de nature plus philosophique. Torturé à souhait, il se montre manipulateur, amoral, jouant avec les êtres, déclarant sa flamme puis ne souhaitant plus subir la tyrannie amoureuse, il est prêt à sacrifier Angélique (Florence Viala). Alidor résume sa formule d’une phrase : « Je veux la liberté dans le milieu des fers ».

Au terme d’une intrigue mouvementée, truffée de rebondissements, de quiproquos et de feintes, inconséquent, fourbe et sincère à la fois, le héros de cette comédie cruelle accède à la liberté en poussant l’autre au renoncement absolu et jette l’exclusive Angélique au couvent qu’elle accepte stoïquement après des tentatives de récupération et jugeant que l’amour que lui porte Alidor est finalement malhonnête.

Cette mise en scène plutôt statique avec un seul décor pour les cinq actes, met davantage l’accent sur une façon de se positionner dans la vie par rapport à un âge déjà avancé poussant, de fait, à des crises existentielles.

C’est ainsi qu’autrui pourrait être perçu comme un poids empêchant d’accomplir ses desseins et de jouir de son libre-arbitre; c’est ainsi qu’une femme éprise mais estimant que, tout compte fait, la passion est destructrice, pourrait être capable, dans sa maturité pleine de gravité, de choisir le renoncement, aux antipodes de son caractère ardent.

La préoccupation essentielle d’Anne-Laure Liégeois est donc plutôt le texte et, par conséquent, l’alexandrin, seul vestige du 17ème siècle dans cette version, rendu limpide par les comédiens du Français.

Cat’S / Theothea.com le 10/12/12

LE RETOUR

de  Harold Pinter

mise en scène  Luc Bondy   

****

Théâtre de l'Odéon

Tel:  01 44 85 40 40 

 

           photo ©   Ruth Walz  

                 

D’Henrik Ibsen à Harold Pinter, de Roman Polanski à Luc Bondy, de Hedda (Gabler) à Ruth, du Théâtre Marigny à l’Odéon, de 2003 à aujourd’hui, Emmanuelle Seigner interprète à nouveau, de manière schizophrène ce qui, à l’époque, sous la direction de Roman son mari, lui avait été vivement reproché par la critique, un personnage dramaturgique en rupture avec lui-même, ce qui en définitive convient parfaitement à la comédienne.

Présentement pour cet unique rôle féminin de la pièce, Le Retour est en fait une arrivée, un débarquement dans une famille plus ou moins à la dérive depuis le décès de la mère alors que le père (Bruno Ganz), Sam son frère (Pascal Greggory), Lenny (Micha Lescot) et Joey (Louis Garrel) deux de ses fils tournent en rond avec la vie.

En effet Ruth et Teddy, son mari (Jérôme Kircher), troisième fils de Max, surgissent en pleine nuit, façon visite surprise en provenance des Etats-Unis, afin que celui-ci puisse opportunément renouer avec ses proches.

Ruth, d’abord véritable sujet de découverte inattendue pour ses hôtes, va devenir rapidement, à l’occasion de ces retrouvailles fortuites, leur véritable objet de convoitise que chacun aura de bonnes raisons de disputer aux autres, avec de surcroît pour Teddy sa légitimité légale en talisman, quoique vaine.

Si l’inconscient devait être réellement le langage de la destinée silencieuse, tous ces protagonistes se rangeraient volontiers, en formation collective, chacun sur une orbite parallèle mais tous derrière l’autorité patriarcale, comme un seul homme en perspective de l’unique femme.

Putain, épouse de substitution, confidente et plus si affinités, Ruth pourrait cumuler tous ces rôles à l’envi et à l’égard de tous, pourvu que le désir soit hautement explicite et la pulsion libidinale suffisamment attractive au point de faire rendre les armes de la monogamie au fils prodigue.

Point de morale à débattre mais seulement un metteur en scène, proche de ses cinq comédiens mâles choisis comme les doigts d’une main de velours en une scénographie du vide existentiel, mais surtout en pamoison de son égérie intouchable comme le serait l’absence à soi-même personnifiée.

Croisements de jambes suggestives à dessein et sourire à l’indicible, voici Emmanuelle Seigner, encore Hedda Gabler mais déjà Ruth, pleine de promesses créatrices à l’intention de tous les metteurs en scène qui sauraient la distinguer en être à part.

Theothea le 20/11/12

ANTIGONE

de Sophocle

mise en scène  Adel Hakim   

****

Théâtre des Quartiers d'Ivry

Tel:  01 43 90 11 11 

 

           photo ©  Theothea.com  

   

JE SUIS FAITE

POUR L'AMOUR,

NON POUR

LA HAINE

   

Spectacle en arabe surtitré en français

du Théâtre National Palestinien  " Hors les murs " 

en tournée 2012 / 13

         

Plaquette de La saison 2012 / 2013 du Théâtre des Quartiers d'Ivry

       

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