Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

18ème  Saison     Chroniques   18.151   à   18.153    Page  356

 

         

 

             

 

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HISTOIRES D'HOMMES

de Xavier DURRINGER

mise en scène  Christophe LUTHRINGER

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Théâtre du Lucernaire

Tel   01 45 44 57 34   

                    

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Si la puissance d’une dramaturgie pouvait s’évaluer selon la multiplicité de ses mises en scène potentielles, nul doute que le texte de Xavier Durringer inspiré, en 2002, par un souhait fort opportun de Judith Magre emportant, quatre années plus tard, le Molière de la comédienne grâce à son interprétation ingénieuse de toutes ces destinées féminines, d’abord en lutte avec elles-mêmes et, par ricochet, avec leurs partenaires masculins, ce texte donc pourrait certainement servir de valeur étalon appréciatif.

Ainsi, que La Femme soit multiple, qu’elle puisse être conjuguée à travers ses variantes et que, par trois incarnations, elle puisse être synthétisée en modèle éternel, voilà une thématique relativement classique, mais en revanche qu’un seul et même texte soit, à lui seul capable d’en exprimer tous ces contrastes, subtilités et autres contradictions, cela pourrait ressembler à un tour de force à laquelle la musicalité ne serait pas forcément étrangère.

En effet, si en 2006, une contrebasse accompagnait de ses modulations Judith Magre dans ces élans enthousiastes et contrariés sur la scène de La Pépinière Opéra, en 2014 au Théâtre de Poche Montparnasse et présentement cet été, au Lucernaire, ce sont des chansons qui viennent ponctuer les tentatives d’approche de cette problématique conjugale.

C’est bel et bien dans ces flux et reflux que le genre humain adapte ses états d’âme et c’est pourquoi ce texte « enchanté » nous parle d’histoires d’hommes qui, en fait, sont aussi celles de femmes et vice versa!…

Ainsi, elles sont donc trois jeunes comédiennes Magali Bros, Pauline Devinat & Aude Kerivel à se glisser dans la scénographie de Christophe Luthringer en pratiquant alternativement l’osmose et la différenciation, le renoncement et l’engouement mais toujours en chœur palpitant et donc très souvent, chantant.

Les voix, elles, se marient avec effusion et gaiement jusqu’au point de se muer quasiment en comédie musicale, en certains moments de grâce collective !

De ce texte où Judith Magre auparavant auscultait le rétroviseur pour mieux comprendre ce qu’était devenu ce personnage féminin insaisissable toujours en devenir, elles font, à trois, une sorte de terrain de jeu générationnel où notre époque se manifeste en surf permanent sur la vie rêvée autant que sur la désillusion.

Qu’il soit flottant ou en berne, c’est en porte-drapeau dans le vent que ces égéries hystérisent quelque peu le rapport à l’autre… se présentant, bien souvent, en miroir caché de soi-même !…

Cependant, d’ « histoires d’Hommes » à « histoire d’O », il n’y aurait qu’un pas, consonance oblige, c’est peut-être celui-là qu’à l’avenir, il faudrait franchir, c’est peut-être celle-là qu’il faudrait désormais chanter… avec Durringer !…

Theothea le 27/07/14   

                            

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LE MONDE DU SEXE

d'après Henry Miller

mise en scène  Thierry Atlan 

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Théâtre du Lucernaire

Tel   01 45 44 57 34   

                    

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Serait-ce cette porte du « Paradis », entrouverte au sommet de l’escalier en colimaçon menant à cette élégante petite salle éponyme sise dans les combles du Lucernaire, qui autoriserait la transgression des tabous à l’abri de toutes les conventions bien pensantes ?

Serait-ce l’affiche du spectacle mis en scène par Thierry Atlan, érotisée par un dessin de Rodin par lequel tous les sens en émoi pourraient espérer quelques ouvertures éclairées par tant de mystère enivrant ?

Serait-ce le texte d’Henry Miller, écrit à Paris en 1940, qui parviendrait à justifier son point de vue philosophique face au symbolisme du sexe, en justifiant à rebours, à la veille de son retour à New York, la sensualité jugée « obscène » de ses romans condamnés outre-atlantique par la censure de l’époque ?

C’est dans ce contexte que Roger Miremont et Agathe de la Boulaye se présentent, sous le coup de 21h, à ce rendez-vous estival quotidien censé explorer la dynamique interne de notre univers ainsi perçue par Henry.

Mais attention, ici dans ce pigeonnier parisien perché à hauteur des toits du quartier Montparnasse tant prisé, avant guerre, par l’écrivain américain, point d’écarts impudiques, point de postures voyeuristes, point de fantasmagories torrides mais a contrario une grande sérénité dans la recherche conceptuelle des tenants et aboutissants de la vie artistique, intellectuelle et éthique, par l’être humain en proie aux grandes interrogations métaphysiques!

Dans cette quête existentielle, l’homme et la femme se complètent en des points de vue modulables tendant à l’abstraction jusqu’à pratiquer l’art du taôisme à vue, en guise de pratique concrète illustrative.

Du couple de comédiens aux spectateurs, l’adaptation rétro(active) de Thierry Atlan permet de faire circuler des vibrations vintage incitant à une rêverie éveillée sur la créativité en tant qu’emblème d’un monde où le sexe serait à l’origine de toutes motivations humaines.

Au demeurant, c’est avec respect et grande attention que le spectateur entre en lévitation conjointe au-dessus des contingences prosaïques pour assumer, avec Roger et Agathe, cette « tension magnétique » conditionnant l’ensemble de nos pensées, de nos actes, bref de notre vie.

Theothea le 27/07/14

                     

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LUCRECE BORGIA   de jour

d'après Victor Hugo

mise en scène  David Bobée

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Château de Grignan

                    

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LUCRECE BORGIA   de nuit

d'après Victor Hugo

mise en scène  David Bobée 

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Château de Grignan  

                    

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Partir à Grignan avec l'idée de voir Béatrice Dalle incarner une Lucrèce Borgia démoniaque grâce à son tempérament de feu, c'est d'abord suivre une intuition artistique, c'est aussi se recommander des commentaires critiques rédigés à la suite des premières représentations.

Force est néanmoins d'observer que lors de la 26ème programmée début août 14, son interprétation de la célèbre empoisonneuse machiavélique est beaucoup plus marquée par l'affliction d'une mère terrorisée par la destinée de son fils en pleine rébellion et que, selon ce parti pris, la comédienne apparaît davantage en « mater dolorosa » qu'en tyran assoiffé de meurtres, fût-elle en jupons, dissimulée sous sa très stricte robe noire de tragédie monstrueuse.

C'est donc ainsi que la virtuelle carnassière geint de douleurs tout au long d'un véritable chemin de croix qu'elle pratique souvent à genoux, implorant les voix de la rédemption pour sauvegarder ce qui lui reste de plus cher, à savoir le fruit de ses entrailles, d'autant plus qu'il est illégitime et même incestueux.

Sous la direction sensitive de son metteur en scène, l'énergie spontanée de Béatrice semble alors se diluer quelque peu en une acceptation disciplinaire à cette direction d'actrice personnalisée, teintée d'une éventuelle lassitude qui prendrait peu à peu conscience de n'avoir pas nécessairement hérité du plus « beau rôle » objectif de cette création.

Car, il faut le dire, ce spectacle de David Bobée est, avant tout, un véritable show en sons et lumières au pied de la façade du splendide château de Grignan et, ainsi, toute l'équipe de jeunes interprètes s'adonne à une surenchère savoureuse d'invectives hugoliennes psalmodiées, de danses de rue, de performances délirantes au sein d'un espace aquatique modulable sous pontons vénitiens à ravir « ORGIA » !

Çà éclabousse à tout-va, avec un entrain joyeux tentant d'épargner, au passage, le premier de rang de spectateurs réunis côte à côte en gradins dans un amphithéâtre provisoire relativement exigu, au vu du plan d'eau scénographique et surtout des dimensions respectables de ce magnifique château Renaissance en pleines fêtes nocturnes.

Ainsi, la jauge affiche systématiquement complet à toutes les représentations, confirmant que l'association d'un metteur en scène renommé, d'une tête d'affiche cinématographique consacrée bien que débutant sur les planches et d'une troupe survitaminée aux multiples savoir-faire est en mesure de fédérer l'ensemble des publics venant, chaque soir, de toute la France en vacances.

Avec leur expérience d'artistes aguerris, Catherine Dewitt (La Negroni) et Alain d'Haeyer (Don Alfonse d'Este) emmènent ce bal d'emblée démasqué par l'énergie d'une jeunesse irradiante à la vitesse de l'éclair que les langoureuses compositions musicales de Butch McKay viennent zébrer d'abîme sidérale.

Constituant, sans l'ombre d'un doute, un réel marche- pied de notoriété pour beaucoup d'entre eux, à commencer par Pierre Cartonnet interprétant Gennaro ou encore Radouan Leflahi pour Jeppo, ce spectacle vivant est en soi une véritable réussite qui devra s'adapter, au mieux, en trouvant d'autres repères spatio-temporels au sein des salles artistiques closes, durant la prochaine tournée hexagonale s'annonçant conséquente en dates.    

Theothea le 10/08/14  

           

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