Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.26   à   19.30    Page  362

 

  •  KINSHIP                                                                             
  •  NEIGE NOIRE                                            
  •  LES CARTES DU POUVOIR                    
  •  ET MÊME SI JE ME PERDS                   
  •  PEGASE ET ICARE                                             1904ème  chronique  (depuis 1996)

     

 

     

 

             

  KINSHIP - photo © Theothea.com

   

     

           

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  photo © Theothea.com

                

   

       

  Cirque Alexis Gruss avec Compagnie Les Farfadais - Pégase et Icare - photo © Jacques Gavard 

   

     

     

  Cirque Alexis Gruss avec Compagnie Les Farfadais - Pégase et Icare - photo © Jacques Gavard 

   

     

       

  Cirque Alexis Gruss avec Compagnie Les Farfadais - Pégase et Icare - photo © Jacques Gavard 

         

   

     

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KINSHIP

de  Carey Perloff

mise en scène  Dominique Borg

****

Théâtre de Paris

Tel  01 48 74 25 37   

                    

    photo © San Bartolomé
     
Entre deux représentations de « Kinship », le samedi 22 novembre, Isabelle Adjani donnait une conférence de presse confidentielle dans un studio appart au 1er étage du Théâtre de Paris.

La comédienne était détendue, enjouée et néanmoins directe dans l’expression orale; ses deux partenaires de jeu venaient la rejoindre en fin d’interview, sous forme de questions-réponses spontanément posées par une quinzaine d’heureux élus à ce « rare » exercice.

Étant désormais dégagée d’obligations familiales contraignantes, la comédienne entend démarrer avec « Kinship » un nouveau cycle dans sa vie d’artiste; elle a soif de Théâtre et se verrait bien volontiers devenir prochainement metteuse en scène, à l’instar de ses créations d’adolescente dont elle garde une satisfaction nostalgique émue.

Mais pourquoi pas également revenir par la grande porte à La Comédie Française où Isabelle a récemment pu admirer avec enthousiasme Le Lucrèce Borgia et alors même qu’à l’issue de la représentation, en présence de Guillaume Galienne sur la Place Colette, Eric Ruf lui suggérait : « Rejoins-nous ! » ?

En outre, alors donc que la dernière de « Kinship » devrait avoir lieu au Théâtre de Paris fin janvier 2015, l’actrice verrait également d’un bon œil qu’il en soit tiré, par la suite, une création cinématographique qu’elle aurait l’intention de conceptualiser à sa manière.

Mais avant cela, Isabelle Adjani confirme qu’un projet avec Luc Bondy est en préparation top secret. Nous n’en saurons pas plus à ce sujet mais de toutes évidences, elle y tient grandement.

Pour l’heure, c’est-à-dire aux environs de 19h, alors que s’approchaient les préparatifs de la 2ème représentation du samedi, Isabelle expliquait qu’il est tout à fait normal qu’il y ait des ajustements voire des changements de titulaires lors des répétitions d’un spectacle et qu’ainsi la mise en scène confiée en cours de route à sa costumière Dominique Borg n’est qu’un épiphénomène très habituel dans de telles créations.

L’aspect positif de cet aléa artisanal, selon elle, est une scénographie plus abstraite avec un décor simplifié rendant mieux compte du ressenti interactif entre les trois personnages, Lui (Niels Schneider), Elle & La Mère (Vittoria Scognamiglio).

D’ailleurs, si Isabelle Adjani a jeté son dévolu sur ce texte de Carley Perloff, c’est notamment parce que ce rôle lui permet d’incarner une femme d’aujourd’hui confrontée à un questionnement de toutes les époques.

Bien sûr, cela lui procure le plaisir, forcément délectable vu ses tribulations médiatiques passées, d’interpréter une directrice de News Magazine, mais c’est principalement cette histoire d’amour contrarié par les codes sociaux au point de s’en brûler les ailes qui l’a attirée.

Comment, en effet, une femme mature vivant avec mari et enfants, tous ensemble en harmonie, pourrait-elle se laisser entraîner dans une aventure de séduction réciproque avec un jeune homme placé sous son pouvoir hiérarchique ?

Bien sûr, « Phèdre » est bien là, tapie dans l’ombre tel un fantôme ou une danseuse (Blandine Laignel), réactualisant le mythe classique et c’est bien dans ces tiraillements entre le prosaïque et l’idéal d’absolu que voulait, a dessein, se glisser l’immense comédienne, en mal, ces derniers temps, de spectacle vivant.

Elle a conscience que son choix, assumé pleinement en tant que directrice artistique de cette création, peut être plus ou moins apprécié par la critique mais elle souhaite qu’en retour celle-ci, au moins, lui laisse la satisfaction si non la liberté de se projeter en des rôles la faisant vibrer avec une passion intacte, celle d’être à nouveau et, pour longtemps désormais, sur les planches.

Selon notre propre perspective de spectateur, nous pensons que le thème principal de cette pièce pourrait se résumer à celui d’un jeune homme écartelé entre, d’une part, une mère possessive et, d’autre part, une directrice séduite mais pratiquant l’abus de pouvoir.

L’apprenti journaliste devenant peu à peu le jouet de ces forces occultes envahissantes finirait, néanmoins, par trouver la force de renvoyer chacune des deux femmes l’une dans ses frustrations régressives, l’autre dans ses illusions adulescentes, avant qu’un éternel recommencement les ramène tous trois au statu quo voire à la banalité du désenchantement.

Sans doute Isabelle Adjani ne serait-elle pas en réel accord avec notre vision de la pièce mais qu’importe, puisque nous en avons apprécié l’interprétation duelle comme la scénographie virtuelle utilisant avec pertinence la vidéo ainsi que la mise en scène non figurative bien qu’une division spatiale en trois parties eût peut-être été plus judicieuse qu’une suite de fondus au noir.

De plus, quelques réserves sur l’articulation et la fluidité des dialogues qui, au vu de deux représentations à des emplacements différents de l’orchestre, nous ont fait constater une audition quelquefois défectueuse sur certaines répliques de chacun des trois protagonistes.

Enfin, il nous plaît, pour conclure ce compte-rendu, de faire appel à des évocations inspirées selon le déroulement d’un tel spectacle d’Amour Passion en forme de bain de jouvence :

En effet, dans ce « Kinship » sous création mondiale, il nous a semblé y avoir du Diable habillé en Borg, du Lauréat en Schneider alias Roméo mais que pour un oui ou pour un non, Adjani en serait et pour toujours La Reine, chère à nos coeurs.

Theothea le 23/11/14

       

NEIGE NOIRE

   

de & mise en scène   Christine Pouquet

****

Théâtre de La Tempête

Tel    01 43 28 36 36

                    

    photo © Theothea.com

Dans l'obscurité absolue, d'agiles mains voltigent au-dessus d'un clavier invisible. Partition d'un pianiste ? Bruitage d'une machine à écrire. Simulacre d'un écrivain ?Mystère ! Et si devant nous allaient se jouer les bribes fragmentées d'une autobiographie " Lady sings the blues" !

Lorsque la lumière tamise la salle, est dressé un mur de valises et de malles empilées les unes dans les autres, des petites à l'intérieur des grandes. Telles des boîtes gigognes, les multiples tiroirs vont s'ouvrir et laisser échapper des morceaux de vie, égrenés au diapason des souvenirs et de la mémoire fracassée de Billie Holiday.

Ici pas de chronologie linéaire mais des épisodes entrelacés où on va la suivre à différents âges, accompagnée d'un double masculin, aux multiples rôles, du père, à l'amant, ou l'ami adulé, le saxophoniste Lester Young qu'elle appelle "Président".

Ces fragments cabossés tentent de s'assembler tel un patchwork pour parvenir à dresser le portrait de celle qui est devenue, à force d'opiniâtreté et de détermination, miss Billie Holiday, chanteuse de jazz.

Cette quête d'identité et de reconnaissance est d'abord celle d'une petite fille prénommée Eleonora, abandonnée dans un train, atterissant sur un quai à New-York, un carton autour du cou portant nom et adresse, partant à la recherche d'un père inconnu, mais qui est musicien, le clarinettiste Clarence Holiday. A l'âge de 13 ans, Eleonora sait qu'elle veut chanter à tout prix quelles que soient les embûches. "Personne ne m'empêchera de chanter".

Le kaléidoscope de sa vie s'étire devant nous, émaillé par des chants langoureux. Ici, la voix sublime de naturel est portée par une chanteuse de gospel Samantha Lavital, grande fille solaire au timbre rauque et doux. Son jeu sobre est contrebalancé par son partenaire, à la fois faire-valoir, clown blanc et bouffon. Duo insolite dans lequel Philippe Gouin endosse les multiples rôles masculins comme des sketchs où il cherche un peu trop à faire rire au détriment de son propre talent de chanteur musicien.

Par touches impressionnistes, le passé de Billie est revisité vers cette grand-mère esclave chez un propriétaire blanc d'une plantation. Cette incursion prendra toute sa force poignante quand éclatera un blues "Strange fruit" qui fut la première chanson contestataire sur le lynchage des Noirs.

Dans la mise en scène de Christine Pouquet, on ne sombre jamais dans le pathos et le misérabilisme, le burlesque s'immisce en contrepoint des chants lancinants et douloureux. Cela donne un spectacle touchant et poétique mais peut-être un peu trop candide pour célébrer au mieux cette grande dame qui s'est brûlée les ailes et que Lester Young surnommait "Lady Day".

Cat’s / Theothea.com le 26/11/14

       

LES CARTES DU POUVOIR

de Beau Willimon

mise en scène  Ladislas Chollat

****

Théâtre Hébertot

Tel     01 43 87 23 23

                    

    photo ©  LOT

       

Près de trois mois que la mise en scène de Ladislas Chollat fait « un tabac » au Théâtre Hébertot alors que l’ensemble de la critique est aux anges encensant les comédiens, l’adaptation, la scénographie et, par conséquent, la réalisation de cette comédie dramatique.

Bien entendu, tous ces commentaires avisés ont grandement raison de manifester leur enthousiasme, à ceci près que l’enjeu du rapport de forces nous a paru quelque peu tourner à vide, comme si la performance des acteurs se conduisait en pilote automatique.

En effet, si le duo masculin réunissant l’attaché de presse (Raphaël Personnaz) et le directeur de campagne (Thierry Frement) focalise nécessairement l’attention des spectateurs dans une interprétation extravertie très punchy, il nous a semblé que celle de leurs partenaires se situait sur des orbites parallèles comme s’ils accompagnaient cette démonstration de testostérone mais sans vraiment être impliqués viscéralement dans le jeu des confrontations.

Ainsi, par exemple, Elodie Navarre et Roxanne Duran jouent effectivement très bien leur partition mais de manière plus intériorisée, donnant ainsi l’impression d’un spectacle à plusieurs vitesses, chacune pertinente mais sans être réellement interactive avec les autres.

Par ailleurs, il ne s’agirait pas tant, ici, des cartes du pouvoir que de l’art et la méthode pour y accéder; c’est-à-dire, en fait, du ou des plans de communication à adopter pour gagner l’élection à La Maison Blanche, à adapter en fonction des aléas ou des opportunités de campagne présidentielle voire à les modifier complètement.

Bref, le texte original de Beau Willimon plonge le public dans un panier de crabes où de jeunes loups se font les dents à partir de plans médias destinés à conquérir l’opinion.

Durant cette période d’intenses tractations, tous les coups sont permis, y compris notamment avec les armes de la séduction, de la trahison et des atteintes à la vie privée.

Dans ce jeu de rôles à couteaux tirés, l’un d’entre eux tire particulièrement les marrons du feu en cherchant par des manigances d’influence à retourner les atouts de l’adversaire pour tenter de se les approprier !

C’est Francis Lombrail qui hérite, comme un fait exprès, de cette fonction charnière destinée à mettre de l’huile sur le feu; ce comédien n’est autre, lui-même, que le directeur du Théâtre Hébertot, nécessairement fort heureux du plébiscite général qu’emporte cette pièce américaine dont il a contribué, avec succès, à l’adaptation francophone.

Theothea le 20/11/14

            

      photo ©  LOT

         

ET MÊME SI JE ME PERDS

   

de & mise en scène  Shiro Maeda   

****

Maison du Japon

                    

            photo © Theothea.com
   
A la Maison du Japon, le spectacle vivant est à l’honneur sous l’impulsion d’Aya Soejma, la responsable culturelle attitrée de la MCJP qui, pour la plupart des pièces de théâtre invitées, effectue lors de l’une des soirées, la présentation du metteur en scène à l’occasion d’un débat qu’elle mène et traduit vice versa en temps réel dans les deux langues, japonaise et française.

Ce jeu de questions réponses nécessite une très bonne connaissance en amont de la galaxie du spectacle vivant nippon ainsi que bien des compétences synthétiques pour parvenir à assurer la compréhension immédiate entre les deux cultures.

Ce samedi 22 novembre, assis tous deux sur un lit trônant sur scène, Aya intervenait après la représentation de « Et même si je me perds… » en présence de Shiro Maeda ayant tenté d’objectiver, au beau milieu d’un régiment de chaises alignées, l’inconscient de Michuru Suzuki son personnage phare se posant les questions existentielles au sein d’une activité onirique intense !

Ainsi les scènes de découverte du monde, se télescopant dans le désordre cognitif, s’associaient librement au chaos apparent du rêve.

De l’exploration vaginale à celle de la Tour de Tokyo, dans un dédale de repères indifférenciés, la comédienne en recherche de sens sur la vie et son contraire, y multipliait les rencontres avec l’opportunité humaine, au travers de ses partenaires de jeu, sans que sa quête ne trouve de réel aboutissement autre que celle d’escalader à l’infini le mystère de la connaissance de soi et des autres, fût-ce sur une corde à nœuds grimpant vers l’invisible.

Le bel ordonnancement dialectique allait pourtant trouver, ce soir-là, son noyau de résistance ponctuel ou son épilogue avec une question sur la dimension métaphorique éventuelle entre la démarche dramaturgique de Shiro Maeda et une théorie citée par l’un des spectateurs concernant la physique quantique.

Puisque la découverte réciproque entre Orient et Occident peut ainsi secréter à l’infini un tel royaume d’étrangeté, c’est donc également pour ces raisons ésotériques que la démarche culturelle de la MCJP nous ravit, en offrant à chacune de nos visites, cette zone d’exotisme délicieusement déconcertante avec laquelle nous devenons, finalement, familier et même, osons le, addict.

Theothea le 23/11/14

            

        photo © Theothea.com

         

PEGASE ET ICARE

de  &  mise en scène  

Stephan Gruss & Stéphane Haffner

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Cirque Alexis Gruss

Tel   01 45 01 71 26  

                    

              photo © Jacques Gavard
           
C’est toujours un immense plaisir que de se diriger vers le Bois de Boulogne, de s’arrêter à la station Ranelagh, puis de parcourir à pied le chemin qui sépare alors du chapiteau Alexis Gruss y prenant ses quartiers d’hiver annuels.

Bien entendu, à la station Porte d’Auteuil, aurait pu nous attendre la navette traditionnelle mais rien ne vaut le charme de passer de la ville à la scène circassienne en effectuant ce rituel pédestre à l’aune d’un tel pèlerinage toujours plein de promesses oniriques.

En effet, avec la famille Alexis Gruss, le spectacle est, par essence, thématique et c’est donc à chaque fois la découverte d’un univers nouveau qui attend le spectateur fidèle, tout en sachant que le monde équestre sera nécessairement au centre du programme proposé.

Cette année, le projet a pris la forme d’un binôme d’évidence et, pourtant, c’est presque le hasard qui en aura décidé ou plus exactement une intuition féminine.

En l’occurrence celle de l’épouse de Stephan Gruss, le metteur en scène attitré, suggérant à son mari la compagnie des Farfadais pour effectuer les quelques numéros aériens nécessaires aux premières Equestriades d’Orange en mai dernier puisque la réalisation lui en incombait.

Immédiat « coup de foudre artistique » avec Stéphane Haffner, son homologue chez les Farfadais, dont accouchera quelques mois plus tard, le spectacle 2014 : « Pégase et Icare » ainsi présenté actuellement à Paris.

Chorégraphie équestre pour les Gruss, aérienne pour les Farfadais et acrobaties pour tous, voilà une une ligne directrice initiale qui amènera les uns et les autres à toutes les complémentarités culturelles, les échanges scénographiques voire les rôles inversés que leurs disciplines respectives ne partagent que dans l’ouverture universelle.

En pratique, cette collaboration aboutit à un résultat absolument prodigieux pour le spectateur éberlué devant tant de talents, de compétences, de savoir-faire concomittants mais, surtout, tant de plaisir à donner et recevoir.

Ce spectacle agit sur l’imaginaire comme un rêve éveillé où les lois de la pesanteur deviendraient abstraites et où les regards s’entrecroiseraient dans la jubilation de l’instant présent.

Pour envelopper ce cadeau du ciel, l’orchestre dirigé depuis de multiples années par Sylvain Rolland accompagne, pour cette circonstance duelle exceptionnelle, la chanteuse des Farfadais Barbara Nicoli qui enchante, envoûte, subjugue, durant la quasi-totalité du show, d’une voix suave et lancinante toute cette féerie dont elle devient la magicienne de fait et donc… de fêtes.

A partir de fin novembre jusqu’à la mi-décembre « Pégase et Icare » vont laisser place, durant une quinzaine, à la reprise de « Sylvia », le spectacle de l’édition Gruss précédente, mais y reviendront accompagner la période de Noël-Nouvel an du 20 décembre au 4 janvier 2015.

Theothea le 24/11/14

           

           photo © Jacques Gavard

         

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Cirque Alexis Gruss avec Compagnie Les Farfadais - Pégase et Icare - photo © Jacques Gavard 

   

   

     

        

 Cirque Alexis Gruss avec Compagnie Les Farfadais - Pégase et Icare - photo © Jacques Gavard