Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.46   à   19.50    Page  366

 

     

 

     

 

             

Hervé Vilard & nous au La Bruyère

   

     

           

Hervé Vilard & nous au La Bruyère

 

                  

       

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LE PARIS DES FEMMES

   

Festival d'auteures

   

Théâtre des Mathurins

Tel  01 42 65 90 00  

                    

        photo © Theothea.com

                   

Une soirée au « Paris des Femmes », c’est pour la quatrième année de suite, le plaisir d’assister à une mise en espace de lectures - spectacle éventuellement destinées à devenir pièces de théâtre à part entière par leurs auteures primées.

Véronique Olmi, Michèle Fitoussi, Anne Rotenberg, les trois fondatrices de ce festival, ouvrant de fait, désormais, la seconde partie de chaque saison théâtrale parisienne au début janvier, en sont plus que jamais les inspiratrices, les animatrices autant que les responsables artistiques.

En ce samedi soir, au sein d’un public constitué à la fois de nombreux professionnels ainsi que de fidèles aficionados ayant réussi à trouver places au Théâtre des Mathurins, l’heure était à l’éclatement thématique du cocon familial, façon puzzle réunissant à la fois l’aveuglement d’une bourgeoisie oppressante, la fuite en avant pour la guerre sainte ainsi que l’objectivation d’une machine à broyer l’idéal au féminin : Autant de modalités contextuelles destinées à écraser la personnalité de deux fils « incompris » et celle d’une épouse salariée dûment « désenchantée ».

Ce fut, en l’occurrence, un véritable régal que de voir sept comédien(ne)s prendre à bras le corps des textes tellement forts qu’il apparaissait que leur juxtaposition suscitait et créait un seul et même spectacle cohérent d’une heure et demie avec deux fondus au noir technique de quelques minutes pour changement de décor et de rôles.

Fanny Cottençon, Christine Citti et Delphine Rich assuraient par la notoriété de leurs talents respectifs ce supplément d’âme faisant basculer l’intérêt spontané du spectateur en une attention fascinée.

Nous oserons aussi une révélation dans cette équipée d’une soirée, celle de Pierre-François Garel qui nous est apparu tenir la dragée haute face à la classe de Fanny. Quant à Christine, c’est crânement seule et par conséquent brillamment qu’elle interprétait son parcours vertigineux de femme revenant de tous les conditionnements sociaux et affectifs.

Au demeurant, cette mise en scène commune signée Eric Masse était un véritable cadeau aux trois auteures Lucy Wadham, Samira Sedira et Nina Bouraoui, réussissant à rendre interactifs leurs textes en trois temps et un seul mouvement quasi chorégraphique où l’ensemble des sept comédiens étaient présents sur scène pour un troisième opus présenté telle une Cour de Justice écoutant le témoignage d’une assignée relevant du psychodrame sociétal.

En amont et en aval donc de cette représentation unique, deux autres soirées pour l’édition 2015 devaient être tout aussi enthousiasmantes et pleines de retrouvailles garanties par la satisfaction d’assister à un tel festival annuel d’auteures ne cessant de monter en puissance et en renommée au sein de la francophonie.

Theothea le 11/01/15      

   

                       

   

       

PALMARES 2015

4ème édition Le Paris des Femmes

Stephanie Janicot a eu le Prix Durance pour Ranger les Zumains

en mars la laureate du prix MRS

   

           

       photo © Theothea.com

         

PLATONOV

de Anton Tchekhov 

mise en scène  Rodolphe Dana   

****

Théâtre de La Colline

Tel   01 44 62 52 52 

           

           photo © Jean-Louis Fernandez

     

Oui, le « Platonov » de Dana se présente comme le brouillon de vie que, précisément, le jeune Tchekhov tentait de mettre sous forme théâtrale en élaborant un canevas dramaturgique que d’aucuns jugeaient injouable.

Cependant récemment certains réalisateurs, convaincus que cette matière textuelle, difficilement préhensible, pouvait paradoxalement s’apparenter à notre époque contemporaine délétère, se mirent à en chercher la substantifique mœlle derrière la confusion apparente, pour en livrer quelques scénographies expérimentales significatives.

C’est ainsi que Rodolphe Dana exploite délibérément au Théâtre de La Colline la dimension farcesque à outrances en la dégageant du nihilisme nivellateur par le bas.

Cette création collective de plus de trois heures aurait donc pour objectif de démontrer que les débuts du grand dramaturge seraient bel et bien à exploiter dans le fatras des contradictions fondatrices plutôt que dans un faux-semblant cherchant en vain à annoncer son œuvre de maturité.

De fait, au cours de la première partie, un rythme véritablement endiablé évoquant le Vaudeville a de quoi surprendre les aficionados de Tchekhov habitués aux atmosphères dépressives, nostalgiques, voire passéistes accompagnant généralement les mises en scène traditionnelles des pièces de l’écrivain russe rédigées à la fin du XIXème siècle.

Toutefois, au fur et à mesure des tribulations successives, le spectateur est tenté d’admettre le principe conducteur de cette course folle menée par l’ensemble des protagonistes, tant cela ressemble à un barough d’honneur en survie que tous, d’évidence, mènent tambour battant face aux signes d’une décadence généralisée.

En seconde partie, il deviendra flagrant que Platonov, ce don Juan tourneboulé par les femmes plutôt que leur conquérant calculateur, ne sait plus à quel saint se vouer pour espérer donner du sens à sa vie amoureuse aussi bien qu’à sa vie tout court… devenue la proie vulnérable de toutes les vengeances induites.

Face à lui, la veuve du Général, interprétée par Emmanuelle Devos, fait face avec superbe au metteur en scène endossant lui-même le rôle de cet instituteur tanguant sur sa destinée… en feux d’artifice ingénieusement bricolés.

Ainsi décalée dans le ton, le mouvement et la forme, cette scénographie décoiffe l’orthodoxie Tchékovienne tout en faisant passer cul par-dessus tête notre appétence au spleen russe dont l’échéance quoiqu’il advienne se terminera en impasse sociétale objective.

Theothea le 15/01/15

       

     

        photo © Jean-Louis Fernandez

         

L'ELIXIR D'AMOUR

de Eric-Emmanuel Schmitt  

mise en scène  Steve Suissa   

****

Théâtre  Rive Gauche 

Tel  01 43 35 32 31   

                              

        photo affiche © Pascal Ito

     

En s’offrant Marie-Claude Pietragalla comme partenaire de scène, Eric-Emmanuel Schmitt, à la fois, directeur du Théâtre Rive Gauche, auteur de « L’Elixir d’Amour » ainsi que désormais comédien et interprète de sa propre romance, fait une entrée fort remarquée sur les planches où d’emblée il semble évoluer en son « milieu naturel ».

Gratifié d’une stature imposante mais bonhomme, l’écrivain à succès fait preuve d’un charisme spontané en révélant une physionomie souple et élastique dont le sourire respire quasiment la jouissance voire la jubilation d’être ainsi immergé dans une histoire d’amour écrite comme une parabole… mais qui, présentement, pourrait s'apparenter à la sienne !

En ce soir de Première, ce mercredi 14 janvier 2014, le roi ne semble pas son cousin et c’est donc sous les applaudissements du public qu’Adam fait son entrée, côté jardin, en se dirigeant vers le poste de commandes parisien d’où il enverra son premier texto transatlantique à Louise qui vient de le quitter.

Quelques instants plus tard, côté cour, Marie-Claude Pietragalla, en longue dame brune à la voix chaude et grave, rejoint a parité d’applaudissements son compagnon de scène en s’installant par symétrie à son poste d’observation situé à Montréal.

Les voilà donc séparés par la cyber communication mondialisée, ces deux ex-amoureux dont le temps aurait peu à peu rongé la passion originelle.

Quel plus beau jeu de société à distance que la recherche d’un élixir d’amour qui pourrait redonner sens et vigueur à leur entente fusionnelle des débuts ?

Pour cela, il leur faudra subtilement engager la présence d’un tiers qui, à lui seul, synthétisera toutes les tentations que l’autre sexe a le don de démultiplier dès que le terrain de chasse s’emploie à laisser l’espace-temps libre comme l’air… de ne pas y toucher !…

Le recours à la psychanalyse et à sa notion fondatrice conceptualisée par Sigmund Freud en tant que « Transfert » servira de pierre angulaire à ce renouveau conjugal déguisé, pour la circonstance, en véritable jeu de rôles où chacun des deux partenaires tirera les ficelles de liaisons érotiques à géométrie variable.

Ce leurre au féminin pluriel sera incarné par une collègue juriste canadienne de Louise en séjour d’affaires, à brûle-pourpoint, dans la capitale française.

Adam sera-t-il alors le jouet de ses fantasmes libertaires, sensuels et sexuels ? Louise sera-t-elle la victime ou le démiurge de sa mise à distance volontariste ?

Certes, Eric-Emmanuel Schmitt semble se réserver le beau rôle dans ce jeu à trois partenaires, dont un exclusivement virtuel, mais surtout Marie-Claude Pietragalla relève avec superbe ce double défi à la fois de débuter une éventuelle carrière de comédienne et d’autre part d’avoir le talent de récupérer élégamment les marrons du feu, en voyant tomber dans son escarcelle, l’admirateur transi !..

Rideau ! Applaudissements à tout rompre ! Effectivement, Eric-Emmanuel & Marie-Claude sont « à craquer » ! Oui, ces deux-là sont décidément hyper doués !

Theothea le 15/01/15      

         

       

           photo © Theothea.com

         

CONTACT

 

Chorégraphie & mise en scène Philippe Decouflé  

****

Théâtre de Chaillot

Tel  01 53 65 30 00

                    

        photo © Laurent Philippe

               

Philippe Decouflé, fameux signataire des jeux olympiques d'Alberville en 1992, nous en met plein la vue et les oreilles dans son dernier spectacle "Contact".

Avec une troupe de 16 danseurs acteurs de la compagnie DCA, il rend un bel hommage à la comédie musicale, du cabaret de Broadway en passant par le cinéma hollywoodien, jusqu'à la parodie "Bollywood".

Il mêle allègrement les genres dans un cocasse et jubilatoire capharnaüm de scènes hétéroclites. D'entrée de jeu, un comédien-musicien, jupe longue sur fixe-chaussettes, donne le ton du spectacle en accueillant le public par l'absurde, le priant de venir sur scène si nécessité pour lui de passer un coup de fil.

Puis surgit la silhouette dégingandée de Christophe Salengro - célèbre entre autre pour son rôle de président de Groland sur Canal - fidèle complice de Philippe Decouflé depuis plus de trente ans.

En maître de cérémonie, alias Jean-Claude, en duo avec Clémence Galliard, grande bringue aux cuisses musclées et mini-robe à paillettes telle une Marguerite digne de l'univers déjanté des "Deschiens", ils seront les meneurs de cette revue ubuesque, foutraque et foisonnante, pleine de personnages picaresques et protéiformes.

Une avalanche d'images vont déferler par séquences avec effets de rideaux de scène se refermant tel un objectif cinématographique sur acrobaties circassiennes, chorégraphies destructurées, parades, tours de magie, travestissements, théâtre optique, corps démultipliés. Le décor graphique de Jean Rabasse est en mouvement perpétuel avec des vidéos à foison signées Olivier Simola, déjà très présentes dans son précédent spectacle Octopus. Des projections d'images sont comme brassées par un immense pinceau.

Les références abondent, liées au cinéma, une bagarre de rue mimée à la "West Side Story", une danseuse toute de rouge vêtue sortant d'un cube pour les "Chaussons rouges" de Mickaël Powell, Le Faust de Murnau et au répertoire chorégraphique, le défilé à la Pina Bausch, Alwin Nicholaïs, pantomimes dansées à la Charlie Chaplin.

Une musique envoûtante canalise la trame de ces successions thèmatiques étourdissantes. Musique originale créée et interprétée en live par deux excellents musiciens installés de chaque côté du plateau. Côté jardin, Pierre le Bourgeois, au violoncelle - Côté cour, Labyala Nosfell, à la voix magique, aux modulations multiples, jongle entre guitare et claviers. Tous les deux, présents dans Octopus, composent une partition aux accords épurés, étonnante d'inventivité, euphorisante et baroque.

Une comédie musicale, au final, très loufoque, qui met le réel sens dessus dessous, aux chorégraphies parfois un peu poussives mais tout cet ensemble hétéroclite est magnifié par ce chanteur impressionnant qui tournoie et danse au rythme d'une pop rock sensuelle et endiablée. Le chanteur Nosfell et le chorégraphe Decouflé ont élaboré un univers extravagant et fantasmagorique.

Cat’s / Theothea.com le 30/01/15     

   

           

             photo © Theothea.com

         

         

           photo © Theothea.com

         

VOYAGES AVEC MA TANTE

de Graham Greene  

mise en scène  Nicolas Briançon   

****

La Pépinière Théâtre  

Tel   01 42 61 44 16

                    

        photo © François Berthier

           

     

             photo ©

       

A la manière vintage des Frères Jacques, Nicolas Briançon nous fait cadeau d’un quatuor en costume noir, chemise blanche et cravates étalonnées du rose au bleu dont l’humour so british est confondant de bon sens exacerbé jusqu’à son contraire tout en virant allègrement du sombre chapeau melon au clair canotier.

A l’heure même où, actuellement, l’île de Cuba se dirige droit sur la voie de la normalisation dans son rapport avec le monde extérieur, l’écriture de Graham Greene semble nous rattraper par la tangente en nous replongeant dans les délices d’un univers désuet, passéiste et surréaliste où sentent bon les vertus du système D mis au diapason de personnages truculents si peu avares en coups tordus, fussent-ils projetés, de manière romanesque, en Italie, à Istanbul ou au Paraguay !

Le charme de la mise en scène se conceptualise en un jeu de rôles successifs où trois des comédiens (Jean-Paul Bordes, Dominique Daguier & Pierre-Alain Leleu) se répartissent près d’une vingtaine de rôles avec changement à vue sur simple coup de chapeau alors que le quatrième, Claude Aufaure se réservera pour lui seul l’incarnation de l’excentrique Tante Augusta face à l’interprétation de Henry son neveu qui sera la seule à être partagée en quatre.

Cette interactivité perpétuelle durant une heure quarante démultiplie quelque atmosphère triviale à la « Agatha Christie » où, en définitive, l’intérêt ne serait pas tant de savoir si les mœurs des protagonistes sont troublantes plutôt que de s’immerger dans une bulle parallèle au rationnel pour mieux apprécier l’immense écart séparant celui-ci d’un tel imaginaire scénographique façonné et parodié avec génie.

Cet esthétisme du jeu théâtral, que précisément les Frères Jacques cultivaient jusqu’à en mimer son abstraction, nous paraît revenir ici sur la scène de La Pépinière Opéra avec la sensibilité burlesque d’un boomerang si judicieusement affûté par Nicolas Briançon.

Theothea le 22/01/15

   

       

               photo © Theothea.com

         

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