Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.51   à   19.55    Page  367

 

     

 

     

 

             

Tournée Âge Tendre 14-15 Palais des Congrès Hugues Aufray photo © Theothea.com

   

     

           

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  Tournée Âge Tendre 14-15 Palais des Congrès Petula Clark photo © Theothea.com

                

   

       

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Tournée Âge Tendre 14-15 Palais des Congrès Nicoleta photo © Theothea.com

   

     

       

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CANNIBALES

de & mise en scène  José Pliya

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Théâtre 71 Malakoff

Tel  01 55 48 91 00  

           

           photo ©  Claire Besse 

            

Alors que le texte de « Cannibales » avait été mis en scène depuis une dizaine d’années par différents réalisateurs à travers le monde, son auteur José Pliya souhaitait désormais y apporter sa propre contribution scénographique car celui-ci voulait y mettre en perspective la dimension métaphysique consubstantielle… jugée plutôt absente des créations précédentes de ses confrères.

Spéculant donc sur l’absence ou le manque d’enfant, quelle qu’en soit la cause indifférenciée, c’est en partant d’une souffrance personnelle vécue au masculin que le dramaturge a projeté, symétriquement sur trois personnages féminins n’en formant qu’un, cet ensemble d’attitudes à la fois contradictoires mais aisément complémentaires.

Ainsi Christine, Martine et Nicole vont-elles durant une heure et demie s’affronter dans le cadre virtuel d’un square public, à coups de répliques dialectiques singeant la disparition, la simulation et la dénégation.

« Désirer », « abandonner » et « refouler » vont se battre en duel comme sur le divan d’une psychanalyse déplaçant le transfert de l’une à l’autre à la manière de chaises musicales tentant d’exclure, à tour de rôle, leur maillon faible.

C’est bel et bien à un jeu de société auquel se livrent les trois comédiennes dont l’enjeu ne serait autre que la survie identitaire personnelle dans l’adaptation au manque cruel, identifié ou non mais assumé jusqu’en ses lourdes menaces dépressives.

Chacune devra se positionner dans sa propre logique intérieure tout en faisant place ou non à celle de ses deux partenaires, en une synergie pouvant éventuellement se conceptualiser dans la triple structure freudienne du « moi », du « surmoi » et de « l’inconscient ».

Intense prestation des trois comédiennes, Lara Suyeux, Claire Nebout & Marja Leena Junker qui semblent se déplacer sur le plateau du Théâtre 71 de Malakoff comme aimantées, dans un dédale de pulsions et de répulsions, à la fois par une inquiétude sourde et en même temps, par une étrange force surnaturelle.

Tout au long des pérégrinations accompagnant cette quête transgressive, un caddie quasiment hors d’usage fera office désuet de landau en transport délirant de toutes les inhibitions faisant frein à l’envie symbolique d’émancipation… mais paradoxalement, si bien partagée.

Theothea le 26/01/15

           

     

        photo © Theothea.com

         

SANS RANCUNE

de  Sam BOBRICK et Ron CLARK  

mise en scène  Sébastien Azzopardi 

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Théâtre du Palais Royal

Tel   01 42 97 40 00

           

           photo © Emilie Brouchon

         

Suite à sa collection de succès inénarrables « Le Tour du monde en 80 jours », « Mission Florimont, « Derniers coups de ciseaux » & récemment « Coups de Théâtre » voici que le duo chic & choc Azzopardi-Danino s’essaye aujourd’hui à la réadaptation d’une comédie de Boulevard ayant eu l’énorme avantage de séduire l’adolescent Sébastien découvrant les ressorts du rire grand public, tellement communicatif, dans ce si beau Théâtre du Palais Royal que dirigeait alors son père.

En effet, la pièce avait besoin d’être remise au goût du jour car, d’origine, elle s’appuyait fort opportunément, par répliques ciselées, aux us et coutumes de l’époque ( fin du XXème) qu’il allait leur falloir essorer selon la tonalité de l’actualité contemporaine.

Ici, pas spécialement de portes qui claquent mais néanmoins, selon les codes du trio classique, l’épouse, l’amant et le mari trompé s’y retrouvent sur un tel piédestal que d’emblée la caricature s’affiche comme la bienveillante compagne d’un voyage en mauvaise foi si bien partagée par l’ensemble d’une famille recomposée en fonction des intérêts de chacun.

Donc au cœur de cette fusion décapante, une sorte de monsieur Jourdain qui découvrirait, éberlué, la liaison amoureuse de son épouse adorée mais totalement instrumentalisée par son standing de vie.

D’ailleurs, tous les proches qui gravitent autour de Victor se satellisent comme dans un jeu de rôles où l’épouse-cougar, l’amant-smicard, la fille-psy, l’associé-escroc, la meilleure amie-nympho n’ont d’autre choix que de tourner bourrique eux-mêmes ou, a contrario, de faire la danse du scalp à Victor, cet épouvantable macho si fier de lui jusqu’à l’exacerbation du savoir-vivre à sa botte.

Cependant sa dictature idéologique n’aurait d’égale que sa candeur ultra jalouse au point d’être capable de sortir, juste après l’argent vénal, le fusil de chasse comme ultime instrument de persuasion.

Bref, cette « Terreur » au cœur d’artichaut, c’est bel et bien le royaume de Daniel Russo qui s’y vautre avec un tel plaisir non dissimulé qu’on souhaiterait presque que l’acteur se ménage quelque peu, de façon à s’inspirer, sans excès nocifs, de l’image performante de Louis de Funès régnant dans ce lieu prestigieux en ange tutélaire avec également en référence, celle de Jean Poiret, Michel Serrault et Pierre Mondy, notamment.

Bref, comme à la parade, Daniel Russo emmène ses cinq partenaires en un train délirant dont la vitesse humoristique ne cesserait d’accélérer sans que quiconque n’ait l’intention d’arrêter ce vent de folie… ce dont, à l’évidence, le public lui ait totalement gré !

Alors oui « sans rancune » merci pour ce moment !

Theothea le 28/01/15

         

         

         photo © Theothea.com

         

NOS SERMENTS

d'après La Maman & la Putain

mise en scène  Julie Duclos

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Théâtre de La Colline

Tel   01 44 62 52 52

           

           photo © Theothea.com

       

« La Maman et la Putain » Bernadette Lafont, Françoise Lebrun, Jean-Pierre Léaud, le Café de Flore, Les deux Magots, Saint Germain-des-Prés etc… Pêle-mêle, autant de signes emblématiques d’une époque liée à la révolution des mœurs et à cette façon de vivre avant le Sida qui pourraient s’inscrire dans la mouvance du film de Jean Eustache, ayant reçu le Grand Prix du Jury au Festival de Cannes 73.

Julie Duclos, née bien au-delà de cette décennie, a eu l’opportunité d’avoir ce chef d’œuvre cinématographique comme matériau d’apprentissage au Conservatoire d’Art dramatique sous l’enseignement de Philippe Garrel incitant les élèves de cette génération à effectuer des improvisations à partir de séquences relationnelles successives en situation instinctive d’amour & désamour.

Ici, dans cette création théâtrale où le spectacle vivant côtoie des scènes filmées illustrant en quelque sorte le hors-champ temporel et spatial, la metteuse en scène s’appuie sur cette méthode acquise au Conservatoire pour l’expérimenter grandeur nature à partir d’une écriture collective dont les dialogues ont été confiés à un scénariste aguerri, Guy-Patrick Sainderichin.

Si « La Maman et la Putain » témoignait de la période post soixante-huitarde en transgressant, sans vergogne, les limites de l’ordre établi, l’objectif de la compagnie In-Quarto est ici de s’approprier ce même dédale relationnel pour le tester à l’aune du vécu générationnel contemporain tout en échafaudant une dialectique adaptée aux codes et au langage d’aujourd’hui.

La réalisation échappe aisément à l’écueil d’un travail expérimental de « laboratoire », car la direction d’acteurs incite les cinq comédiens à s’impliquer totalement dans leur ressenti personnel autant que dans leur jeu solidaire où les ressentiments et les affects de l’un sont absorbés par l’écoute et la mise en perspective de l’autre.

Au demeurant, comme un fil conducteur semble tirer ses origines des seventies pour se projeter, au-delà de l’entracte, dans le futur proche des années actuelles, le spectateur a l’impression subjective de remonter par paliers à la surface d’un « Grand bleu » virtuel pour enfin retrouver, à tort ou à raison, l’air de la liberté et donc celle de respirer à nouveau.

Dans ce travail d’équipe bien abouti, l’une des comédiennes (Alix Riemer) nous est apparu particulièrement en phase avec l’univers de Rivette ou, au choix, le vibrato Rohmerien, en irradiant sa présence d’une juste tonalité particulièrement communicative à ses partenaires.

Theothea le 01/02/15

           

     

         photo © Theothea.com

         

LA MAISON D'A CÔTE

de Sharr White

mise en scène  Philippe Adrien

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Théâtre du Petit Saint-Martin

Tel   01 42 08 00 32

           

           photo ©  Lot  

        

Bien présomptueux celui qui prétendrait posséder l’ensemble des clefs de « The Other Place », titre original de la pièce de Sharr White créée en 2011 sur Off-Broadway.

Et c’est donc cette matière théâtrale ambivalente qui, d’emblée, séduit le spectateur se déplaçant, a priori, pour (re)voir Caroline Silhol, dont la belle étrangeté ne cesse de fasciner.

Ce dont on est sûr dès le départ, c’est que Juliana & Ian, tous les deux médecins, sont en couple ou plus exactement l’étaient jusque-là !

Mais voilà que subitement, lors d’une conférence au sujet d’un médicament révolutionnaire devant freiner la dégénérescence cérébrale, un souvenir écran vient s’interposer dans la perception sensitive de Juliana… obligée en conséquence d’interrompre son argumentaire !

Une jeune fille en bikini à la fois sur une plage et dans l’auditoire lui apparaît avec une telle insistante ubiquité qu’un processus de mémoire régressive s’enclenche immédiatement alors qu’à partir de cet instant symbolique, le spectateur ne sera plus en mesure de différencier ce qui est réel de ce qui est irrationnel !

Cet entre-deux à la fois dramatique et empli d’une poésie affective infinie s’empare alors de l’imaginaire collectif pour l’entraîner dans une enquête psychosociale digne d’un thriller aux multiples options.

Néanmoins, en toile de fond, c’est bel et bien la maladie d’Alzheimer qui s’affiche en interprète principale d’un récit fantasmatique où Laura, la fille supputée du couple aurait soudain disparu à quinze ans après avoir été la complice ou la victime d’un rapport sexuel avec l’un des assistants de sa mère, ayant donné lieu à une scène d’hystérie familiale !

Qu’en est-il donc de la mémoire de ces faits ? Ont-ils vraiment eu lieu ? Qu’est devenue Laura ? Serait-elle revenue dans la « maison d’à côté » dans laquelle se déroula ce psychodrame vingt ans auparavant ?

Bien évidemment, nous n’en dirons pas plus pour laisser tout l’intérêt de cette situation exceptionnelle, mais surtout parce que nous restons a posteriori dans l’impossibilité de nous ranger derrière un diagnostic incontesté.

Serait-ce, en effet, la dégénérescence progressive du cerveau qui aurait peu à peu échafaudé un scénario délirant autour du manque d’enfant ou serait-ce un véritable traumatisme refoulé autour de la perte réelle d’un enfant qui, surgissant ultérieurement à l’occasion d’un choc émotionnel, déclencherait ce processus pathologique ?

Il nous apparaît que la problématique reste entière lors des saluts des quatre comédiens; ce qui donne à cette pièce un puissant gage d’ouverture artistique pour l’ensemble des questions qu’elle soulève.

Caroline Silhol y est à la fois magistrale et subtile; la mise en scène de Philippe Adrien délivre à chacun des comédiens la palette d’ambiguïté intrigante nécessaire à ce happening psychique élevé à la hauteur des films d’Hitchcock où le spectateur accumule, au fur et à mesure du scénario, l’ensemble des données détenues par l’auteur mais celui-là pourra-t-il, au final, découvrir une vérité fondée ?

Theothea le 30/01/15

   

         

            photo ©  Lot  

         

ANNA CHRISTIE

de Eugene O'Neill

mise en scène  Jean-Louis Martinelli

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Théâtre de L'Atelier

Tel   01 46 06 49 24

           

           photo ©  Pascal Victor 

           

Ah ! Qu’il est puissant le souvenir de Baby Doll au Théâtre de l’Atelier où, en 2009, Mélanie Thierry se consumait au feu ardent de Xavier Gallais, son partenaire servant !

La revoici, la Lolita de Tennessee Williams, sur ces mêmes planches, transformée six ans plus tard en fille de marin blessée par les hommes, qui se sublimerait, telle une passionaria annonciatrice d’affranchissement paternaliste et marital, en clamant sa fougue sur les quais de New-York comme d’autres chanteraient les putains sur le port d’Amsterdam !

Atmosphère ! Atmosphère !… C’est Jean-Louis Martinelli qui en assure la perception sensitive en jonglant de la terre à la mer avec l’intuition maritime épidermique.

Le quatuor d’acteurs qu’il dirige sur les vagues du non-dit selon toutes formes d’Amour, des plus paternelles aux plus sauvages, s’implique dans une intériorité affective manifeste se prolongeant jusqu’aux frontières de l’autisme a parité avec celles de la violence.

Son père l’ayant abandonnée dès l’enfance, Anna est de retour des galères les plus sordides pour embarquer présentement sur un rafiot censé la remettre d’aplomb en voguant vers un ailleurs réconfortant, alors qu’est repêché en haute mer, celui qui pourrait fort bien devenir son amant, voire son époux si affinités.

Cependant, dès lors que les rivages terrestres s’approchent de nouveau, ce serait méconnaître les rivalités masculines en pareil dilemme domestique et faire peu de cas d’un féminisme déjà hyperactif aux environs de 1920, s’il fallait penser que Burke puisse, d’un claquement de doigts, « emballer » Anna pour la meilleure des vies !

Tout à la fois austère et passionnée, cette histoire contée par Eugene O’Neill suite à l’adaptation de Jean-Claude Carrière prendrait aisément des allures pseudo victoriennes sans que la force démesurée des éléments marins ne parvienne à en faire oublier le caractère désuet.

Comme s’il leur manquait un souffle venu d’ailleurs, les quatre personnages s’affrontent avec panache mais sans jamais convaincre de l’essentialité de leur combat.

Chacun se sentant investi d’une âpreté jusqu’au boutiste, tous forment un chœur dont Anna serait la victime expiatoire sacrifiée sur l’autel de l’Amour impossible, à moins que…

Stanley Weber est parfait en « marin servant » la juste cause, Mélanie Thierry est habitée par la flamme des désillusions vaincues, Féodor Atkine par la conviction d’être à l’origine de tous maux alors que Charlotte Maury-Sentier aura réussi à illustrer d’emblée toutes ces perspectives en impasse.

Certes, la messe est dite !… Mais il y aura toujours un bateau prêt à larguer les amarres vers le sentiment de plénitude !

Theothea le 31/01/15

   

                

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