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Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.56   à   19.60    Page  368

 

     

 

     

 

             

     Little Boy / avec Christophe Alévêque / Théâtre Traversière   photo © Theothea.com

   

     

           

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DES GENS BIEN

de  David Lindsay-Abaire   

mise en scène  Anne Bourgeois   

****

Théâtre  Hébertot 

Tel  01 43 87 23 23   

           

         photo © Theothea.com

       

Dès les premiers instants de la représentation au Théâtre Hébertot, il apparaît évident que celle-ci va être forte, intense et particulièrement drôle !

Margie (Miou Miou) et Stevie (Julien Personnaz) échangent à flux tendu dans l’arrière-cour du supermarché où ils travaillent tous deux, lui en tant que directeur délégué, elle comme caissière.

Avec la volonté de dédramatiser l’enjeu, Margaret tente une diversion amusée tout en lançant des piques à son interlocuteur pour l’amener, au sein du rapport de forces, à relativiser la sanction que celui-ci s’apprête à prononcer à son égard en fonction de ses retards répétés.

Mais rien, n’y fera ! La familiarité, l’humour, le chantage affectif ne sauront venir à bout de la décision déjà prise après maints avertissements préalables: Margie va devoir quitter son job pour faute professionnelle.

A cet instant, fondu au noir et rideau tagué a volo dans l’attente de la prochaine séquence comme à chaque changement de scène ultérieure !

Voici donc maintenant Margie revenue chez elle entourée de Jean (Brigitte Catillon) et Dottie (Isabelle de Botton), deux amies très proches en charge moins de lui remonter le moral que d’ouvrir des perspectives lui permettant de rebondir face à l’adversité.

En effet, forcément victime d’un système social l’ayant défavorisé dès le départ, Margie devrait désormais faire feu de tout bois pour essayer de reprendre sa place dans la grande course du quotidien broyant aisément tous ceux qui seraient tentés de lâcher prise.

Que préférer de mieux alors, dans une telle conjoncture, que de se rapprocher d’un « Ex » ayant réussi professionnellement afin de chercher, notamment par le jeu de la séduction latente, une épaule secourable ?

Ainsi Mike (Patrick Catalifo), cet ami d’enfance des quartiers pauvres, est devenu docteur à force de détermination; il a maintenant acquis pignon sur rue et standing de vie ! Son jour d’anniversaire approche mais Margie s’apprête, de préférence, à lui « faire sa fête » !

Une enfant handicapée à charge pourrait alors fort bien servir de monnaie d’échange d’abord à fleurets mouchetés mais par la suite, Kate (Aïssa Maïga) l’épouse du médecin pourrait être appelée à arbitrer une lutte des classes atavique transformée en double ou triple jeu.

Est-ce que le volontarisme pourrait suffire à modifier la donne socioculturelle que la vie vous a réservé à la naissance ? Est-ce que le facteur « chance » prime sur toute autre considération pour réussir dans la vie ? Est-ce que les « gens bien » sont effectivement le fruit de leur droiture et de leur honnêteté ? L’ambiguïté n’est-elle pas pareillement inscrite au sein de l’échec et de la réussite ? Autant de questionnements et bien d’autres qui feront progresser ce happening sociétal emmenant cette brillante équipe tragicomique sur les voies de l’excellence !

En effet, que souhaiter de plus enthousiasmant qu’une pièce incitant au « coup de foudre » généralisé avec réalisation en prise directe sur une adaptation française très intuitive ?

Si, de surcroît, la troupe est galvanisée par une actrice en pleine maturité épanouie selon des exigences de qualité absolue, comment s’étonnerait-on que le retour de Miou Miou sur les planches provoque un tel écho favorable dans les esprits en attente de spectacle ambitieux toutes catégories ?

Lauréate des Critics Awards 2011 sur Broadway, cette création à Paris est donc, tout à la fois brillante, pleine d’humanité à fleur de peau et habitée par une fantaisie outre-atlantique quasi exotique ! Voilà bien de quoi satisfaire les aspirations des Molières 2015, n’est-il pas vrai ?

Theothea le 07/02/15

             

       

          photo © Theothea.com

         

LE SYSTEME

de  Antoine Rault

mise en scène  Didier Long

****

Théâtre Antoine

Tel   01 42 08 77 71

           

           photo © Helene Pambrun

   

De toute évidence, Lorànt Deutsch & Stéphane Guillon, ce duo tête d’affiche médiatique fait bel et bien partie du « Système » mis en place par les deux co-directeurs du Théâtre Antoine, Laurent Ruquier et Jean-Marc Dumontet (par ailleurs président de l’Association des Molières) pour attirer, comme à l’accoutumé depuis le début de leur tandem directif, un nombreux public de préférence jeune.

En l’occurrence, derrière cet écran de notoriété, se profilent également plusieurs pointures théâtrales comme Eric Métayer & Urban Cancelier ainsi que Marie Bunel & Sophie Barjac.

Bref, tout est donc bien réuni pour qu’avec cette nouvelle pièce d’Antoine Rault sous la houlette du réputé metteur en scène Didier Long, la soirée soit particulièrement réussie.

Effectivement, ce spectacle est à la fois très ambitieux, fort documenté et plein de malice au service notamment d’une métaphore globale en relation avec l’époque contemporaine.

D’autant plus qu’au-delà de l’analyse socio-économique se juxtaposent tous les travers éternels du genre humain tenté en permanence par son intérêt personnel immédiat plutôt que par une vision distanciée des équilibres.

A la mort de Louis XIV, la France exsangue financièrement se cherchait donc une sortie de crise lorsque l’Écossais John Law proposait à la Régence un remède miracle, celui de la création d’une monnaie en papier, gagée sur la confiance générale.

C’est donc, avec maintes intrigues, coups fourrés et autres malveillances, l’histoire d’une véritable fascination pour une utopie alors mal maîtrisée qui allait s’emparer du Royaume de France jusqu’à aboutir au discrédit de son génial inventeur, invité au final à s’exiler.

Quelle belle perspective comico-dramatique adossée à une ingénieuse scénographie événementielle en prise avec la chronologie et les manipulations de toutes parts !

Quelle superbe interprétation de tous ces personnages de Cour en costume d’époque, cherchant, à qui mieux mieux, à tirer les marrons du feu !

Et donc de surcroît, quel parallèle séduisant avec les affres délicieusement pervers que distille notre « système » culturo-médiatique !

Étant en quelque sorte le grand ordonnateur de ce formidable charivari des esprits et de leur cupidité, le charismatique Urban Cancelier (Philippe d’Orléans) règne ainsi en démiurge débonnaire d'un trompe l’œil à dimension hexagonale.

Certes, l’ensemble des intentions artistiques de cette création sont totalement recommandables, notamment en perspective pédagogique, toutefois la technicité financière étant ancrée au cœur du récit, il peut être « ardu » pour des consciences néophytes d’en suivre et comprendre tous les méandres.

Bien entendu, Lorànt Deutsch et Stéphane Guillon remplissent judicieusement leur propre cahier des charges; d’aucuns pourraient même être fort surpris par tant de crédibilité d’interprétation offert par celui des deux qui débute au Théâtre !…

Theothea le 12/02/15

               

     

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LES LOIS DE LA GRAVITE

de  Jean Teulé

mise en scène  Anne Bourgeois

****

Théâtre  Hébertot

Tel   01 43 87 23 23   

           

          photo © Theothea.com

   

De la gravité à la gravitation, il n’y a, bien entendu, qu’attraction universelle et c’est, sans aucun doute, en raison de cette loi incontournable que la meurtrière, à la limite du délai de prescription, vient confesser son geste fatal auprès d’un commissaire de police, à quelques heures de minuit.

Mais lui ne l’entend pas de cette oreille; d’abord courroucé par ce dérangement inopportun durant son service nocturne alors qu’il s’apprête à rejoindre son domicile, c’est en psychologue aguerri mais stupéfait de la démarche de la jeune femme qu’il va lui conseiller d’en faire autant, comme si de rien n’était !

En effet, la Justice s’étant déjà prononcé au sujet de la chute du mari alcoolique depuis le balcon familial, en optant pour la non-responsabilité de l’épouse, à quoi bon dix ans après les faits, vouloir rejuger ce suicide « accidentel » en drame conjugal ?

Cependant, aucun argument ne semble pouvoir arrêter la détermination de cette mère de deux enfants, prétendant être tellement poursuivie par le remords d’avoir provoqué l’impulsion fatale d’un coup de pied que, peu à peu, vivre en liberté lui est devenu pire que l’incarcération à perpétuité.

C’est donc quasiment comme une faveur que celle-ci vient réclamer son droit à être arrêtée.

La tonalité surréaliste de l’écriture de Jean Teulé est ici parfaitement fidèle à elle-même, à ceci près que l’auteur s’est inspiré d’un fait divers réel pour construire son roman, par la suite adapté au Théâtre ainsi qu’au Cinéma où Sophie Marceau venait alors se dénoncer auprès de Miou-Miou, la fonctionnaire de police.

C’est ici le toujours très étonnant Dominique Pinon qui endosse ce rôle du confident paradoxal et néanmoins représentant de l’ordre ! Un tantinet anarchiste dans l’âme, ce commissaire bon enfant a surtout envie qu’on lui fiche la paix pourvu que « les patates chaudes » soient refilées à des collègues qui adorent çà !

En partenaire résolue, Florence Loiret Caille lui donne la réplique sur un débit de voix saccadée, comme mue par une énergie mécanique venue d’ailleurs.

La comédienne joue sa partition dans une étrangeté contradictoire ne laissant place qu’au désir obsessionnel de vouloir perdre son autonomie.

Fort opportunément un tiers, également policier (Pierre Forest) sur le point de prendre sa retraite, fait œuvre de diversion dans ce huis clos

hors normes en incitant chacun, y compris les spectateurs, à relativiser l’enjeu entre les deux maillons reliant l’individu à l’ordre établi.

Ainsi, cette pièce se jouant à front renversé des schémas classiques pourrait faire bande à part mais bien au contraire, elle partage l’affiche du Théâtre Hébertot avec « Des gens bien » qui eux, aussi officient en quelque sorte en marge de l’idéologie consensuelle.

Difficile d’ailleurs de ne pas relier ces deux brillantes créations, car elles sont dirigées par la même metteuse en scène, Anne Bourgeois les rendant, ainsi de facto, complémentaires.

Theothea le 13/02/15     

           

     

          photo © Theothea.com

         

LES TROIS SOEURS

de  Anton Tchekhov

mise en scène  Christian Benedetti

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Théâtre Athénée

           

             photo © Fabienne Rappeneau

         

         

         

        photo © Theothea.com

         

MUNICIPAUX 2.0

de  Eric Carrière

par Francis Ginibre & Eric Carrière

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Folies Bergère

Tel   01 44 79 98 60

           

           photo © Theothea.com

     

Conscients que leur réussite artistique tient au fait essentiel d’avoir su imposer un style désormais plébiscité par le public, Les Chevaliers du fiel n’hésitent pas à commenter dans leur dossier de presse : « L’écriture d’Eric Carrière est celle d’un pompier pyromane qui met le feu à la salle à coup de répliques cultes pendant que son complice Francis Ginibre souffle sur les braises avec délectation. »

En représentations durant un mois aux Folies Bergère avant que d’entamer une grande tournée francophone, le tandem toulousain tire la substantifique moelle de leur précédent spectacle à succès « La Brigade des feuilles » pour en exploiter le concept si performant sous le titre polyvalent « Municipaux 2.0 ».

Et pourtant ni en campagne électorale, ni en exclusivité spécifiquement numérique mais peut-être néanmoins en tendance branchée, cet intitulé projette en haut de l’affiche un show thématique que les deux compères vont conjuguer pendant une heure et demie non stop selon un esprit de synthèse dédié : « Comment franchir allègrement les différentes étapes du processus administratif permettant d’obtenir titularisation dans la fonction publique ? »

Eric et Francis nous invitent ainsi à un véritable parcours du combattant informé dans les moindres détails des chemins de traverse plébiscitant les raccourcis vers cet objectif perenne.

Tout est alors matière à composer l’image d’une France profonde adepte du système D pour parvenir à ses fins avec la complicité de tous, de bas en haut de la hiérarchie sociale !

Davantage pastiche caricatural que documentaire socio-économique, il n’empêche que la crédibilité humoristique de ce spectacle passe bien évidemment par une vision en coupe de la société contemporaine nostalgique d’un contexte paternaliste vintage qui, de toute évidence, évoque ce « bon vieux temps » si cher au public.

Ainsi, telle une tournée des idoles sixties qui s’effectuerait en duo, les deux complices se partagent les rôles dialectiques, revisités à leur manière, du clown blanc et de l’Auguste.

Déguisés en employés municipaux, selon une dominante vert écologique, armés de brouette, râteaux et autre manches de pioche, l’ascension, à marche forcée ou plus souvent repos consenti vers le sésame, va connaître bien des vicissitudes, réussissant à plier la salle en deux, de rire bien évidemment.

L’aspect bon enfant de leur démarche artistique est certainement lié à l’indépendance de créativité et de production et aussi, sans doute, au gage de confiance empathique qu’ils ont, peu à peu, acquis auprès d’un public populaire fidèle et lui-même prescripteur d’un tel remède scénographique à tous les maux du quotidien :

Alors, allez-y les Chevaliers, vous pouvez allumer le feu !

Theothea le 15/02/15

           

     

           photo © Theothea.com

         

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Les Chevaliers du fiel / Municipaux 2.0 / Folies Bergère /  photo © Theothea.com

   

   

     

        

           

   

     

       

  Little Boy / avec Christophe Alévêque / Théâtre Traversière   photo © Theothea.com