Les
Chroniques
de
 |
 |

19ème
Saison
Chroniques 19.56
à
19.60 Page
368
Little Boy / avec Christophe Alévêque
/ Théâtre Traversière photo © Theothea.com
photo ©
photo ©
photo ©
photo ©
67ème
Festival de
Cannes
2014
La Croisette 2014
Les Molières
2014
Le retour réussi
R E V I V A L
Wight ! + 40 années
après
Toutes
nos
critiques
2013 -
2014
Les
Chroniques
de
Theothea.com
sur
THEA
BLOGS
Recherche
par mots-clé
THEA
BLOGS
|
DES GENS BIEN
de David Lindsay-Abaire
mise
en scène Anne Bourgeois
|
****
Théâtre
Hébertot
Tel
01 43 87 23 23
|
Dès les premiers instants de la représentation au
Théâtre Hébertot, il apparaît évident que
celle-ci va être forte, intense et particulièrement drôle
!
Margie (Miou Miou) et Stevie (Julien Personnaz) échangent à
flux tendu dans larrière-cour du supermarché où
ils travaillent tous deux, lui en tant que directeur délégué,
elle comme caissière.
Avec la volonté de dédramatiser lenjeu, Margaret tente
une diversion amusée tout en lançant des piques à son
interlocuteur pour lamener, au sein du rapport de forces, à
relativiser la sanction que celui-ci sapprête à prononcer
à son égard en fonction de ses retards
répétés.
Mais rien, ny fera ! La familiarité, lhumour, le chantage
affectif ne sauront venir à bout de la décision déjà
prise après maints avertissements préalables: Margie va devoir
quitter son job pour faute professionnelle.
A cet instant, fondu au noir et rideau tagué a volo dans
lattente de la prochaine séquence comme à chaque changement
de scène ultérieure !
Voici donc maintenant Margie revenue chez elle entourée de Jean
(Brigitte Catillon) et Dottie (Isabelle de Botton), deux amies très
proches en charge moins de lui remonter le moral que douvrir des
perspectives lui permettant de rebondir face à
ladversité.
En effet, forcément victime dun système social
layant défavorisé dès le départ, Margie
devrait désormais faire feu de tout bois pour essayer de reprendre
sa place dans la grande course du quotidien broyant aisément tous
ceux qui seraient tentés de lâcher prise.
Que préférer de mieux alors, dans une telle conjoncture,
que de se rapprocher dun « Ex » ayant réussi
professionnellement afin de chercher, notamment par le jeu de la séduction
latente, une épaule secourable ?
Ainsi Mike (Patrick Catalifo), cet ami denfance des quartiers pauvres,
est devenu docteur à force de détermination; il a maintenant
acquis pignon sur rue et standing de vie ! Son jour danniversaire approche
mais Margie sapprête, de préférence, à lui
« faire sa fête » !
Une enfant handicapée à charge pourrait alors fort bien
servir de monnaie déchange dabord à fleurets
mouchetés mais par la suite, Kate (Aïssa Maïga)
lépouse du médecin pourrait être appelée
à arbitrer une lutte des classes atavique transformée en double
ou triple jeu.
Est-ce que le volontarisme pourrait suffire à modifier la donne
socioculturelle que la vie vous a réservé à la naissance
? Est-ce que le facteur « chance » prime sur toute autre
considération pour réussir dans la vie ? Est-ce que les
« gens bien » sont effectivement le fruit de leur droiture
et de leur honnêteté ? Lambiguïté nest-elle
pas pareillement inscrite au sein de léchec et de la réussite
? Autant de questionnements et bien dautres qui feront progresser ce
happening sociétal emmenant cette brillante équipe tragicomique
sur les voies de lexcellence !
En effet, que souhaiter de plus enthousiasmant quune pièce
incitant au « coup de foudre » généralisé
avec réalisation en prise directe sur une adaptation française
très intuitive ?
Si, de surcroît, la troupe est galvanisée par une actrice
en pleine maturité épanouie selon des exigences de qualité
absolue, comment sétonnerait-on que le retour de Miou Miou sur
les planches provoque un tel écho favorable dans les esprits en attente
de spectacle ambitieux toutes catégories ?
Lauréate des Critics Awards 2011 sur Broadway, cette création
à Paris est donc, tout à la fois brillante, pleine
dhumanité à fleur de peau et habitée par une fantaisie
outre-atlantique quasi exotique ! Voilà bien de quoi satisfaire les
aspirations des Molières 2015, nest-il pas vrai ?
Theothea le 07/02/15
|
LE SYSTEME
de
Antoine
Rault
mise
en scène
Didier
Long |
****
Théâtre
Antoine
Tel
01 42 08 77 71
|
De toute évidence, Lorànt Deutsch & Stéphane
Guillon, ce duo tête daffiche médiatique fait bel et bien
partie du « Système » mis en place par les deux
co-directeurs du Théâtre Antoine, Laurent Ruquier et Jean-Marc
Dumontet (par ailleurs président de lAssociation des Molières)
pour attirer, comme à laccoutumé depuis le début
de leur tandem directif, un nombreux public de préférence
jeune.
En loccurrence, derrière cet écran de
notoriété, se profilent également plusieurs pointures
théâtrales comme Eric Métayer & Urban Cancelier ainsi
que Marie Bunel & Sophie Barjac.
Bref, tout est donc bien réuni pour quavec cette nouvelle
pièce dAntoine Rault sous la houlette du réputé
metteur en scène Didier Long, la soirée soit particulièrement
réussie.
Effectivement, ce spectacle est à la fois très ambitieux,
fort documenté et plein de malice au service notamment dune
métaphore globale en relation avec lépoque contemporaine.
Dautant plus quau-delà de lanalyse
socio-économique se juxtaposent tous les travers éternels du
genre humain tenté en permanence par son intérêt personnel
immédiat plutôt que par une vision distanciée des
équilibres.
A la mort de Louis XIV, la France exsangue financièrement se cherchait
donc une sortie de crise lorsque lÉcossais John Law proposait
à la Régence un remède miracle, celui de la création
dune monnaie en papier, gagée sur la confiance
générale.
Cest donc, avec maintes intrigues, coups fourrés et autres
malveillances, lhistoire dune véritable fascination pour
une utopie alors mal maîtrisée qui allait semparer du
Royaume de France jusquà aboutir au discrédit de son
génial inventeur, invité au final à sexiler.
Quelle belle perspective comico-dramatique adossée à une
ingénieuse scénographie événementielle en prise
avec la chronologie et les manipulations de toutes parts !
Quelle superbe interprétation de tous ces personnages de Cour en
costume dépoque, cherchant, à qui mieux mieux, à
tirer les marrons du feu !
Et donc de surcroît, quel parallèle séduisant avec
les affres délicieusement pervers que distille notre
« système » culturo-médiatique !
Étant en quelque sorte le grand ordonnateur de ce formidable charivari
des esprits et de leur cupidité, le charismatique Urban Cancelier
(Philippe dOrléans) règne ainsi en démiurge
débonnaire d'un trompe lil à dimension hexagonale.
Certes, lensemble des intentions artistiques de cette création
sont totalement recommandables, notamment en perspective pédagogique,
toutefois la technicité financière étant ancrée
au cur du récit, il peut être « ardu »
pour des consciences néophytes den suivre et comprendre tous
les méandres.
Bien entendu, Lorànt Deutsch et Stéphane Guillon remplissent
judicieusement leur propre cahier des charges; daucuns pourraient
même être fort surpris par tant de crédibilité
dinterprétation offert par celui des deux qui débute
au Théâtre !
Theothea le 12/02/15
|
LES LOIS DE LA GRAVITE
de
Jean
Teulé
mise
en scène
Anne
Bourgeois |
****
Théâtre
Hébertot
Tel
01 43 87 23 23
|
De la gravité à la gravitation, il ny a, bien entendu,
quattraction universelle et cest, sans aucun doute, en raison
de cette loi incontournable que la meurtrière, à la limite
du délai de prescription, vient confesser son geste fatal auprès
dun commissaire de police, à quelques heures de minuit.
Mais lui ne lentend pas de cette oreille; dabord courroucé
par ce dérangement inopportun durant son service nocturne alors
quil sapprête à rejoindre son domicile, cest
en psychologue aguerri mais stupéfait de la démarche de la
jeune femme quil va lui conseiller den faire autant, comme si
de rien nétait !
En effet, la Justice sétant déjà prononcé
au sujet de la chute du mari alcoolique depuis le balcon familial, en optant
pour la non-responsabilité de lépouse, à quoi
bon dix ans après les faits, vouloir rejuger ce suicide
« accidentel » en drame conjugal ?
Cependant, aucun argument ne semble pouvoir arrêter la
détermination de cette mère de deux enfants, prétendant
être tellement poursuivie par le remords davoir provoqué
limpulsion fatale dun coup de pied que, peu à peu, vivre
en liberté lui est devenu pire que lincarcération à
perpétuité.
Cest donc quasiment comme une faveur que celle-ci vient réclamer
son droit à être arrêtée.
La tonalité surréaliste de lécriture de Jean
Teulé est ici parfaitement fidèle à elle-même,
à ceci près que lauteur sest inspiré dun
fait divers réel pour construire son roman, par la suite adapté
au Théâtre ainsi quau Cinéma où Sophie Marceau
venait alors se dénoncer auprès de Miou-Miou, la fonctionnaire
de police.
Cest ici le toujours très étonnant Dominique Pinon
qui endosse ce rôle du confident paradoxal et néanmoins
représentant de lordre ! Un tantinet anarchiste dans
lâme, ce commissaire bon enfant a surtout envie quon lui
fiche la paix pourvu que « les patates chaudes » soient
refilées à des collègues qui adorent çà
!
En partenaire résolue, Florence Loiret Caille lui donne la
réplique sur un débit de voix saccadée, comme mue par
une énergie mécanique venue dailleurs.
La comédienne joue sa partition dans une étrangeté
contradictoire ne laissant place quau désir obsessionnel de
vouloir perdre son autonomie.
Fort opportunément un tiers, également policier (Pierre
Forest) sur le point de prendre sa retraite, fait uvre de diversion
dans ce huis clos
hors normes en incitant chacun, y compris les spectateurs, à
relativiser lenjeu entre les deux maillons reliant lindividu
à lordre établi.
Ainsi, cette pièce se jouant à front renversé des
schémas classiques pourrait faire bande à part mais bien au
contraire, elle partage laffiche du Théâtre Hébertot
avec « Des gens bien » qui eux, aussi officient en quelque
sorte en marge de lidéologie consensuelle.
Difficile dailleurs de ne pas relier ces deux brillantes
créations, car elles sont dirigées par la même metteuse
en scène, Anne Bourgeois les rendant, ainsi de facto,
complémentaires.
Theothea le 13/02/15
|
LES TROIS SOEURS
de
Anton
Tchekhov
mise
en scène
Christian
Benedetti |
****
Théâtre
Athénée
|
|
photo © Fabienne
Rappeneau
|
|
MUNICIPAUX 2.0
de
Eric
Carrière
par
Francis Ginibre & Eric Carrière |
****
Folies
Bergère
Tel
01 44 79 98 60
|
Conscients que leur réussite artistique tient au fait essentiel
davoir su imposer un style désormais plébiscité
par le public, Les Chevaliers du fiel nhésitent pas à
commenter dans leur dossier de presse : « Lécriture
dEric Carrière est celle dun pompier pyromane qui met
le feu à la salle à coup de répliques cultes pendant
que son complice Francis Ginibre souffle sur les braises avec
délectation. »
En représentations durant un mois aux Folies Bergère avant
que dentamer une grande tournée francophone, le tandem toulousain
tire la substantifique moelle de leur précédent spectacle à
succès « La Brigade des feuilles » pour en exploiter
le concept si performant sous le titre polyvalent « Municipaux
2.0 ».
Et pourtant ni en campagne électorale, ni en exclusivité
spécifiquement numérique mais peut-être néanmoins
en tendance branchée, cet intitulé projette en haut de
laffiche un show thématique que les deux compères vont
conjuguer pendant une heure et demie non stop selon un esprit de synthèse
dédié : « Comment franchir allègrement les
différentes étapes du processus administratif permettant
dobtenir titularisation dans la fonction publique ? »
Eric et Francis nous invitent ainsi à un véritable parcours
du combattant informé dans les moindres détails des chemins
de traverse plébiscitant les raccourcis vers cet objectif perenne.
Tout est alors matière à composer limage dune
France profonde adepte du système D pour parvenir à ses fins
avec la complicité de tous, de bas en haut de la hiérarchie
sociale !
Davantage pastiche caricatural que documentaire socio-économique,
il nempêche que la crédibilité humoristique de
ce spectacle passe bien évidemment par une vision en coupe de la
société contemporaine nostalgique dun contexte paternaliste
vintage qui, de toute évidence, évoque ce « bon vieux
temps » si cher au public.
Ainsi, telle une tournée des idoles sixties qui seffectuerait
en duo, les deux complices se partagent les rôles dialectiques,
revisités à leur manière, du clown blanc et de
lAuguste.
Déguisés en employés municipaux, selon une dominante
vert écologique, armés de brouette, râteaux et autre
manches de pioche, lascension, à marche forcée ou plus
souvent repos consenti vers le sésame, va connaître bien des
vicissitudes, réussissant à plier la salle en deux, de rire
bien évidemment.
Laspect bon enfant de leur démarche artistique est certainement
lié à lindépendance de créativité
et de production et aussi, sans doute, au gage de confiance empathique
quils ont, peu à peu, acquis auprès dun public
populaire fidèle et lui-même prescripteur dun tel remède
scénographique à tous les maux du quotidien :
Alors, allez-y les Chevaliers, vous pouvez allumer le feu !
Theothea le 15/02/15
|
Recherche
par
mots-clé
 |

|
|