Les
Chroniques
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19ème
Saison
Chroniques 19.61
à
19.65 Page
369
Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques
photo © Theothea.com
photo ©
Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques photo ©
Theothea.com
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Première Holiday on ice 2015 Marina & Gwendal photo ©
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LES
ESTIVANTS
de Maxime Gorki
mise
en scène Gérard Desarthe
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****
Comédie
Française
Tel
08 25 10 16 80 (0,15e/m)
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photo © Cosimo Mirco Magliocca
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« Quest-ce que je peux faire ? Jsais pas quoi faire
». Cette réplique culte et récurrente dAnna Karina
à ladresse dun Jean-Paul Belmondo quelque peu
décontenancé dans « Pierrot le fou » de
Godard, pourrait aisément être reprise par chacun de ces estivants
venus dans leurs datchas en villégiature balnéaire comme chaque
été, à ceci près quau sein de cet ennui
général quasiment revendiqué, des voix vont, chez Gorki,
peu à peu sélever jusquà pouvoir éclater
de rage en fin de seconde partie !
Toutefois, ce qui pourrait se présenter comme un signe avant-coureur
ou prémonitoire de la révolution russe, est néanmoins
quelque peu relativisé au final de cette pièce nouvellement
entrée à la Comédie Française par lultime
commentaire dun des protagonistes sur le ton : « Tout
çà cest de la rhétorique, ce nest pas la
peine de lui accorder plus dimportance quune saute dhumeur
estivale ».
En 1904, lors de sa création, le texte de Gorki se présentait
comme une succession de scènes où chaque conversation, entre
deux ou davantage de personnages, laissait place à la suivante et
ainsi de suite jusquà la confrontation générale;
en 1976, lors dune adaptation par Peter Stein & Botho Strauss,
la troupe de la Schaubühne présentait à Nanterre une
scénographie où les 14 estivants apparaissaient
demblée sur le plateau.
Cest cette version chorale que Gérard Desarthe a choisi de
mettre en scène en 2015 au Français, non sans lavoir
testée auparavant en 2010 avec ses élèves du Conservatoire.
Ainsi, dès le lever du rideau, cest un arrêt sur image
de lensemble des rôles figés au sein dun bois de
bouleaux qui vient cueillir le public en ce premier instant,
indélébile pour le reste de la représentation.
Comme si tout avait été dit dans le mutisme de ces
premières secondes, cet aréopage de petits-bourgeois en posture
tétanisée semble se détacher du peuple dont ils sont
tous issus
avec, en arrière-plan conceptuel, tous ces visages
de la masse silencieuse esquissés sur les troncs forestiers raides
comme linjustice subjective se rappelant au bon souvenir.
Place donc à la dialectique au sujet de tout et de rien, pourvu
quelle permette de bien gémir et de se plaindre face à
linterlocuteur qui pourra toujours surenchérir.
Après avoir permis lapproche identitaire et idéologique
de chacun des membres de ce groupe dilettante, lentracte viendra rompre
le puzzle de la libre parole à tout va, en faisant surgir ensuite
des prises de positions paradoxales incitant des sous-groupes à se
radicaliser.
Ainsi, mine de rien, de lennui Tchekhovien posé initialement
comme consubstantiel aux chaleurs de lété slave, Gorki
va introduire le boomerang culturel et social comme avènement de la
lutte des classes.
Coup de chapeau à Gérard Desarthe qui aura osé ce
ver dans le fruit mûr, félicitations à Muriel Mayette
qui en a fait la programmation ainsi quà Eric Ruf qui en assure
lintendance contradictoire et surtout mille bravos à cette troupe
représentée ici au summum de lexcellence de chacun.
Theothea le 24/02/15
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photo © Cosimo Mirco Magliocca
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IVANOV
de Anton Tchekhov
mise
en scène Luc Bondy
|
****
Théâtre
de l'Odéon
Tel
01 44 85 40 40
|
Bien sûr, il y a cette mélancolie slave qui distille
lennui général avec son cortège de petitesses,
de médisances, de lâchetés sur fond dalcoolémie
chronique au sein dune société en déficit de
dépassement de soi; bien entendu, largent sy trouve au
centre invisible de toutes les préoccupations à terme sans
jamais laisser entrevoir dautre fascination que son culte perpétuel
et transmissible; cependant, surnageant en surface de ce marasme collectif,
Ivanov souffre dun mal inconnu, intangible et quasiment mystérieux
que notre perception contemporaine qualifierait de
« dépression », autrement nommée par les
anglo-saxons « burn-out ».
Cest alors que Micha Lescot sempare de ce rôle
élastique pour en tisser toutes les composantes déliquescentes
au prorata dun personnage incompris parce quincompréhensible
et surtout ne se comprenant pas lui-même.
Et pourtant, dix ans auparavant la vie soffrait à lui avec
ce quelle a de plus exaltant en prévision dun avenir plein
de projets constructifs selon une santé des plus fougueuses.
Il initiait avec Sarah, son épouse dorigine juive, un couple
débordant de bonheur en demandant, néanmoins, à celle-ci
de se convertir au christianisme par amour pour lui, tout en devenant Anna
Petrovna.
En conséquence directe, les parents de la jeune femme reniait leur
fille et annulait sa dot.
Il faut dire que tout cela se passait en un temps où la psychanalyse
navait pas encore proposé de grille de lecture pour mettre en
valeur les tenants et aboutissants des pulsions destructrices de
linconscient.
Alors effectivement, Sarah devenue Anna (Marina Hands) allait tomber malade
et Ivanov commencerait à ressentir les prémices du spleen ainsi
que du sentiment de culpabilité indifférencié.
Mais le sort allait sacharner sur lanti-héros, car
une nouvelle venue, Sacha (Victoire Du Bois) lui déclarerait, alors,
un amour enflammé à la perspective de le sauver de ses démons
pernicieux.
Bref, le monde entier lui en voulant à jamais, Ivanov nallait
avoir dautre choix que de laisser les forces antagonistes semparer
de son existence jusquà ce quelles puissent enfin trouver
raison de lui.
Luc Bondy ouvre grandes les fenêtres autorisant les implications
négatives à se disséminer sur le vaste plateau de
lOdéon en teintes lugubres post- traumatiques; cest dans
une sorte de requiem à la fois douloureux mais lubrique que la troupe
dune petite vingtaine de comédiens singénie à
une lente et inexorable descente aux enfers notamment nuptiaux, parsemée
de fulgurances tout à la fois musicales, drôles et forcément
signifiantes.
Theothea le 25/02/15
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LE SOUPER
de Jean-Claude Brisville
mise
en scène Daniel Benoin
|
****
Théâtre
de La Madeleine
Tel
01 42 65 07 09
|
|
photo © Philip Ducap 2014
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Réunir en tête daffiche Niels Arestrup et Patrick Chesnais
est en soi la promesse dun spectacle haut de gamme susceptible de remplir
chaque soir la jauge du Théâtre hôte.
Reprendre, 25 ans après sa création, une pièce à
succès, ayant alors obtenu le Molière du Théâtre
privé, relève du plébiscite prévisible du
public.
Assembler ces deux processus en une seule perspective artistique pour
actualiser une thématique où la négociation entre deux
thèses opposées devrait nécessairement aboutir à
un consensus entre deux personnages influents que pourtant tout sépare,
obéit à cette sorte de gageure que le spectacle vivant excelle
à porter sur les planches sous forme dévènement
à surtout ne pas manquer !
Ainsi, ce Souper au Théâtre de La Madeleine est à
classer dans les incontournables de la saison 14-15 et cela dautant
plus que le duo formé précédemment par Claude Rich &
Claude Brasseur avait porté la barre au plus haut de la mémoire
du spectateur !
Alors pour fêter tout cela brillamment, la scénographie
sélève à la hauteur dun évènement
historique qui, sans doute, na pas eu lieu mais dont néanmoins
linvention est totalement en accord avec lentrevue du lendemain
à labbaye de Saint- Denis, relatée par Chateaubriand
dans ses Mémoires dOutre-Tombe : « Tout à coup,
une porte s'ouvre; entre silencieusement le vice appuyé sur le bras
du crime, Monsieur de Talleyrand soutenu par Monsieur Fouché.
»
Ainsi, le ministre des Affaires étrangères et celui de la
police avaient dû se confronter la veille dans lurgence entre
« Restauration » ou
« République », afin dopter pour lun
ou lautre de ces régimes plutôt que de voir la gouvernance
de la France leur échapper !
Cest donc ce dilemme politique quil leur aura fallu résoudre
au terme dun souper discret le soir du 6 juillet 1815 avant donc que
de se rendre ensemble le lendemain auprès de Louis XVIII pour faire
allégeance commune à la dynastie royale des Bourbons.
Autour dun duel culinaire imaginé par Jean-Claude Brisville
alors que lécho des émeutes, en brisant à plusieurs
reprises les vitres du lieu de leur rencontre, parvient jusquaux oreilles
des deux potentats, le duo de comédiens saffronte à fleurets
mouchetés tout en dégustant les mets soigneusement
préparés à leur intention au sein dune vaisselle
raffinée.
Davantage diaboliques, cyniques et même roublards que foncièrement
antagonistes, Arestrup (Talleyrand) et Chesnais (Fouché) improvisent
une sorte de ballet doiseaux rapaces autour de la table dhôte,
en nayant dautre objectif diplomatique que de recueillir, chacun
pour son camp, le maximum de garanties à valider au terme du consensus
nécessaire à tous les deux.
Ainsi, lintérêt de ce show théâtralisé
est à apprécier davantage dans lart et la manière
plutôt que dans le résultat des tractations car lenjeu
y apparaît paradoxalement prescrit davance.
La prestation des deux acteurs savère de belle facture avec
une prime, sans doute, à Niels Arestrup dont la voix claque superbe
et hautaine dans les profondeurs du Théâtre alors que la prestation
de Patrick Chesnais se situe davantage dans les méandres et autres
contorsions de son rôle.
Au demeurant, une soirée très parisienne où
lélégance aristocratique de lépoque est
forcément de mise théâtrale !
Theothea le 19/02/15
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visuel affiche photo © Pascal Ito
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ON NE SE MENTIRA
JAMAIS
de Eric Assous
mise
en scène Jean-Luc Moreau
|
****
Théâtre
La Bruyère
Tel
01 48 74 76 99
|
Ici, plus que jamais, il est nécessaire de déflorer le moins
possible le sujet de cette comédie tant elle est menée comme
une enquête policière avec des étapes et rebondissements
faisant tanguer le spectateur dun point de vue à lautre
alors même que « lui » et
« elle », en couple depuis 25 ans, naviguaient jusque
là
sur un long fleuve tranquille.
Un simple accrochage automobile et voilà que dun nom de
famille à une association avec celui dune voisine, la machine
à douter se met en route, dabord presque comme un jeu ou une
chamaillerie jusquà peu à peu empoisonner lexistence
de chacun des deux.
En effet, Serge et Marianne saimaient damour tendre et pas
lombre dune jalousie naurait pu se glisser au sein de leur
complicité mais, si tout dun coup, au détour dune
phrase anodine « Je tai alors rencontrée et
demblée cétait fini ! » voilà
que lintuition féminine séveille subitement face
à ce quelle semblerait découvrir comme un signe apparent
de mauvaise foi.
Par la suite, ce ne seront plus quavancées, reculs, apaisements,
escalades et inquiétudes des deux protagonistes entraînant empathie,
irritation, solidarité et perplexité du public face à
cette lutte vice versa du féminin au masculin sans que jamais une
conviction avérée puisse établir un schéma simple
des responsabilités successives à moins que lors dune
ultime parole anodine
Avec le texte dEric Assous à la bouche, Jean-Luc Moreau
se régale, tout en se délectant comme un poisson dans leau
pendant que Fanny Cottençon capte à la fois le regard nonchalant
de son partenaire tout en scrutant lil toujours vigilant de ce
metteur en scène virevoltant autour delle.
Ainsi, en une très belle performance damitié
démonstrative, elle et lui sy construisent cette histoire
damour où il semblerait quune vérité pourrait
toujours en cacher une autre, sans vraiment savoir si le partenaire est apte
ou en mesure dévaluer lune plus que lautre.
Theothea le 20/02/15
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LES LARMES AMERES DE
PETRA VON KANT
de Rainer Werner Fassbinder
mise
en scène
Thierry
De Peretti |
****
Théâtre
de l'Oeuvre
Tel
01 44 53 88 88
|
LAmour Passion na pas dépoque dédiée
mais les films de Fassbinder en ont une, celle des seventies triomphantes
du carcan des précédentes tout en récoltant les dommages
collatéraux des euphorisants alors en usage !
Ainsi donc, comment installer sur les planches théâtrales
en 2015, cette atmosphère vintage sans la dénaturer à
laune de lopinion consensuelle prévalant de nos jours
?
Thierry de Peretti a résolu cet enjeu dans la fuite en avant ou
plus exactement en arrière toute ! Saffranchissant des compromis
avec les eaux tièdes régulant les murs et conventions
des esprits bien pensants contemporains, cest brut de décoffrage
quil conçoit sa mise en scène
« cinématographique », à linstar
de Rainer Werner quarante années auparavant.
La caméra virtuelle vissée dans la tête avec panoramique
scénographique en 3D pour 360°, le spectateur sera appelé
à la rescousse pour multiplier ses points de vue sur une configuration
basique mais éternelle de lAmour à sens unique dévorant
de lintérieur sa martyre consentante.
En effet, grande prêtresse de la mode, Petra von Kant a tout son
monde à ses pieds y compris ses proches; ainsi Valérie von
Kant sa mère, sa fille (Sigrid Bouaziz), Marlène son assistante
(Lolita Chammah) voient défiler, dans le salon privé, tous
ces professionnels ou amies du milieu telle Sidonie von Grasenabb (Kate Moran),
jusquau jour où une future mannequin va devenir lobjet
exclusif du désir de Petra !
Habituée à lautoritarisme dans tous les rapports de
force, celle-ci se trouve ainsi engagée dans une relation amoureuse
« maîtresse-esclave » qui sinversera rapidement
sous linertie récalcitrante de Karine (Zoé Schellenberg),
cette jeune femme convoitée mais restant libre dans sa tête
sans aucune concession à attendre de sa part.
Cest alors toute lénergie destructrice du désespoir
qui prend le relais dun enfer libidinal où se consumeront à
grand feu tous les ressorts de la psychiatrie appliquée à la
perte du contrôle de soi !
Cest fort ! Cest magistral ! Cest terriblement humain
!
Beaucoup plus que des larmes amères, voici lorgueil de Petra,
vaincu au cur de sa vulnérabilité, faisant exhibition
exacerbée dun ego réduit à son expression
dérisoire.
En présence scénique de Valérie (Marisa Borini),
sa propre mère, Valéria Bruni Tedeschi sy abandonne à
tous les démons de la représentation de soi-même
bafouée, avec laplomb sans retenue que seule une comédienne
aguerrie pouvait livrer sous totale désinhibition ! En un mot : F
O R M I D A B L E !
Theothea le 04/03/15
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