Les
Chroniques
de
 |
 |

19ème
Saison
Chroniques 19.66
à
19.70 Page
370
Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques
photo © Theothea.com
Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques
photo © Theothea.com
Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques
photo © Theothea.com
67ème
Festival de
Cannes
2014
La Croisette 2014
Les Molières
2014
Le retour réussi
R E V I V A L
Wight ! + 40 années
après
Toutes
nos
critiques
2013 -
2014
Les
Chroniques
de
Theothea.com
sur
THEA
BLOGS
Recherche
par mots-clé
THEA
BLOGS
|
TOUJOURS LA
TEMPÊTE
de Peter Handke
mise
en scène Alain Françon
|
****
Théâtre
Odéon
Berthier
Tel 01 44 85 40
40
|
Avec sa distribution hautement emblématique du Théâtre
public, ce texte auto-généalogique de Peter Handke pourrait
sapparenter à un voyage des comédiens en terre natale
dont ils auraient été peu à peu chassés au nom
dun discours politiquement correct, dune langue consensuelle
et dune annexion du spectacle vivant par des forces occultes
étrangères !
Bien entendu, cette troupe ô combien culte ( Pierre-Félix
Gravière, Gilles Privat, Dominique Reymond, Stanislas Stanic, Laurent
Stocker, Nada Strancar, Dominique Valadié &Wladimir Yordanoff
) va derrance en exil se forger un caractère trempé
prêt à servir de métaphore à toutes les formes
dexclusion où les mots seraient de véritables armes à
double tranchant.
En effet, si cette steppe dépouillée se présente
à lOdéon Berthier comme une base de lancement poétique
en pente inclinée, cest pour mieux signifier
luniversalité du propos de lauteur slovène, en
déficit identitaire originel lancé telle une bouteille à
la mer.
A linstar dune réunion de famille rassemblée
pour célébrer un énième anniversaire
dédié, Peter les a tous conviés symboliquement de la
grande parenté à la petite enfance en passant par les oncles,
neveux et autre cousinage, dans ce lieu de la nostalgie où limage
du pommier pourrait servir dexaltation à toutes les rêveries
suggérées par les forces luxuriantes de la Nature.
Mais que sont-ils donc devenus ces beaux souvenirs baignés par
la langue slovène partagée alors par tous, comme le bien le
plus précieux dune communauté humaine à part
entière ?
Pourquoi les aberrations de la grande Histoire se sont-elles emparées
dune telle entité autonome vivant la plénitude des liens
familiaux très loin de tous bruits de bottes, pour non seulement la
scinder en deux parties mais ensuite bâillonner celle devenue
désormais la Carpathie rattachée à lAutriche pour
la dénaturer sous culture exclusivement germanique ?
De quoi susciter le dégoût radical allant jusquà
engendrer une misanthropie sans limite chez tous ceux qui, restés
vivants après le passage des armes nazies, nauront pu que constater
la perte des êtres chers tombés sous des modalités de
résistance différenciée à cet envahissement
insupportable.
Et ainsi, aujourdhui, que reste-t-il à
« Moi », lauteur Peter Handke, de ce temps
reconstitué, selon cette image fantasmagorique de larbre
généalogique fût-il pommier prolifique, à
légard du pays natal perdu selon les affres dune
schizophrénie culturelle et identitaire au cur de lEurope
?
Eh bien! objectivement « Toujours La Tempête »
cette pièce de théâtre très littéraire
à lambition forcément universaliste quAlain
Françon aura mis en scène avec grandes intuition et distanciation
pleines de ses subtilités coutumières.
Theothea le 08/03/15
|
THE SERVANT
de Robin Maugham
mise
en scène Thierry Harcourt
|
****
Théâtre
Poche
Montparnasse
Tel 01 45 44 50
21
|
Mais qui donc influence qui ?
A limage du film de Joseph Losey sur scénario dHarold
Pinter tiré du roman de Robin Maugham où Dirk Bogarde et James
Fox rivalisaient en double jeu pervers, ici, sur les planches du Poche
Montparnasse, Maxime dAboville et Xavier Lafitte tirent allègrement
sur les ficelles de la manipulation, sans jamais rompre le suspense du trouble
inquiétant.
Il se pourrait néanmoins que la mise en scène de Thierry
Harcourt y ait ajouté le prisme de la comédie en accordant
des particularités drolatiques aux quatre personnages secondaires.
Ainsi, à linstar de la dialectique hégélienne
du maître et de lesclave, Tony et Barret vont demblée
sentendre comme larrons en foire pour illustrer la thèse du
renversement de la relation dominant - dominé par la simple vertu
du travail de lesclave prenant peu à peu le pouvoir sur
loisiveté du maître.
Cependant, de manière concomitante, trois jeunes femmes entrent
dans la danse pour tirer à hue et à dia sur cet étrange
attelage désuet que constituent un jeune aristocrate londonien et
son valet engagé pour subvenir à toutes les tâches
ménagères et organisationnelles.
De plus, un ami de Tony, propriétaire du lieu, essaiera lui
également sans discontinuer de remettre chacun à sa juste place,
de façon à ce que Tony reste exclusivement lemployeur
de Barett et quen retour, celui-ci serve son patron sans outrepasser
ses prérogatives.
Rien ny fera ! En effet, viscéralement aimantés lun
par lautre pour dépendre mutuellement de lhyperaction
délibérée face à la passivité adulée,
ces deux-là entrent dans une escalade transgressive sans limite où
il semblerait que chacun y trouve son contentement alors même que la
bande des quatre sévertuerait en vain à neutraliser cette
osmose relationnelle dérangeante pour autrui.
Ainsi perversité et humour font-ils bon ménage dans cette
adaptation française de The Servant par Laurent Sillam au profit de
jeunes comédiens parfaitement en accord avec ce ton de
létrangeté distanciée :
Maxime dAboville à limpénétrable charisme;
Xavier Lafitte, faux air dun Delon prometteur; Adrien Melin, en quête
de synthèse introuvable; Alexie Ribes, en défenseur de bonne
tenue et enfin Roxanne Bret se partageant en deux
« folles » amoureuses.
Thierry Harcourt pourrait fort bien avoir inventé, à lui
seul, un nouveau genre de spectacle : La reprise qui fait oublier
loriginal !
Theothea le 09/03/15
|
ALBERTINE SARRAZIN
d'après Albertine Sarrazin
mise
en scène Manon Savary
|
****
Théâtre Poche
Montparnasse
Tel
01 45 44 50 21
|
LAstragale », « La Cavale »,
« La Traversière », trois romans autobiographiques
faisant irruption dans lespace médiatique du milieu des années
soixante, consacrèrent la gloire dune
« délinquante » exemplaire mais en même
temps lhallali dune destinée sacharnant à
phagocyter son élan vital.
Albertine Sarrazin navait, en effet, pas trente ans lorsquune
anesthésie mal dosée allait mettre fin à tous ses espoirs
de reconstruction sociale.
Au gré de tous ses déboires avec la Justice,
lépopée de cette jeune bachelière sétait
doublée auparavant dune formidable histoire dAmour avec
Julien, son alter ego en détentions répétitives, les
amenant jusquà se marier sous statut carcéral
mutualisé.
La France de ces années précédant le bouleversement
soixante-huitard était à la fois moraliste et répressive
mais aussi paradoxalement « bon enfant » avec ceux qui
donnaient des gages de bonne volonté.
Cest sans aucun doute cette aspiration à un idéal
élevé qui a retenu le talent attentionné de lartiste
Mona Heftre pour élaborer, à partir du témoignage vécu
et écrit par « Albertine disparue » la plupart
du temps « prisonnière », ce spectacle quelle
créa elle-même à Paris en 2009 aux Déchargeurs.
Cette reprise au Théâtre de Poche, six années plus
tard, saffiche tel un hommage réitéré à
cette période socio-idéologique où les convictions pouvaient
avoir la force dune détermination transgressive.
Il faut dire que la comédienne, à la fois égérie
du Grand Magic Circus, compagne de Jérôme Savary ainsi que
mère de ses deux filles Nina et Manon, cette dernière ayant
effectué la réalisation du « seule en
scène », devrait reconnaître quelques accointances
générationnelles desprit avec la manière libertaire
dont Albertine a conçu et assumé son adolescence et sa vie
de jeune femme.
Au Poche Montparnasse, une simple couverture et une paire de chaussures
à hauts talons sont appelées en renfort dune
« solidarité » artistique crânement
suggérée par-delà le temps passé, lui-même
évoqué par des images filmées en noir et blanc, liées
à la sincérité des affects.
Par moments de grâce, lex-muse de Jérôme gratifie
également le public de sa voix a cappella si chaude que celle-ci pourrait
nous rappeler « Le tourbillon de la vie » de Jules et
Jim dont elle est par ailleurs linterprète privilégiée
de son auteur, Serge Rezvani alias Cyrus Bassiak.
Oui, décidément, en toute complicité, Albertine Sarrazin
et Mona Heftre font, actuellement et pour plus de deux mois, un sacré
duo vintage au Poche Montparnasse !
Theothea le 09/03/15
|
OPUS COEUR
d' Israel Horovitz
mise
en scène Caroline Darmay
|
****
Théâtre
du
Petit
Hébertot
Tel 01 42 93 13
04
|
|
photo © Michel Cabrera / Pojet
Projo Photo
|
« Opus » comme tout lamour porté à
la musique classique selon la multiplicité des compositeurs, de leurs
talents et de leurs spécificités artistiques;
« Coeur » comme tout ce qui constitue la composante affective
du genre humain tanguant dans ses contradictions et autres aléas;
« Opus Coeur » comme le défi au bout du chemin
de la vie afin de découvrir le dépassement de soi-même
à travers lalter ego.
Cest ainsi que Jacob nétant plus en mesure dassumer
les obligations du quotidien, en raison de sa santé déclinante,
est contraint de prendre une aide à domicile; celle-ci, jeune mais
récemment veuve, sappelle en loccurrence Kathleen !
Les voilà donc tous les deux embarqués dans un périple
de plusieurs mois pour lequel Jacob prédit demblée
quils finiront bien par sentendre.
Cependant, comme la destinée nest guère le fruit du
hasard, leur conversation à bâtons rompus va épouser
les méandres dune mémoire collective qui naura
de cesse de les rapprocher en conjuguant le passé recomposé
de leur existence au gré de leur attirance réciproque.
Lui, alors prof de musicologie et elle, une de ses élèves
parmi dautres à découvrir au fur et à mesure de
leurs échanges souvent compassionnels mais jamais complaisants
vis-à-vis deux-mêmes, tenteront de reconstruire a posteriori
le processus qui les aura poussés à se retrouver aujourdhui
lun face à lautre. Point vraiment de contentieux patent
mais une volonté farouche de comprendre toutes les étapes vers
lexcellence si bien symbolisée par la musique classique dans
sa riche diversité.
Marcel Maréchal y est confondant de chaleur humaine presque candide
tout en maintenant la barre très haut en ce qui concerne lambition
musicale.
Nathalie Newmann, elle, se projette dans la vulnérabilité
de Kathleen prise dans les tourments de léchec scolaire initiateur
du cortège des frustrations à suivre.
Israël Horovitz, en grand ordinateur des valses hésitations
de la vie se chargeant de la contrarier, ne cesse de ramener ces vicissitudes
à leur simple dimension humaine toujours prête à rebondir
sur lespoir de lavenir meilleur.
Theothea le 07/03/15
|
MARIE TUDOR
de
Victor
Hugo
mise
en scène Philippe Calvario
|
****
La
Pépinière
Théâtre
Tel 01 42 61 44
16
|
|
photo © Florian Fromentin
|
Si Cristiana Reali était un poème, celui-ci serait épique
comme Hugo, passionné comme louvrier Gilbert (Philippe Calvario),
séducteur comme lamant Fabiano Fabiani (Jean-Philippe Ricci)
et surtout exalté comme Marie Tudor.
Certes, Cristiana est un poème à elle seule, mais cest
surtout une formidable comédienne qui ne déçoit jamais
tant elle simplique dans lincarnation des rôles
jusquà les transcender par la fougue intime dont elle fait preuve
en faisant surgir celle-ci, intense au moment ad hoc.
Ce savoir-faire, ce métier acquis tout autant que ces dons artistiques
se manifestent comme une aura rayonnante autour de son charisme scénique
à nul autre pareil.
Tous ces rôles, où violence et passion se consument par les
deux bouts au sein dun tiraillement des sentiments confrontés
aux ressentiments, sont destinés à cette merveilleuse actrice
qui sen empare telle "La chatte sur un toit brûlant" à
linstar des consoeurs de la même trempe.
Bref, Marie Tudor, cest bel et bien Cristiana assumant la légende
en sa représentation scénographique sur les planches de La
Pépinière Théâtre.
Nul ne peut en douter et dailleurs aucun n'en doute ! Ils sont tous
là à virevolter autour delle, ses dix partenaires qui
sessayent, à qui mieux mieux, de la convoiter, la conquérir,
lui obéir et la servir en espérant ses bonnes grâces
pour tout viatique.
Le pouvoir Politique, mêlé intrinsèquement à
celui de lAmour, ne cesse de chercher des portes de sortie dans le
dédale des ambitions, des fascinations et des trahisons en
réunissant sur un même plateau la sincérité et
la fourberie, le zèle et la maladresse, lamant idéal
et lopportuniste intéressé.
Dans ce marasme des affects de cour, qui de Gilbert ou de Fabiani aura
la tête tranchée, qui de Queen Marie ou de Lady Jane sera la
véritable princesse du bien-aimé mais aussi laquelle, de la
Couronne ou de la Pasionaria, devra triompher ?
Cest, bien sûr, Victor Hugo qui aura le dernier mot shakespearien,
en faisant surgir du mélange des genres habilement dosés, cette
évidence consensuelle résolvant toutes les contradictions
apparentes au profit dune morale pragmatique bien adaptée, en
loccurrence, au Royaume dAngleterre : « God save the
Queen » !
Theothea le 12/03/15
|
photo © Florian Fromentin
|
|
Recherche
par
mots-clé
 |

|
|