Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

19ème  Saison     Chroniques   19.66   à   19.70    Page  370

 

     

 

     

 

             

        Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques photo © Theothea.com

   

     

           

 

                  

       

     Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques photo © Theothea.com

                

   

       

   

     

     

     Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques photo © Theothea.com

   

     

       

 

   

     

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TOUJOURS LA TEMPÊTE

de  Peter  Handke  

mise en scène  Alain Françon   

****

Théâtre  Odéon Berthier

Tel  01 44 85 40 40

           

         photo © Michel Corbou

          

Avec sa distribution hautement emblématique du Théâtre public, ce texte auto-généalogique de Peter Handke pourrait s’apparenter à un voyage des comédiens en terre natale dont ils auraient été peu à peu chassés au nom d’un discours politiquement correct, d’une langue consensuelle et d’une annexion du spectacle vivant par des forces occultes étrangères !

Bien entendu, cette troupe ô combien culte ( Pierre-Félix Gravière, Gilles Privat, Dominique Reymond, Stanislas Stanic, Laurent Stocker, Nada Strancar, Dominique Valadié &Wladimir Yordanoff ) va d’errance en exil se forger un caractère trempé prêt à servir de métaphore à toutes les formes d’exclusion où les mots seraient de véritables armes à double tranchant.

En effet, si cette steppe dépouillée se présente à l’Odéon Berthier comme une base de lancement poétique en pente inclinée, c’est pour mieux signifier l’universalité du propos de l’auteur slovène, en déficit identitaire originel lancé telle une bouteille à la mer.

A l’instar d’une réunion de famille rassemblée pour célébrer un énième anniversaire dédié, Peter les a tous conviés symboliquement de la grande parenté à la petite enfance en passant par les oncles, neveux et autre cousinage, dans ce lieu de la nostalgie où l’image du pommier pourrait servir d’exaltation à toutes les rêveries suggérées par les forces luxuriantes de la Nature.

Mais que sont-ils donc devenus ces beaux souvenirs baignés par la langue slovène partagée alors par tous, comme le bien le plus précieux d’une communauté humaine à part entière ?

Pourquoi les aberrations de la grande Histoire se sont-elles emparées d’une telle entité autonome vivant la plénitude des liens familiaux très loin de tous bruits de bottes, pour non seulement la scinder en deux parties mais ensuite bâillonner celle devenue désormais la Carpathie rattachée à l’Autriche pour la dénaturer sous culture exclusivement germanique ?

De quoi susciter le dégoût radical allant jusqu’à engendrer une misanthropie sans limite chez tous ceux qui, restés vivants après le passage des armes nazies, n’auront pu que constater la perte des êtres chers tombés sous des modalités de résistance différenciée à cet envahissement insupportable.

Et ainsi, aujourd’hui, que reste-t-il à « Moi », l’auteur Peter Handke, de ce temps reconstitué, selon cette image fantasmagorique de l’arbre généalogique fût-il pommier prolifique, à l’égard du pays natal perdu selon les affres d’une schizophrénie culturelle et identitaire au cœur de l’Europe ?

Eh bien! objectivement « Toujours La Tempête » cette pièce de théâtre très littéraire à l’ambition forcément universaliste qu’Alain Françon aura mis en scène avec grandes intuition et distanciation pleines de ses subtilités coutumières.

Theothea le 08/03/15

           

          photo ©

         

THE SERVANT

de  Robin Maugham 

mise en scène  Thierry Harcourt   

****

Théâtre Poche Montparnasse 

Tel  01 45 44 50 21

           

         visuel affiche

     

Mais qui donc influence qui ?

A l’image du film de Joseph Losey sur scénario d’Harold Pinter tiré du roman de Robin Maugham où Dirk Bogarde et James Fox rivalisaient en double jeu pervers, ici, sur les planches du Poche Montparnasse, Maxime d’Aboville et Xavier Lafitte tirent allègrement sur les ficelles de la manipulation, sans jamais rompre le suspense du trouble inquiétant.

Il se pourrait néanmoins que la mise en scène de Thierry Harcourt y ait ajouté le prisme de la comédie en accordant des particularités drolatiques aux quatre personnages secondaires.

Ainsi, à l’instar de la dialectique hégélienne du maître et de l’esclave, Tony et Barret vont d’emblée s’entendre comme larrons en foire pour illustrer la thèse du renversement de la relation dominant - dominé par la simple vertu du travail de l’esclave prenant peu à peu le pouvoir sur l’oisiveté du maître.

Cependant, de manière concomitante, trois jeunes femmes entrent dans la danse pour tirer à hue et à dia sur cet étrange attelage désuet que constituent un jeune aristocrate londonien et son valet engagé pour subvenir à toutes les tâches ménagères et organisationnelles.

De plus, un ami de Tony, propriétaire du lieu, essaiera lui également sans discontinuer de remettre chacun à sa juste place, de façon à ce que Tony reste exclusivement l’employeur de Barett et qu’en retour, celui-ci serve son patron sans outrepasser ses prérogatives.

Rien n’y fera ! En effet, viscéralement aimantés l’un par l’autre pour dépendre mutuellement de l’hyperaction délibérée face à la passivité adulée, ces deux-là entrent dans une escalade transgressive sans limite où il semblerait que chacun y trouve son contentement alors même que la bande des quatre s’évertuerait en vain à neutraliser cette osmose relationnelle dérangeante pour autrui.

Ainsi perversité et humour font-ils bon ménage dans cette adaptation française de The Servant par Laurent Sillam au profit de jeunes comédiens parfaitement en accord avec ce ton de l’étrangeté distanciée :

Maxime d’Aboville à l’impénétrable charisme; Xavier Lafitte, faux air d’un Delon prometteur; Adrien Melin, en quête de synthèse introuvable; Alexie Ribes, en défenseur de bonne tenue et enfin Roxanne Bret se partageant en deux « folles » amoureuses.

Thierry Harcourt pourrait fort bien avoir inventé, à lui seul, un nouveau genre de spectacle : La reprise qui fait oublier l’original !

Theothea le 09/03/15

           

         

         

ALBERTINE SARRAZIN

d'après Albertine Sarrazin 

mise en scène  Manon Savary   

****

Théâtre Poche Montparnasse 

Tel  01 45 44 50 21

           

         photo DR.

       

L’Astragale », « La Cavale », « La Traversière », trois romans autobiographiques faisant irruption dans l’espace médiatique du milieu des années soixante, consacrèrent la gloire d’une « délinquante » exemplaire mais en même temps l’hallali d’une destinée s’acharnant à phagocyter son élan vital.

Albertine Sarrazin n’avait, en effet, pas trente ans lorsqu’une anesthésie mal dosée allait mettre fin à tous ses espoirs de reconstruction sociale.

Au gré de tous ses déboires avec la Justice, l’épopée de cette jeune bachelière s’était doublée auparavant d’une formidable histoire d’Amour avec Julien, son alter ego en détentions répétitives, les amenant jusqu’à se marier sous statut carcéral mutualisé.

La France de ces années précédant le bouleversement soixante-huitard était à la fois moraliste et répressive mais aussi paradoxalement « bon enfant » avec ceux qui donnaient des gages de bonne volonté.

C’est sans aucun doute cette aspiration à un idéal élevé qui a retenu le talent attentionné de l’artiste Mona Heftre pour élaborer, à partir du témoignage vécu et écrit par « Albertine disparue » la plupart du temps « prisonnière », ce spectacle qu’elle créa elle-même à Paris en 2009 aux Déchargeurs.

Cette reprise au Théâtre de Poche, six années plus tard, s’affiche tel un hommage réitéré à cette période socio-idéologique où les convictions pouvaient avoir la force d’une détermination transgressive.

Il faut dire que la comédienne, à la fois égérie du Grand Magic Circus, compagne de Jérôme Savary ainsi que mère de ses deux filles Nina et Manon, cette dernière ayant effectué la réalisation du « seule en scène », devrait reconnaître quelques accointances générationnelles d’esprit avec la manière libertaire dont Albertine a conçu et assumé son adolescence et sa vie de jeune femme.

Au Poche Montparnasse, une simple couverture et une paire de chaussures à hauts talons sont appelées en renfort d’une « solidarité » artistique crânement suggérée par-delà le temps passé, lui-même évoqué par des images filmées en noir et blanc, liées à la sincérité des affects.

Par moments de grâce, l’ex-muse de Jérôme gratifie également le public de sa voix a cappella si chaude que celle-ci pourrait nous rappeler « Le tourbillon de la vie » de Jules et Jim dont elle est par ailleurs l’interprète privilégiée de son auteur, Serge Rezvani alias Cyrus Bassiak.

Oui, décidément, en toute complicité, Albertine Sarrazin et Mona Heftre font, actuellement et pour plus de deux mois, un sacré duo vintage au Poche Montparnasse !

Theothea le 09/03/15

             

       

         

OPUS COEUR

d' Israel Horovitz

mise en scène  Caroline Darmay   

****

Théâtre du Petit  Hébertot

Tel  01 42 93 13 04

           

         photo © Michel Cabrera / Pojet Projo Photo

       

« Opus » comme tout l’amour porté à la musique classique selon la multiplicité des compositeurs, de leurs talents et de leurs spécificités artistiques; « Coeur » comme tout ce qui constitue la composante affective du genre humain tanguant dans ses contradictions et autres aléas; « Opus Coeur » comme le défi au bout du chemin de la vie afin de découvrir le dépassement de soi-même à travers l’alter ego.

C’est ainsi que Jacob n’étant plus en mesure d’assumer les obligations du quotidien, en raison de sa santé déclinante, est contraint de prendre une aide à domicile; celle-ci, jeune mais récemment veuve, s’appelle en l’occurrence Kathleen !

Les voilà donc tous les deux embarqués dans un périple de plusieurs mois pour lequel Jacob prédit d’emblée qu’ils finiront bien par s’entendre.

Cependant, comme la destinée n’est guère le fruit du hasard, leur conversation à bâtons rompus va épouser les méandres d’une mémoire collective qui n’aura de cesse de les rapprocher en conjuguant le passé recomposé de leur existence au gré de leur attirance réciproque.

Lui, alors prof de musicologie et elle, une de ses élèves parmi d’autres à découvrir au fur et à mesure de leurs échanges souvent compassionnels mais jamais complaisants vis-à-vis d’eux-mêmes, tenteront de reconstruire a posteriori le processus qui les aura poussés à se retrouver aujourd’hui l’un face à l’autre. Point vraiment de contentieux patent mais une volonté farouche de comprendre toutes les étapes vers l’excellence si bien symbolisée par la musique classique dans sa riche diversité.

Marcel Maréchal y est confondant de chaleur humaine presque candide tout en maintenant la barre très haut en ce qui concerne l’ambition musicale.

Nathalie Newmann, elle, se projette dans la vulnérabilité de Kathleen prise dans les tourments de l’échec scolaire initiateur du cortège des frustrations à suivre.

Israël Horovitz, en grand ordinateur des valses hésitations de la vie se chargeant de la contrarier, ne cesse de ramener ces vicissitudes à leur simple dimension humaine toujours prête à rebondir sur l’espoir de l’avenir meilleur.

Theothea le 07/03/15

           

         

MARIE TUDOR

de Victor Hugo

mise en scène  Philippe Calvario   

****

La Pépinière Théâtre 

Tel  01 42 61 44 16

           

         photo © Florian Fromentin

     

Si Cristiana Reali était un poème, celui-ci serait épique comme Hugo, passionné comme l’ouvrier Gilbert (Philippe Calvario), séducteur comme l’amant Fabiano Fabiani (Jean-Philippe Ricci) et surtout exalté comme Marie Tudor.

Certes, Cristiana est un poème à elle seule, mais c’est surtout une formidable comédienne qui ne déçoit jamais tant elle s’implique dans l’incarnation des rôles jusqu’à les transcender par la fougue intime dont elle fait preuve en faisant surgir celle-ci, intense au moment ad hoc.

Ce savoir-faire, ce métier acquis tout autant que ces dons artistiques se manifestent comme une aura rayonnante autour de son charisme scénique à nul autre pareil.

Tous ces rôles, où violence et passion se consument par les deux bouts au sein d’un tiraillement des sentiments confrontés aux ressentiments, sont destinés à cette merveilleuse actrice qui s’en empare telle "La chatte sur un toit brûlant" à l’instar des consoeurs de la même trempe.

Bref, Marie Tudor, c’est bel et bien Cristiana assumant la légende en sa représentation scénographique sur les planches de La Pépinière Théâtre.

Nul ne peut en douter et d’ailleurs aucun n'en doute ! Ils sont tous là à virevolter autour d’elle, ses dix partenaires qui s’essayent, à qui mieux mieux, de la convoiter, la conquérir, lui obéir et la servir en espérant ses bonnes grâces pour tout viatique.

Le pouvoir Politique, mêlé intrinsèquement à celui de l’Amour, ne cesse de chercher des portes de sortie dans le dédale des ambitions, des fascinations et des trahisons en réunissant sur un même plateau la sincérité et la fourberie, le zèle et la maladresse, l’amant idéal et l’opportuniste intéressé.

Dans ce marasme des affects de cour, qui de Gilbert ou de Fabiani aura la tête tranchée, qui de Queen Marie ou de Lady Jane sera la véritable princesse du bien-aimé mais aussi laquelle, de la Couronne ou de la Pasionaria, devra triompher ?

C’est, bien sûr, Victor Hugo qui aura le dernier mot shakespearien, en faisant surgir du mélange des genres habilement dosés, cette évidence consensuelle résolvant toutes les contradictions apparentes au profit d’une morale pragmatique bien adaptée, en l’occurrence, au Royaume d’Angleterre : « God save the Queen » !

Theothea le 12/03/15           

         

     

          photo © Florian Fromentin

         

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     Première Holiday on ice 2015 Champions Olympiques photo © Theothea.com

   

   

     

        

           

   

     

       

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