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Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.001   à   20.005    Page  379

 

     

     

En attendant CATS ...

   

     

             

 

   

       

     

       

 

     

   

     

                

     

     

           

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COMME UNE PIERRE QUI ...

d'après Greil Marcus  

mise en scène Marie Rémond  

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Studio Théâtre Comédie Française

Tel  01 44 58 15 15     

           

       photo © Simon Gosselin, coll. Comédie-Française

   

Ô Temps suspend ton vol et concentre-toi sur le geste artistique d’une génération, d’une époque, d’un moment privilégié, d’un instant unique, celui d’une chanson mythique en train d’éclore à la vie sous la maïeutique de très jeunes musiciens alors quasi inconscients de la portée universelle que provoqueront, à rebours, leurs motivations créatrices ainsi à la croisée de leurs chemins de traverse respectifs avec Bob Dylan en démiurge révélateur d’un texte novateur à exprimer dans l’urgence des temps qui avaient donc bien changé !…

Like a Rolling Stone ou comme « un Napoléon en haillons », il faudra bien que de prises en prises, de tatônnements en étonnements, selon le récit de Greil Marcus, ce jour-là de 1965, naisse dans le cocon du studio d’enregistrement A de Columbia Records ce qui allait devenir, pour certains, la plus grande chanson de tous les temps !...

Folk ? Rock ? Country ? Guitare acoustique ou électrique ? Qu’importe le label estampillé « chef d’œuvre » pourvu que les happy few du happening aient la certitude d’avoir, lors de cette cession d’enregistrement, atteint l’état de grâce et ainsi rejoint à jamais les anges de l’indicible absolu !

En leader charismatique intouchable, Stéphane Varupenne incarne à merveille l’âme du guitariste Mike Bloomfield comme s’il était mu par les moues tellement expressives d’un Jim Morrison s’abandonnant à un génial jet lag Tchekhovien !…

Sébastien Pouderoux est, à lui seul, sujet et visionnaire de la mise en scène partagée avec Marie Rémond : En Bob Dylan affranchi de toute imitation singée, le pensionnaire du Français, lui, se positionne d’emblée dans l’acte de création en pleine élaboration collective. Se laissant délibérément happé par « La Pierre qui roule… », le comédien en recherche sans cesse tous les angles d’attaque victorieuse !

Loin d’être exclusivement les faire-valoir de l’Idole dont Joan Baez avait, déjà à cette époque, catapulté l’audience internationale, les trois musiciens de studio, Al Kooper, Bobby Gregg & Paul Griffin vont contribuer grandement à l’accouchement de son Tube existentiel en l’accompagnant dans tous les méandres de ses subtilités mélodiques.

Christophe Montenez, Gabriel Tur & Hugues Duchêne se doivent de raffiner en jouant à la fois profil bas devant le monstre sacré et son leader acolyte, tout en faisant, du mieux possible, respecter les compétences professionnelles de leurs rôles.

Enfin, celui qui n’a pas hérité du plus valorisant, le producteur Tom Wilson officiant la plupart du temps hors-champ du studio d’enregistrement, c’est Gilles David qui s’y colle en jouant la montre marketing tout en ayant bien conscience que c’est aussi, et surtout pour l’Histoire, celle de la Culture Musicale !

Bob Dylan et son band d’origine, c’est « 50 years after » L'An 01 du Rock au Studio-Théâtre de La Comédie- Française avec un sacré bon groupe de musiciens dans une performance Top Like a Rolling Stone !

Theothea le 17 septembre 2015

        

                     

       photo ©   Theothea.com

         

LE PHILOSOPHE ET LA PUTAIN

de  Jacques Rampal   

mise en scène  Elsa Royer

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Théâtre 13

Tel  01 45 88 62 22     

           

       photo © Dominique Journet

   

prochainement

   

                     

       photo ©   Theothea.com

         

LES AMBITIEUX

de  Jean-Pierre About   

mise en scène  Thomas Le Douarec   

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Théâtre  14

Tel   01 45 45 49 77     

           

     photo © Philippe Matsas

   

Dire que « l’ambition » est la motivation essentielle qui permettrait à quatre employés de l’entreprise lambda de damer le pion à leur cher Président serait déjà en soi un point de vue tellement illusoire qu’il est sans doute plus réaliste d’y substituer l’abus de pouvoir généralisé à toute l’échelle hiérarchique de l’organigramme.

En effet, au cœur d’une maladie chronique qui aurait rongé tous les rouages de la chaîne productive ainsi que bureaucratique, Jean-Pierre About en auteur fort expérimenté sur le monde salarial, puisqu’il a été lui-même chef d’une grande entreprise nationale, est bien décidé à ne pas voiler par ses pièces la face des spectateurs.

Mais, bien entendu, mieux vaut en rire et c’est bien dans cette perspective fort réjouissante que son écriture se met au service de toutes les bassesses et cruautés développées à souhait dans l’énorme imbroglio des rapports de force exercés par l’ensemble de nos alter ego.

Au théâtre 14 et à cinq partenaires bien décidés d’en découdre avec la pression que tous les collègues secrètent les uns sur les autres avec tant de naturel, le rire jaune est quasiment prêt à surgir à chaque réplique à moins que le virus universel ait déjà réussi à tétaniser, par anticipation solidaire, les maxillaires des quelques âmes restées idéalistes.

A ce jeu des chaises musicales où l’activité libidinale servirait de monnaie d’échange aux relations de pouvoir développées à l’infini par les succédanés de l’Amour, chacun se trouve pris au piège abîmal de la défiance systématique à tour de rôle.

Daniel (Thomas le Douarec), en arbitre pyromane, excelle à diviser pour tenter de préserver son règne directorial mais, puisque tous veulent conquérir sa place apparemment privilégiée, c’est dans un happening expérimental à chutes successives que nous conviera l’auteur vraiment peu convaincu qu’un remède puisse prévaloir à son alternative.

C’est trop drôle d’imaginer avec lui qu’il n’y aurait pas de sortie profitable au labyrinthe qu’hommes et femmes tissent de concert et avec acharnement, au-dessus de leurs propres têtes… de linotte.

C’est aussi un véritable régal que de contempler le cynisme bête et méchant du syndicaliste de service, interprété avec un génie proche de l’hyperréalisme par Antoine (Julien Cafaro).

Quant à Béatrice (Nathalie Blanc) et Anne (Marie le Can), elles organisent un duo au féminin tellement savoureux que les aficianodos du « Petit journal » sur Canal Plus pourraient aisément les apparenter aux parodies de Catherine (Alex Lutz) et Liliane (Bruno Sanches).

Resterait à Philippe (Gautier About) de tirer les marrons du feu, en tentant de colmater toutes les brèches par un compromis si scabreux qu’il contient en lui-même l’implosion de tout le système.

Bonne chance donc aux ambitieux de tout poil, mais surtout place au tandem artistique About-Le Douarec !

Pour sûr, ces deux-là ne font que commencer brillamment leur oeuvre salvatrice de sape jubilatoire.

Theothea le 21/09/15     

                         

     

   photo © Philippe Matsas

         

BATTLEFIELD

d'après Mahabharata de Jean-Claude Carrière  

mise en scène Peter Brook  

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Théâtre des Bouffes du Nord

Tel   01 46 07 34 50 

           

      photo © Pascal Victor  

        

Puisque Peter Brook, lui-même, a décidé, trente années après sa création du Mahabharata à la Carrière Boulbon, de permettre aux spectateurs d’aujourd’hui d’approcher la quintessence de sa mise en scène du Festival d’Avignon en donnant accès à un épisode inédit d’une heure un quart, emblème en quelque sorte de ce fameux marathon de 9 heures dont, par ailleurs, est également organisée une projection unique dans la version intégrale du film qu’il a réalisé en 1989 à partir de sa réalisation théâtrale mythique de 1985, laissons-nous emporter par cette leçon de Théâtre tout à la fois dépouillée et magistrale, c’est-à-dire tout simplement par cette leçon de Vie que constitue « Battlefield » aux Bouffes du Nord, puis en tournée internationale…

En effet, pour l’immense metteur en scène anglais de 91 ans, ce pourrait être un peu comme le testament légué à ses contemporains qu’un tel message de paix & de sagesse livré sans fioriture à l’intention de tous ceux qui sont entraînés, plus ou moins à leurs dépens et la plupart du temps pour de fallacieuses raisons d’honneur très mal placé dans de vains combats tellement dévastateurs pour tous, à commencer pour eux-mêmes !

Car, après avoir transformé en morne plaine sanguinolente tous les champs de bataille du monde entier, ici, comme ailleurs, les familles rivales se retrouvent décimées, épuisées et en définitive sans plus aucun repère:

Quel pourra donc être le destin de Yudishtira, seul survivant régnant au-delà des familles Kauravas et Pandavas qui se sont ainsi déchirées jusqu’à l’extermination générale ?

En s’inspirant des grandes figures métaphoriques du Théâtre, comment échapper au remords infini secrété dans le constat désabusé d’un bilan insensé, si ce n’est dans la transgression de sa propre finitude mise au service du bien commun de l’humanité retrouvée in extremis ?

En quelques gestes simples et quelques paroles remettant les priorités en ordre cohérent, ce seront les percussions de Toshi Tsuchitori qui, sur la scène intemporelle et universelle des Bouffes du Nord, auront ainsi le dernier mot, le dernier soupir extatique avant de laisser place au long silence concentré précédant les salves d’applaudissements, forcément sans réserve.

Theothea le 22/09/15    

                          

     

       photo ©   Theothea.com

         

 PERE

d' August Strindberg  

mise en scène  Arnaud Desplechin   

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Comedie-Française

Tel   01 44 58 15 15 

           

                photo ©   Vincent Pontet, coll. Comédie-Française

   

A la suite du mandat de Muriel Mayette à la tête du Français, il était écrit, dès l’annonce printanière du programme de la saison 15-16 assumé désormais à part entière par Eric Ruf, que l’évènement médiatique majeur en serait le spectacle d’ouverture en salle Richelieu, puisque le nouvel administrateur avait souhaité inviter Arnaud Desplechin à mettre son talent de metteur en scène au service de la troupe de la Comédie-Française.

Peu convaincu d’emblée de sa compétence à pouvoir maîtriser son savoir-faire cinématographique en l’adaptant subitement aux planches, celui-ci finit par s’y résoudre à l’idée de monter « PERE » qu’il avait vu avec enthousiasme à sa création, en 1991, par Patrice Kerbrat sur cette même scène prestigieuse.

Dans cette perspective, son intention serait d’élaborer sa mise en scène en s’inspirant principalement d’Ingmar Bergman dont le style lui paraissait autant en phase avec l’œuvre de Strindberg qu’avec la perception de ton que lui-même lançait en défi à sa sensibilité créatrice !

Au vu des deux Générales ayant ainsi donné le coup d’envoi du renouveau dans la Maison de Molière, l’ensemble de la critique dramatique s’accorde à considérer ce coup d’essai comme une réussite de réalisation théâtrale autour d’un splendide décor sur plusieurs plans de profondeur baignés constamment par des lumières pleines de subtilités sensorielles à l’image d’une musique sidérale ponctuant discrètement l’évolution des tensions relationnelles sur le plateau.

Fort de ce brillant cadre contextuel, le cinéaste n’avait plus qu’à inscrire son schéma mental bergmanien en l’appliquant pas à pas à la lutte à mort que se livrent méthodiquement le Capitaine (Michel Vuillermoz) et sa femme Laura (Anne Kessler) autour de Bertha leur fille (Claire de la Rüe du Can) pour laquelle, de toute évidence, ils ne nourrissent pas la même ambition éducative.

Voilà pour la pertinence des disputes que devrait se livrer crescendo le couple avec un systématisme cynique censé témoigner, comme l’applique avec constance Strindberg dans son œuvre, d’une dominante irréconciliable entre masculin et féminin.

De plus, pour étayer cette dégradation irréversible, l’auteur fait appel à la notion du doute inquisiteur, pernicieux et particulièrement destructeur, distillé en l’occurrence à propos des preuves de paternité difficilement prouvables à l’époque en dehors de toute confiance réciproque !

C’est donc, peu à peu, les prémices de la folie qui s’immisceront dans l’esprit du Capitaine, comme mû par sa propre incertitude sur la véracité de son statut paternel au sein d’une relation conjugale en plein ébranlement et à partir de laquelle celui-ci serait en train de perdre son pouvoir machiste absolu.

Ce jeu de torture mentale réciproque dont se gratifient deux êtres qui, d’antan, étaient censés avoir vécu le grand Amour, constitue donc le thème principal de la pièce de Strindberg, devant s’adapter présentement à l’esthétique bergmanienne conçue par l’invité de la Comédie-Française.

A ceci près, que celui-ci, subjugué par le réalisateur de « Cris et chuchotements », semble s’être pris au jeu de la sincérité dialoguée mezza voce au sein d’un espace à l’acoustique certes réévaluée récemment, mais, néanmoins, pas nécessairement adaptée aux confidences conflictuelles murmurées…

Que la lutte mentale soit intériorisée au point d’être exprimée dans une constante réserve feutrée est en soi un parti-pris tout à fait légitime mais cette intimité est-elle véritablement adaptée au volume de la salle Richelieu ?

Et surtout correspond-t-elle vraiment aux modalités du combat existentiel entre homme et femme, prêts à affronter les déchirures extrêmes par les mots qui font mal et par la conscience d’une destruction irrémédiable qu’ils se renvoient sans retour en arrière possible ?

Autrement dit, l’idée de superposer sous « plan cinématographique rapproché » une perspective mentale bergmanienne quelque peu abstraite sur la dialectique de Strindberg ayant besoin paradoxalement d’incarnation, de tension palpable, de violence objectivée, de chair et d’esprit meurtris, ne correspondrait-elle pas à un séduisant faux-semblant qui, de fait, anesthésierait la juste perception de la pièce de Strindberg ?

Le débat demeurera sans doute ouvert mais, en tout état de cause, il s’avère que la création théâtrale d’Arnaud Desplechin correspond parfaitement à ses intentions initiales et que, par conséquent, cette faculté à concrétiser formellement son intuition théâtrale, grâce notamment à une direction d’acteurs les mettant en intense écoute mutuelle, mérite en soi respect, admiration et donc applaudissements pour ce « coup de maître ».

Theothea le 25/09/15

        

          

                     

       photo ©   Theothea.com

         

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