Magazine du Spectacle vivant ...

   

 

   

Les    Chroniques   de

  

20ème  Saison     Chroniques   20.031   à   20.035    Page  385

 

          

   

     

             

RESISTE    -   Palais des sports  -   photo © Theothea.com

   

       

     

       

RESISTE    -   Palais des sports  -   photo © Theothea.com

     

   

     

                

RESISTE    -   Palais des sports  -   photo © Theothea.com

     

     

           

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RESISTE

de  France Gall & Michel Berger

mise en scène  Ladislas Chollat

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Palais des Sports

Tel   

           

       visuel DP

       

Le 4 novembre eut lieu la première officielle du spectacle musical de France Gall au Palais des sports de Paris, après plusieurs années de conception perspicace, passionnée et perfectionniste mais en réalité, c’est, deux semaines plus tard, le mardi 17 qu’aurait lieu l’avènement sociétal de cette Comédie musicale incarnant de fait, ce soir-là, tout le sens de son titre éponyme « RESISTE » lors de la reprise des représentations interrompues après les tragiques évènements du vendredi 13 novembre 2015.

Poings levés lors des rappels devant une salle complètement à l’unisson, l’ensemble de la troupe rassemblée autour de France Gall prenait la dimension transcendante du spectacle célébrant initialement la mémoire patrimoniale du compositeur Michel Berger pour en constituer désormais un hymne à la liberté existentielle symbolisée par la musique se vivant pleinement au travers de ses interprètes et du public impliqués.

Alors puisqu’ « Il jouait du piano debout » « La groupie du pianiste » clamerait « Débranche » car « J’irai ou tu iras »…

Et ainsi de suite, car c’est effectivement à partir de l’influence artistique suscitée par la création de « Mamma Mia » à Londres que France Gall eut la révélation du spectacle qu’elle pourrait élaborer autour des chansons de Michel Berger, en les rassemblant autour d’une histoire fictionnelle qui saurait faire miroir et résonance à l’âme des spectateurs.

Dans cette perspective, « La chanson de Maggie », « Au revoir Angelina » & « Mandoline » initieraient les trois figures féminines se projetant en étoiles amoureuses à la survie du Lola’s, la fameuse boîte de nuit fréquentée par les « Princes des villes » mais que le patron (Laurent Hennequin), père de Maggie (Léa Deleau) & de Mandoline (Elodie Martelet), aurait bien des difficultés financières à gérer malgré le talent du pianiste (Victor Le Douarec), la compétence de l’animateur (Gwendal Marimoutou) et la rock attitude d’Angelina (Corentine Collier).

Cependant « Quelques mots d’amour » suffiraient pour évoquer « La déclaration d’amour » puisque « Quand on danse », la « Musique » s’éclate comme un « Papillon de nuit » façon « Sambo Mambo ».

Malgré « Les accidents d’amour » et les « C’est pas la peine de vivre », « Comment lui dire » « Les mots simples » : « Fais comme t’aime » prouvant que « Si maman si » alors « Ella, Elle L’a » …

A l’issue de ces chansons cultes, chacun donc devrait y trouver sa voix et surtout sa voie personnelle pour se réaliser pleinement avec, en point d’orgue, une mélodie inédite chantée par Michel Berger lui-même « Un dimanche au bord de l’eau » !

Avec Bruck Dawit à l’ingénierie du son, Marion Motin à la chorégraphie & Ladislas Chollat à la mise en scène, la célèbre muse, artiste et épouse peut se permettre de ne pas jouer physiquement sur scène en y laissant, ainsi, place entière aux jeunes générations tout en apparaissant, par vidéo interposée, la conteuse d’une histoire qui lui est si poétiquement proche qu’ainsi serait assuré un splendide relais mémoriel adressé à l’emblématique petite fille sur l’écran.

Formidable source de jouvence et d’énergie, ce spectacle à la scénographie incandescente et prodigue est une réelle réussite tendant sans cesse à mettre debout les spectateurs, au sens propre comme au figuré.

Theothea le 24/11/15

                       

       

        photo ©   Theothea.com

         

L'ECOLE DES FEMMES

de  Molière 

mise en scène  Armand Eloi   

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Théâtre  14 

Tel  01 45 45 49 77    

           

       photo © LOT   

   

Si cette « Ecole » peut être appréhendée comme un plaidoyer théâtral en faveur de l’émancipation de la femme à laquelle Molière aurait attribué les armes d’une confondante perspicacité, la mise en scène d’Armand Eloi pourrait, néanmoins, être perçue comme un touchant témoignage d’amour auquel le retour d’âge succomberait sans être en mesure d’y résister psychologiquement.

D’emblée, il y a une ravissante gloriette qui s’impose en décor romantique à souhait dans laquelle se balance une jeune femme, tel l’oiseau de compagnie dans sa cage dorée.

A proximité, se confie à Chrysalde (Cyrille Artaux), un Arnolphe très sûr de lui et de sa méthode infaillible pour conditionner une belle enfant, en perspective de la prendre en mariage lorsque, jeune femme devenue, le joli fruit serait enfin prêt à être cueilli.

Ainsi, Agnès, confiée aux bons soins vigilants d’un couple de paysans suffisamment rustres, se montrerait tout à fait reconnaissante envers son tuteur d’âge largement mûr, en gage d’une confiance bien nourrie aux recommandations de toutes sortes n’ayant que pour seul objectif de lui éviter de voir si l’herbe était verte aux alentours.

Bien sûr, l’heureux hasard ayant permis à la belle de rencontrer son amoureux de même génération, la relation entre Arnolphe et Agnès prendra peu à peu du plomb dans l’aile malgré la crédulité si bien concoctée par l’amoureux suranné et jaloux.

Ce chant de l’amour impossible mais entretenu, de fait, avec complicité tutélaire selon des modalités et des subtilités contradictoirement motivées, suscite un véritable régal au regard du spectateur assistant à un jeu du chat courroucé et de la finaude souris que Pierre Santini et Anne-Clotilde Rampon transforment en carte du tendre projetée en impasse indéniable.

Un secret bien gardé par d’autres protagonistes sera révélé juste à point pour que Horace (Jimmy Marais) puisse enfin déclarer et afficher sa flamme à sa jeune fiancée.

Et Arnolphe sera bien désemparé d’avoir été le jouet de sa propre vanité à se prendre pour ce qu’il n’est pas ou plus !

Ainsi, à l’Ecole des femmes pourrait bien correspondre celle du bon ordonnancement de l’andropause ou de ce qui pourrait s’y apparenter !

Theothea le 15/11/15

   

                          

       photo © LOT

         

EN ATTENDANT GODOT

de    Samuel Beckett

mise en scène  Jean-Pierre Vincent 

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Théâtre des Bouffes du Nord

Tel  01 46 07 34 50

           

    photo © Raphael Arnaud

       

     

      

                      

                    

        photo © Raphael Arnaud

         

NEMA

de Koffi Kwahulé

mise en scène  Marie Ballet

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Théâtre Le Hublot

Tel   01 47 60 10 33

           

       photo © Cie Oui aujourd'hui   

     

Quand, au travers d’un texte à la fois poétique et charnel, une metteuse en scène incite ses comédiens à s’emparer de la sensualité inhérente pour exprimer celle-ci avec humour distancié dans une sorte de tourbillon identitaire, la violence consubstantielle à l’humanité depuis l’origine des temps a, alors, beau jeu théâtral de faire rire car rien n’est en effet plus libérateur que de fantasmer avec cette inéluctable condition qu’il serait totalement vain de dénier au nom de la morale ou de la volonté.

Qu’importe, d’ailleurs, qu’elle s’appelle agressivité, harcèlement, domination ou tout autre déclinaison du principe de s’arroger le droit de rabaisser autrui jusqu’à l’aliéner à son propre contentement, ce dernier sera sans cesse confronté à une contrepartie aboutissant, en définitive, à l’insatisfaction généralisée se transmettant de génération en génération.

En effet, que l’on soit homme ou femme, le syndrome du sado-masochisme finit toujours par trouver son terrain de prédilection répétitive contre laquelle le meilleur remède envisageable serait, en conséquence, sa prise de conscience universelle et intemporelle.

Dans cette perspective, quoi de mieux donc que le rire pour en découvrir l’ensemble des facettes les plus sournoises, les plus pernicieuses, les plus perverses ?

Ainsi, tant qu’à en faire une démonstration illustratrice, l’auteur Khoffi Kwahulé choisit de positionner deux couples qu’il fait interagir continûment, en multipliant et croisant les relations d’asservissement social et de désirs intimes.

Face à eux, une mère possessive en charge de perpétuer le vice abusif ainsi qu’une secrétaire contrainte de s’accommoder au mieux des fourches caudines hiérarchiques.

A partir de ce schéma scénographique, place aux comédiens pour pousser à la caricature toujours plus diabolique contrastée par une perception onirique et délirante de la responsabilité.

Le ressenti et l’interprétation des séquences proposées se veulent tellement ouverts à toute subjectivité que l’auteur a préféré ne pas distribuer explicitement les rôles dans son texte ( Nema, Idalie, Marie, Taos, Benjamin & Nicolas ), en laissant ainsi les artistes et les spectateurs libres d’actualiser, à chaque représentation, la cohérence implicite des répliques.

Dans la conviviale salle du Hublot (Colombes) où le rythme du jeu se veut musical comme le jazz qu’affectionne le dramaturge ivoirien, et enlevé comme l’improvisation suscitée par Marie Ballet, quel meilleur symbole que les bouquets floraux pour servir de lien d’excuses à un art de vivre à la fois dégénérescent et traumatisant ?

Ces fleurs sont censées venir mettre du baume sur les cœurs et corps meurtris jusqu’à oser, néanmoins, dévoiler leur emblème métaphorique probablement à l'origine de tous les maux terrestres ainsi que de leurs jeux relationnels insidieux, à savoir celle d’entre elles nommée fort malignement « La fleur du mâle ».

Theothea le 19/11/15

       

                           

         photo © Cie Oui aujourd'hui

         

ROMEO ET JULIETTE

de  William Shakespeare   

mise en scène  Eric Ruf 

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Comédie Française

Tel    01 44 58 15 15

           

       photo © Vincent Pontet, coll. Comédie-Française    

     

Dans « West Side Story » en 1961, Tony et Maria s’aimaient comme au premier jour d’une révélation passionnée surgissant d’évidence, quitte à chanter et danser nuit et jour sur le volcan en furie de leur appartenance à des bandes rivales.

Dans la salle Richelieu en 2015, Roméo et Juliette pourraient fort bien être de cette trempe, si ce n’est que leur inclination serait surtout d’avoir la rage au ventre, de celle qui vous met sur la défensive face à toutes les hostilités, chausse-trappes et autres manipulations que la société concocte autour d’eux, devenant peu à peu, à leur propre insu, quasiment paranoïaques.

Signe des temps, cette violence contenue n’aurait pas d’autre exutoire tangible que leur autodestruction finale dont les apparences accidentelles ne seraient en définitive qu’une pirouette élégante de la destinée.

C’est d’ailleurs à ce titre que le poison qu’ils vont ingurgiter, tour à tour, serait ce faux ami caractéristique dont ils ne vont percevoir que les signes fallacieux d’une vie suspendue entre échappatoire radicale et idéal absolu !

Eric Ruf, nouvel administrateur de la Comédie Française souhaitait inscrire, pour sa première réalisation de mandat, une œuvre patrimoniale grand public qui, en même temps, soit l’objet d’un véritable questionnement tant sa renommée l’a portée à des interprétations abusives.

Ainsi, tout en assumant pleinement le romantisme incontestable de l’attirance réciproque mais entravée de Roméo pour Juliette, issus respectivement de familles traditionnellement antagonistes, son intention de metteur en scène serait de porter ce conflit organique et atavique au premier plan scénographique des personnalités de chacun des protagonistes impliqués, de telle façon que la lutte à mort en soit le vecteur d’une lecture rendant à cette tragédie de Shakespeare son essence imparable qualifiée en l'occurrence de "soleil noir".

Refusant alors d’être les marionnettes d’une impasse passionnelle écrite implicitement par les maléfices des liens originels, ascendants ou ennemis, c’est dans la rébellion que les deux anti-héros vont organiser leur stratégie pulsionnelle, leur permettant de mettre du sens à une lutte que d’aucuns qualifieraient de « perdue d’avance » .

En choisissant Jérémy Lopez et Suliane Brahim comme pourfendeurs d’un monde constitué exclusivement de crimes et de vengeances à l’infini, Eric Ruf a doté sa création originale de deux « porte-parole » hors du commun.

Si le premier semble sans cesse prêt à en découdre avec tout ce qui s’apparenterait à une remise en question de la ligne directrice, en la circonstance passionnelle, la seconde apparaît comme un diamant taillé dans la pierre brute des convictions sans faille mais néanmoins ingénieuses : A la fois belle, sensuelle, fragile et déterminée, la jeune comédienne joue sur une large palette de registres aussi charmeurs que transgressifs. Pour les deux amants, la fameuse scène du balcon atteint d’emblée la dimension anthologique tant le vertige métaphorique de l’enjeu y apparaît sans esquive possible.

La judicieuse distribution qui entoure cette mythique dualité est à hauteur remarquable du rapport des forces exacerbées mises en présence : Le couple Capulet, Didier Sandre & Danièle Lebrun y excelle de prestance, la nourrice Claude Mathieu y est percutante, Serge Bagdassarian et Laurent Lafitte y tentent en vain d’arrondir les angles obtus; tous mériteraient d’être cités au panégyrique de cette création ambitieuse, tellement en symbiose avec l’énergie existentielle contemporaine.

Theothea le 10 décembre 2015

   

                          

        photo ©   Theothea.com         

         

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RESISTE    -   Palais des sports  -   photo © Theothea.com

 

       

   

   

   

     

          

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